mardi 26 juillet 2016

Un p'tit tour en Oisans !

Ma seconde préférée est en vacances !

Ça, c'est quelque chose d'ultra rare, à cela s'ajoute une tempête beau temps, il ne faut pas rater le créneau ! 

Nous voici donc parties pour deux folles journées de granit !


Direction l'Oisans, la vallée du Vénéon, le cirque du Soreiller...


Après avoir joué du tire bouchons dans la vallée du Rhône, avoir perdu 10 litres d'eau dans la voiture par 40°C, s'être faites engueulées par des flics, avoir failli écraser une demi douzaine de biches et avoir fait l'éducation de quelques renardeaux, nous jetons enfin la deux secondes sur le parking des Étages !


Après une courte nuit, nous passons en mode "escargot". Eh oui... On en a complètement l'allure (à tous les sens du terme !). Tant par notre dégaine, vu qu'il y a sur notre dos de quoi manger, de quoi dormir, de quoi grimper mais aussi de quoi marcher dans la neige... Que par notre vitesse de déplacement ! Une allure pouvant expliquer l'autre ! Enfin, toujours est-il que l'on ne bave pas, on transpire!




2h30 plus tard, nous voici au pied de la princesse du coin, la plus élégante des aiguilles : la Dibona !


Aujourd'hui, au programme, c'est la classique des classiques, une valeur sûre, une "Visite obligatoire" que l'on ne se lasse pas de parcourir !





Nous passons une chouette journée à parcourir la douzaine de longueurs qui nous conduit jusqu'au sommet de ce grand bout de caillou si pointu. 

Du soleil, de chouettes rencontres, du beau granit, des dalles, des toits, des écailles, des cannelures, des dièdres et sûrement les 6a les plus durs du monde!
Régalade!






Après deux petits rappels, une petite désescalade et de bonnes glissades dans la neige fondue, nous sommes de retour au refuge. Les chaussettes humides, les joues rouges et les yeux déjà rivés sur notre projet du lendemain : Le Rouget !

Bien motivées pour aller découvrir le "Trésor de Rackam", nous gardons le cap alors que les locaux tentent par tous les moyens de nous en dissuader. 
L'approche est soit disant longue, compliquée, nécessite de prendre les grosses et les crampons, les cotations pas données, les points à perpette, le début de la voie qui reste longtemps à l'ombre, sans parler de la descente où il faut avoir du flair pour trouver la désescalade et les rappels... Une longue journée... Une vrai course... STOOOOOP !! 
Toutes ces mises en garde insistantes commencent à me tendre en même temps que je vois le visage de Nadia se décomposer...
Non mais oh ! C'est une blague ou quoi ??! On va quand même pas se laisser démonter par deux pépés qu'on ne connait même pas !
... Et oui, nous sommes des filles et en plus, on vient des Pyrénées : visiblement on cumule  les "handicaps" !


Une petite bière, un bon repas dans des ziplocks (percés puisque rangés à côté des crampons !) et un super gâteau au chocolat  nous remettent le moral au beau fixe !
Au réveil, c'est moins bien ! Nous nous réveillons les duvets complètement trempés, la nuit a été super humide et nous n'avons pas super bien dormi avec un projecteur en pleine figure pour cause de pleine lune !
Petit déj et c'est reparti !



La marche d'approche n'est finalement pas si longue et nous trouvons les rappels dans le couloir d’accès sans encombres ! Nous laissons grosses et crampons à la brèche et continuons en chaussons. On va grimper léger et ça c'est top ! 
Nous enchaînons les trois rappels qui nous mènent jusqu'au pied de la paroi, ça parpine un peu et en chaussons dans la neige, les orteils font un peu la tronche ! 

Nous découvrons bientôt la face. C'est beau, c'est raide et le caillou à l'air superbe !




Très vite le caillou devient excellent et chaque longueur est une belle envolée. De la pure escalade sur du granit de rêve le voilà le "Trésor de Rackam" !
Nous découvrons un style de grimpe tout en douceur sur des prises aux formes arrondies et où les pieds sont plus souvent à plat que posé sur des règles !
Toutes les longueurs sont belles et certaines sont vraiment magnifiques !





Si l'équipement est relativement rapproché dans les longueurs "dures", les spits s'espacent carrément dès lors que le niveau d'escalade baisse d'un ton ! Voilà comment il est possible de ne clipper que 4 dégaines dans une longueur de 50 m !




Devant je me régale de toutes ces longueurs géniales et derrière Nadia suit comme une chef !
Bientôt nous débouchons au sommet et nous découvrons un panorama à 360°. Le Râteau, la Meije, la Grande Ruine, les Ecrins, Ailefroide, les Bancs, tout y est et sans un nuage s'il vous plait !
Je suis super heureuse d'être là avec ma coloc préférée !


