vendredi 29 septembre 2023

Une histoire à coucher dehors !...Escal'A2roues#121




J'ai quelquefois songé à écrire quelques lignes au sujet de la malédiction des tapis de sol qui nous poursuit depuis des mois.

L'intérêt me paraissait aussi limité que la qualité des produits sur le marché. Puis soudainement, j'eus l'impression que le temps fut venu !

Combien de bivouacs durant ces quatorze mois sur la route ?

Combien de matins nous sommes nous réveillés sur des matelas en partie ou complètement dégonflés ?

Combien de nuits avons nous passées l'un ou l'autre à souffler de toutes nos forces, toutes les deux heures dans une valve pour tenter de redonner un peu de gonflant à un matelas en perdition ?

Combien de parties de courte paille et de chifoumi pour savoir qui de nous deux dormira directement sur le sol ou s'offrira le luxe d'un "vrai" sommier ?

Combien de badigeonnages d'eau savonneuse, de bulles, de tubes de colle et de réparations ?

On ne les compte plus...


Je ne vais pas vous raconter toutes ces fuites, ce nombre faramineux de rustines ni même les mauvaises nuits ou encore les marques et les modèles à éviter à tout prix.. quoique cela pourrait être assez intéressant pour les futurs voyageurs au dos fragile...

Après à peine deux mois de voyage, nos matelas ont commencé à fuir, doucement mais sûrement.

La quantité d'air s'échappant étant proportionnelle à la profondeur des cernes se creusant sous nos yeux, témoignant de nuits pas toujours aussi réparatrices qu'on l'aurait pourtant mérité !

Si la crevaison est la bête noire du cycliste, elle s'avérera aussi être celle du campeur ! Et si jusque là, on peut se sentir incroyablement chanceux de n'avoir percé que très rarement les chambres à air de nos pneus, on ne peut pas en dire autant des tapis de sol de notre chambre !

Pour être tout à fait honnêtes, il faudrait préciser que jamais nous n'avons du réparer un de nos matelas pour une réelle crevaison mais plutôt pour palier à des fuites liées à des problèmes de fabrication. Des thermosoudures créant un point de faiblesse et lâchant les unes après les autres...

Ainsi en quinze mois, nous avons mis à l'épreuve sept tapis de sol différents. Tantôt amenés de France, tantôt achetés ou récupérés en chemin... Ainsi on aura dormi des mois sur une fine mousse d'isolant de maison trouvé dans un entrepôt de bricolage au fin fond du Kirghizistan.

Dans les endroits plus chics, on s'est entendu dire par un vendeur que ce type de produit n'était absolument pas conçu pour dormir de nombreuses nuit dessus : quelques week-ends par an, une nuit par semaine tout au plus !

Utilisation trop intensive, dira-t-il.

Ah... intéressant...

Il faudrait donc acheter deux matelas à plus de 200 balles chacun tous les deux mois...

Évidemment, avant, on dormait tous sur de simples bout de mousse et tout allait bien mais on n'y passait pas non plus toutes les nuits de nos vies !

Par le plus grand des hasards, il se trouve que le dernier spécimen en date fut un modèle des plus onéreux offert par un ami japonais et commença à fuir encore plus rapidement que ses congénères. Nous nous en accomoderons plus de 3 mois.

Mais là où cela devient plus intéressant, c'est qu'il sagit d'une marque Australienne, pays dans lequel nous venons justement de poser nos pneus.


Après quelques passages dans des "shops" ne pouvant nous apporter aucune aide significative, nous nous résignons à contacter le SAV de STS, comprenez par là : le Service Après Vente de Sea To Summit.

Durant plusieurs jours, un échange endiablé de mails s'ensuit...

Et après quelques jours, pour tout dire la mauvaise foi de STS commence à nous taper un peu sur le système : "Oui, c'est un défaut de fabrication mais non, nous ne ferons rien sans preuve d'achat."

