jeudi 30 octobre 2014

Expé Pamir : Mission tour Russe ! (Episode 2)

Après cette première voie à la Tour Rouge, une journée de repos s’impose... Lessive, toilette, lecture et prépa du matos...


 Nous sommes motivés à bloc pour aller tâter les fissures de la belle « Perestroïcrack » sur la Tour Russe dans la vallée voisine d’Aksu. 
"Perestroïcrack" est une grande voie de 800 mètres, cotée ED: 24 longueurs au total dont quelques unes en 7 et beaucoup en 6...

Le topo
C’est entre Pyrénéens que nous partons à l’assaut de ce beau big wall : On ne change pas une équipe qui gagne… ou pas! Et oui, tous les essais ne sont pas toujours gagnants!

Première tentative!
Après avoir glané quelques précieuses infos à nos copains partis en éclaireurs et tout fraîchement rentrés de la même voie, nous nous mettons en chemin. Rejoindre la vallée d’Aksu n’est pas très compliqué en soit, mais cela nécessite quelques heures de marche chargés comme des mules! Il suffit d’atteindre un col, de traverser un joli plateau puis de redescendre au fond de la vallée et enfin de remonter celle-ci en suivant la rivière jusqu’à un chaos d’énormes blocs. Au col, nous découvrons enfin le monstre : la Tour Russe. Magnifique aiguille granitique de plus de 1000 mètres de haut, culminant à 4240 mètres d’altitude. Vu d’ici, les lignes de faiblesses ne sont pas évidentes à discerner et tout ça parait bien raide mais qu’est ce que c’est beau! Les parois voisines ne sont pas en reste, le Pic 4810 nous fait face et c’est ultra classe !

La vallée d'Aksu...
La Tour Russe
Un abri de berger sous un gros bloc nous offre un bon spot de bivouac, la nuit est étoilée et nous nous endormons en rêvant déjà à la journée du lendemain.


Au réveil, il fait encore nuit mais les étoiles ont disparues. Le jour se lève quand nous nous mettons en marche et nous découvrons un ciel bien chargé. Nous n’y prêtons pas vraiment attention, peut être avons-nous un peu trop la tête dans le guidon, à moins que ce ne soit dans le c…
Bref, après une heure de marche dans un énorme et pénible pierrier, nous sommes au pied de la voie et là : surprise ! … il neige! Le haut de la vallée est bien dégagé et le vent souffle à bloc, en bon optimistes, nous comptons sur celui-ci pour chasser les nuages que nous avons au dessus de la tête!

Dans le pierrier à l'approche de la voie...
Dans les premières longueurs
Au col...
 Quatre longueurs en V/Vsup. permettent d’accéder à un col d’où commence véritablement la voie. C’est Juju qui s’y colle, il fait vraiment froid avec ce vent, des flocons passent de temps en temps mais ça ne semble pas être bien méchant! Nous gardons les baskets et grimpons bien emmitouflés. Nous perdons un peu de temps et usons pas mal d’énergie à hisser nos deux gros sacs dans cette première partie peu raide. 

Au col, Matthias prend le relais pour quelques longueurs. On découvre alors une succession de longueurs de toute beauté. Une dalle compacte est rayée par une belle fissure qui indique le chemin à suivre. Nous la suivons sur quelques longueurs, ces passages là sont vraiment extras! De temps à autre une éclaircie nous laisse espérer que le temps s’arrange. Faux espoir puisque les averses de neige deviennent de plus en plus fréquentes et de plus en plus mouillantes.
Le caillou commence sérieusement à glisser quand vient mon tour de passer devant. Même humide, grimper cette fissure est vraiment plaisant. On est super contents!




Des 5+/6a de malades!

A 18h, il neige sérieusement, nous sommes au 10ème relais, soit 3 longueurs sous la vire du bivouac, il nous reste environ 1h30 de jour, les longueurs suivantes ne sont pas faciles et le caillou dégouline carrément. Nous nous concertons en mode « réunion de crise », que faire ? Nos sacs de hissages sont couverts de neige, nous sommes trempés et nous ne sommes pas sûrs de parvenir à rejoindre la vire du bivouac avant la nuit.
Après une journée à batailler dans le froid et la neige, c’est la mort dans l’âme que nous signons le but.
On misère une bonne partie de la soirée puis de la nuit à descendre en rappel, à coincer les cordes dans les fissures, à mouliner nos sacs toujours aussi lourds et enfin à les porter. La neige ne cesse pas de tomber, au contraire, ça empire. Finalement vers 1h du matin, nous touchons enfin le sol. 
Frigorifiés et trempés jusqu’aux os, Juju nous déniche un super spot de bivouac alors qu’avec Matthias nous finissons de plier les cordes. Nous nous jetons successivement sous un énorme bloc puis dans nos duvets qui sont, eux, quasi secs! On ne tarde pas à s’endormir… Ouf! Quelle aventure!

