vendredi 25 août 2023

C'était ça pour moi l'Australie...Escal'A2roues#115





L' Australie était sans doute la destination préférée de ma grand-mère globe-trotter.

À 80 ans passés, elle voyageait encore, partout, toujours seule, sans connaître un mot d'anglais et sans savoir vraiment compter !

À cette époque, j'étais vraiment riquiqui et j'aimais observer, curieuse, toutes ces punaises colorées épinglées sur cette immense planisphère accrochée au mur de sa chambre.

Je la regardais souvent monter dans un train avec son petit sac à dos, puis je l'imaginais s'envoler dans les airs pour traverser la planète, là où c'est l'hiver en été, là où les gens marchent la tête en bas et dorment accrochés au plafond sans jamais tomber.


Pas de téléphone, pas de mail : pas de nouvelle, bonne nouvelle ! Je reviendrai tel jour disait-elle, c'était vrai. On attendait sur le quai, elle arrivait.

Elle revenait avec son sac à dos toujours aussi petit et pourtant rempli de t-shirts décorés de kangourous et de koalas pour nous, les petits enfants.


C'était ça pour moi l'Australie : une mamie qui partait, des cartes postales et des "muchos besos" qu'on recevait heureux et des dessins de kangourous sur mes t-shirts durant des années. Forcément quand tu es la petite dernière de la famille et que tu récupéres les vêtements de tous les cousins, tu vois passer des générations et des générations de kangourous !

Pour elle l'Australie, c'était aussi ce bel opéra de Sydney qu'elle aimait bien. Alors évidemment devant ce beau bâtiment éclairé de ces belles lumières d'hiver, j'ai eu une chouette pensée pour elle !


Mamie Katia ! Moi aussi, je suis en Australie !

Bye bye Asia !.Escal'A2roues#114




Voici venue l'heure de changer d'hémisphère, de migrer de l'autre côté de la planète et de retrouver l'hiver alors que l'été pointait son nez. Désormais nous profiterons du soleil quand tous les gens qu'on connaît, observeront la lune briller...

Bonjour, bonsoir, au revoir...

Au revoir Asie. "Au re-voir" car c'est avec un énorme pincement au cœur que je te quitte et que j'espère tellement te retrouver un jour...

Toi, l'immense continent,

Camaïeu de pays si différents,

Milliers de kilomètres à ta découverte,

À t'observer vivre, yeux écarquillés, bouche et oreilles ouvertes,

Toi, qui nous a tant offert,

Entre les lignes, on a lu tes peines, tes joies,

Combien chaque jour de surprises à la fois ?

Tes mille et une saveurs,

Tes indescriptibles odeurs,

Toi et tes visages par milliards,

Tous ces sourires et ces regards,

Diversités des traits, des silhouettes et éventails des couleurs de peau,

Sonorités des mots,

Qui s'entremêlent dans mes oreilles comme un flot,

Vie à cent à l'heure, peuples grouillants,

Vie au ralenti, voyage lent,

De ma mémoire, je voudrais que rien ne s'efface,

Comme d'une nouvelle vie après l'Asie, une préface,

Arc en ciel de paysages et patchwork d'émotions,

Ciels aux milles teintes, étoiles à profusion,

Tant de jours à naviguer à vue sur tes routes cabossées,

Tant de nuits à même ton sol passées,

Tes montagnes, tes rizières, tes volcans,

Tes fleuves, tes déserts, tes champs,

Tes forêts, tes fleurs et tes couleurs,

Tes incroyables animaux,

Tes multicolores oiseaux,

Resteront dans un coin de mon cœur,

Dans mes valises cette étrange petite douleur,

Après toutes ces journées, tous ces mois, cette année,

Nous étions comme apprivoisés, devenus familiers,

Quand te reverrai-je Asie ?

Une chose à te dire : Merci !

Bonjour l'Océanie,

Le tout nouveau premier jour du reste de la vie...

Une nouvelle page à écrire,

Un bout du monde à découvrir.