Les blagues vont bon train et nous parlons à peu près dix fois par jour de matelas et de Sea to Summit avec les Australiens avec qui nous partageons un bout du camping gratuit de Mount York.

Notre réseau japonais fonctionne à merveille et nous parvenons finalement à enfumer le SAV australien et nous nous repointons avec une magnifique facture tout en japonais.

La bataille est terminée, les belles nuits peuvent commencer !


Katoomba, Blue Mountains :

Un matelas tout neuf dans une main et une preuve "d'achat" (pour la prochaine fois !) dans l'autre, un sourire jusqu'aux oreilles et deux cyclistes heureux : l'histoire aurait pu se terminer ainsi.

Pourtant je ne saurais expliquer pourquoi, j'eus à cet instant l'intime conviction que cette histoire à dormir dehors et sur le sol bien dur n'était pas réellement terminée.


Quelques jours plus tard, nous grimpons dans un secteur peu fréquenté des Blueys, ce genre d'endroit où de belles fissures rayent le rocher et où l'on rencontre de belles personnes.

Notre inconnu du jour est inrratable, il est immensément grand, ressemble à Edmund Hillary et je pourrais mettre facilement mes deux pieds dans chacun de ses chaussons. Il est aussi hyper sympa et en quelques secondes, il nous livre de précieux conseils, nous donne un moyen de le contacter et nous invite chez lui à quelques centaines de kilomètres d'ici.



C'est quelques heures plus tard que nous apprendrons que cet immense et très sympathique bonhomme n'est autre que Tim McCartney, le co-fondateur de Sea to Summit (mais qui n'a aujourd'hui plus de part dans l'entreprise).

Quel petit monde et quel incroyable hasard des rencontres !



Nos chemins se recroiseront puisque Tim reviendra grimper avec nous quelques jours plus tard et qu'il nous ramènera même chez lui en voiture puisqu'il a un super porte vélo.


Il nous fera visiter les spots de grimpe autour de chez lui (dont un presque dans son jardin !), nous offrant le thé au lait entre deux voies, nous hébergera quelques jours, nous invitera pour de délicieux repas mais ce n'est que lorsque l'on se retrouvera à boire nos bières dans ce surprenants verres et que l'on comprendra toute la subtilité et le dénouement de l'histoire.



Tim fut le premier Australien au sommet de l'Everest en 1984.

Mais surtout, nous apprendrons qu'il est parti à pied du Golfe du Bengale, ce qui fait de lui le premier homme à s'être attaqué au plus haut sommet de la planète en partant du niveau de la mer, de 0 à 8848 mètres, de la mer au sommet : "Sea to summit".

What a story !

C'est ainsi que tout s'éclaire. Ce qui est inscrit en lettres orangées sur notre matelas prend désormais tout son sens.

Ce surprenant personnage, son généreux accueil et ces bons moments partagés ensembles conclurent donc à merveille cette drôle d'histoire à coucher dehors !




samedi 23 septembre 2023

Quinze, seize mois sur la route... !...Escal'A2roues#120



Un quinzième et seizième mois en vadrouille, ça donne ça :


◇ Un nouveau pays

◇ Une 15 ème capitale

◇ 11980 km


◇ Du vélo, du train et de la voiture



◇ Des nouveaux amis




◇ 38 Journées de grimpe


◇ 6 spots


◇ 23 secteurs visités


◇ 8 grandes voies


◇ Du rocher de malade


◇ Des dents en plus


◇ Des nuits très fraîches


◇ Des nuits dans un lit

◇ Des animaux nouveaux


◇ Des centaines animaux vivants et morts


◇Un bout de chaussure en moins



◇ De la linogravure


◇ Du bucheronnage


◇ Un matelas avec 22 fuites réparées et enfin un matelas neuf


◇ Des plantes et des fleurs folles



◇ Des grands feux


◇ 2 musées




◇ 1 dispute et des "vacances" solo


◇ 1 projection de film


◇ De la nourriture sauvée de la poubelle


◇ Plein de dessins


◇ 2 paquets à destination de la France