lundi 30 mai 2022

Un mercredi aux Frouzes •Escal'A2roues#11•

 Vous connaissiez certainement "un dimanche aux Goudes" ?

https://youtu.be/nxbgdLIzeBU

Ben là, c'est un mercredi aux Frouzes. C'est un peu pareil dans une ambiance cependant un peu moins chill'. Point commun, vue sur la mer mais ça s'arrête à peu près là !  

"Datça… N'oubliez pas d'aller jeter un œil au canyon des Frouzes !" Nous avait dit Nastro, le plus turc des ouvreurs montpelliérains. C'est chose faite !

La journée commence en fanfare. 

Étape 1 : session vtt sur une piste caillouteuse qui grimpe, qui grimpe et qui grimpe encore. On zigzague sous un soleil de plomb entre les tortues énervées et les meutes de chiens impassibles... 

A peine a-t-on avalé tout plein de mètres de dénivelé qu'on dégringole à nouveau jusqu'au niveau de la mer. Dommage ! 

Lorsqu'on arrive enfin tout dégoulinants au départ du sentier menant à la falaise, il fait une chaleur assommante. Le genre de température où si tu étais chez toi, tu resterais l’ombre sur ta terrasse à siroter un pastis en regardant la mer et en écoutant du reggae marseillais ou bien tu ferais une sieste dans ton hamac avec ce même son dans les oreilles. Bref, à ce moment précis, on est déjà cuits-rôtis, assoiffés et on a déjà les jambes ramollies par cette petite virée matinale. On songe déjà au long chemin du retour et aux quelques gouttes d'eau qu'il va falloir gérer au mieux pour tenir la journée ! 

Qu'à cela ne tienne, on ne s'est pas donné tout ce mal pour arriver jusqu'ici pour ne pas grimper !

Étape 2 : randonnée à pied sous les tropiques.

Évidemment, dans ce canyon, il n'y a pas un brin d'air et la chaleur est étouffante. La falaise, pourtant orientée Est, est encore en plein cagnard, aussi on temporise sous des buissons en cassant la croûte. Enfin, pour ma part, je ne fais que regarder Bruno manger son bout de pain parsemé de points vert parce que moi, je ne me suis toujours pas résignée à manger du moisi… ça arrivera certainement à un certain stade du voyage mais ce coup-ci, j’aurai plutôt opté pour de l’eau croupie mais le canyon est sec et resec ! Jeûne solide comme liquide donc.

Quand la paroi passe enfin à l’ombre, on se jette sur la voie la plus facile du secteur, 6c+, ça tire un peu à la chauffe mais on n’est plus à ça près ! Peut-on même encore parler d'échauffement vu le climat ? 

On se faufile entre les frelons déshydratés qui viennent se délecter des quelques gouttes qui suintent de certaines concrétions. Niveau hydratation, on semble tous être dans le même bateau ! Même les chèvres qui se baladent au pied de la falaise économisent leur salive et ne bêlent pas une seule fois.

Privilège du spot sauvage, ça croustille. Inconvénient d’une face Est qui a déjà bien chauffée, le caillou rayonne de mille feux. Inconvénient d'ouvreurs forts grimpeurs, il y a bien de l'air entre les points pour autant, aucun refroidissement notoire à déclarer. Ce combo parfait associé à ces grosses bestioles volantes m'oblige à râler un peu alors que moi aussi, je ferai bien d’économiser ma salive !

Étape 3 : marathon vertical dans un four solaire. 

Chacune des voies est une perle et on tente d'y faire honneur en les enfilant comme il se doit. Grandes envolées d’une quarantaine de mètres, caillou neuf, choux fleur, colos et lunules pour des voies de pure conti où l'escalade, toute proportions gardées, est plutôt aventureuse ! Magique ! Merci les ouvreurs pour ces petits bijoux !

J’aurai même eu la chance, aujourd'hui, de me retrouver nez à nez avec une grosse chauve souris avant que celle-ci ne saute dans ma brassière ! …il y a des jours comme ça...

Sinon ici, c’est comme à la salle d’escalade, plus tu montes et plus il fait chaud. Je perd encore le peu d’eau qu'il reste dans mon corps et je transgoutte à grosses pires quand je clippe le relais du dernier 7a+ de la journée. C'est dégoulinante que je rejoins le sol, ce qui n’échappe d'ailleurs pas aux frelons qui doivent me prendre à cet instant pour une stalactite toute humide et se rapprochent dangereusement de moi ! Pas folles les guêpes !


La journée pourrait évidemment s’arrêter là. Plus d’eau, plus de peau sur les doigts, retour à la casbah !

Mais évidemment en voyage à vélo, ça ne se passe pas comme ça, surtout quand tu as la grosse flemme de repédaler encore jusqu'au sommet de la colline, que tu as peur de la descente version trial de l’autre côté avec tes pneus lisses et surgonflés qui dérapent et que tu entends déjà de là, effrayée, les canines des chiens qui claquent en bas de la pente.

Voilà comment, pendant que Bruno refaisait le chemin parcouru le matin en sens inverse, je décidais d’emprunter avec mon petit vélo une variante : un sentier de randonnée longeant la côte. Sur le papier, cela semblait être la solution parfaite : 2,5km de distance et peu de dénivelé pour une balade sur un GR en mode sentier littoral, quoi de mieux pour conclure cette belle journée ? Vous vous en doutez, une fois encore, la réalité a rattrapé la fiction.

Le guide au guidon m’avait pourtant mis en garde avant de me laisser filer dans cette jolie excursion : « un sentier de randonnée, c’est fait pour les randonneurs, pas pour les cyclistes en carton et encore moins pour les vttistes en herbe. » 

«T'inquiète mobylette !» Bille en tête, trois gouttes d’eau dans ma bouteille, pas un moyen de communication avec moi, me voilà partie sur les sentiers douaniers turcs… «Rendez vous au bar du port !» … Et dire qu'un temps, j'ai même cru que je pourrai y arriver la première et l'y attendre mémère en sirotant un pastis comme un dimanche aux Goudes. Évidemment c’est l’inverse qui se produisit et ce n’est pas un pastis qu’il aurait eu le temps de boire mais quatre ou cinq pour l'apéro, suivi d’une bouillabaisse, d’un dessert, café et même d’un digestif !!

