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dimanche 29 septembre 2024

Ma France ! Escal'A2roues#206


Ma France,
Ma France, des visages colorés et des yeux bridés,
Du climat équatorial,
Des plages aux eaux sombres,
De la très grande forêt,
Des fleuves gigantesques,
Des fruits exotiques colorés,
Des petites bêbettes à poils et à pattes,
Ma France, des bagnards et des astronautes,
Des esclaves et des colons,
Ma France, des amérindiens,
Des Brésiliens, Haïtiens, Surinamiens, Guyanais,
Des Hmongs d'Asie,
Des Africains, Créoles et Européens,
Ma France du métissage des peuples et de la diversité,
De la variété des traits et des histoires de vie variées,
Ma France du cassoulet, de la choucroute, des rillettes, des marrons d'Ardèche, du manioc, des pitayas et du lait de coco,
Du bout du monde au delà de l'océan.
Ma France d'outre-mer.
Ma France...




On entend souvent dire qu'on connaît parfois moins bien son propre pays que des régions à l'autre bout de la terre. On se demande aussi pourquoi partir si loin quand il y a tout à découvrir en France...
C'est vrai.


L'Outre-mer était pour moi, une terre complètement inconnue et pourtant...
Quelle étrange impression que de se sentir en voyage lointain dans son propre pays, quelle agréable sensation que de découvrir cette immense diversité éthnographique !

Sas de décompression, aire de réaclimatation, fin de vacances exotiques, appelez ça comme vous voulez. Il n'en fallait pas moins entre Brésil et France métropolitaine pour optimiser une transition délicate !




samedi 21 septembre 2024

Et au milieu coulait une (très grande) rivière... Escal'A2roues#205


Rendez-vous en terre inconnue...Et puis, un jour tout devint plus luxuriant, les feuilles des arbres devinrent grandes comme des parasols, les oiseaux se couvrirent de plumes multicolores, le bateau devint l'unique moyen de déplacement et les fleuves devinrent marrons et larges comme des océans.Nous étions rendus aux grandes portes de cette immensissime région qui répond à ce nom aussi exotique que mystérieux : Amazonie.

Un monde nouveau s'offrait à nous.


Belém, une ville en Amazonie... Nous pénétrons dans ce territoire mythique par une de ces villes du bout du monde nommée Belém.Belém est une ville bruyante, animée, authentique, chaude, sale et attachante. Les visages parlent d'eux même, on y bosse à la fois dur et on y vit en musique et à son rythme.

On y croise des gens du "continent" et puis ceux de la forêt venus, jusque ici, après de longues heures de bateau. Centre névralgique, c'est ici qu'on vient faire ses réserves de nourriture pour plusieurs semaines lorsque l'on vit loin de toute agglomération, que l'on vient faire ses achats lorsque l'on vit dans un endroit isolé sur le fleuve.



C'est ici que l'on vient vendre le poisson fraîchement pêché en rivière ou dans l'océan, qu'on débarque l'une des principales richesses des palmiers amazoniens, l'Açai.




Belém, ce sont des rues étroites et des façades qui arboraient un style coloré et élégant par le passé et qui aujourd'hui présentent un style défraichi quasiment délabrées mais néanmoins charmantes. Quelques herbes folles sortant des fenêtres apportent encore un supplément au tableau.Belém, ce sont des places animées, des halles sombres et de grands marchés bruyants. Ici ça vit !






Au marché Ver o peso (littéralement "regarder le poids"), on y trouve des montagnes de fruits colorés, des noix de toutes formes, des crevettes fraîchement pêchées et des poissons desséchés. On y mange des pastels et on y boit du jus de cane à sucre dans un vacarme fou.




Belém, c'est un port rustique où de vieux bateaux en bois se retrouvent échoués tout de travers à marée basse. Ça sent le poisson pourri qui gît au sol et qu'un nombre incalculable de grands vautours noirs se disputent pendant que des pêcheurs se reposent, quelques heures, à l'ombre de bâches dans leurs hamacs sur le pont de leusr embarcations.