Le trou où nous avons fini la nuit...
Le lendemain, nous croisons Tiph, Ingrid et Pat qui montent en direction de la voie, nous échangeons quelques mots et leur souhaitons bonne chance. Contrairement à la veille, il fait grand beau… Grrr! Ce n’est pas juste! On reprend le chemin emprunté deux jours auparavant en sens inverse sans trop nous retourner pour ne pas voir la Tour Russe ensoleillée qui nous nargue et nous rejoignons le camp de base, la motiv’ dans les chaussettes.

Le Pic 4810...
Deux jours plus tard, nous voici à nouveau sur ce même sentier, regonflés à bloc, reposés, nous repartons pour une seconde tentative. Espérons que cette fois soit la bonne!
Nous sommes confiants, nous avons forcément acquis en expérience lors de notre première tentative et de notre retraite compliquée. (Merci Titi pour les encouragements !)

Seconde tentative...
Pour mettre toutes les chances de notre côté, on essaie d’être stratégiques. On optimise au maximum le poids en décidant de ne prendre qu’un seul sac de hissage au lieu de deux. Pour faire léger, on ne s’encombrera ni de duvet, ni de réchaud.
Cela nous permet de pouvoir porter le sac sur le dos dans les 4 premières longueurs où nous avions perdu pas mal de temps à hisser les jours précédents, sans compter qu’hisser un seul sac assez léger dans la suite nous coûtera aussi moins d’énergie.
De même, nous referons en tête les mêmes longueurs que la fois précédente ce qui devrait aussi nous faire gagner du temps.

Prendre des forces!
Alors que nous remontons le grand pierrier conduisant au pied de la voie, quelques gouttes de pluie nous font dire que l’on est quand même un peu maudits… Finalement au lever du jour, le ciel se dégage. C’est parti, Julien est devant, je grimpe derrière et récupère le matos pendant que Matthias remonte sur la stat’ avec le sac de hissage sur le dos. Bonne stratégie, ça ne traine pas!
On attaque la dalle et la belle fissure, Matthias prend la tête puis c’est à mon tour. Julien est quant à lui, tout désigné au poste de « hisseur de sac »!






Juju hisse es sacs...
A 14h, nous sommes au dixième relais, celui là même où nous avons fait demi-tour il y a quelques jours. Nous avons 4h d’avance sur l’horaire de notre première tentative, ça valait le coup de s’alléger! Comme si le destin nous rattrapait, on voit bientôt tomber quelques flocons de neige! Et m… !


En fin d’après midi, parvenus à R13, nous découvrons la vire du bivouac, confort 4**** ! On décide rapidement de rester là pour la nuit, craignant qu’on ne trouve pas aussi bien plus haut. Comme nous disposons encore de quelques heures de jour, nous montons fixer les longueurs au dessus ce qui nous facilitera la tâche le lendemain matin…

Avec pour seule protection, un petit muret pour nous abrité du vent et des couvertures de survie jetables, la nuit sera longue et froide. Nous « dormons » assis, blottis les uns contre les autres. Au lever du jour, nous ne sommes pas très frais mais nous sommes contents de nous remettre en mouvement espérant ainsi se réchauffer un peu!   
Pas dégueu la vue...
...ça pèle le soir...
... le matin aussi ...

Nous commençons la journée par remonter au jumar sur les cordes fixées la veille. Effectivement, ça réchauffe!
Il est 8h du matin, 11 longueurs nous attendent et, déjà, il neige! La journée s’annonce encore éprouvante!







Matthias reprend la tête des opérations. Une fois passée les deux longueurs dures, nous avons vraiment espoir de sortir au sommet pourtant il faudra encore se battre. Les averses de neige deviennent de plus en plus fréquentes et le caillou fini par être complètement trempé. Il fait vraiment froid!




Vers 16h, nous débouchons sur l’arête sommitale partiellement enneigée, nous sommes à quatre pattes, tant le vent nous secoue violemment. Décidément, rien n’est facile! Cette fois, on y est ! 
On est vraiment super contents!

