vendredi 16 février 2018

Plan B... Bonheur !

Des filles organisées ?!? ... Trop rare pour être vrai, il va neiger !!
 
Week-end planifié, glace et soleil commandés, heure de rendez vous fixée, refuge  ouvert et gardé juste pour nous, liste matos envoyée... (et peut être même que pour une fois, elles n'allaient rien oublier !)... Zut ! C'était trop beau pour être vrai...

Alors, si habituellement l'anticipation n'est pas vraiment notre tasse de thé, l'adaptation, par contre, ça nous connait !
 
Vendredi après-midi, alors que j'essaie de faire ingurgiter des problèmes de maths à des petits CE2, je sens mon portable vibrer dans ma poche et quelque chose me dit qu'en maths ,comme dans la vie, quand il y a un problème, il n'y a qu'une seule chose à faire... chercher des solutions ! 
Pendant qu'ils essaient désespéramment de retrouver le nombres de points visibles sur une foutue carte (sachant qu'ils connaissent le nombre de points total et le nombre de points que j'ai cachés. Ce n'est quand même pas la mer à boire ! Bon ok... c'est vendredi après midi ! Mais alleeeezz viiite ! Qu'on en finisseeee ! Mince... je m'égare !), j'essaie, pour ma part, de tout simplement faire LE point !

J'apprends donc que le gardien du refuge ne montera pas ce week-end. La neige est tombée en quantité en Ariège faisant monter le curseur du BRA à 4 (Bulletin risque avalanche), le temps d'approche est illico multiplié par 5 ou 6 (ça patine en voiture !)... Le plan : "deux jours de glace au Rhule" tombe à l'eau et ça patine aussi dans ma tête ! Vite un plan B !

Je parviens tant bien que mal à poursuivre ma leçon de maths en leur faisant comprendre que lorsqu'on est face à un problème de ce type, il y a plusieurs manières de s'y prendre. On peut tout d'abord faire des dessins. Dessiner 70 petits points sur son ardoise, c'est long. Cela a, par contre, l'avantage, non négligeable, de les occuper quelques instants, tout du moins le temps de checker la météo à nouveau. Le deuxième avantage est celui de donner un résultat faux puisqu'il est facile de se tromper en dessinant autant de petits points et donc d'avoir à recommencer et par conséquent de me laisser à nouveau un moment pour consulter le BRA... Bah oui, chacun ses problèmes !

Ouf, ils comprennent d'eux même que cette méthode n'est pas la plus adaptée pour les grands nombres... C'était justement le but de la manœuvre ! Il faut donc chercher autre chose : une autre méthode de dénombrement pour eux et un plan B pour moi !

Je repense en souriant à la réaction de l'inspecteur qui quelques jours plus tôt alors que je tentais sans résultat de lui expliquer par téléphone que j'aimerais refuser l'inspection qui m'était imposée : " Jusqu'à preuve du contraire, vous êtes fonctionnaire et votre mission d'enseignante doit être votre priorité..." 

Je crois, qu'à ce moment là, le contraire tendait à être prouvé mais au CE2, on n'en est pas encore au niveau des grandes démonstrations mais aux problèmes simples. 
Qu'à cela ne tienne en bonne représentante du sexe féminin, capable de faire deux choses à la fois, je continue de jongler avec mes petits points, la méthode de surcomptage, les additions à trou, les sms aux copines, la résolution par complément, la recheche d'un gite, la nouvelle liste de matos à emporter, la soustraction...

Finalement juste avant que la cloche ne sonne, chacun est capable de dire que s'il y avait 70 petits points au début et que j'en ai masqué 20, il en reste donc 50 de visibles ; tout comme je suis capable de dire que samedi nous irons faire du dry à l'abri de la pluie à Troubat, qu'on dormira samedi soir chez Céline et que dimanche on profitera du soleil en skiant sur des pentes fraîchement enneigées quelque part dans la vallée de Luchon !
A chaque problème, une solution !

Bon week-end les enfants !
 
Voilà comment nous nous sommes retrouvées à grimper en crampons et piolets sur un rebord de fossé un samedi pluvieux puis comment nous avons fait une super balade et de beaux virages dans un décor de carte postale par un dimanche ensoleillé.


Troubat, samedi matin :
Tout le monde est au rendez vous : La belle étoile et son rhume, notre tchèque-alpine préférée et tous les kilomètres de voiture qu'elle vient de s'enfiler, deux jeunes mamans à cordons extensibles, la pluie est là aussi ainsi qu'un wagon de chasseurs répartis en deux groupes qui chassent côte à côte mais sans avoir pensé à se concerter... Intéressant...

Le premier obstacle à surmonter n'est donc pas le réglage des crampons ni la fermeture de bras ni même l'espacement entre les points. La première difficulté, c'est d'arriver à faire sortir Mélanie de la voiture pour l'emmener grimper tant qu'il y aura encore un seul chasseur armé dans les parages !
Je sors mon carnet "Gestion des risques" mais je ne vois rien à ce sujet...