Étape 4 : bike & walk. Ce raid multisport me réservait encore quelques petites surprises !

Alors oui, j'avoue que je n'ai pas mis une seule fois les fesses sur la selle parce que ce n'était absolument pas roulant. Oui, c'est vrai que le sentier n'étant pas très large et il fallait que je pousse le vélo sur la bande la plus roulante en marchant à côté dans les bartas et que ça piquait parfois beaucoup les jambes. La vérité, c’est aussi que je me suis mangée les pédales dans les tibias environ 578 fois et c'est vrai, qu’il a fallu porter souvent quand de gros cailloux barraient le passage. En descente, le vélo voulait filer à toute vitesse sans moi et sauter dans la mer juste en dessous et qu'il fallait tenir fort les manettes des freins. En montée, il ne pensait qu'à m’aplatir et c’est quand même vrai que ça m’énervait un petit peu ! La vérité, c’est aussi qu'à quelques endroits le sentier s'était éboulé et que passer là, quelques dizaines de mètres au dessus de la mer avec un vélo sur le dos devenait un peu expo. Il est aussi vrai que je pétais de chaud et qu'au moment où je pensais avoir parcouru la moitié de la distance, j’ai bu une gorgée d’eau que j’ai savouré longtemps dans ma bouche avant de déglutir. C’est vrai aussi que j’ai failli me casser la figure quelques fois et que je me suis dit que me faire mal ici toute seule, c’était quand même un peu stupide ! Je me suis parfois demandée où Bruno en était de son parcours, tout en croyant encore que j’allais gagner la course ! Bon, j’avoue aussi qu'à un moment je commençais à fatiguer un peu et que j’avais hâte que la balade se termine. En regardant la suite qui ressemblait à une grande zone raide en terre déboisée, je me suis demandée où ce fichu sentier pouvait bien passer mais que je me suis aussi dit que ça irait… De toutes façons, faire demi tour ? Pas question, ce n’était même plus une question d'honneur mais de faisabilité ! Enfin, quand je suis arrivée devant ce passage étroit au milieu de cette falaise qui dominait la mer et que j’ai essayé de passer en portant mon vélo sans réussir, je me suis dit que je n’étais pas loin du bout du sentier et que Bruno allait sûrement venir à ma rencontre !! Bon… c'est vrai, j'ai laissé mon copain à deux roues ici et j’ai marché pas mal en direction du port. Et voilà que Bruno n’était pas venu à ma rencontre mais m’attendait gentiment au bar, comme prévu. Alors l’air de rien, j'ai débarqué toute ébouriffée sur la terrasse du bar,  je lui ai dit comme si tout ça était normal, qu’il fallait venir m’aider ! Entre temps, le soleil s’était couché et la nuit était tombée. Alors l’air de rien, on a repris le chemin en sens inverse. Lui sur son vélo, moi en courant à côté. 

Étape 5 du raid multisports du jour : bike & run.


Résultat des courses, retour à 22h au camping un peu fatigués et un peu déshydratés. Il avait raison le guide au guidon ! Quant à moi, maintenant je le sais : les GR ça ne passe pas forcément en vélo. En même temps en France non plus, j'aurai pu m'en douter !
Bref, c’était un mercredi aux Frouzes.


Ps: Ah oui, et si jamais une tête de turc était planqué là, à nous observer... Sans aucun doute, premièrement il se marrerait bien et deuxièmement, il dirait que les "frouzes"... C'est nous !


Fête des bras à Datça •Escal'A2roues#10•

Ces derniers jours se suivent et se ressemblent...

Comme deux parfaits petits ouvriers de la grimpe qui bosseraient en trois 8, on est soit du matin, soit de l'après-midi (quant à la nuit on essaie de se reposer entre hurlements de chiens et aboiements de coqs !).

Travail à la chaîne, on empile les longueurs. Monoactifs, grimpeurs en quête de falaises ombragées.

Ouf ! Un jour de repos hebdomadaire réclamé par la peau des doigts est obtenu de justesse après quelques négociations, on a frôlé le mouvement social. 

Les autres jours, c'est la routine : métro-boulot-dodo à peu de choses près... vélo-grimpe-dodo. 

Un détail de taille, notre usine est un paradis, caillou gris ou oranger piquant ou grand porche plein de colos. 

Philippe Poutou l'a si bien dit à son meeting, on pourrait très bien vivre sans travailler, on s'en sortirait très bien et on ne s'ennuierait très certainement jamais. Ce qu'il faudrait néanmoins c'est un salaire. Nous n'avons ni l'un ni l'autre mais apprécions grandement cette saveur de liberté retrouvée.

Aussi ces jours-ci, ce n'est ni la rentabilité ni le profit que l'on recherche mais plutôt l'ombre et la fraîcheur toute relative à la Turquie en un début d'été ! On jongle donc avec les faces Est et ĺes faces Ouest, avec les levés un peu tôt et les couchés un peu tard, avec la grimpe du matin ou de l'après-midi et avec les murs raides et les dévers à colos. 

Can baba, Sucuk, les Frouzes, que de merveilles pour les grimpeurs gâtés que nous sommes ! 

On pofe, on dégouline, on repofe, on rerepofe encore et parfois ça fonctionne. On clippe les relais souvent tout transpirants mais heureux ! 

La plupart du temps quand je retouche le sol, je ressemble davantage à une peintre en bâtiment qu'à une élégante grimpeuse ! 

Ajoutez y quelques bleus et quelques croûtes et c'est parfait ! Un genou coincé par ci, un autre coincé par là... en short évidemment ! J'adore tellement ce style de grimpe où on passe son temps à chercher des repos. Une grimpe d'oso perezoso !

Reprise du travail pour les petits autistes. J'ai même mis deux essais consécutifs dans la même voie, suffisamment rare pour être souligné ! 