Un peu plus loin, sur les quais, on décharge de grands paniers en osier remplis de ces baies violettes typiques. Des milliers de tonnes d'açai arrivant tout droit de la forêt amazonienne qui vont régaler Brésiliens et Brésiliennes dans le pays tout entier.

À proximité, les quartiers populaires sont composés de maisons en bois sur pilotis, faites de bric et de broc, semblant flotter sur une décharge liquide.


Non loin, des adultes qui travaillent encore, les enfants profitent des derniers rayons de soleil et d'un moment de calme pour faire voler un nombre fou de cerf-volants. Un simple losange de film plastique amarré à une bobine de fil suffit à des heures d'amusement. Le coup de main est sûr et précis.

Enfin la nuit tombe et les températures baissent un peu. Demain un long voyage en terre inconnue nous attend...

Croisière sur l'Amazone À l'extrême nord du Brésil, la région de l'Amapa ne possède pas d'accès terrestre.La seule façon de rejoindre Macapa depuis Belém, c'est d'embarquer sur un bateau et de naviguer durant environ 24 h.


Le voyage dure quelques dizaines d'heures supplémentaires si l'on souhaite rejoindre la mythique Manau située en plein cœur de la forêt amazonienne.Chaque passager embarque alors avec son lot de bagages, de cartons de provisions alimentaires et d'achats faits lors de ce passage exceptionnel à la grande ville. Mais chacun a aussi dans ses bagages, un objet essentiel : son hamac.





En effet, ici tout le monde voyage sur le pont ! Quoi de plus simple ? Des centaines de crochets parsèment les poutres métalliques et de jour comme de nuit des dizaines de hamacs multicolores y sont amarrés.

Températures agréables et dodo bercés par les vagues. Pouvait-on rêver croisière plus exotique ?La vie en bord de fleuve... Aurait-on imaginé qu'il y ait autant de vie sur les berges d'un si grand fleuve dans un environnement si sauvage ?Aucun accès routier et de la forêt quasi impénétrable de tous côtés. Ici l'unique moyen de déplacement est le bateau.


Du ferry journalier à la simple barque, on apprend à naviguer sans doute très tôt.Depuis le pont, nous observons, des maisons de bois colorées sur pilotis réparties tout le long de cet immense cours d'eau. Les gens se déplacent de chez l'un à l'autre en petit bateau à moteur. Les enfants, même très jeunes, prennent seuls une petite barque pour aller voir leurs petits voisins.Il y a les bateaux taxis et le ferry qui débarque, à intervalles réguliers et sans même arrêter sa navigation, de temps à autre, un colis

.Achats par correspondance, livraisons à domicile ou presque... Aurait-on percé le mystère "Amazon" ?



Terminus au port de Macapa !Et puis soudain, après des heures de navigation sur l'Amazone, avec de l'eau et de la forêt à perte de vue, une ville apparaît : Macapa. Comme si de rien n'était... la vie normale reprend : des maisons, du béton, des gens qui circulent sur des trottoirs, des routes goudronnées, des véhicules à roues, des supermarchés, des fils électriques, des réverbères qui s'allument...Quoi de plus normal ?

Macapa est une zone civilisée enclavée dans la grande forêt amazonienne sauvage.Alors il ne reste plus qu'à se remettre en selle et à pédaler à nouveau, comme si de rien n'était ou presque... accompagnés néanmoins d'une étrange sensation : nous venons d'acoster sur une île posée au cœur d'un continent !



mardi 17 septembre 2024

*Epiloque* Escal'A2roues#204


Et puis, vint le temps des dernières fois...

À l'heure, où nous n'avons jamais été si proches de l'épilogue de ce grand voyage, au moment d'inventer les toutes dernières pages de ce grand livre, de les agrémenter d'une végétation luxuriante, d'y glisser des petites bestioles inconnues et d'y apporter une chaleur lourde et un taux d'humidité remarquable, nous clôturons un chapitre.

Celui dont on tourne les pages, les mains moites et les bras fatigués. Ces pages où la verticalité et son "au delà" nous étourdirent, où le rocher fut tantôt doux, tantôt agressif sous nos doigts usés, où nos pieds furent souvent aussi douloureux que ce que nos yeux furent ébahis. Ces instants où nos humeurs oscillèrent tel un métronome entre peur et émerveillement, entre humilité au pied d'une grande paroi et soulagement et joie à son sommet.