Lignes de vie......Escal'A2roues#113





Un jour, dans ma maison,

Une maison avec des murs,

Des murs de bois, de pierres, de terre, de paille, que sais-je...

Pas de ceux en toile qui tremblent quand dehors le vent souffle fort,

Pas de ceux qui s'écroulent quand la neige pèse trop lourd,

Pas de ceux qui changent chaque jour de jardin,

Des murs sur lesquels on peut épingler nos souvenirs, des projets, des choses aussi inutiles que belles,

Sur l'un d'eux, dans un beau cadre, il y aura cette femme aux oiseaux,

Ce vent tempétueux dans ses cheveux, Ces montagnes du bout du monde,

Elle sera le souvenir ineffaçable de cette rencontre magique,

De ces moments partagés, de ces lignes de vie entremêlées,

De cette gravure à quatre mains, de nos sensibilités mélangées,

Et puis, il y aura cette couleur à l'image de ces instants,

En or.


Merci Belle !

L'avant, l'après et le pendant...Escal'A2roues#112






Good news les amis !

Que peut bien faire un Sourzac quand il ne donne pas de nouvelles pendant 4 jours et trois nuits et que moi... j'attends ?

Vous vous le demandez ?! Moi aussi...

Dans un court mais relativement réconfortant email reçu cette après-midi, il raconte avoir roulé vers l'Ouest et pris un grand bol d'air à priori plus que nécessaire.

Comprenez par là qu'il a pédalé comme un bourrin qui boude. Rouler beaucoup et sûrement rouler vite, du matin au soir et peut-être du soir au matin, s'hydratant probablement de quelques bières en chemin... On ne se refait pas !

Il a évidemment pas mal avancé et la distance entre nous s'est par logique creusée à tous points de vue.

Lors de la prochaine vacation radio, on essaiera de se fixer un rendez-vous avec la rigueur qu'avait nos grands parents à l'époque du télégramme. Tel jour, telle heure, tel endroit. On ne papillonne pas et on ne change pas d'idée en chemin. D'ici là je réfléchis à demander le divorce avant le mariage, ce sera toujours ça d'assurer.

On a évité de justesse de voir apparaître sa jolie bouille sur de belles affiches dans tous les lieux publics Australiens, à la télé et dans les journaux car ici quatre jours sans nouvelle est synonyme de personne portée disparue... C'est bien la première fois que j'aurai rendu visite de mon propre grès à des flics ! Rien que pour ça... champagne !

Quoiqu'il arrive, il y aura un "avant" et un "après" cet épisode, je ne sais pas de quoi sera fait "l'après" et peu importe pour l'instant (même si je l'espère heureux !) mais "l'avant" était juste génial et c'est ce que je retiens le moment.

Et entre "avant" et "après", il y a le "pendant", et là, c'est vous les champions ! Vous avez tous été incroyablement extraordinaires et attentionnés.

Ces dernières 24 heures, vous avez avec amour, amitié, empathie et même humour inondé mon écran de plus d'une centaine de messages.

Tant de réconfort et de soutien de votre part, vous qui êtes si loin et avez été si proche à la fois.

Chaque mot était réconfortant et me réchauffait le cœur. Grâce à vous, il est maintenant brûlant !

Et bien sûr, je ne remercierai jamais assez ma jolie Belle. Ce coup-ci, les mots me manquent tellement elle est épatante !




Merci ! Merci ! Merci !




--> La suite au prochain épisode mais "Amour, gloire et beauté", on arrête, c'est promis. Dès demain j'investis dans un collier à puce gps (et avec télécommande !) pour mon koala préféré !

Dis quand reviendras-tu ?Escal'A2roues#111





Aurai-je pu imaginer qu'à 35 ans, on pouvait perdre son amoureux comme on perd son doudou quand on est enfant ?

Quelques secondes d'inattention, une main molle, une peluche qui tombe, les roues d'une poussette qui continuent et c'est le drame.