Pour une première visite en Oisans, Nadia est sacrément gâtée... enfin ça, elle ne s'en rendra vraiment compte que de retour dans la vallée !

Il reste encore le plus éprouvant pour elle : la descente !
Une petite partie de désescalade permet de rejoindre les rappels de la voie des Plaques. Nous descendons à vue de nez et tombons tout pile dessus !
Après quelques dizaines de mètres de désescalade, nous retrouvons la brèche et les chaussures ! Ça tombe bien on commençait à avoir vraiment très très très mal aux pieds !


On se laisse descendre jusqu'au refuge puis jusqu'à la voiture sous un ciel qui se charge de plus en plus... Le temps semble changer.

Encore deux super journées en montagne, deux belles voies et une seconde de cordée au top du top !

Vive l'escalade et vive les vacances !


jeudi 14 juillet 2016

Une semaine en montagne !


Le probatoire d'été, c'est un peu la dernière marche à grimper pour espérer passer la porte de la grande école ! C'est le dernier crux à négocier pour aller jouer dans la cour des grands. C'est surtout les tout premiers instants d'une nouvelle grande aventure ! 

Le rendez-vous était pris depuis le mois de mars dernier lorsque, toute étonnée, je constatais que finalement je savais (peut être un peu) skier ! 
Le printemps s'annonçait si intense que la fin du mois de juin me paraissait vraiment très loin... Il y avait tant de choses à vivre d'ici là, tant de projets, de voyages, d'endroits à découvrir, de personnes à rencontrer... 
Des journées toutes plus géniales les unes que les autres se sont succédées, de la neige Pyrénéenne aux falaises du Péloponnèse, des galets des Météores aux colos de Kalymnos, en passant par les fissures rouges d'Utah et les grandes parois Californiennes sans oublier les pitons au Verdon, le calcaire d'Aiglun, les bartas du Larzac, les trous du Tarn, les vautours de la Jonte et un petit crochet boussole dans le Comminges pour revenir (toujours !) sur le gneiss du Caroux !
Un printemps plutôt bien rempli qui est passé à toute vitesse et voilà qu'un beau jour sans avoir le temps de dire "ouf !" (ni de se reposer) le jour J est arrivé ! 


Direction Chamonix !

Au programme : Escalade en chaussons, en grosses, terrain varié, cramponnage, cartographie/orientation. 

Dispensée de quelques unes de ces épreuves grâce à ma participation aux équipes nationales, je n'ai à me concentrer que sur deux points :  encourager les copains et ne pas perdre le nord !
Je réalise d'autant plus la chance qui est la mienne quand je perçois la dose de stress qui flotte au dessus de toutes ces épreuves. L'ambiance est sur-tendue et cela ne fait pas vraiment rêver...

Les épreuves "scolaires" validées, place à la "semaine montagne" !

Cinq journées en compagnie de deux autres candidats et d'un prof qui a pour responsabilité de "vérifier" que nous avons l'expérience nécessaire pour avoir notre place dans cette formation.

Je suis tellement ravie d'aller en montagne que je n'arrive pas à me mettre la moindre pression. Finalement, la "semaine montagne" c'est un peu le quotidien : regarder des topos, des cartes, marcher, grimper, faire des relais, des rappels... la routine quoi?! alors à quoi bon s'inquiéter !
Une météo exceptionnelle s'offre à nous et cela aurait été dommage de ne pas en profiter!


Une semaine à se balader dans cet incroyable massif qu'est celui du Mont Blanc où cela faisait quelques temps que je n'avais pas mis les pieds... Gravir quelques beaux sommets, jouer les équilibristes sur de belles aiguilles, sillonner de jolies arêtes de neige, grimper sur de belles parois, toucher du joli caillou, cramer au soleil, se cailler à l'ombre, se faire secouer par le vent, monter à 4000, bivouaquer, se balader dans des paysages magnifiques sous une tempête de beau temps : Que demander de plus ?!?


Au menu de la première journée : escalade ensoleillée ! 

Rendez vous en face sud de l'Aiguille du Midi pour se faire chauffer les bras et patiner des pieds ! La voie "Kohlmann" en grosses, ça secoue un peu ! 


Le deuxième jour, drôle de transition climatique : on se caille à l'ombre !
Arête Nord de la Dent du Géant, le vent nous bouscule et il ne fait pas bien chaud, heureusement, le caillou est dément, l'ambiance au rendez vous et on grimpe sur un vrai sommet ! Youpi !


Troisième jour, on part jouer les anarchistes dans "Ni Dieu ni maître" sur le magnifique calcaire gris de la Croix de Fer. Une belle découverte ! Gouttes d'eau, réglettes, cannelures... Un pur régal ! Nous on adore, la voiture a un peu moins aimé la piste pour monter !





