mercredi 8 juillet 2015

Voyage en face nord entre filles!


 La face nord du Vignemale... toute une histoire!

Depuis toute petite j'en entends parler... C'est en évoquant cette face là que l'on me speedait quand je trainaillais dans les manips de corde au relais alors que je faisais mes premiers pas de petite "alpiniste" au Caroux. "Tu verras quand tu seras dans la face nord du Vignemale et que l'orage arrivera!! 800 mètres, là il faudra avancer ma grande!..."
Voilà comment cette face était déjà devenue mythique pour moi avant même que j'en vois la couleur du caillou!



Ma première visite en été date d'il y a quelques années déjà. 
En 2009, j'avais adoré parcourir la classique alors que nous traversions les Pyrénées en mode vélo/grimpe. Mon compagnon de cordée de l'époque réalisait alors sa première ou presque grande voie!... Quand j'y repense aujourd'hui, c'est drôle! Mais c'était surtout sacrément courageux de sa part de me suivre là dedans!! En basket et sous un temps plus que menaçant nous nous étions échappés par l'arête de Gaube... 
Peu de temps après, j'avais eu la chance de gravir l'éperon Nord de la Pique Longue toujours. Escalade plus soutenue dans une ambiance tout aussi grandiose! Là encore, toujours en basket, nous avions mis  le clignio à droite et avions préféré la descente par l'arête de Gaube, au sommet et  la descente par le glacier...

Deux voies réalisées sans jamais sortir au sommet... Une sacrée revanche à prendre: la prochaine fois, j'irai jusqu'en haut et de manière élégante s'il vous plait!!!

Ça y est! L'école c'est terminé!!
Quelques jours de libres juste avant le grand départ pour le pays des indiens, des chercheurs d'or et des grizzlis... Un mois à bourriner et à supporter les blagues bien grasses de mes deux affreux compagnons de  cordée... Passer un peu de temps en montagne entre filles me fera le plus grand bien!! 



Vendredi soir, je retrouve Ihintza et Itsaso dans les Hautes Pyrénées. Après un petit bivouac et un bon repas (elles assurent grave les basques!!) sur le parking de Pont d'Espagne, samedi matin nous prenons la direction du refuge des Oulettes. 

Aujourd'hui c'est la course du Vignemale. Nous sommes mortes de rire en regardant passer tous ces coureurs en chaussettes hautes: voilà les ultra light et voici les ultra lourdes!!


Le chemin des ultra lights...


... et celui des ultra lourdes
Nous montons tranquillou profitant de ce qu'il reste de la fraîcheur du matin... 2h30 de bavardages (mixant basque, français et espagnol!) plus tard, nous sommes au refuge. 
On y dépose le matos de bivouac et on file en direction de la Hourquette d'Ossoue. Au programme de l'après midi, l'Eperon Nord du Petit Vignemale. 




...dans les premiers mètres de
l'Eperon Nord du Petit Vignemale



Ihintza...

...Et Itsaso


Cette jolie petite voie de 400 mètres est une bonne surprise, ça grimpe un peu mais juste ce qu'il faut pour que cela passe sans avoir à mettre les chaussons. Des longueurs verticales, une belle arête aérienne, du caillou pas trop mauvais et surtout un cadre dément! C'est relativement vite plié et en fin d'après midi, nous sommes au sommet puis nous reprenons le chemin du refuge... 
Aujourd'hui, on n'aura pas beaucoup grimpé mais qu'est ce que l'on aura marché!!!


Sommet du Petit Vignemale
Céline venue nous rejoindre, nous attend au refuge. 
Demain, nous ferons cordée commune. Nous n'avons encore jamais grimpé ensemble alors gravir la face nord classique sera l'occasion de faire plus amplement connaissance! 

Réveil 4h, on déjeune sans trop se stresser(pia pia pia...)et il est déjà 5h30 quand nous quittons le refuge et prenons la direction du glacier des Oulettes. C'est parti!!

Les 1h30 de marche réglementaires avalées, nous attaquons les premiers mètres d'escalade vers 7h. L'attaque classique se révèle difficile à atteindre car la neige est bien décollée du rocher alors nous attaquons plus à droite dans un dièdre assez fermé. 
Nous démarrons à peine qu'une cordée arrive. Deux gars dans les yeux desquels on peut lire la déception d'avoir deux cordées devant eux mais aussi un certain étonnement... quatre filles... c'est quoi cette blague?!?
Non non les gars... pas question de vous laissez passer!



A l'attaque de la Classique...