Il est encore tôt, nous espérons donc pouvoir rejoindre la vallée et retrouver nos duvets afin de dormir au chaud ce soir… Erreur ! Après avoir fait un rappel pour descendre du sommet puis rejoint un col, nous descendons un immense pierrier, parfois entrecoupé de dalles… Il se remet à neiger pour la énième fois de la journée, ce qui nous ralenti probablement dans la descente de ce grand éboulis. Puis c’est au tour de la nuit de se mêler à la neige, ce qui rend notre progression encore un peu plus lente. Les flocons dans le faisceau de nos frontales nous éblouissent, nous n’avons aucune visibilité et bientôt c’est sur les fesses que nous désescaladons les dalles qui sont maintenant complètement trempées. De petites cascades se forment, ça ruisselle de partout dans cet immense canyon.
Après quelques tentatives à droite, à gauche, nous n’osons nous engager davantage dans la descente car ça devient vraiment casse gueule !
Nous voici donc condamnés à passer une nouvelle nuit (toujours sans réchaud et sans duvet et maintenant sans grand chose à manger!) au beau milieu de ce gigantesque entonnoir. Reste à espérer que le risque d’orage annoncé pour ce soir soit une blague!



Encore une longue nuit inconfortable, serrés les uns contre les autres, à raconter des bêtises pour ne pas trop déprimer! Des températures bien basses, des éclairs, des averses de neige et Matthias qui joue Mr Météo, en nous faisant un petit bilan de l’état du ciel ou nous demande : « Et qu’est ce qu’on fait maintenant ?? » à chaque fois qu’on arrive (enfin) à s’endormir quelques minutes! « Eh ben, maintenant, on essaie de dormir, Matthias!!!! »

Encore un bivouac...

Au petit matin, nous sommes un peu déglingués, on est couverts de neige et ça caille toujours autant. En contrebas, nous découvrons ce qui nous attend : la suite de la descente n’est finalement pas très raide, ça pourrait être plié vite fait, sauf que… Toute l’eau qui ruisselait hier soir un peu partout a gelée cette nuit, formant des petites cascades de glace par ci par là! Impossible de désescaler tout ça en basket sans se faire mal. C’est reparti pour une petite session « bartassage » à essayer de tirer des rappels dans du terrain quasi horizontal, les pieds qui patinent sur les glaçons!
On fini tant bien que mal par rejoindre le bout du canyon où celui-ci plonge en une haute cascade. Deux rappels, un peu de marche et nous retrouvons enfin le chaos de bloc où nous avons laissé nos affaires il y a trois jours maintenant.


Après un lyoph’ avalé et une bonne grosse sieste en plein cagnard dans nos gros sacs de couchage, ça va déjà un peu mieux!…
Nous reprenons ensuite le chemin du camp de base, en nous retournant encore et encore pour admirer une dernière fois cette fichue Tour Russe qui ne se sera décidément pas laisser faire…


On est quand même un peu fatigués mais on est surtout super méga heureux!

samedi 25 octobre 2014

Expé Pamir : Visa pour l'aventure... (Episode 1)



6 octobre 2014, 4 heures du matin…

Nous sommes assis à même le sol. 
Rangers et uniformes se déplacent dans notre champ visuel. Discussions et éclats de voix, mélange amer de russe et de kirghize se mêlent aux gémissements de douleurs de quelques uns d’entre nous qui ont essuyé une arrestation plutôt musclée quelques minutes auparavant… Au fond de la pièce, une cellule de dégrisement vide, genre cage au fauve, semble attendre son premier locataire de la soirée. Nous voilà, échoués dans un des sûrement nombreux postes de police de Bichkek.
Les kalachnikovs sont brandies sans précautions sous notre nez… A croire que nous avions encore besoin d’une petite dose d’adrénaline avant de quitter le sol Kirghize!



On nous avait prévenus : « Eh les gars, ici vous êtes dans la capitale de la Kirghizie !». Petite phrase bateau, d’apparence anodine mais derrière laquelle on peut finalement y mettre tout ce que l’on veut : « ici vous trouverez tout ce qu’il vous faut ! », tout comme « tout peut arriver ! ».
Une embrouille en boîte de nuit, et tu finis ta soirée au commissariat après t’être fait traîner par terre et démonter l’épaule par une puissante clé de bras : ça ne rigole pas!