Je me suis toujours demandée quel mystère faisait qu'on pouvait attacher autant d'importance à un bout de tissu.

Une dispute et quelques fracas, des pédales et des roues qui tournent trop vite pour que je puisse suivre... un amoureux qui se volatilise, hors de ma vue, le drame.

Je suis tel un doudou resté sur le pavé.

Perdue, oubliée, abandonnée...

Voir défiler les heures, un doudou n'a pas de montre.

Sentir la pluie tomber, un bout de tissu ne craint pas l'eau.

Avoir faim, froid, peur. Être triste, désespérée. Se sentir démunie, sans force, sans idée. Réfléchir, faire des plans, les défaire, en refaire.

Parfois j'aimerais être un objet sans cœur et sans cerveau.

Perdre pied, craquer.

Relativiser, sourire, trouver la situation absurde...

À mon âge, lorsque tu colles une affiche sur un mur en laissant un prénom et ton numéro de téléphone et que tu as les yeux tout plein de larmes, on te demande si tu as perdu ton chien.

Cela paraît hors sujet, cela ne l'est pas tant. Habituellement, j'exploserais de rire, là, j'esquisse simplement un sourire.

Plus tard j'en rirai, nous en rirons ensemble certainement. Toi et moi, chien sans collier, doudou oublié.

Je me demande quel mystère fait que l'on puisse attacher autant d'amour en un seul et même être vivant ?

Je me demande comment on peut vivre tant bien que mal avec un même humain toutes les minutes de toutes les heures des jours et des nuits de toutes les semaines et de tous les mois d'une année et même encore davantage sans jamais n'être séparés une seule petite seconde. C'est ça le voyage.

Je me demande avec qui d'autre une telle aventure serait envisageable.

Je me demande comment on peut supporter d'être soi même, perpétuellement en mouvement, dans l'effort, l'inconfort, la saleté, avec une quantité de sommeil pas toujours parfaite et en se contentant de trois pièces de monnaie pour remplir son estomac.

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, de ces vacances de privilégiés, j'aurai sans doute découvert une chose cruciale : certains aspects de la vie des plus défavorisés.

Enfin, un temps pour soi, aller respirer l'air de son côté, une balade solitaire dans son jardin secret est toujours bénéfique, pousser cette porte était d'ailleurs sans doute la meilleure des choses à faire avant l'explosion atomique.

Mais voilà...

Je me demande de nos jours comment deux personnes peuvent se retrouver et se rejoindre sans moyen de communication entre eux. Comment en pouvant se trouver à deux rues près, à quelques kilomètres d'écart à peine ou dans un même pays à l'échelle du monde, il est possible qu'ils ne se croisent jamais. Plus jamais.

Dorénavant, je saurai qu'un bout de papier avec un numéro de téléphone plié en boule au fond d'une poche ou dans un creux de sa mémoire est une précieuse idée.

Que feriez vous si vous étiez seul, perdu, sans moyen de communication et sans point de repère géographique pouvant faire office de rendez-vous ?

Rester sur place ? Ne plus bouger ? Se laisser mouiller par la pluie et se laisser gagner par le désespoir ? C'est un comble quand le sujet de la discorde était justement de devoir accélérer un peu les déplacements car les projets pullulaint.

On dit que le hasard fait souvent bien les choses, on me dit qu'il suffit d'attendre au même point sans bouger et espérer fort.

Je n'ai pas ce courage.

Les minutes ressemblent à des heures, les heures s'étirent comme des jours sans fin.

"Dis quand reviendras-tu ? Au moins le sais-tu ?"

Certains "perdent" leur être aimé au sens figuré, à jamais, pour toujours. Je t'ai "perdu" au sens propre, c'est bien moins grave mais j'aimerais beaucoup te retrouver.

Tu ne liras probablement pas ces lignes parce que les réseaux, c'est pour les ploucs, parce qu'un smartphone dans ta poche c'est trop lourd, que tu n'as pas accès à ta boite mail et parce que l'époque des cybercafés, c'est terminé. Le courrier sans adresse, c'est peine perdue et les pigeons voyageurs ça n'existent plus.