Matériel de grimpe vieillissant destiné à être abandonné d'ici quelques semaines. Corde ressortie du carton des cordes remisées pour usure avancée et dégaines dépareillées des années 90. Évidemment qu'on enchaîne les voies, qui voudrait tomber sur de telles vieilleries !
 


Datça nous aura offert son lot de pépites minérales et de belles journées verticales. 
Retour à l'horizontale maintenant... quoique, quand on voit ces milliers de mètres de dénivelé à gravir pour rejoindre la région d'Antalya, on se demande si les prochains jours seront si horizontaux que ça ! 
En tout cas, on range les bras, on ressort les mollets ! 

jeudi 26 mai 2022

A deux roues… •Escal'A2roues#9•

Nous étions à peine partis, en escale à Milan, que justement un vieux Milanais croisé dans un marché de primeurs, à la vue du vélo se remémorait ses Paris-Brest, Marseille-Paris et plein d'autres virées… L'heureuse évocation le fit même quelques minutes plus tard, revenir avec comme cadeau, un demi-kilo de mandarines fraîches. 

Depuis toujours, un guidon était pour moi conçu pour être tenu à deux mains. En Grèce,  il semble que la priorité numéro un soit la consommation du café frappé. Et les conducteurs de scooter de devenir livreurs avec jusqu'à quatre breuvages dans une main, l'autre servant éventuellement à se diriger dans le dense flux des autres véhicules, et ce le plus rapidement possible : faudrait pas que le café se réchauffe !

Quel bel engin pédagogique que ces scooters pour se familiariser à la conduite. Dès leurs plus jeunes âges, même en cours d'apprentissage de la marche, agrippés au guidon  les enfants peuvent s’y tenir debout, entre les jambes du soit disant responsable. Parfois même, un troisième passager chevauche l'engin chargé de quelques cartons hétéroclites au milieu desquels pointent des yeux canins. Mais qui pilote ? …

À Bodrum, classe oblige, les casques tiennent lieu de parures de mode. Génial la multitude de formes et de design, généralement assorti à la couleur de l'engin. La sangle sous le menton, c'est selon… Si on est livreur, on ne coche pas la case obligatoire. Si notre coiffure est imposante non plus. Enfin s'il fait vraiment chaud, c'est le casque lui-même qui est remis en cause. Quel pragmatisme finalement, et quelle capacité d'adaptation ! 

Les quelques individus qui nous ressemblent, sur des engins non motorisés, sont le plus souvent des jeunes. Et faut assurer pour tenir la roue arrière le plus longtemps possible sur la cannebière locale, zigzaguant entre tous les étals. Le top dans ce registre, c'est au milieu de la foule de touristes entre tables de restaurant et alignement de yachts à quai. La marge est ténue, yessss 🤘 !

Bon, on a aussi partagé quelques belles heures de grimpe avec Claire et Adrien, des Belges en césure qui aussi roulent. Mais eux c'est vraiment la mala-suerte ! Figurez-vous qu'ils sont trois avec Albert, et n’ont que deux roues.  Les pauvres… Si vous voulez leurs apporter votre soutien,  c'est là :

https://www.polarsteps.com/voyadair/4528856-le-voyadair

Bruno.




"Rien ne sert de pédaler (fort !) •Escal'A2roues#8•

A l'heure où on vous écrit ces lignes, cela fait une grosse semaine que nous sommes partis et nous avons parcouru en vélo environ 300 km. Soit même pas la moitié de ce que vient de parcourir Rémi ces trois derniers jours pour relier Hendaye à Cerbère pour une traversée des Pyrénées versant sud. Trois étapes de respectivement 245, 212 et 270 km pour un dénivelé de près de 13000m au total ! Une vraie machine à pédale !

Autant dire, qu'à côté, on se sent un peu comme la tortue de cette photo !  
N'avons nous pas, nous aussi notre maison sur le dos ? Ici en Turquie, le décor semble bien vallonné et on a vraiment failli tomber à la renverse quand en pianotant  sur le GPS et en y entrant nos hypothétiques prochaines destinations, on a vu s'afficher le chiffre de 7km de dénivelé positif.  
Et en même temps, il paraît que "rien ne sert de pédaler (fort !), il faut partir à point".
Alors, pas de vélo ces jours-ci, on sort corde, chaussons et ce qu'il reste de bras à Datça ! 

lundi 16 mai 2022

Ce qu'on laisse... •Escal'A2roues#7•

[Quand Bruno prend la plume...]

Ce qu'on laisse...

Un balcon au sud-est, où il faisait bon boire son café au réveil, et souvent un maté au retour d’une sortie. Un endroit où "fare niente" et regarder passer le temps. Dedans, la pièce bicentenaire offrait cette douce quiétude au coin du feu. Heureusement, l'étable remisée accueillait toutes les extensions matérielles qu’on accumule au fil du temps… whish bone, bâtons, haches, kites, diapos, jumar, machine à coudre, piolets, quelques milliers de mètres de  corde, des courriers, etc... Manu et Armelle m’y avaient accueilli avec toute la bienveillance qui les caractérise à un moment où je n’en menais pas large… L'art s'y était même invité au gré de l’existence sans qu’on aurait pu s'en douter !

26 ans de boutique,  c'est quand même pas rien. L'école des guides, on finit par avoir des espérances… Bon, je vous rassure tout de suite, sitôt terminé mon tout premier contrat d'été, j'embarquais sur Pétrel pour traverser l'Atlantique. Destination le Brésil puis la Patagonie pour ce qui allait devenir une véritable addiction. 
Tout jeune guide, mes qualités d'enseignant étaient à l'image des innombrable doutes qui inévitablement m’assaillaient. Et je suis sûr que mes premiers stagiaires garderont de nos échanges la stricte rigueur que je rapportais  de ces campagnes Patagones : « l’à peu près  » n'était pas de mise. 
Certains collègues, à mes yeux charismatiques, m'ont nourri. Ce contexte professionnel, associé au fait de presque continuellement devoir se remettre en question a été source de dynamisme et d'élan. Le terrain était au centre de nos préoccupations, l'administration n'était qu'une lointaine nébuleuse. 

