dimanche 25 juin 2023

Le peuple migrateur...•Escal'A2roues#85.



Ce matin, nous avons pu observer tout un petit groupe de cigognes. Elles étaient là, debout, dans leurs costumes de plumes noires et blanches, surmontés d'un fin bec rouge. Plantées sur une patte ou deux, dans une rizière asséchée et fraîchement fauchée. Certaines pliées en deux, profitant de la halte pour se mettre dans le gosier les quelques grains qui auraient échappé au ventre gourmand de la moissonneuse-batteuse.

D'autres, le bec en l'air, admirant curieusement ce tout nouveau décor. Tant de paysages doivent défiler devant leurs yeux ébahis au fil de ces milliers de kilomètres survolés.Halte sur le trajet, courte pause dans un long voyage. Reposer ses ailes, se dégourdir les pattes et se mettre quelque chose dans le bec... voici ce qui semblait être le programme. Plus tard durant la même journée, nous avons pu observer à nouveau un groupe de cigognes en plein vol ce coup-ci. Un troupeau volant. Était-ce les mêmes ? Le voyage avait repris, le périple continuait...

Dans un schéma parfait, un graphisme épuré, l'une prenant l'aspiration de la précédente, unissant leurs forces pour parvenir à destination à moindre frais. Autrement dit, en laissant le moins de plumes possible dans la bataille.

Mais d'où venaient-elles ? Où allaient-elles ?Le nord ? Le sud ? L'hiver ? L'été ?C'est ainsi, que je me rends compte que je suis comme perdue, désorientée dans le temps, les saisons, les hémisphères et les climats...Ici en mars, il fait déjà 40 degrés bien tassés. Il faudrait être fou pour venir y chercher un climat propice. L’été va s'installer de jour en jour et les températures ne vont cesser de grimper... Mais c'est un bon climat pour une escale. Bien plus au sud, l'été touche à sa fin, l'automne s'installe probablement doucement et les températures se rafraîchissent peu à peu. Est-ce cela qui leur aurait fait faire leur baluchon ?Au nord, l'hiver est encore loin d'être terminé même si à coup sûr la neige disparaît peu à peu, les journées s'allongent et le soleil brille de plus en plus fort et de plus en plus haut.Mais qui aurait voulu passer tant de mois à grelotter ?Certainement pas ces bêtes à plumes cherchant un climat clément pour construire un nid et pondre leur oeuf.Certainement pas nous non plus avec nos trois poils sur le corps, nos minces habits, notre maison de toile sans chauffage et nos vélos sans carrosserie pour nous abriter des intempéries.Migrer du sud au nord."Cigognes-cyclistes", nous sommes tous dans le même bateau, confrontés aux éléments, soumis au climat et à la recherche de fraîcheur l'été, de douceur l'hiver. Nous errons du nord au sud, du sud au nord, nous suivons le soleil, nous fuyons la pluie, nous recherchons les longues journées et les courtes nuits, nous prenons ou perdons de l'altitude, nous grimpons jusqu'aux hautes latitudes. Été austral, boréal, hiver tropical ou équatorial...Nous tournons autour de la terre le nez en l'air, en quête de là où il fait bon vivre pour poser, un temps, nos valises.Nous faisons partie du grand peuple migrateur.Une vie de saisonniers climatiques, de nomades volants ou roulants, de voyageurs itinérants.Cette fois, à la force de leurs ailes, c'est l'hémisphère nord qu'elles rejoignent, à celle de nos jambes nous roulons vers notre prochaine aire de décollage. Nos ailes seront d'acier, c'est bien moins élégant mais bientôt nous rejoindrons le printemps.Combien de fois nos chemins convergeront ? Combien de fois nos routes se croiseront encore ? La dernière fois, que nous avions aperçu des cigognes, c'était il y a 8 mois dans les montagnes Géorgiennes. Bien installées au frais pour l'été, de beaux nids et des petits qui étaient déjà nés et qu'il fallait alimenter sans cesse afin qu'ils soient forts et prêts pour eux aussi pour entreprendre leur premier grand voyage lorsque l'automne pointera son nez.


Comme les fleurs qui éclosent, les bourgeons qui verdissent, les fruits qui grossissent, les feuilles qui fanent, les flocons qui tombent, les gouttes de pluie et le soleil qui brille, les allers et venues des oiseaux migrateurs rythment l'année du voyageur.

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