Tant de falaises visitées, de parois gravies, de lignes découvertes, de topos feuilletés, de types de rochers effleurés, de styles de grimpe expérimentés et de compagnons de cordées rencontrés...

C'est incroyable la diversité qui peut se cacher derrière une seule et même activité.



D'aussi loin que l'on se souvienne, ce fut aussi la première fois que notre pratique de la grimpe fut aussi décousue et aussi irrégulière : sept longs mois à ne faire que pédaler et puis souvent un ou deux mois sans toucher le rocher. L'aurait-on imaginé ?

Quelques jours par ci, par là ,entre deux intermèdes à deux roues, être synchro avec la météo, jouer avec les saisons, il fallut vite se résoudre à ne pas avoir de grandes ambitions mais à picorer ce qui se présentait: Épicuriens de l'escalade.

Éternelle reprise, éternel recommencement. D'un tel périple, il est certain qu'on ne ressort pas plus forts mais plus riches d'expériences et peut être plus courageux, encore que... à l'autre bout du monde, on ne joue pas avec le feu et on se méfie de la gravité.


Ces jolies photos pour célébrer ce tout dernier instant sur le rocher. Une image qui se veut un hymne à cette drôle de passion que d'aimer se mouvoir sur la roche, étrange et absurde activité qui nous anime l'un et l'autre et l'un avec l'autre.

C'est aussi ça l'histoire d'une cordée.

Une drôle d'occupation qui semble tour à tour aussi essentielle qu'inutile et qui dans la vie comme en voyage aura été un formidable fil d'Ariane et une fabrique de rêves à poursuivre.

Grimper. Quel beau prétexte à voyager !




vendredi 13 septembre 2024

Un mécène au Brésil ou un parrain Carioca Escal'A2roues#203

Et puis, il y a ces rencontres...

Ces liens invisibles qui naissent en chemin et qui rendent un voyage plus magique encore.

Ces rencontres qui apportent douceur aux jours un peu lourds, qui ensoleillent les journées de pluie. Ces rencontres qui réconfortent et offrent un peu de luxe quand la vie sur la route est un peu rude, qui illuminent et égaient votre quotidien. Ces rencontres qui font que vous découvrez un petit lieu secret, un plat typique délicieux ou un morceau de musique charmant. Ces rencontres qui prennent une saveur si particulière quand on couche dehors chaque soir et qu'on est loin de chez soi depuis des années. Il y a ces gens qui vous couvrent de gentillesse, de bienveillance et de générosité, ces rencontres qui donnent envie de croire en l'humanité. Derrière toutes ces rencontres, il y a des visages, des hommes, des femmes, des personnalités et des sourires attentionnés.

Parmi eux, il y a Marcio.

Marcio, c'est notre parrain brésilien. Le genre de gars qui a le cœur sur la main, qui veut que vous tombiez amoureux de son pays et que tous les voyageurs devraient avoir la chance de rencontrer un jour. C'est l'ami qui vous conseille, vous aide et vous chouchoute.

C'est à Rio que nous avons rencontré Marcio, au mois de mai, et alors que nous avons pris la route du nord, ses bonnes ondes nous ont accompagnés des semaines durant : il est devenu notre ange gardien. Alors que nous pédalions vers notre prochaine destination, Marcio devançait toujours notre arrivée. Un nombre incalculable de fois, il nous a annoncé qu'il avait déjà repéré un camping ou un hôtel, et à chaque fois, c'était réservé et prépayé. Il ne restait plus qu'à se reposer. Il en fut de même pour quelques restaurants, par ci par là, et lorsqu'il s'agissait de trouver une boutique et un atelier pour faire réparer un de nos vélos récalcitrant. Alors que nous sortions notre porte-monnaie, on nous apprenait à chaque fois que notre bienfaiteur avait déjà tout réglé pour nous !

C'est ainsi qu'en juillet, notre chemin nous a conduit jusqu'à Natal, la ville des souvenirs d'enfance de Marcio.