Puis la roue a tourné,  d’autres têtes sont apparues, la confiance et la solidarité « des potes de boulot » s'est perdue… L'absentéisme pour soulever des causes m'a pesé. Bref, cette prise d'année de dispo signe très probablement ma sortie par la petite porte,  j'n'en attendais pas plus ! Sentiment de nostalgie, quand même ?...

Ma Twingo rouge, aux bonnes mains de ma chère filleule ! Longue route à vous, et n'oublie pas, avec Renault chaque jour un bruit nouveau ;-)

Des mètres de découverte karstique juste au dessus de la maison! Qu'ils continuent donc à se creuser…

Mes petits. Que les adieux furent émouvants… Je souhaite que cet intermède vous fasse réaliser de l'importance de chaque moment échangé, peu importe la forme. Gagnez en indépendance, en capacité à choisir par vous-même. Qu'ils soient assidus aux études devrait d'une certaine façon me rassurer, j'ai cependant envie de leur dire trouvez vous un centre d'intérêt,  quel qu'il soit ! L'avenir tient plus à être motivé par une cause qui nous anime, le reste suivra… Quel regret d'avoir si peu partagé ces dernières années…

Nôtre VW volant, bien au chaud chez les parents de Lara,  désassuré. Et oui, on peut,  il suffit de demander !

Un truc de 13cm sur 7, voyeur à outrance qu'on passe son temps à charger, inimaginablement chronophage. 😊…

Plus qu'une lassitude, une incompréhension de cette pensée dominante à valoriser les gens qui travaillent ?! Ou comment le travail devient une fin en soit alors qu'il devrait être relégué à un simple moyen. Cet anti capitalisme primaire ne serait-il pas LA solution ?

Les montagnes. Plus aucune attirance alpinistiquement parlant. La récurrence des disparitions associée n'est sûrement pas étrangère. Et quoi faire de cet aléa qui devient trop prégnant à mes yeux ... Comment, et pourquoi continuerais-je à l'accepter ?

Des voiles de traction… je ne vous cache pas que j’étais à deux doigts d’en tasser une au fond d'une sacoche. Rhâ… avancer grâce à Éole !!

Ça s'appelle comme ça, une forme de routine... 

N’est-ce pas la méga suerte de s'être trouvés, et de partager les mêmes aspirations ? Lara croque la vie, et nous avons cette évidence commune qu'on en aura pas deux !



Tour de chauffe, traversée du Péloponnèse •Escal'A2roues#6•

Rejoindre Athènes depuis Patras nécessite d'avoir quelque tours de pédales dans son sac. Pas franchement de gros dénivelé au programme de ces trois jours puisque nous longeons la côte mais de là à parler de plat, il ne faut pas rigoler non plus ! Ce serait trop facile et puis il faut bien se mettre dans le bain...

Le bain ? Ne croyez pas que je me sois mise à l'eau mais croyez bien par contre que cela fait au moins un an et demi que je n'ai pas posé les fesses sur un vélo !

Ces deux cent cinquante premiers kilomètres permettent donc de prendre un peu la température et ce n'est pas peu dire !
Sous le soleil du Péloponnèse, il n'y a pas que les mollets qui chauffent, les fesses s'échauffent sur la selle, les épaules, les cuisses et le dessus des pieds grillent au soleil comme des merguez. Le mode bronzage cycliste est activé ! 
Tongs, short, lunettes et casquette, voilà la parfaite tenue des vacanciers qui pédalent, sous un soleil de plomb, le long du Golfe de Corinthe. 

La pause s'impose aux heures les plus chaudes de la journée et c'est aussi l'occasion de reprendre quelques forces. Pour ces premiers jours d'efforts, il n'y a pas de secret : pour avancer, il faut manger ! Et comme on n'a pas de nourriture dans nos sacoches, la réciproque est vraie aussi : pour manger, il faut avancer !
Salades grecques et souvlakis (brochettes) font le job à merveille.

Pour le dessert, point de raisin sans pépin, on n'a pas vu une vigne aux alentours de Corinthe... cherchez l'erreur ! 

Avec un peu d'élan, on saute le canal du même nom et nous revoilà sur le continent (mais pas pour longtemps...)
D'Athenes, nous voguons en une nuit vers l'île de Kos puis vers Brodum.

Youpi, nous sommes en Turquie ! 

L'art de l'accueil, une soirée à la sauce grecque •Escal'A2roues#5•

Première soirée du voyage ou comment tester l'accueil à la mode grecque...

20h, la nuit pointe son nez et les estomacs commencent à crier famine. Grands coups de frein devant le premier bar venu. Quelques vieux sont assis là et regardent, l'air blasé, le match de foot à la télé. 
Le temps d'attraper deux ou trois trucs dans les sacoches, lorsque j'arrive dans le bar, mon Bruno est déjà installé comme un roi et semble avoir déjà tapé la causette à tout le monde. Le festival peut commencer...

Deux grandes bières arrivent, offertes par ce monsieur là nous explique-t-on.
Ah... Et ben, efcharistó ! 

On commande ensuite une salade grecque. Notre voisin nous explique que ce qui irait très bien avec, ce serait des brochettes et des frites. Bingo, ça arrive justement. Miaaam ! Et c'est déjà réglé par ce même voisin. Ah... Efcharistó !
Le bar se remplit peu à peu. A la télé on passe du foot au basket puis re au foot. Public de toutes les générations mais exclusivement masculin. 

Évidemment, on nous demande d'où on vient et où on va. Un peu gênés, on explique qu'on a de grands projets mais que pour le moment, on a roulé à peine une trentaine de kilomètres et que c'est notre premier jour ! Peu importe, on est déjà leurs héros !! 

Lorsqu'on nous demande où on compte dormir ce soir, on fait un vague signe du bras pour montrer que l'on n'en sait réellement rien mais qu'en même temps ce n'est pas tellement un problème.
Le téléphone grec semble marcher à toute vitesse dans ce petit bar de pêcheurs et entre plat et dessert, deux gars nous emmène, non loin, visiter la terrasse intérieure d'un restau fermé appartenant à sa sœur où nous pourrons passer la nuit... Royal ! 
Efcharistó les mecs !

