lundi 18 novembre 2019

Un été là haut avec vous !

Un été avec vous, c'est un été dense et intense, un été riche et bien rempli.
Un été parfois en bas, souvent là haut !


Un été aux mille couleurs, visages, sourires. Un été avec vous : garçons, filles, jeunes et un peu moins jeunes, adultes, enfants, ados, papas, mamans ou papis et mamies… Blancs, jaunes, noirs et même parfois un peu verts ! Neige blanche, glace grise, granit scintillant, calcaire orangé ou bleuté, rochers noirs, prairies vertes, rhododendrons fushias, eaux turquoises, fleurs jaunes, couchers de soleil roses ; un été multicolore !


J'ai aimé observer vos premiers pas incertains et déchiffrer dans vos yeux, un doux mélange d'envie et de timidité. Oserez-vous ? Et moi, saurai-je vous permettre d'oser ?


J'ai aimé ensuite vous voir sauter avec joie et à pieds joints dans ce nouveau bain. 
Un jour de canicule, j'ai aimé regarder, amusée, des enfants se laisser glisser tête en haut, tête en bas, sur le dos ou à plat ventre dans de la neige fondante avec rires et fracas. J'ai aimé les voir en slip à l'heure du pique-nique, profitant du soleil pour laisser sécher leurs pantalons trempés.

J'ai aimé vous voir vous exercer sur la Mer de glace ou encore vous observer vous prélasser en terrasse, sous l'œil et sous la Dent du Requin.


 
 
J'ai aimé vous sentir dans mes pas et parfois suivre les vôtres. J'ai aimé vous voir serrer les dents et prendre sur vous. J'ai aimé vous voir prendre confiance en moi, en vous, en nous. J'ai aimé écouter vos questions pour tenter d'y répondre. 

Un jour tout gris, j'ai aimé vous voir accrochés à vos piolets et vous donner le smile en vous faisant faire du dry.
 
 
J'ai aimé voir vos joues rouges et de la fumée qui s'échappait de votre bouche entre-ouverte, lorsque le jour se levait. J'ai aimé vous voir vous agripper et repousser des limites que vous croyiez vôtres. 
J'ai aimé t'écouter m'expliquer comment marchent les "likes", les "hastags" et  tous ces instants "Instagramés". J'ai aimé ce choc des cultures et de générations. J'ai adoré lorsque tu me racontais les rappels en S que tu n'aimais pas et les grandes courses qui font rêver…

 




J'ai aimé prendre conscience de votre soif d'apprendre et de progresser. J'ai aimé bivouaquer, passer une soirée au coin du feu ou partager une nuit dans l'herbe humide, au clair de lune avec vous.

J'ai aimé jouer avec vous aux bricoleuses en herbe puis se résoudre à appeler à la rescousse le premier poilu passant par là. J'ai aimé éclater de rire à l'idée que ces sorties entre filles ont quand même leurs limites et que la mixité, c'est définitivement une bonne chose !


J'ai aimé vous encourager. J'ai aimé voir vos yeux briller d'émotion au sommet. J'ai aimé vous voir tomber de fatigue et vous souhaiter "bonne sieste". 

J'ai aimé marcher des heures, tantôt sous la neige, tantôt sous un soleil de plomb. J'ai aimé discuter, échanger, partager, rigoler. J'ai aimé rencontrer les artistes que vous êtes…


J'ai aimé essuyer vos larmes et vous rassurer. 
J'ai adoré vous permettre d'observer des isards mais j'ai aussi bien aimé vous faire découvrir des chamois. J'ai bien ri en vous répondant que : "non, un bouquetin, ça ne mange pas des souris..."

Je me suis régalée de vos délicieux cakes et de vos barres de céréales faites maison.
 
J'ai aimé vous regarder nouer des cordes et faire des nœuds dans vos cerveaux.


 

J'ai été admirative de voir tout ce qu'on pouvait faire avec un seul pied ou avec une capacité pulmonaire réduite. J'ai aimé vous voir franchir des barrières psychologiques. J'ai aimé votre bon esprit, votre humour et votre solidarité. J'ai aimé vos rires et vos pleurs communicatifs.  


J'ai aimé, de bon matin, vous voir apparaître au petit déjeuner, les yeux tout gonflés m'affirmant que vous n'aviez pas fermé l'œil de la nuit. J'ai aimé vous voir jouer aux équilibristes sur le fil aérien d'une arête.




J'ai aimé vous voir vous concentrer. J'ai aimé découvrir de nouveaux coins, visiter de nouvelles vallées, gravir de nouveaux itinéraires, atteindre de nouveaux sommets.

J'ai aimé te voir, petite danseuse, en équilibre tenter de toucher les nuages.


J'ai aimé grimper ici, là et surtout là bas ! J'ai aimé mourir de chaud en face sud au mois de juin. 
J'ai aimé faire un rallye automobile avec toi comme copilote. J'ai même (presque) aimé marcher sous un soleil de plomb à la recherche d'une dépanneuse mais j'ai surtout adoré tes petits fondants au chocolat, les baignades et les fous rire !


J'ai aimé sillonner les sierras Espagnoles, grimper au dessus d'un lac menthe à l'eau, manger des cerises et squatter les places publiques avec quatre drôles de dames.
J'ai aimé finir les journées au bar devant un plat de patatas bravas et quelques cervezas.

 
 
J'ai aimé cet été en votre compagnie. Alors merci, merci, merci à tous et à toutes pour tout ces chouettes moments partagés ! 


 


samedi 2 novembre 2019

L'intrus de la tribu ?

