dimanche 7 septembre 2014

Rentrée des classes... au Kirghizistan



L’heure du départ approche…


Le 8 septembre prochain, mes copains du GEAN (Groupe Excellence Alpinisme National) de la FFCAM  et moi décollerons pour le Kirghizistan, petit pays d’Asie extrêmement montagneux situé entre  la Chine, le Kazakhstan, l’Ouzbékistan et le Tadjikistan.



Nous prendrons plus précisément la direction de la région du Pamir, où après quelques jours de trek, nous établirons notre camp de base dans la vallée d’Aksu pour quelques semaines.

Cette vallée est parsemée de magnifiques tours de granit offrant de raides parois de 1000 à 1500 mètres de haut et culminant entre 4000m et 5000m d’altidude.

Les objectifs sont multiples. Nous rêvons tous, bien sûr, à la Tour Russe, à son célèbre Big Wall Perestroïcrack (ED, 800m) et à ses belles fissures  mais nous espérons aussi découvrir de belles lignes de mixte (neige, glace et rocher) où nous pourrons mettre en action piolets et crampons pour notre plus grand plaisir.


Cette expé clôturera deux années passées au sein du groupe national, deux années riches en aventures et en expériences acquises.

Nous vous donnons donc rendez vous bientôt pour vous donner quelques nouvelles ou à notre retour pour partager notre aventure !


mercredi 3 septembre 2014

Enfin l'été!


Voilà presqu'un an que nous n'avions pas été encordés ensemble, et voilà même plusieurs années que nous n'avions pas chaussés des crampons ensemble... Un comble pour nous, qui avons fait nos premiers pas d'apprentis alpinistes côte à côte, il y a déjà pas mal d'années. 
Aujourd'hui encore, c'est toujours avec autant de plaisir que je fais cordée avec Bastien. D'autant plus, que maintenant m'sieur est un pro (ce qui explique son emploi du temps de ministre!) et que je suis donc super bien guidée!

Motivés pour un voyage au long cours sur de belles arêtes, nous prenons la direction de l'Oisan. 
Mercredi matin, 8h30 nous sautons dans la première benne au départ de la Grave, l'objectif de ce premier jour étant de réaliser la traversée du Rateau. Malgré les mises en garde répétées de guides locaux dans le téléphérique alors que nous observons par la fenêtre de la télécabine la face nord de la Meije (la météo soit disant instable, le fort vent, le peu de fréquentation de cet été, l'enneigement, la longueur de la course, notre départ tardif, nos ambitions pour les jours suivants...) : nous gardons le cap! 

Effectivement, il y a vraiment beaucoup de vent et c'est vrai qu'il est quand même 9h45 quand nous nous mettons en marche. On comprend mieux pourquoi ce gars là nous a pris pour des touristes de base! 
1h30 plus tard, après avoir rejoint le col des Ruillans puis parcouru l'arête Ouest du Rateau nous sommes déjà au sommet Ouest et pourtant la course ne fait que commencer! Nous avons la journée pour atteindre le sommet Est du Rateau avant de basculer sur le refuge du Promontoire où nous prévoyons de passer la nuit avant d’enchaîner sur la Meije le lendemain. 



Sur l'arête Ouest du Rateau...
Afin de tenter d'arriver avant la nuit et sans être trop attaqués physiquement, nous optons pour la traversée par les vires du versant Sud, ce qui nous permettra d'être abrités du vent et ce qui devrait déjà bien nous occuper pour les quelques heures à venir! La traversée se déroule plutôt pas mal. C'est vraiment bien enneigé pour une fin d'été (??), cela nous permet probablement de gagner un peu temps dans les traversées des grandes contre-pentes même si la neige a déjà bien chauffé.


Traversée du Rateau
Nous nous retrouvons sûrement un peu trop haut puisque nous sommes obligés de tirer un petit rappel à moins que nous ne soyons finalement trop bas, en fait on n'en sait trop rien!
Pour finir, nous nous retrouvons sur le fil de l'arête un peu plus tôt que prévu après une petite variante: l'arrachage d'un gros bloc et un joli dièdre en 5 sup! 
La suite est magnifique. De belles dalles aériennes sur le fil de l'arête nous conduisent jusqu'au sommet!


Petite variante qui grimpe!

Au sommet Est du Rateau
Il n'est pas aussi tard que nous le craignions quand nous bouclons la traversée et l'espoir de pouvoir manger au refuge ce soir renaît en même temps que nous l'apercevons tout en bas, minuscule! En suivant l'arête Nord Est nous rejoignons le glacier de la Meije puis la brèche du même nom. Encore un joli parcours ce petit bout d'arête!



En descendant l'arête Nord Est

Il est 19h quand nous passons la porte du refuge du Promontoire où un verre de punch nous attend en guise d'apéro, un bon repas et enfin une bonne nuit!



Jeudi matin, il est 3h quand le réveil sonne, ça picote les yeux!
Nous sommes deux cordées à prendre ce petit déj' bien matinal. Nous avons pour objectif commun la voie du Z en face Nord de la Meije. Ayant fait un rapide repérage visuel la veille en descendant du Rateau, nous nous sommes rendus compte que la trace avait disparu suite aux grosses pluies de mardi et surtout que le glacier ressemble un peu à un champ de bataille miné... Aussi nous décidons de faire une maxi cordée de 4 pour se balader au beau milieu de ces gros trous dans le noir puisque nous ferons toute l'approche de nuit.

