Les vacances du pyrénéiste en herbe continuent. La
destination finale étant les Asturies, nous continuons notre chemin vers
l’ouest en jouant à un jeu bien connu des Pyrénéens : Saute vallée.
Si le chemin le plus direct à pied est sans aucun doute la
HRP (Haute Route Pyrénéenne), les nationales font quelques détours ! Cols
à passer, vallées à remonter, il n’est pas rare de passer plus de temps à
rouler qu’à grimper. Soyez, tout de même, rassurés, le temps de marche finit
toujours par l’emporter !
Après avoir joué les acrobates au Cirque de Gavarnie, nous
étions prêts pour un petit cours d’histoire combiné à une bonne leçon
d’escalade ! Déjà bluffés, l’été dernier, par l’ingéniosité de la cordée
Rabada-Navarro en parcourant leurs chef-d’œuvres au Fire et au Galinero, je me
disais que mon voyageur serait à nouveau impressionné s’il faisait connaissance
avec leurs homologues français. Deux artistes qui, avec audace et discrétion,
ont sillonné les Pyrénées en y dessinant des lignes majeures : les frères
Ravier.
Un monstre de pierre qui semble avoir, tout simplement, été
créé pour l’escalade. Muraille, pointes, faces, piliers, arêtes, couloirs,
fissures, toits, vires, versants ensoleillés ou plus austères, joli caillou (et
parfois lichen), des centaines de mètres d’escalade, pas mal de pitons et
quelques coins de bois… Tout y est ! (Tout sauf des spits, et ça c’est
tout aussi mythique que la grimpe à l’Ossau !)
En bon petit touriste, il suffit d’ouvrir un bon topo guide
pour trouver une idée. Ici comme ailleurs, celui-ci s’intitule : Les cents plus belles courses et randonnées.
Paf ! Dernière page ! La 100ème !
(Les mauvais élèves prennent les livres à l’envers !)
Mais qui a bien eu l’idée d’aller, en 1965, traîner ses
grosses chaussures, d’aller planter des pitons et passer des heures dans des
relais sur étriers dans ce pilier ? P et J Ravier et P Bouchet
pardi !
Après une bonne petite marche de facteur à la frontale
depuis le Col du Pourtalet et après avoir fait un demi-tour de cette grosse
montagne, nous découvrons la face Nord, sa raideur et son lichen orangé
caractéristique.
Les premières longueurs se déroulent sans encombre. Pourtant
même si nous avons des baudriers confortables, de belles cordes dynamiques, de
petits chaussons serrés et de super friends (Merci Totem Cams !), cela ne
nous empêche pas de trouver que ces V grimpent sacrément et que la qualité
du caillou laisse parfois à désirer !
Plus nous montons, plus cela se redresse et plus le gaz sous
nos fesses grandit… Dans le surplomb/cheminée aux fissures parallèles, on prend
plaisir à grimper en libre et à coincer nos mains dans les fissures. En ces
temps de canicule, on apprécie la fraîcheur de la face Nord.
La suite est tout aussi classe. Dans ces beaux dièdres
verticaux, les mains dans les fissures et les pieds qui patinent un peu, je ne
peux m’empêcher de penser à Serge qui dans les années 80, réalisa cette voie en
solo lors de son enchaînement à la journée des voies les plus dures de
l’Ossau : le Pilier Sud, la Sud Est Directe et l’Embarradère. Brrrrr …
Au dernier tiers de la voie, après avoir rencontré la petite
vire où les premiers ascensionnistes bivouaquèrent, les choses se corsent un
peu. Nous entrons dans la zone de l’éboulement et le caillou, certes neuf, ne
fait pas toujours rêver. A pas de chat, pour ne pas déranger les blocs qui
dorment, je finis par rejoindre le supposé emplacement de la grosse écaille qui
s’est détachée il y a quelques années.
De là, une échelle de pitons est censée me guider le long
d’un dièdre jusqu’au relais suivant où une zone de rocher plus franc nous
attend. Je comprends que les choses se compliquent carrément quand je constate
que les pitons du passage en A1 ont tout simplement disparu. Ici, c’est juste
trop dur pour grimper en libre et trop difficile d’artifer sans pitons et sans
marteau.
Les friends sont bien trop gros pour entrer dans la
minuscule fissure et notre corde est bien trop « simple » pour
descendre confortablement les quelques centaines de mètres, verticaux ou
déversant, que nous devons de grimper. Quant au relais et aux pitons, eux
aussi, nous laissent un peu songeurs pour une échappée par le bas :
l’ « Escaper © » restera donc au fond du sac !
Après un petit tour à droite, c’est finalement à gauche que
se trouve la solution. Il me va donc falloir traverser la zone éboulée.
Marchant, tout à la fois, sur des œufs sur d’énormes blocs en suspensions et
mettant en même temps, tous mes œufs dans le même panier, posant pieds, mains
et friends sur le même gros caillou branlant.
Le plus dur reste de trouver comment faire un relais pendu
dans ce chaos instable.
1, 2, 3, 4, 5 et 6 friends, il me faut quasiment un jeu
complet pour commencer à le trouver presque correct ! … Et croyez moi, ce
n’était pas un jeu d’enfant !
Une grosse fissure surplombante et obliquant à droite nous
permet de rejoindre la fin de la longueur originale puis un relais Ô combien
plus agréable. Une grande longueur me permet de rejoindre une arête
intermédiaire à proximité de la Fourche.
Cette fois, on y est : Col de la Fourche-escalade
facile-Grand Pic-sommet-voie normale-désescalade-marche-Refuge de Pombie-gâteau
au café… Miam !! Merci Léon !