Là bas, nous nous sommes promenés dans ses souvenirs de petit garçon. Nous avons marché sur de grandes plages, nous avons pédalé jusqu'au fort des Rois mages, fait une photo devant la statue de son grand-père Miguel, le pêcheur. Nous avons vu le plus grand arbre à caju du monde et goûté à la délicieuse "carne do sol".

Désormais une partie de nos souvenirs du Brésil seront pour toujours lié à notre parrain Carioca !

Muito obrigado Marcio !

lundi 9 septembre 2024

Bom dia hemisferio norte ! Escal'A2roues#202


Hier était un jour un peu spécial:nous avons franchi l'équateur !

Tels deux marins, les yeux rivés sur leur GPS et prêts à dégainer une bonne bouteille pour la partager avec Neptune ; ici on fête plutôt ça avec une photo les pieds sur la ligne "latitude 000°", une agua da coco gelada et un bol d'açai, cette baie violette typique de l'Amazonie.

Voilà un peu plus d'un an , nous nous trouvions dans l'hémisphère sud. Les saisons inversées, le croissant de lune qui sourit, les faces nord au soleil et les faces sud où on se gèle, fêter le jour le plus court le 21 juin, fêter Noël en short, l'eau qui tourbillonne en sens inverse dans le siphon d'un évier... tout ça, c'est vrai !

Mais passer cette ligne imaginaire prend aussi une symbolique toute particulière pour nous:c'est une "presque ligne d'arrivée".

Repasser dans l'hémisphère nord, c'est se retrouver du même côté du globe que la maison, les amis et la famille. C'est avoir fait un "tour" de planète, c'est être sur le point de boucler la boucle deux ans et trois mois après avoir largué les amarres.

Aujourd'hui, alors que nous nous trouvons en plein cœur de l'Amazonie, un nom qui a lui seul fait rêver et éveille toute la curiosité, on ne pourrait imaginer plus exotique paysage, plus dépaysant environnement, pourtant nous n'avons jamais été si près de la France !

Dans environ 500 km à peine, nous passerons notre ultime frontière, celle entre le Brésil et la Guyane française. Puis après ce sas de décompression de quelques semaines, il sera venu le temps de faire un grand bon au dessus de l'océan et de rejoindre la métropole.

Le 16 août, nous serons de retour en France.

Faut-il que je l'écrive une fois de plus pour y croire vraiment ?



jeudi 5 septembre 2024

Chapada Diamantina ou le chemin des écoliers... Escal'A2roues#201


Les (bons) conseils des locaux :

"Passe por aqui, é super lindo! Há alguns rios para atravessar, mas está tudo bem!"

(Passez par là, c'est super joli ! Il y a quelques rivières à traverser mais ça se fait bien !)


La promesse d'un itinéraire sauvage et l'absence de voiture qui nous frôle.... on a toujours envie d'y croire !

Alors évidemment, on a foncé... Et puis dès qu'on a quitté la route asphaltée, on a un petit peu ralenti. Quand le chemin de terre s'est rempli de gros cailloux et d'ornières gigantesques, on a rétrogradé encore et quand il a fallu pousser, à deux, un seul vélo, le chrono s'est affolé !

Plus tard, quand la piste en terre est devenue une étendue de sable, ça a commencé à avancer encore moins vite et finalement quand les nombreux ruisseaux à traverser sont devenus de plus en plus larges et de plus en plus profonds, il a fallu pousser les vélos et porter les sacoches: alors notre progression est devenue carrément lente !

Alors on a choisi un joli spot pour bivouaquer, on a mangé quatre noix de cajou (à nous deux !), on a bu cette eau à la couleur douteuse (et on n'a même pas été malade !) et on a attendu que passe la nuit (elles sont longues en hiver !). Et puis le lendemain, on a continué notre randonnée terrestre et aquatique !





Et c'est vrai que, ma foi, cet itinéraire alternatif pas très roulant était plutôt joli et qu'à part des canoës et quelques gros serpents, il n'y avait pas grand monde pour nous embêter en chemin !Et puis... tout le monde le dit :"Ce qui est important ce n'est pas la destination finale mais l'expérience vécue en chemin"... blablabla...