Au lever du jour, nous sommes au pied de la grande face Nord! Nous passons la rimaye et attaquons la première grande pente de neige, puis rapidement nous nous trouvons dans les goulottes marquant le premier ressaut de la voie. Nous comprenons bien vite que la journée va être physique, malgré la fréquentation du début de semaine, il n'y a plus aucune trace de passage et la bonne neige s'est transformée en bonne glace. Nous passerons donc la journée à donner des milliers de coups de pieds afin de faire mordre nos crampons, sans jamais pouvoir vraiment se reposer les mollets!
Un avantage à cette situation, les broches à glace que nous posons sont excellentes!

La grande traversée à droite dominée par de grands rochers roses marquant la première branche du Z est vraiment magnifique. Là encore, nous rencontrons de la neige vraiment béton, il y a de l'ambiance!


Dans le premier ressaut du Z...




La suite roule un peu plus même s'il reste encore quelques passages type goulotte et c'est heureux que nous débouchons au soleil à la Brèche du glacier Carré en tout début d'après midi. Après une bonne pause et un bon bain de soleil en attendant nos compagnons du jour, nous reprenons notre petit chemin en direction du Grand Pic. 

Brèche du glacier Carré

Je me retrouve assez rapidement dans une situation plutôt inconfortable, en crampons dans des dalles couvertes de neige ramollie. Nous obliquons donc à gauche pour rejoindre l'arête bordant la face nord qui parait plus sèche. Là, nous pouvons enlever nos crampons et la grimpe est bien plus agréable. Au passage du Cheval Rouge, j'ai bien sûr une petite pensée pour le Caroux et son arête Marre où un passage quasi identique porte le même nom!



Le Cheval Rouge!
A 16h, nous voici au sommet du Grand Pic, une courte pause, photo souvenir oblige! Nous sommes contents! (surtout moi!! Enfin au sommet de la Meije, depuis que j'en rêvais!!)




Au sommet de la Meije :)
Nous quittons ici nos amis du jour qui eux redescendent sur le Promontoire par la voie normale alors que nous, nous continuons vers l'Est sur la traversée des arêtes de la Meije.
C'est magique de découvrir cette belle enfilade d'arêtes enneigées sans aucune trace de passage. Nous sommes aussi conscients que vue l'heure, il ne va pas falloir traîner si on veut sortir avant la nuit, voilà de quoi nous remotiver! 


Les arêtes de la Meije
En trois rappels nous rejoignons la brèche puis une fine arête nous amène au pied de la Dent Zsigmondy que nous contournons dans un premier temps puis que nous remontons ensuite, en devinant quelques bouts de câble qui émergent de la neige de temps à autre. 2ème, 3ème dent sont franchies puis la 4ème et sa grande pente de neige (toujours aussi dure) à descendre et nous voilà au sommet du Doigt de Dieu, dernière pointe marquant la fin de cette belle traversée. 




Nous choisirons de désescalader les 70 mètres de neige hyper dure qui nous séparent du glacier plutôt que de tirer des rappels. Allez savoir pourquoi?!? ...peut être pour finir de se fumer les mollets, au cas où le Z n'aurait pas suffit!! C'est réussi: ça chauffe!!



C'est sous de belles lumières de soleil couchant que nous descendons le glacier et que nous arrivons (enfin!) au tout nouveau refuge de l'Aigle. Une bonne grosse journée de 16h qui se termine par un accueil très chaleureux!




Le joli refuge de l'Aigle
Un bon apéro (encore!), un super repas, un délicieux dessert, une bonne soirée et déjà de bons souvenirs clôturent ces deux belles journées ensoleillées et ce bon petit trip qui ne donne envie que de deux choses: SE REPOSER... et REPARTIR!



mardi 2 septembre 2014

Sur la route du sud...


Sylvain me rejoint sur Chamonix comme chaque été pour sa semaine de congé annuelle... dur, dur la vie de chef d'entreprise... Il pleut des trombes d'eau, pas question de moisir ici!

On rassemble rapidement nos affaires et on saute dans son bolide, direction le sud! Bien décidés à descendre autant qu'il le faudra pour trouver du soleil mais à l'approche du col de Menée, cette route me rappelle quelque chose... Archiane! C'est pas très loin, non??!

Stop!!! Je saute dans le coffre pour chopper le topo du Diois embarqué dans mes affaires un peu par hasard... Ouvert au chapitre Archiane, je jette un coup d’œil à Sylvain: "ça te dit??"
Ce gars n'est vraiment pas contrariant de toute façon. Il est d'accord, bien entendu!





Voilà comment le lendemain matin, nous nous retrouvons au beau milieu de ce grand cirque calcaire où 400 mètres d'escalade nous tentent les bras!
Nous choisissons une grande classique: le pilier Livanos, du nom de son "grec" d'ouvreur. Ouverte en 1959, la voie remonte le raide pilier sud en suivant des lignes de faiblesses plus ou moins évidentes. Le tout ne dépasse pas le 6c mais ça grimpe principalement dans le 6a.







Le caillou est plutôt bon et la grimpe agréable. Bien qu'un peu glissant par le passage répété des grimpeurs de ces cinquantes dernières années, le tout reste joli. Et puis, après tout, être patiné, c'est quand même la rançon du succès!



Une belle découverte, un cheminement astucieux et surtout une bonne journée de grimpe dans un cadre toujours aussi magnifique!
Une belle classique à recommander et un compagnon de cordée toujours aussi top!