C'est drôle comme l'élève (puis la maîtresse d'école) que j'ai étée, aurait toujours juré que les deux mois de vacances estivales passaient dans le film de ma vie en vitesse accélérée.
"Un peu de liberté ? … D'accord, mais on vous donne seulement deux mois : alors faites vite !"

A peine en vacances, le temps de découvrir un peu le monde ; de crapahuter à droite, à gauche ; d'oublier comment se tient un stylo et comment on conjugue le verbe "étudier" au présent de l'indicatif et déjà la cloche de la cour de récrée annonçait la rentrée des classes. Il fallait alors lâcher les coinceurs et reprendre les crayons, troquer sac à pof et sac à dos contre trousse et cartable. Il fallait reprendre la direction de la maison puis de l'école, la motivation bloquée au niveau des marques blanches sans bronzage, laissées par de grandes chaussettes portées tout l'été… 
 

 
Maigres consolations de ces petits plaisirs retrouvés : le confort d'un matelas, d'une douche tiède ; l'achat du beau stylo ou encore la joie d'enfiler une petite robe légère (tampi pour les marques de bronzage agricole...).

Septembre 2000, je me souviens comme si c'était hier, de ma rentrée en classe de 4ème. Trois jours plus tôt, du haut de mes 12 ans, je me trouvais au sommet d'une grande bosse enneigée, bien loin des plages Languedociennes : le Mont Blanc. 
Comme seul témoignage de cette aventure, le jour de la rentrée, un air de chouette heureuse : la trace de bronzage des lunettes et un sourire accroché aux oreilles. Lorsque l'on s'est gentiment moqué de moi en me demandant si j'arrivais du ski, j'ai bien tenté d'expliquer que là haut à 4000 mètres d'altitude, il y a des glaciers, de la neige même l'été, la lumière du soleil qui se réverbère dessus et qu'il y a aussi mon nez et mes joues qui grillent ! Donner quelques détails supplémentaires concernant un improbable réveil à minuit, des heures et des heures de marche ou encore l'utilisation de crampons même sur du rocher s’avérait complètement inutile. 
Sur mon petit nuage, j'obtenais néanmoins le privilège de débuter l'année scolaire bien étiquetée : "Menteuse".
Ne pouvais-je simplement avoir des préoccupations différentes ?
 

 
Sans smartphone, sans publication Instagram et sans hashtag, une "ascension précoce" du toit de l'Europe ne faisait, à l'époque, pas le buzz dans une cour de récrée du sud de la France et finalement c'était tant mieux…

Les années scolaires sont venues s'empiler les unes sur les autres et les étés ont continué de défiler, toujours à la vitesse grand V. Mais qui accélérait donc le temps ??
Ecole, collège, lycée, fac, iufm et puis me revoilà à la case "départ" : l'école. 12 ans plus tard.

Septembre 2012, réunion de rentrée dans une école Française en Andorre. Mes collègues ont un joli teint doré, témoignage des longues heures passées sur des plages de la Costa Dorada. J'ai les jambes bien pâlichonnes et très probablement, une fois de plus, la marque des lunettes au bout du nez.
Décalée ?
Publications et réseaux sociaux, à présent, permettent de s'intéresser un peu à la vie extra-scolaire de ses collègues de travail. On me demande si j'ai pu faire un peu de randonnée cet été… Je réponds positivement en souriant. 

 
Les pieds dans le système scolaire mais la tête restée sur les sommets, je repense alors à ces derniers jours du mois d'août et à cette folle aventure partagée avec 5 amis… Trois jours de chevauchées d'arêtes rocheuses, de rappels effrayants, d'arêtes de neige interminables pour rejoindre, une nouvelle fois, le sommet du Mont Blanc.
 

Une belle expérience agrémentée de sacs très lourds, de bien peu d'heures de sommeil, saupoudrée de quelques flocons de neige et de quelques coups de tonnerre. L'intégrale de Peuterey : Mais oui ! Quelle belle randonnée ! 
  
 

Septembre 2019, amphithéâtre de l'ENSA.
Ce soir, c'est la kermesse de l'école : Remise de diplômes factices et sourires hypocrites au rendez-vous… Fini les cartables et les stylos, ce coup-ci, c'est une corde et un piolet que l'on me tend sur l'estrade !
Tout le monde a un peu la trace des lunettes sur le nez et tous mes collègues ont eux aussi un bronzage assez hétérogène.  Point commun, nous avons tous fait de la "randonnée" tout l'été.
 
 
Grimper, guider, marcher, accompagner… Cette fois, j'ai visiblement à faire des gens de la même tribu que moi.
Pourtant lorsque l'on me pose la question : "Et maintenant, tu va faire quoi ?"
Et que je m'exclame sur-enthousiaste : "De la poterie !" On m'observe, une fois de plus, comme une extraterrestre. Allez comprendre…
 
Mais avant de me jeter sur mes pains de terre et sur mon tour, encore quelques jours de boulot m'attendent.
 
Une magnifique aventure en compagnie de quelques hommes et femmes aux origines et couleurs diverses, aux facultés physiques différentes et aux âges variés, venus de tous horizons pour imaginer "La cordée de la diversité" dans laquelle la différence serait tout simplement une chance, un atout pour le groupe.
 
 

Quel plaisir de partager ces bons moments avec un de mes meilleurs amis et quatre copains, tout comme moi, récemment diplômés.
 
 
Ce tout premier Mont Blanc, en tant que guide cette fois, clôturera à merveille cet été, qui croyez le ou non, m'aura semblé incroyablement long !!!!!