lundi 15 août 2022

Trois mois sur la route •Escal'A2roues#29•

Un troisième mois sur la route c'est :

◇ 8 pays 🇮🇹 🇬🇷 🇹🇷 🇬🇪 🇦🇲 🇰🇿 🇺🇿 🇹🇯


◇ 3102 km 🚲

◇ De belles rencontres encore et toujours 🙋🏽‍♀️

◇ 1 maximum à 62 degrés 🥵


◇ 1 minimum à -2 degrés 🥶


◇ De chouettes découvertes 🕌 

◇ 2 mers 🌊  1 désert 🏜 des montagnes 🏔


◇ Des paysages magiques 🏞


◇ 1 avion ✈  6 trains 🚂 5 taxis 🚕


◇ 3 cols à plus de 4000 mètres d'altitude ⏲


◇ Des bivouacs trop canons 🏕 


◇ 1 sauvetage de chien 🐕

◇ Des journées raplapla 🤒


◇ Des petits dessins ✏
◇  Trois gouttes de pluie ☔
◇ 92 litres d'eau à filtrer 🍼
◇  29 journées en tongs 

Pas de demie-mesure pour l'être humain...•Escal'A2roues#28•

Sauter ces frontières, passer d'un pays à un autre et d'une civilisation à ses voisines me renvoie à ce constat :

C'est assez fou comme l'Humain ne fait pas dans la demie-mesure. 

C'est tout ou rien. Il adore ou il déteste, bon ou mauvais, virevoltant d'un extrême à un autre, constamment... non sans être influencé par les "bonnes manières", les "règles de conduite" et une "pseudo morale" sortie d'on ne sait où. 

En l'espace de quelques kilomètres, tout change brutalement. On ne parle plus la même langue, on n'utilise pas la même monnaie, les maisons sont bâties différemment, on achète des véhicules différents, on ne boit pas et on ne mange pas les mêmes choses, on croit en un dieu autre... sans transition aucune. 

Si souvent, on nous interpelle, on nous accueille très chaleureusement, on nous invite, on nous offre à boire ou à manger et quand ce n'est pas le cas... on nous ignore littéralement : pas un bonjour, pas un sourire, pas même un regard parfois... rien, nada, nieto !

Quand bien même dans la froideur, on se déciderait à nous parler, à la simple évocation du mot "France" et là encore ça peut changer du tout au tout ! On nous aime ! C'est d'autant plus vrai encore, ici, en Arménie. La France... Nous sommes pourtant en tout premier lieu de la même espèce... Humain. 

De "je t'admire" à "même pas je ne te calcule", il n'y a, semble-t-il, pas tant de degrés intermédiaires. En somme, il n'y a qu'un pas, c'est dire si ces extrêmes ne sont finalement pas si extrêmement éloignés ! 

Au volant, le constat est d'autant plus évident... Soit on te frôle et on manque de justesse de t'applatir, soit on te fait des grands signes sonores ou visuels, souvent les deux,  pour te saluer, t'encourager et on s'écarte démesurément... 

De ces femmes si peu présentes et qui réapparaissent subitement. De l'ombre profonde à la lumière peut-être excessive. Des djellabas où rare sont les bouts de peau qui dépassent aux images de corps dénudés placardés sur certains murs. Aux multiples salons de beauté qui offrent des ongles colorés démesurément longs, aux chevelures bien cachées sous les voiles et aux salons de coiffure où toutes ces nanas avec des papillotes en aluminium sur le crâne attendent que la chimie fasse effet. Quand ce n'est pas la chirurgie pour d'autres...

Du corps à cacher au corps objet... Et sinon, on pourrait pas juste faire simple ? 

De ces cafés dépouillés et calmes, exclusivement masculins, où les hommes chapelets à la main regardent le temps filer à ces bars bruyants où des pin-ups servent des breuvages à ces pourtant "mêmes" mâles... ah non, pas exactement les mêmes... histoire de religion, parait-il. 

Et qui dit que ces derniers ne les négligent pas autant si ce n'est plus ?

Et qui du plus lourdot, celui qui t'ignore complètement parce que tu es une moins que rien ou celui qui te pose sa main aux fesses, rien de moins ? 

A propos de verres, évoquons leurs contenus et la nature des liquides. Là aussi, c'est intéressant. Boire, en voilà un point commun à l'humanité. Avec modération, disent même certains hypocritement... 

Des pays musulmans où l'on sirote du thé en quantités démesurées à longueur de journée et où si l'alcool est pourtant présent, il en reste néanmoins tabou. Comment expliquer qu'il faille faire le tour d'une ville entière pour dénicher une canette de bière dans LE magasin officiel de boissons alcoolisées que probablement tout le monde sait situer mais que personne n'ose indiquer clairement ? Comment se fait-il que personne n'achète de bière, que personne n'en boive mais que les fossés de bord de routes soient remplis de bouteilles de bières... vides. 

Oui oui, à vélo, on voit tout ;) 

Pour vivre heureux, vivons cachés. Buvons la nuit en bagnole et balançons les bouteilles par la fenêtre ! 

A quelques pas de là, quelques kilomètres plus à l'Est, les bouteilles d'alcool en tout genre sont exposées tel des trophés dans les vitrines des supermarchés. C'est à croire que ces gens-là mangent plus liquide que solide. Vodka en tête de gondole, si tu ne bois pas, tu n'es pas un homme ! 

Merde alors... Chez vos voisins, on était des mécréants ! 

Être obligé de boire jusqu'à tomber raide ? Les traditions, nous dira-t-on... ah bon, alors... 

On trinque aux rencontres, à la paix, à la bonne santé, à l'argent, aux enfants, aux morts à la guerre, aux voisins, au soleil, aux récoltes, et puis quand on manque d'idée... aux femmes : ça n'en finit jamais ! 

Comment déjouer le piège ? 

Pour t'en sortir vivant, vide trois verres sur cinq sur tes pieds ! Aucune civilisation ne semble voir d'un mauvais œil celui qui finit la soirée les pieds mouillés ! ... Bien que, ce soit encore à vérifier. 

Que dire encore de ces petits villages isolés, de ces longues pistes défoncées pour y accéder, de ces maisons au sol de terre battue, de ces rues boueuses et bouseuses, de ces gens qui vivent de la manière la plus basique qui soit, sans eau courante et avec tout juste un peu d'électricité. Travailler la terre pour manger, souvent ne pas vivre bien vieux... 2000 mètres d'altitude, l'hiver ça doit être rude. 

Quelques kilomètres à peine à vol d'oiseau, juste sur l'autre versant de la même montagne : une station de ski.

Hôtels de luxe, remontées mécaniques, belles bagnoles, économie du loisir et du superflu. 

Une dame à quatre pattes, devant le cinéma, un petit couteau à la main, en train de racler un peu de terre entre deux pavés et de couper trois pauvres brins d'herbe qui y poussent. Ça fait désordre un peu de verdure sur ce béton. 

Tout le monde sur son téléphone, dans sa voiture, pressé par le temps, guidé par l'argent, pris dans le flot. 

Décidément, pas de demie-mesure pour l'être humain.