Dans le regard de mes compagnons de cordée, je rencontre tout l’éventail des effets observables de la vodka locale. Il y a tout d’abord, celui qui, assommé par son taux d’alcoolémie, ne comprend pas vraiment ce qui lui arrive mais reste tranquille. Vient ensuite celui qui a l’alcool mauvais, l’hyperactif qui veut défoncer tous les flics du coin sans oublier de les insulter comme il se doit, en prenant soin de ne pas oublier leur mère et leurs sœurs (c’est vrai, c’est plus sûr pour être certain d’avoir VRAIMENT des problèmes !). Je croise aussi la peur dans les yeux de certains, complètement tétanisés par la situation peu confortable dans laquelle nous nous trouvons. D’autres plus lucides, voit en l’argent le seul dénouement et sont prêts à débourser toutes nos économies en guise de bakchich! Sans oublier, l’individu complètement euphorique qui gratte l’amitié aux policiers en leur chantonnant des airs de chansons françaises et en leur demandant leur facebook… 
Le punk de la bande quant à lui a déjà réussi à s’échapper... Quel guerrier!

Je me dis que la bière et la vodka ont bien fait leur travail, ce spectacle me ferait presque sourire.


Mais l’heure n’est pas vraiment à faire les andouilles, mieux vaut ne pas la ramener et attendre de voir le sort qui nous sera réservé quand tout ça se sera (espérons le) apaisé.

Pour ma part, je choisi de prendre mon mal en patience, l’occasion de se remémorer tout ce que nous avons vécu ensemble depuis notre premier passage à Bichkek, il y a un mois déjà et jusqu’à cette soirée bien arrosée qui nous ramène à ce commissariat et à ce moment précis...

Tout a commencé début septembre, nous sommes trois pyrénéens dans une voiture blindée filant comme un bolide en direction de l’Italie, croulant sous les sacs de voyage, sacs de hissage, cartons de nourriture lyophilisée empilés jusqu’au plafond.
Quitter les  Pyrénées, c’est déjà l’expé !
Il fait 40° et quelques centaines de kilomètres de voiture nous attendent jusqu’à Milan où nous rejoindrons nos amis alpins. Le groupe est au complet (ou presque) : Huit jeunes (Tiphaine, Ingrid, Lara, Julien, Matthias, Robin, Sylvain, Jonathan) et trois guides, Christophe Moulin, Titi Gentet et Patrick Pessi.



Nous nous envolons pour Moscou puis pour Bichkek, capitale du Kirghizstan. En sortant de l’aéroport, la chaleur est étouffante. Le trajet en bus qui nous amène de l’aéroport au centre ville nous permet déjà de nous plonger dans le bain Kirghize. Des champs jaunes s’étalant à perte de vue témoignent d’une sécheresse certaine en cette saison, des vendeurs de pastèques parsèment le bord de routes, certains hommes portent de hauts chapeaux en feutre traditionnels, les femmes des foulards fleuris. La circulation peut paraître à première vue anarchique, certains ont le volant à droite, d’autres à gauche, pourtant même si klaxonner semblent quasi indispensable à la bonne conduite, le trafic n’est pas si dense ni extrêmement bruyant. Fatigue et chaleur nous assomment un peu mais nous nous retrouvons vite devant une grosse tranche de pastèque de bienvenue dans un petit havre de paix et de verdure au siège de l’agence, c’est bien appréciable !





Après une journée passée à déambuler sur les trottoirs des larges avenues de Bichkek, à photographier les multiples statues monumentales du camarade Lénine, à faire les fous en tandem dans les parcs de la capitale, à tester quelques restaus et à faire quelques achats dans le grand Osh Bazar… Bref à faire les touristes, nous sautons à nouveau dans un avion et nous envolons cette fois vers le sud du pays. Toutes les compagnies proposant des vols internes étant sur listes noires, nous serrons un peu les fesses au décollage mais nous atterrissons à Batken sans encombre ni mauvaise surprise, c’est déjà ça !












Aéroport de Batken
Trois heures de bus, en mode rallye sur des pistes archi poussiéreuses, nous conduisent jusqu’à Ouzgurush, petit village dont les maisons aux toits de tôles et aux murs de terre séchée, sont entourées de clôtures fermées par un portail. Nous passerons la nuit chez une famille qui offre des services de muletier dont nous bénéficierons dès le lendemain matin.


