lundi 27 novembre 2017

Les "Latins brothers" et la "Femme fatale"

Partir grimper du côté de Madrid et faire quelques pauses pour grimper en chemin, c'est le meilleur moyen de ne jamais quitter la Catalogne ! En allant à la Pedriza, on n'aura jamais dépassé Lleida !


Au programme : Soleil et chaleur, camion, bisous, cocas, balades, câlins, siestes, lecture, musique, cañas et claras et parfois même un peu d'escalade ! 
Trois ou quatre couennes par jour grand max (ne nous énervons pas trop !) ou bien une voie de plusieurs longueurs quand le cœur nous en dit ! (... ou quand j'insiste vraiment beaucoup !)
Bruno n'est pas en mode petit autiste de la grimpe mais comme il est vraiment très gentil : il finit toujours par dire oui ! (... à condition de lui avoir laissé faire son tour de monocycle !)


C'est comme ça, qu'un beau jour, entre deux journées de couenne et quatre journées de repos, nous nous retrouvons à Montrebei.
  


Sur la piste en terre, les couleurs d'automne mêlées aux lumières de fin de journée sur les parois laissent déjà le petit alpin en vadrouille qui m'accompagne, rêveur ! Je me tue à lui répéter que ce qu'il découvrira le lendemain sera tout aussi magique si ce n'est plus ! Je m'imagine déjà sur une belle paroi ensoleillée, surplombant le lac aux eaux émeraudes, volant de prises en prises vers le haut sur du calcaire de rêve ! Erreur !

La journée du lendemain est un gag !
Ayant eu l'info, par des copains croisés la veille sur la piste, que la seule cordée se trouvant également ici ambitionne de faire justement la même voie que nous (à moins que ce soit nous qui voulions faire la même qu'eux !), nous mettons le réveil de bonne heure pour ne pas nous gêner !


Le jour se lève à peine lorsque nous décollons du camion. Nous passons devant nos frères latins encore tout ensommeillés et prenons la direction de "Latins Brothers".
Nous trouvons facilement le pied de la voie marqué (à deux endroits différents d'ailleurs) par les lettres "LB" gravées sur le rocher. Nous sommes plutôt contents de trouver si rapidement parce que la petite photo du topo sur mon téléphone n'aurait peut-être pas été d'une grande aide ! 
Au moment de lever la tête pour observer la suite, nous découvrons qu'un gros nuage est accroché à la paroi. Le temps de tourner la tête pour se regarder et nous sommes déjà nous aussi dans le nuage, brouillard tout autour de nous !

Nous attaquons quand même pour ne pas faire attendre nos voisins qui vont débouler d'un instant à l'autre. Ça ne rate pas, je suis en train de grimper la première longueur quand on les aperçoit. Ils s'étonnent de nous voir là et sont morts de rire à l'idée qu'il n'y a probablement que deux cordées aujourd'hui en paroi de Catalogne et qu'on se bouscule tous dans la même voie ! Ni une ni deux, ils filent plus loin en se marrant ! Oufff !


Je continue à prendre de la hauteur sans vraiment voir de points communs entre les indications du topo et ce que j'ai sous les yeux. 2ème, 3ème longueur... Avec un peu d'imagination, tout peut arriver, même se mettre au taquet pour enchaîner une longueur côtée 6a (qui s'avèrera être un 7a !)... Pourquoi pas !



Nous sommes à l'ombre et Bruno se caille. On est si bas dans la paroi qu'on voit à peine le lac et la paroi d'Aragon ! Il repart en tête dans une espèce de cheminée toute poussiéreuse et encombrée de végétation en tout genre, avec en prime une sortie sur cailloux branlants !


Le pauvre... Moi qui lui avait promis un panorama de ouf et une classique pas trop dure avec du bon caillou !

Quand je le rejoins au relais, chose rare : il ronchonne un peu... 
D'un commun accord, nous admettons que nous ne sommes pas dans la voie et nous décidons de redescendre ( même si pour le coup il est un peu plus d'accord que moi !). Une fois n'est pas coutume. Nous sommes vraisemblablement trop à droite !
Deux grands rappels plus tard, nous touchons le sol et raccrochons chaussons et baudrier pour maillots et ballon rond... 
Bref, c'est le but !

Buuuuuut !

Quand les autres reviennent, je suis rouge de honte
pendant que Bruno... fait le mort !

L'après- midi au "Prado"est plutôt tranquille, sieste et lecture au soleil mais quand les deux loustics de ce matin, déjà sortis de leur voie, débarquent, on a quand même un peu honte ! Les griller au réveil pour aller se perdre et buter, c'est pas joli joli !




Le lendemain, on récidive et cette fois nous n'hésitons pas à partir bien à gauche. Maintenant, les réalités du terrain collent parfaitement au topo et vice versa ! Nous découvrons du bon caillou et des belles longueurs. Le 6a tout comme le 7a n'a rien d'extrême !




Belle longueur 7a...
Second 7a plus bloc...
Ça déroule et on se régale ! C'est ravis que nous sortons sur le plateau sommital : là, c'est vraiment super beau !


Quelques jours plus tard, nous sautons sur l'autre rive pour aller faire un petit tour en paroi d'Aragon. Jolie balade !




Nous marchons presque aussi longtemps que ce que nous grimpons mais la "Femme Fatale" valait largement le détour !



Du rocher gris, du caillou jaune, de belles dalles, des trous, des petites prises, des cubes, de la fissure fine, du dévers... sans oublier un peu de terre et des blocs qui bougent dans la dernière longueur, c'est varié et c'est beau !
En plus, on a de la compagnie au relais ! Les jeunes de l'équipe 65 sont là aussi. Entre deux longueurs, on papote et on rigole avec ceux qui nous suivent pendant que la deuxième cordée profite du "Pilier des vautours".







En début d'après-midi, nous sommes au sommet de la paroi d'Aragon.

J'ai, encore une fois, envie de lâcher un "Tu trouves pas que c'est quand même vraiment trop canon ici ?!" mais cela n'a pas le temps de passer ma bouche puisque un "J'aime vraiment beaucoup cet endroit !" arrive à mes oreilles !


Wouah ! I love mon pyrénéiste en herbe ! I love Montrebei ! 



Malheureusement, les vacances touchent déjà à leur fin mais il nous reste encore quelques heures... Profitons- en ! On engloutit tout rond 500 g d'olives et 25 churros, histoire d'être bien malades le jour de la rentrée !