Nous remontons le premier socle puis arrivons à la partie facile. Les souvenirs de ma dernière visite me reviennent en mémoire et je retrouve facilement le chemin à suivre... Nous avançons à corde tendue pendant quelques centaines de mètres puis après avoir bien traversé à gauche nous rejoignons le pied de l'arête intermédiaire puis son fil et les magnifiques passages qu'elle propose.
En milieu de journée nous prenons pied dans les schistes qui caractérisent le bastion final. Petite pause pour attendre nos copines, manger un morceau, boire un coup... Le soleil cogne vraiment fort!








Ihintza et Itsaso décident de sortir par la classique, tandis que je suis motivée à bloc pour aller voir la sortie directe. Sortir droit dans ce fronton sommital me fait quand même bien rêver! "Et Céline, ça te dis de continuer tout droit??! ... Euh... t'es sûre?? Allez! je te suis!"

Rendez vous au sommet les filles!


Les filles dans la sortie classique...
Tout commence par un grand mur de 120 mètres environ qu'il faut remonter pour aller attraper la cheminée qui nous mènera au sommet.


... et nous dans la sortie directe!

Pouahhhh... caillou pourri de chez pourri... Une longueur que je ne suis pas prête d'oublier... 50 mètres relativement verticaux, 2 friends moisis dans des écailles branlantes, des prises mobiles tant pour les mains que pour les pieds et des rafales de vent pour ne rien arranger... Sûr que si je tombe, j'arrache tout y compris le relais en dessous... Aie Aie Aie!
Serrage de fesses et grosse grosse concentration... Assurer chacun de ses mouvements... Je sens que j'arrive en bout de corde mais ici impossible de poser quoi que ce soit, il faut continuer... Finalement j’aperçois un spit quelques mètres au dessus de moi...encore un peu de mou... Ouf! Relaaaaaaiiiis! 




Le reste déroulera davantage... La qualité du rocher s'améliore un petit peu, il est beaucoup plus commode de se protéger et la ligne est plus logique. Une cheminée à remonter sur 3 à 4 longueurs avec quelques bombés pas toujours évidents à rétablir... Voilà du IV+, V qui envoie sacrément! 
Un couloir fait suite à la cheminée... Et hop! On est en haut!!
 Céliiiiine relaiiiisss sooommmmmeeeett! Yihaaaa!


Heureuses!!!

Merci Céline de m'avoir fait confiance ;)
Ihintza et Itsaso nous attendent au sommet après avoir reçu les félicitations des gars qui nous suivaient: Et ben... Bravo les filles! ... ce à quoi elles répondront simplement sans sous entendu: Bravo les gars!! :)


Rendez vous au sommet!
Cette face nord, c'est quand même magique! Quelle ambiance! 
... Un sacré de morceaux de Pyrénéisme! 


Merci les filles!!

lundi 6 juillet 2015

Jour de canicule en Andorre...


 
Ici comme ailleurs il fait chaud, très très chaud ces derniers jours...
Après quelques tentatives peu concluantes sur les spots ombragés du coin , il faut bien se rendre à l'évidence: Abandonner l'idée de vouloir grimper, à moins d'être décidé à vider 100g de pof sur chaque prise et à transpirer comme des gros!

Deux options: grimper dans le facile ou prendre un peu d'altitude!
Et pourquoi pas combiner les deux?!

Direction le Pic de Ribuls! C'est à deux pas de la maison (...enfin, disons plutôt, à deux pas de l'école puisqu'en ce mercredi 1er juillet, il y a encore école!! Grrr...



Le Pic de Ribuls est un des sommets qui forment le "célèbre" Cirque des Pessons, dominant tous les jolis petits lacs du même nom. En cette saison, le coin est bien calme. Le boucan et l'agitation des pistes de ski et des remontées mécaniques ont laissé place aux sifflements des marmottes qui se préviennent entre elles du passage de deux grimpeurs!


 

Nous choisissons de gravir l'éperon Nord Ouest par l'attaque directe, la classique du coin. TD+ et quasiment 400 mètres, voilà de quoi occuper cette après midi caniculaire!

Ouverte en 1961 par deux grimpeurs biterrois s'il vous plait! 
C'est à Guy Pistre et à Pierre Maraval que l'on doit cette ligne. Quelques années plus tard un départ plus élégant et plus direct y sera ajouté.
 
 
C'est avec une certaine émotion que je parcours cet itinéraire, "marchant" quelques heures dans les pas de Guy, cousin que je n'aurais malheureusement pas eu la chance d'avoir connu car décédé quelques années avant ma naissance dans une avalanche, ici même en Andorre. Quelqu'un qui m'aurait très certainement inspiré dans ma pratique de la montagne si j'avais eu la chance de le rencontrer...

Un cadre sympa, une bonne approche, une ligne logique, du bon caillou bien que lichenneux, quelques longueurs qui grimpent quand même un peu, une belle arête, un sommet... bref une jolie voie!
 
... et surtout, un bon plan pour quand il fait 40° à l'ombre!