Le programme de la fin de la semaine est tout aussi excitant : la traversée des Aiguilles de Chamonix, une course dont je rêvais depuis longtemps... La météo est formelle : il y a des nuits où il ne faut pas oublier d'aller bivouaquer !


C'est parti pour une folle journée ! Après avoir parcouru l'esthétique traversée Aiguille du Midi-Aiguille du Plan, nous quittons les crampons et grimpons au sommet de cette dernière ! Nous découvrons alors tous ces élégants bouts de cailloux pointés vers le ciel qu'il va nous falloir gravir les uns après les autres. Crocodile, Caïman, Pointe Chevalier, Pointe Lepiney... De fil en aiguille, nous traînons nos cordes jusqu'au pied de l'arête Sud-Ouest du Fou, de la vrai escalade nous attend !







Versant Ouest, nous profitons des derniers rayons de soleil pour manger un bout, refaire le plein d'eau, et admirer le paysage qui s'embellit encore davantage. De fin bancs de brumes s'accrochent comme du coton tout doux aux aiguilles acérées pendant que les lumières et les couleurs de fin de journée teintent le tout en rose... Je suis vraiment ultra heureuse d'être ici !



Avant que la pénombre ne s'installe davantage, nous poursuivons notre chemin à la recherche d'un petit coin où se poser pour passer la nuit... Nous basculons derrière l'Aiguille du Fou et prenons la direction des Ciseaux. 
Le soleil couchant enveloppe dans de sublimes couleurs les sommets environnants Verte, Droites, Grandes Jorasses, Dent du Géant... C'est tout simplement magique ! 



Monsieur le Fou nous offre sa plus belle chambre à coucher, une dalle en équilibre au dessus du vide depuis laquelle nous savourons ce spectacle de "ouf" suivi d'une nuit sous 100 000 000 étoiles ! 
Allongée sur ma petite vire, au chaud dans le duvet à contempler les étoiles, je me rends compte qu'il n'y a pas beaucoup d'autres endroits où je me sentirais aussi bien ce soir...



Le lendemain, après avoir contourné les Ciseaux, être passés au sommet de l'Aiguille de Blaitière et avoir enchaîné entre 20 et 30 rappels nous retrouvons la vallée... l'ENSA... le proba... les résultats... On était tellement bien là haut que j'avais presque oublié un des objectifs de ma présence ici !

Sur le panneau d'affichage dans le hall de l'ENSA, mon nom est là, écrit tout en haut, perché au sommet de la liste des admis au probatoire 2016.

Je me suis tellement amusée ces derniers jours que j'ai un peu de mal à réaliser... 
J'entends déjà parler de formation, de stages, de bouquins, d'évaluations mais je crois que ma tête est encore là haut !

... Ça voudrait dire que quand je serai grande, je serai guide ?! 
Je suis tellement heureuse !

Je quitte Chamonix, le proba en poche avec la sensation d'entrer dans une nouvelle école et d'y entrer par la cour de récréation...


Photos: Aymeric Clouet

mercredi 13 juillet 2016

Trilogie à cinq voies au Caroux!


Petite journée Carousienne avec une Baujue... Ici aussi, il y a des montagnes et il fallait bien les lui montrer ! 

Voilà comment nous avons passé une folle journée à enchaîner les mètres d'escalade jusqu'à totaliser pas loin d'un kilomètre de grimpe dans un massif qui culmine à tout juste 1000 mètres d'altitude !


Au programme: "Arête des Charbonniers", "Grépon des Charbonniers" suivis des Aiguilles : "Deplasse", "Godefroy", "Viallat".
Cet enchaînement a bien sûr des noms bien trop sérieux... Appelez ça comme vous voulez "Trilogie", "Intégrale du Caroux", on vous répondra simplement que l'on a passé un super moment à gambader toute une journée à la verticale sans ne jamais faire un seul relais ! 




Un petit sac sur le dos, les grosses aux pieds, un friend par ci par là et la corde bien tendue ! Tiphaine découvre le Caroux en mode express et moi je me régale d'être ici et de partager cette journée avec elle !


Quel plaisir de retrouver les hêtraies, les châtaigneraies, les genêts en fleurs, les sentiers caladés maintes fois parcourues durant mon enfance, d'apercevoir quelques mouflons peu farouches, de gravir des parois bien connues et de poser ses mains sur le gneiss sculpté parsemé de lichen... 

Il y a tout juste 20 ans, c'est ici que je faisais mes premiers pas de petite grimpeuse, que je clippais mes premiers pitons et réalisais mes premières "grandes voies"... Cela fait tout drôle de se dire que dans quelques jours à peine, je serais au milieu de montagnes bien plus hautes... Le Massif du Mt Blanc, Chamonix, l'ENSA ... Poulala ! ça en fait du chemin parcouru depuis... et pourtant je suis toujours aussi riquiqui !