On enchaîne avec un gros morceau de gâteau au chocolat et une énorme part de mille-feuille offert par quelqu'un d'autre encore. Efcharistó ! 

Bouquet final, quand on croit le repas enfin terminé, John, sûrement le seul irlandais du Péloponése vient discuter avec nous (en français s'il vous plaît !)
Il voudrait lui aussi nous offrir quelque chose : ce sera le café ! Thank you !

Et le comble c'est que quand John nous demande ce qu'on fait dans la vie, c'est le voisin grec déjà bien renseigné qui répond en français : guides de montagne. Ben ouais quoi ?!  On n'a pas gardé les cochons ensemble mais on a mangé des brochettes à des tables voisines pardi ! 

Alors là évidemment, la montagne, ça lui rappelle son bon copain d'école en Angleterre. Il faisait de l'alpinisme. Il était fort. Malheureusement ce dernier est mort à l'Everest en 82 avec son compagnon de cordée.
Ah oui ?
His name was Joe Tasker.
Et Bruno qui rétorque dans la seconde : Ah oui il était avec Peter Boardman, ils sont super famous ! 

L'irlandais n'en croit pas ses oreilles et moi je n'en crois pas mes yeux. J'ai l'impression d'être dans un bon film ! Au fin fond de la Grèce, on parle de vieux copains morts à l'Everest.

Au moment d'aller nous coucher dans notre palace, il nous reste tout le bar à remercier. Efcharistó encore et bonne nuit !

Au petit matin, c'est la propriétaire du restau où nous dormons qui nous offre café et bouteille d'eau fraîche, pas plus étonnée que ça de découvrir deux clodos sur sa terrasse ! Efcharistó et bonne journée ! 

Bref, une soirée comme une autre en voyage ! 



Pa(ta)traS, nous voilàS ! •Escal'A2roues#4•

Pourquoi choisir d'attaquer le périple en Grèce et pas depuis la maison ? Bonne question !

Notre idée étant de pouvoir rejoindre la Turquie pour y grimper avant que la trop grosse chaleur ne soit là, gagner quelques semaines sur le calendrier estival n'a pas de prix pour la peau des doigts des grimpeurs que nous sommes ! Perte considérable cependant pour les fabricants de magnésie.

Pour autant, prendre un avion pour aller si peu loin ne nous satisfaisait pas complètement et c'est pour une petite mission bus, bateau, vélo, bateau... que nous avons opté.
Rejoindre Milan puis Ancone avec 2 vélos et 12 bagages c'est un peu comme jouer à tetris dans une soute d'un Flixbus.


Flixbus, les seuls bus équipés pour faire voyager les vélos en théorie. En pratique, c'est comme ailleurs dans le monde, tu te dépatouilles comme tu peux. Des tendeurs pour les accrocher à l'arrière et les perdre sur l'autoroute ou bien en rampant dans la soute au milieu d'une certaine de valises. Le spéléo met ses qualités à l'œuvre et en quelques minutes, on est prêt pour le depart. C'est parti pour 22h de bus.

A chaque arrêt, à notre plus grand désarroi les valises viendront s'empiler une à une sur nos belles roues (pas encore voilées) et sur nos porte-bagages (pas encore tordus !). Je me demande bien si d'ici la fin de ce trajet en bus, nos montures se seront transformées en trottinettes ou en monocycles ! Contrairement à Bruno, je ne suis une spécialiste d'aucun de ces deux engins.

Arrivés à Ancone, on se dégourdie les jambettes dans un rallye cyclo en direction du port et on saute dans un ferry à 18h30 pour un départ prévu initialement à 16h30. Comme quoi, la non anticipation c'est parfois la clé du succès ! On grimpe sur le pont et le bateau largue les amarres ! C'est parti pour 22h sur les flots !


Enfin, 22h plus tard, on s'offre nos premiers tours de pédales sur le sol grec !
Quelques kilomètres vers l'Est... 18km selon Bruno, 32 km selon le compteur, cherchez l'erreur (!). C'est comme dans les manifs... ce coup-ci, j'aurais tendance à croire le moins engagé des deux !

Et déjà la nuit est là et la faim aussi... Pour cette première soirée greque, on a droit à un accueil collector !

On vous raconte ça plus tard !

C'est parti ! •Escal'A2roues#3•

"Et rontonton, demain nous partons,

Et rintintin, nous partons demain,

Et rititi, nous voilà partis !"

Voici la formule magique qui a depuis toujours rythmé chacun de mes départs en vacances. Aussi loin que je me souvienne, à peine le portail du jardin franchi, le voyage commençait. Mon papa au volant du camion poussait la chansonnette, ma maman, le nez dans le grand atlas jaune levait les yeux amusée et moi, le sourire jusqu'aux oreilles, assise au milieu, je clamais les couplets avec joie, tellement impatiente de partir pour de nouvelles aventures ! 
... alors cette fois, pas de volant mais un guidon, pas d'atlas Michelin mais une carte du monde, pas de papa ni de maman mais un amoureux. Quant à ma curiosité débordante et à mon envie de partir à la découverte de la planète, je crois que rien n'a changé. L'horizon m'apparaît chaque jour toujours plus vaste. 

Alors si on n'échappe pas à la traditionnelle ritournelle du départ, on pourrait ce coup-ci l'enrichir d'une strophe ou deux. "Et rololo, nous partons à vélo,
Et rantantan, nous partons longtemps !" 

Ces dernières semaines, ces derniers jours, chaque embrassade, chaque au revoir et chaque "à bientôt" maladroit ont pris des airs bien différents de d'habitude. Comme un air de nostalgie déjà perceptible à l'instant présent.
Comme une envie de nous garder avec vous et à la fois de vous sentir ravis de nous voir nous envoler, comme si nous laisser partir était gage d'histoires à vous raconter au retour ou en cours de route, comme si on se quittait vite pour mieux se retrouver bientôt ! 
Pour nous, comme une réelle envie de vous embarquer d'une manière ou d'une autre avec nous dans cette folle aventure. 