Arrivée à Ouzgurush





 S’en suivent trois jours de trek à travers des paysages arides et minéraux où nous ne croisons en tout et pour tout qu’un troupeau de moutons et quelques vaches. Après avoir franchi quelques cols, avoir avalé pas mal de déniv’, quelques bonnes heures de marches, réalisé deux bivouacs, tiré (voir parfois tractés) et pousser nos mules, nous arrivons le 14 septembre à destination : le camp de base, un beau cadeau d’anniversaire!










La vallée de Karasu se dévoile...
Mais tout ne se passe pas toujours comme prévu, l’arrivée au camp de base est un véritable sketch :
Quand en début d’après midi nous arrivons à l’entrée de la vallée de Karasu, nous découvrons rive droite ce qui pourrait bien être le pic Assan et au fond le Pic Pyramidal. A ce moment là, tout le monde, ou presque, est d’accord pour dire que la vallée d’Aksu où nous avons prévu de passer quelques semaines se trouve juste derrière. Mais quand nous voyons tous les muletiers s’engager sans hésiter dans la vallée de Karasu, on commence à avoir de sérieux doutes! Ils nous assurent que c’est ici que notre camp de base est installé. Effectivement, on refait un tour rapide de nos mails enregistrés sur nos smartphones et c’est bien le nom de Karasu qui figure sur les messages envoyés par l’agence. Eh ben voilà… on s’est trompé de vallée !
Il faut dire que dans tous ces noms, on s’y perdait un peu. Personne ne semblait appeler les sommets et les vallées par le même nom : Karavshin, Karasu, Aksu, Pic Aksu…

On ne sait encore rien de la suite de l’expé, mais en se trompant de vallée, on a sans doute déjà réalisé une belle première !




On est un peu déçus de se retrouver ici sans topos et sans vraiment d’infos sur les sommets et parois alentour alors que plusieurs de nos objectifs se trouvaient dans la vallée voisine, la vallée d’Aksu. C’est un peu dommage et cela nous ferait presque oublier que nous arrivons dans une jolie clairière avec la rivière toute proche où notre camp de base est déjà installé, comprenez par là : tente cuisine, tente mess, tentes dodo et même tente toilette sans oublier la douche ! Max et Elena, deux jeunes Kirghizes aux traits tout aussi occidentaux que nous sont là pour assurer l’entretien du camp et la cuisine.

Dès le deuxième jour, les hostilités sont lancées. Tough, Robin et Sylvain partent dans la vallée d’Aksu à l’assaut de la Tour Russe et de « Perestroïcrack », célèbre big wall de 800 mètres, ouverte en 1991 par une équipe de français dont Mr Titi Gentet en personne !
Les copains partent pour "Perestroïcrack"...
Pendant ce temps, nous partons explorer la vallée de Karasu et réalisons dans la journée deux voies de 700 mètres chacune sur ce que nous appellerons la Tour Rouge. Tiphaine, Christophe, Ingrid et Pat choisiront le pilier et graviront ce que l’on baptisera la voie de « la Flèche » alors qu’en compagnie de Titi, Julien et Matthias, nous nous lançons dans la ligne de faiblesse qui raye la face, voie de « la Diagonale ».

Session reconnaissance à la Tour Rouge


Titi dans la Diagonale



Julien et Matthias au sommet

Ingrid dans la voie du pilier
Tiph' en action...
Je commence à grimper en tête, le rocher est parfois humide mais globalement de bonne qualité. Sans trop savoir si des cordées ont déjà parcouru ces itinéraires nous trouvons réponses à nos interrogations en même temps que je rencontre un spit! Tout roule jusqu’à une fissure oblique, large et déversante qui nous crame un peu les bras, la longueur suivante n’est pas si facile non plus. Nous rejoignons le fil du pilier puis le premier sommet et enfin le second, il est 16h30. Mission accomplie, on devrait être de retour au camp de base avant la nuit.
Ce qui ne sera pas le cas de nos amis engagés dans le pilier, sortis tard de leur voie, ils se verront obligés de bivouaquer sous le sommet et attendront le lever du jour pour rejoindre le camp de base. Les nuits sont plutôt fraîches. Ils ouvrent le bal des bivouacs "à l'arrache"! Une voie et un bivouac improvisé, ça commence fort !


Bien d’autres bivouacs au confort médiocre suivront! D’autres très belles voies aussi… 
Rendez-vous donc au prochain épisode !