 
 

Bien décidées à tirer sur nos petits bras aujourd'hui, c'est avec Anabelle que nous partons aux négociations ! Drapeau blanc en main, nous nous glissons au milieu de la battue pour tenter de leur expliquer que même si nous piaillons beaucoup, nous ne sommes pas des palombes ou des bécasses (quoique, parfois... ).

On est qu'à demi rassurées quand on nous dit : 

- "Ne vous inquiétez pas ! Nous on tire uniquement en direction de la falaise !"
- Ah... 
- "Les autres là bas ? (à 50 mètres) On chasse à côté mais on ne les connait pas ! Je sais pas moi dans quelle direction ils tirent, ils sont pas avec nous !"
-... Oh putain...
- "Nous, on chasse seulement le mercredi, le samedi et le dimanche."... 
-Ah... Et vous chassez quoi ? Des enfants ?! 

Le gars en tenue camouflage avec une casquette orange pétard sur la tête (...ça aussi, il faudra qu'on m'explique !) me regarde sans avoir l'air de trop comprendre... On lui souhaite quand même une bonne journée (en espérant surtout que la notre ne finisse pas de manière prématurée...) et cette coquine d'Anabelle ne peux s'empêcher de le regarder de ses grands yeux de biche en lui disant : "Nous, tout à l'heure, en montant sur la route en dessous, on a vu trois chevreuils, ils vous ont échappé, c'est sûr !"

On quitte le champs de bataille pour aller se réfugier dans notre grotte embarquant piolets, crampons, dégaines, cordes... mais aussi Mélanie, que l'on a pris soin de rassurer : "Ne t'inquiète pas Mél ! On a discuté avec eux, ceux là, ce sont des chasseurs intelligents ! On a rien à craindre !"

 
 

On est tellement affairé à coincer nos lames de piolets dans des fissures et à être mortes de rire quand Tereza nous fait son numéro d’acrobate qu'on en oublie les coups de feu ! Il faut dire qu'elle n'a pas traversé la France pour rien et qu'elle met le paquet pour nous distraire ! 
Les bras chauffent et on s'amuse bien !
Prochain objectif : le Ben Nevis !
 
 
Ce soir, la star c'est Mister Gabin qui a revêtu pour l'occasion son plus beau costume : pyjama au couleur de l'EPAF ! 
Bien sûr, on est ultra fan !

Une grosse raclette, un délicieux cheesecake et une bonne nuit plus tard (Merci Céline & Raph pour l'accueil !), on est à nouveau d'attaque !

Cette fois, pas question de rester enterrées dans une grotte au milieu d'une battue ! On laisse tomber les pioches et on choisit de chausser les skis, de profiter du soleil et de la neige fraîche tombée ces derniers jours. On opte pour le Bacanère, sommet classique, qui a l'avantage d'être accessible par des pentes pas trop raides. On devrait pouvoir se faire plaisir sans se faire peur !


Bénédicte nous rejoint pour l'occasion, elle a un pied à rééduquer et le rythme Epaf et les petits 1000 mètres de dénivelé devraient faire le job. 
Après l'heure de retard habituelle sur notre planning, nous arrivons sur le parking et constatons que nous ne sommes visiblement pas les seules à avoir eu l'idée de grimper sur un joli sommet et de skier des pentes à moins de 30 dégrès ! C'est noir de monde ! 
Hier les chasseurs, aujourd'hui les skieurs... 


C'est quand même un peu contrariant de suivre le même chemin que tous ces gens mais je me rassure en me disant qu'en terme de choix de l'itinéraire pour un jour de risque 4 ; on ne doit pas être complètement à côté de la plaque... tant qu'il ne s'agit pas de plaque à vent !
Toujours est-il, qu'il est moins effrayant de zigzaguer entre les skieurs et les raquettistes qu'entre les chasseurs et qu'on passe vraiment une journée incroyable !


On évolue dans un décor de carte postale, il fait un temps magnifique, la neige est excellente, on discute, on rigole, chacune va à son rythme, la trace est faite à la montée et on nous a laissé plein de place pour tracer nos courbes à la descente. Que demander de plus ? 
Tout le monde est aux anges, il y a des journées comme ça qui vous font aimer le ski !

 

C'est tellement bien, qu'on a du mal à se contenter des 1000 mètres de dénivelé initialement prévus et on s'accorde quelques bonus, à droite, à gauche, mais c'est pour la bonne cause ! C'est trop bon et la patte de Béné tient le coup !

Presque seules !
Après une bonne bière et quelques discussions existentielles, on se quitte le sourire jusqu'aux oreilles !
 
Voilà un plan B qui a bien fonctionné ! B comme... Bonheur !

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