Il faut dire que ce mois d'avril a été pour moi un tel condensé de partages, de joies de vivre, d'expériences vécues un peu partout et d'émotions fortes que laisser tout ça derrière fait tout bizarre. 
Mais je sais aussi qu'en regardant de temps à autre dans le rétro, toutes ces images et éclats de rire me reviendront en tête ! Merci à toutes et tous pour vos petits mots, vos petites attentions ces jours-ci. Merci pour toutes vos bonnes ondes, on embarque un peu de vous tous dans nos bagages ! 

Vous pourrez donc nous suivre ici de près ou de loin, régulièrement ou non, en ayant peut-être parfois les mains mointes ou les mollets qui chauffent... 

Il paraît que vous pouvez même vous abonner pour ne rien rater et surtout pour ne pas vous fatiguer à pédaler dans la semoule pour produire assez d'électricité pour arriver jusqu'ici alors qu'il n'y aurait rien de nouveau à lire.
L'humeur et la connectivité décideront de la fréquence des différents épisodes. 

Et n'oubliez pas... pas de nouvelle, bonne nouvelle ! 

Yepaaa ! •Escal'A2roues#2•

Et voilà ! Chaque chose a finalement trouvé sa petite place dans une de nos sacoches...

Et une fois n'est pas coutume, nous sommes même prêts avant l'heure du départ ! 
Pour autant ces dernières heures, il a fallu faire des choix et pendant que Bruno s'allégeait considérablement en ne prenant qu'un seul slip pour tout le voyage, je m'allourdissais (considérablement !) en ajoutant encore un joli carnet à dessin et un foulard supplémentaire ! 
Mais chuuuut ! Il ne s'est encore rendu compte de rien...

Je me suis quand même retrouvée à aller faire les dernières courses avec dans mon sac à main la balance de la cuisine pour gagner trois grammes sur une batterie externe. C'est comme ça quand on est amoureuse d'un stacano du light ! 
Tant que ce n'est pas moi qu'il fait monter sur la balance, tout va bien ! 
Bref, résultats des courses une quarantaine de kilos pour chaque vélo chargé. 
17kg de vélo et un peu plus de 20kg de bazar... Correct quand on emporte à la fois, sa garde robe, sa chambre à coucher, sa cuisine, son local à matos, sa salle de bain, son tiroir informatique et sa boîte à outils en vacances, non ?! 
Pourtant j'en vois déjà un faire des bonds du fin fond de sa vallée d'Ossau ! On n'aura ni la même vitesse de croisière, ni le même dénivelé au compteur, c'est certain ! 

"Light is rigth !" Je la connais la chanson... et pour sûr, elle me reviendra en tête bien assez tôt ! 

On en reparle bientôt ! 

Libres comme l'air ! •Escal'A2roues#1•

Et voilà, deux zozos en vacances ! ... "encore des vacances ?!" allez vous nous dire ! Non, mais cette fois, c'est pour de vrai ! Les graaaanndes vacances, voyez vous ?!

"Escal' à 2 roues", c'est deux vélos, deux paires de mollets, plein de bazar pour camper, grimper et réparer, des petits cœurs qui volent partout et plein plein plein de temps devant nous !

Tente, pinceaux, doudounes, chaussons d'escalade, réchaud, gants, corde, rustines, culottes, appareils photos, lunettes, buffs, sacs de couchage, liseuses, mousquetons, stylos, polaires, frontales, bols, casques, t-shirts, inreach, casserole, sac à pof, carnets, shorts, tapis de sol, tournevis, chaussettes, crème solaire, bonnets, palette d'aquarelle, casquette, pompe...

Voilà le nouveau jeu de ces jours ci : Faire rentrer tout ça dans 8 sacoches !

Rentrera, rentrera pas ? Réponse au prochain épisode ! 

dimanche 8 mai 2022

Sourires...


Il y a des choses qui ne trompent pas, des images qui parlent d'elles mêmes, des sourires qui en disent long. Il y a aussi parfois des moments juste magiques.
Ces photos sont un fabuleux aperçu de toutes ces journées partagées, de toutes ces heures passées ensemble à se raconter nos vies, à pousser sur les pieds et tirer sur les bras, à mettre un pied devant l'autre et surtout à éclater de rire pour un rien !
Shucran les filles ! Vous êtes de vrais rayons de soleil !


vendredi 6 mai 2022

سلام المغرب


En avril, j'ai eu l'immense chance de partir à la découverte du Haut Atlas Marocain en compagnie de 6 drôles de gazelles.
Des profondes gorges du Todgha avec ses palmiers, ses marchands de tapis et ses grandes parois rouge, aux hauts et immenses plateaux désertiques en passant par la splendide Taghia et ses impressionantes murailles, pour terminer à la belle Zaouiat et ses casbahs, véritables châteaux de boue, avant de rejoindre le tumulte de Marrakech et ses montagnes de gâteaux couverts de miel.

Au programme : des centaines de mètres de grimpe, des heures de marche, de belles découvertes, du thé à la menthe, de chouettes moments partagés, un accueil chaleureux et de bonnes parties de rigolade !

Merci à Laura, Charlotte, Camille, Julie, Ilona et Pauline d'avoir été à la fois, curieuses, courageuses, drôles, solides, enthousiastes et optimistes ! Merci pour votre joie de vivre et vos sourires communicatifs !

Saraa aussi aux bérbères d'ici et là. Saraa !

Shoucran Brahim, Sadiya, Allal, Shams, Aziz, Lahcen, Saïd, Mohamed, Ahmed, aux muletiers. Merci à Martin, Christian, Arnaud pour les infos et merci à tous ceux qui ont croisé notre chemin et l'ont rendu si lumineux et coloré !

Ci-dessous, un petit résumé de ce roctrip en mots et en images. Dans le rôle de l'écrivaine (et parfois de la photographe !), Ilona qui a révisé tant bien que mal son bac français en rédigeant ce carnet de voyage. Stylé ! Bien ouéj Ilo et merci pour ces quelques lignes.


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لام المغرب, Salam Maroc !