Alors compte simplement le nombre de fois où tu vois le soleil se coucher, observe la lune croître puis rétrécir et rappelle toi que :

"Le tout le temps qui passe,

Ne se rattrape guère,

Que tout le temps perdu,

Ne se rattrape plus,

J'ai beau t'aimer encore, j'ai beau t'aimer toujours,

J'ai beau n'aimer que toi, j'ai beau t'aimer d'amour,

Si tu ne comprends pas qu'il te faut revenir,

Je ferai de nous deux mes plus beaux souvenirs,

Je reprendrai la route, le monde m'émerveille,

J'irai me réchauffer à un autre soleil."

Des grimpeurs dans la ville...Escal'A2roues#110




C'est par un formidable réseau de pistes cyclables que nous traversons notre 14ème capitale. Séoul a beau être une ville immense et pleine de grattes ciels, les berges de ses fleuves offrent un peu de verdure avec des pistes cyclables 4 étoiles pour de belles échappés urbaines. Cela permet aussi aux voyageurs aux poches vides de bivouaquer à deux pas du centre ville de la capitale !

Séoul by bike : Tout aurait pu rouler comme sur des roulettes mais une fois encore, on s'est malheureusement cru plus malins que le GPS et on n'aura pas choisi le chemin le plus simple. C'est ainsi qu'on se sera retrouvé de nuit sur une autoroute avec des voitures qui filent à toute allure. Notre seule issue : porter les vélos par dessus la glissière de sécurité et descendre un talus pour retrouver la soit disant piste cyclable en contrebas. Quelques kilomètres plus tard, celle-ci étant fermée par un grand portail nous refaisons le même manège : un saut sur l'autoroute puis une descente de talus ! Épique soirée !

Nous passerons environ une semaine à Séoul et chaque jour nous aurons des surprises improbables et ça commence tout de suite !

Alors que nous petit déjeunons dans une boulangerie, un gars nous acoste et nous invite pour le repas de midi dans... son restaurant ! Bingo !


On fait une lessive bien méritée en attendant de digérer le p'tit dej' et que l'heure du repas de midi approche. C'est un restau Thaï et on se régale de délicieux plats qui nous ramènent quelques mois en arrière, lorsque que nous roulions en Asie du Sud-Est ! De fil en aiguille, on se retrouve à aller prendre le café dans une... bijouterie ouverte par sa femme le jour même ! C'est peut-être bien la seule fois de notre vie où l'on mettra les pieds dans ce genre de boutique surtout pour boire un café !


Nous nous remettons ensuite en selle pour rejoindre le Parc National de Bukhansan. Ce grand parc plein de forêts et de sommets rocheux commence exactement là où la ville s'arrête. Ce qui veut dire que le métro vous conduit aux départs même des sentiers et que grimpeurs et randonneurs débarquent ici en transports en commun. C'est une fois de plus assez fou de découvrir tant de nature sauvage à deux pas d'une des plus grandes villes du monde !

Je profite de ce passage en ville pour une énième réparation de mes chaussures et deuxième cadeau du jour, ce gentil cordonnier m'offre la réparation !

Pour rejoindre Bukhansan, nous optons pour le chemin le plus court mais c'était sans penser que la mégalopole est entourée de montagnes... Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?

Parfois le plus court est aussi le plus raide et le plus costaud, ce sera le cas ce coup-ci ! Il aura fallu s'y mettre à deux pour pousser un seul vélo et il aura fallu aussi deux demi-cerveaux pour se rendre compte au sommet de la colline qu'il ne restait plus qu'à redescendre de l'autre côté et qu'on était encore bien loin d'arriver ! Bref, on n'est pas prêt d'oublier les collines de Séoul !

Après cette épopée cycliste digne d'une étape de montagne du tour de France mais avec des coureurs qui mettent pied à terre et avec les spectateurs et le maillot jaune en moins nous arrivons enfin à destination !

