Dix mois sur la route, ce n'est désormais plus un secret : le voyage à vélo est une longue balade qui conduit de surprise en surprise.
Ce qui est d'autant plus étonnant c'est de se retrouver à parcourir à vélo un endroit déjà visité des années auparavant. Un lieu, une région ou un pays où vous n'auriez, lors de cette ou ces premières visites, probablement jamais imaginé revenir en étant assis sur une selle avec votre petite maison sur votre porte bagage.
Cette observation se vérifie d'autant plus lorsque l'endroit en question se trouve à l'autre bout de la planète, soit à des milliers de kilomètres du point de départ ou de votre maison de brique. Au delà de cette sensation agréable de se dire que, ce coup-ci, l'on est arrivé jusque là, par nos propres moyens ou presque. C'est aussi l'occasion de se rendre compte que le chemin parcouru commence à être un peu long !
Un signe qui ne trompe pas est, qu'à présent, lorsque nous énumérons aux curieux notre itinéraire et les pays traversés, nous en oublions en cours de route ou bien nous en omettons volontairement pour éviter que l'exposé ne dure trop et que l'on perde l'attention de notre auditoire !
C'est ainsi que la première semaine du voyage, nous avons sauté le canal de Corinthe à vélo, quelques mois à peine après l'avoir franchi en camion puis quelques milliers de kilomètres plus loin, nous avons roulé dans les rues de Bichkek au Kirghizistan quelques années après y s'être baladé à pied au retour d'une expé. Enfin nous avons débarqué en Thaïlande à bicyclette après avoir déjà découvert ce pays lors de précédents voyages en mode bagpacking.
Thaïlande.
Je me souviens d'un premier voyage en compagnie de ma tante puis d'un second quelques années plus tard où ma maman était venue compléter le trio.
Je me souviens de ces fous rire pour tout et surtout pour n'importe quoi. Je me souviens de ces collines du nord et de ces routes très raides en scooter, de cette gamelle dans un fossé et de mon mollet grillé. Je me souviens de ces coteaux abrupts plantés de théiers, de ces champs d'ananas, de ces plantations d'héveas, de plants de café et de cet amphithéâtre de fraisiers. Je me souviens de ces femmes Akhas en costumes colorés, des rives du Mékong, des noix de coco et des singes espiègles.
Je me souviens de ces poissons multicolores et de ces milliards de lanternes volantes qui illuminaient le ciel sombre telles une voie lactée mouvante. Je me souviens de ces temples dorés, de ces moines tout d'orange vêtus, de ces boudhas géants, de ces nights markets animés et de ce quartier chinois où, partout, pendaient des canards laqués. Je me souviens de ces ombrelles de papier, de ces bols de fer, de ces touk-touks qui se faufilaient partout et de ces bateaux-taxis sur les flots... Mais revenons à nos vélos !
Je me souviens de la vielle gare de Bangkok, de cet immense hall et de ces tout petits guichets, de ce carrelage et de tous ces voyageurs y faisant avancer leurs valises à roulettes. Je me souviens de ces panneaux d'affichage hors d'âge et de l'horloge qui égrainait les minutes avant le prochain départ.
Et puis, je me souviens qu'au milieu de cette agitation se trouvait un grand cube translucide et immobile. Une grosse boîte transparente à l'intérieur de laquelle on pouvait admirer deux vélos de voyage, chargés de leurs bagages et entourés d'une multitude de photos prises dans le monde entier. Un couple d'asiatiques (de mémoire des coréens ou peut-être des japonais) avait semble-t-il vécu une bien belle aventure et relatait par ce biais leur grand périple à roues.
J'observais admirative chacun des détails telle une enfant devant une vitrine de Noël, des étoiles plein les yeux et l'esprit qui moulinait dejà. La féerie "selleste" fit son effet.
Ce que je voyais là était comme un rêve sous une cloche de verre.
Depuis, le désir d'évasion a quitté son aquarium et les vélos enfourchés par deux rêveurs ont pris la route.
... Et quand la longue balade nous conduit sur ces mêmes routes Thaï, alors je n'en crois ni mes yeux, ni mes mollets
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