Au cours du voyage, j'ai fait suivre un petit carnet pour immortaliser ces aventures marocaines. Je retranscris mes notes ici. Bien-sûr, ce ne sont que des bribes d'instants précieux, des gribouillages de voyage, des moments notés à la volée, à travers les yeux de la voyageuse novice que je suis ! 
Sept heures de bus sont devant nous. Je crois qu'il est grand temps d'entamer ce carnet. Sur la route cabossée entre Marrakech et Tinghir, j'écris (non sans difficultés) ces quelques lignes en guise d'introduction. Un nouveau chapitre s'ouvre et rien n'est écrit à l'avance. Nous-mêmes ne savons pas de quoi demain sera fait. 
Au fur et à mesure du voyage, les mots garniront les pages blanches pour combler le vide de ce carnet tout neuf. Au rythme de l'excursion, j'archiverai mes pensées à l'état brut, sans filtre ni amplification. Le mot d'ordre sera celui de la simplicité afin que chacun(e), à travers ces quelques phrases, puisse voyager à sa manière.



> Marrakech, ville aux milles visages <

Immergée dans un monde qui n'est pas le mien, je découvre avec émerveillement les paysages qui seront le support des deux prochaines semaines. 
Marrakech fait partie de ces villes en ébullition, qui tournent à mille à l'heure. Entraînée par les coups de klaxons, je fais mes premiers pas dans cet endroit hors du commun. C'est une véritable ruche !



Les voitures déboulent à toute vitesse, les motos slaloment au milieu de la foule, les passages piétons ne sont là que pour décorer... En bref, le code de la route est un concept abstrait ! Je devrais peut-être passer mon permis au Maroc ! ;)

En s'enfonçant dans les ruelles, je fais un bond dans mon enfance et me téléporte au pays d'Aladin. A un détail près, nous n'avons pas de tapis magique pour survoler le souk et devons nous faufiler à travers la foule. Objectif : ne perdre personne. C'est raté puisqu'au bout de 50m, nous sommes déjà divisées. Des pauses fréquentes s'imposent pour faire l'appel.
- "Camille ? Laura ? Julie ? Charlotte ? Pauline ? Lara ? Ilona ?"
- "Présentes !" La classe est au complet, nous pouvons repartir pour... 25m où nous réitérons l'action !

Paradoxalement à ce chahut incessant, nous entendons résonner pour la première fois du voyage l'appel à la prière. Nous sommes en période de ramadan et les prières collectives ont lieu plusieurs fois par jour (et par nuit). En un clin d'œil, le bazard s'ordonne. Les gens se dirigent vers la mosquée ou prient sur leur lieu de travail, chez eux ou même dans la rue. La religion rythme leur vie et est l'essence même de ces Hommes. Nous en discutons avec un commerçant, non loin de la grande place : "un bon musulman est avant tout une personne qui fait le bien autour d'elle. La religion nous pousse à être meilleur.".


Camille, l'artiste en action...


Ces phrases résonnent dans ma tête. Je suis impressionnée par la foi inébranlable qui habite ces gens. Leur gentillesse, leur bienveillance, leur accueil... Tant d'aspects implantés dans leur culture (et quasiment inexistants en France) qui rendent ce pays fabuleux ! 
Je découvre cette religion sous un tout autre angle que celui que l'on nous donne en France. Loin des amalgames qui sont faits par les politiques français, je suis heureuse de découvrir par moi-même toutes les facettes de cette culture !


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> A la découverte des gorges de Todgha <


Trois jours se sont déjà écoulés depuis que nous sommes arrivées dans les Gorges de Todgha. Brahim, notre hôte, nous a accueilli comme des reines dans sa grande maison (gîte Dartiwira) ! Toute sa famille oeuvre pour que nous passions un bon séjour.






En parallèle, nous apprivoisons tranquillement le calcaire abrasif des gorges qui malmène la peau de nos doigts. Chacune repart avec un petit souvenir des voies. L'une l'index en sang, l'autre le pouce. Certaines moins délicates repartent même avec un joli trou dans le pantalon.


Habituellement, Todgha est un lieu très touristique. Nous nous sentons chanceuses d'être quasiment seules dans ces grands espaces.



Jour 1 : Hannah chez les grands à la Paroi du Levant pour toute la team.




Jour 2 : SmoufonWeb pour Laura, Ilo et Pauline et la Classique au Pilier du Couchant pour Julie, Camille, Charlotte et Lara.



Jour 3 : Voie Abert au Pilier du Couchant pour Ilo et Lara pendant que Camille, Laura, Pauline et Julie vont se mettre au frais dans "Tik Sab" au Jardin d'été. Charlotte nous éclaire depuis le fond des gorges avec ces spots 1800 lumens à chaque pied ! Pauvre Charlotte ! 


Jour 4 : la longue Arête Nord pour toutes !




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> Palabrer ou forcer ? Pas besoin de choisir dans la voie Abert <


Aujourd'hui, cap vers le pilier du couchant en compagnie de Lara. Hier soir, nous avons longuement hésité entre deux voies :
La Classique (6a costaud, équipée), que Lara a faite la veille avec les filles.
La Abert (6b costaud et semi-équipée) qui rendait nos mains moites rien qu'en lisant le topo ! Nous optons pour la deuxième option. Nous n'avons pas tous les jours la chance d'être là alors il faut en profiter !


Je prends la tête dans les quatre premières longueurs. Elles sont bien équipées mais il ne vaut mieux pas être adepte du spit tous les mètres. Le caillou est toujours aussi bon et offre une infinité de préhension à serrer. Néanmoins, gare à celui qui serre trop fort ! Il risquerait de s'en tirer avec les mains toutes amochées.
Au bout de deux heures, nous sommes déjà à la moitié de la voie. Nous malmenons nos cordes vocales qui sont d'ailleurs plus fatiguées que nos biceps. A ce rythme là, nous serons à l'heure pour l'apéro !