Avant d'aller rendre visite aux parois nous faisons une pause au CAC (Corean Alpine Club) où l'on espère glaner quelques infos. Et les surprises continuent !


Dans ce local au sous sol, décoré de magnifiques photos en noir et blanc, agrémenté d'une bibliothèque bien fournie, des gens nous attendent avec impatience. Prévenus de notre arrivée par on ne sait exactement qui, notre séjour à Bukhansan prend des airs de vacances au club med !


Pas de topo mais des personnes adorables prêtes à nous guider chaque jour.

On nous trouve tout d'abord un coin de jardin où nous pouvons poser notre tente gratuitement et l'on nous présente toute une foule de personnes, toutes plus gentilles les unes que les autres. Le soleil n'aura fait que de rares apparitions cette semaine là mais tous ces sourires et cette bienveillance auront illuminé nos journées !


Nous découvrons la mythique paroi d'Insubong dès le lendemain matin. Kim, notre guide du jour fixe un rendez-vous très matinal. Aujourd'hui, nous sommes samedi et ce jour-là à Insubong c'est jour de très très grosse affluence, nous le découvrirons plus tard.

Une côte très très très raide à vélo nous mène au bout de la route. La journée aurait pu se terminer là, nous sommes déjà fatigués !! Mais le triathlon continue de plus belle et une marche d'approche parcourue à la vitesse des éclairs s'en suit. C'est à la fin de celle-ci que nous apprenons que Kim est, dans la vie normale, pilote d'avion : voilà ceci qui explique cela !


Ce jet privé nous dépose en quelques minutes au pied de la belle paroi d'Insubong, une des belles et grandes parois du massif.

À votre avis quel point commun y a-t-il entre South Howser Spire aux Bugaboos, Sentinel Rock au Yosémite, l'Arête Sud-Ouest du Fitz Roy et la paroi d'Insubong ?

Yvon Chouinard est venu y balader ses chaussons et c'est dans ses pas que nous allons grimper aujourd'hui.


Notre avion à réaction nous dépose au pied de la voie Chouinard A : c'est clé en main, il ne reste plus qu'à grimper !

... Ou plus exactement, il ne reste plus qu'à pousser sur les pieds, tirer sur les bras et coincer une fois de plus toutes parties du corps qui peuvent l'être !!

La ligne est évidente, le dièdre parfait et la grimpe magnifique !

On ne peut s'empêcher de penser à ce grimpeur fameux et à la joie avec laquelle il a du découvrir cet itinéraire encore vierge après avoir fait ses armes sur les parois américaines !


La dalle bordant le dièdre est parfaitement sculptée dans les premières longueurs, c'est un échauffement parfait. Puis peu à peu, l'ensemble se redresse et bientôt il n'y a plus pour prise que cette large fissure. Coincements, dulfer, tous les moyens sont bons pour gagner quelques centimètres !


Nous sommes seuls dans la voie, une chance en ce samedi ! Sortis des difficultés, il ne nous reste plus qu'à contourner le grand toit, formant un bec caractéristique qui domine la paroi d'Insubong. Le belvédère est parfait !


Sous nos pieds, à la base de la paroi, des dizaines de grimpeurs affluent. Ils sortent de la forêt, le nez en l'air, marquent tous une courte pause, puis petit à petit, prennent de la hauteur. Tels de petites fourmis sur un gros bloc de granit, il y en a, en quelques minutes, partout ! Véritable marée humaine qui envahit le rocher quand l'heure du week-end a sonné ! Quel spectacle !


Un samedi, un massif montagneux à deux pas d'une capitale, des parois magnifiques accessibles en transports en commun, voilà qui explique en partie cela mais aurait-on imaginé un tel engouement pour la randonnée et l'escalade ?

Grimpeurs de tous âges, de tous gabarits, de tous niveaux et de tous styles, quelle diversité sur ce bout de rocher !