J'en profite pour photographier la mannequin rattachée à l'autre bout de la corde. Les marques de parfum n'ont qu'à bien se tenir ! Elles ne pourront pas rivaliser avec nos clichés. Caillou orangé, ciel bleu azur, fleurs printanières et surtout... Mensurations parfaites de la grimpeuse ! On pourrait également mentionner sa coiffure inégalable (même en passant entre les mains des meilleurs coiffeurs français) ou encore son look à la pointe de la modernité !


C'est ensuite à elle de passer devant. L'équipement se raréfie et la recherche d'itinéraire devient complexe. En élève modèle (préparant son bac de français), je tente de décrypter les longueurs. Seulement, le topo est INCOMPRÉHENSIBLE. Nous avons beau lire, relire, rerelire... Nous ne sommes pas plus avancées qu'à la première lecture. Finalement, elle se dépatouille comme elle peut. A certains moments, elle a tout de même besoin de se concentrer (ce qui est rare) pour surmonter quelques pas exigeants.


Après trois bonnes heures de bartasse et grâce à la ténacité de Lara, nous arrivons enfin au sommet du pilier du couchant. Embarquées dans nos blablatages incessants, ce n'est qu'une bonne heure plus tard que nous tournons les talons pour rejoindre le reste de l'équipe.



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> Apprenties nomades dans le Haut-Atlas <


Les jours passent à toute vitesse ! Je n'ai pas beaucoup de temps pour écrire. 
Ce matin, il est déjà l'heure de dire au revoir à Brahim et à sa famille chez qui nous aurons passé des moments merveilleux ! Un petit sentiment nostalgique plane dans l'air, même s'il est vite remplacé par l'impatience et la curiosité des jours futurs.






Deux muletiers et trois mules nous attendent devant le pas de la porte. La communication risque d'être compliquée car ce sont des berbères qui ne parlent pas un mot de français. En s'élevant au-dessus des gorges, nous croisons parfois des nomades qui descendent chercher de l'eau. Un mélange d'admiration et de culpabilité m'anime lorsque je vois leurs sandales toutes trouées. 





Nous prenons progressivement de l'altitude et évoluons dans des paysages de plus en plus désertiques. Il n'y a aucune source d'eau et très peu de végétation. Les dunes arides sont visibles à perte de vue et se confondent au loin avec le bleu du ciel. Nous sommes seuls au monde, mis à part quelques fourmis qui se réjouissent de notre pause pique-nique.




Le ciel s'assombrit à mesure que la journée avance. Laura, qui me faisait un cours sur les nuages quelques heures plus tôt, a attiré les cumulonimbus. Vers 18h, nous montons le bivouac sous les gouttelettes de pluie que nous n'avions encore jamais vues dans ce pays !





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> Salam Taghia <

Il est 15h quand nous passons le sommet du Timrazin (3300m). La silhouette lointaine du petit village de Taghia émerge enfin dans le fond de la vallée ! Nous sommes en route depuis 5h du matin et avons laissé Oussikiss et ses pommiers en fleurs derrière nous. Les paysages, jusque là secs et désertiques, sont aujourd'hui devenus plus végétalisés. L'eau est réapparue comme par magie.


En basculant derrière la ligne de crête du Timrazin, le paysage change radicalement et est digne des plus grands tableaux de peinture. L'herbe verdoyante brûle nos rétines ! La présence d'arbres et de fleurs en est presque déstabilisante tant nous avions oublié à quoi ça ressemblait !




J'étais loin d'imaginer que mettre un pied devant l'autre pendant des heures et des heures, kilomètres après kilomètres, serait la source de tant d'émerveillement. Les montres se sont arrêtées (sauf celle de Camille, adepte de strava). Seuls nos corps ont imposé un rythme. Vagabonder dans cet endroit magique, hors du temps et loin de tout, a aussi démontré qu'un groupe de sept nanas ne tombe jamais en panne de sujets de conversation...

Merci les filles pour ces discussions, devinettes et débats passionnants qui ont fait passer ces longues heures de marche à toute vitesse !



Il est grand temps de mettre en route les pattes avants et donner congé à nos pattes arrières qui en ont bien besoin (70km et 4000m de D+) !


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> Une journée dans le rêve d'Aïcha <


Après une bonne nuit de sommeil, nous nous dirigeons tranquillement vers la voie du jour. L'heureuse élue n'est qu'à une dizaine de minutes du gîte. Ça n'est plus qu'un jeu d'enfant après l'entraînement intensif que nous avons subi ces derniers jours.


Les cordées se forment mais sont remaniées à partir de la deuxième longueur. Les points sont assez espacés et bien que l'équipement soit en parfait état, des entorses du mental liées entre autre à la peur et à la fatigue se propagent à toute vitesse dans l'équipe. Là, être sponsorisé par Kleenex n'aurait pas été de trop pour essuyer toutes les larmes de la matinée !


Bien qu'une remobilisation des troupes ait été nécessaire, chacune a ensuite pu se dépasser à sa manière dans les belles longueurs de 6 : en lead, en second, en artif, en solo... Ne nous sous-estimez pas en termes d'innovations ! Notre créativité est débordante. Nous nous souviendrons un moment de cette voie forte en émotions !



Demain, il faudra déjà repartir en direction de Marrakech. :(


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> Sur le chemin du retour <


Les sacs sont bouclés et les mules chargées. Nous voilà en chemin pour Zaouiat. Une belle dernière voie au-dessus du village (qui est une révélation pour certaines !) clôture nos aventures sur ce territoire. Pauline et Charlotte, les stars du jour !








Un passage obligé au souk termine d'abattre les troupes. Nous ne sommes plus que des loques errant dans Marrakech... Il est temps de rentrer à la maison !

Cocktail de sourires à Marrakech

En ce qui concerne le repos, on attendra les prochaines vacances. Retour en cours ce lundi après trois petites heures de sommeil sur le sol de l'aéroport Bruxellois, entre deux avions. 

Toutes les bonnes choses ont une fin... Retour à la casbah !

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Un grand merci à Lara qui est à l'origine du projet ainsi qu'au reste de l'équipe pour ces moments de vie partagés.

BIG UP à Laura qui nous a fait de superbes photos tout au long du séjour.

Ilona Serrar (17 ans à peine et déjà tout d'une grande aventurière !)