Nous atteignons les dalles sommitales d'Insubong et découvrons qu'un sommet se cache juste derrière. Là encore une colonie de fourmis équipée de sac à dos, de chapeau de soleil et de bâtons est à l'assaut !


Quelques rappels nous déposent à un petit col et un sentier nous ramène à nos vélos, il ne reste plus qu'à s'agripper aux freins pour rejoindre notre camp de base, quelle descente !!!


Le lendemain, nous avons rendez-vous avec Sangho, Sue et Mister Park pour grimper une longue voie de 12 longueurs, "Rescue route".

Deux cordées nous précédent, il fait chaud et l'on n'a jamais vu des 5.9 aussi difficiles ! La journée va être longue : Dalles lisses, fissures fines, fissures larges, dièdres et petit toit à franchir, tout y est !


Nous formons deux cordées. Mister Park ouvre la voie avec Sue et Sangho et nous suivons derrière. Une à une nous avalons les longueurs et chaque relais est un bon moment d'échanges et de rigolades.



Il fait très chaud et nous sommes ravis quand à la moitié de la voie, une pause pique-nique s'improvise à l'ombre des arbres sur une large vire. Nous sommes surpris de voir nos compagnons de cordée, retirer leurs baudriers et sortir une nappe et une quantité phénoménale de nourriture !! Le mystère du volume et du poids des sacs est éclairci !


Lorsque nous nous remettons en action, la paroi est passée à l'ombre, il fait bien meilleur !

Quelques belles et difficiles longueurs nous conduisent au sommet puis quelques instants plus tard, nous fêtons la fin de cette belle journée autour d'une délicieuse glace. Spécialité coréenne, le "patbingu" est un gros bol de glace au lait pilée et agrémentée de fruits, de haricots rouge ou encore de gâteau de riz. Un délice surtout après une si chaude journée et lorsque c'est partagé en si bonne compagnie !


Chaque jour, à Bukhansan, nous faisons connaissance avec des grimpeurs, des himalayistes, des glaciairistes et des voyageurs, tous membres du CAC. Les mots qui reviennent le plus souvent dans les conversations sont "Chamonix" et "Dolomites". À part nous, toute la Corée y sera dans les prochaines semaines !!


Nous ne comptons plus combien de soirs, nous avons été invités au restaurant, combien de bières nous avons partagées, ni combien de récits d'expédition nous avons écoutés !


C'est ainsi que dans un même bar et durant une même soirée, nous rencontrons :

- Le frère de Cho (Cho était avec nous sur le voilier quelques semaines plus tôt)

- le premier Coréen à avoir gravi les trois grandes faces nord des Alpes

- un fabriquant de piolets de dry tooling

- 5 personnes ayant fait le Cervin dont 3 par la face nord

- 3 qui partent en vacances à Chamonix la semaine suivante

- 2 en partance pour les Dolomites

- Le rédacteur en chef de la revue Alpinist Korea

- un glaciairiste fameux

- les ouvreurs de la paroi rouge à Seoraksan

- des summiters de 8000

- la maman de Kim Jain, grimpeuse qui gagnera la semaine suivante la coupe du monde de Chamonix !


Ici les infos circulent à la vitesse grand V et nous sommes à chaque fois très étonnés quand des inconnus, rencontrés en plein Séoul ou au pied des parois nous saluent, sortent de leur smartphone des photos que nous n'avons jamais vu mais sur lesquelles nous apparaissons ! Le monde de la montagne Coréen semble encore plus petit ici qu'ailleurs !

Les jours suivants s'annoncent sombres et humides, il pleut presque tous les jours. Notre spot de bivouac atteint un taux d'humidité record et nos duvets resteront humides des jours et des jours !

Nous en profitons pour aller nous mettre à l'abri et visiter un très grand musée à Séoul, pour dessiner un peu et pour faire un peu d'exercice dans une belle salle d'escalade : voies, blocs et même dry tooling sont au programme !


La pluie abondante a rendu humide les fissures mais avec un peu d'imagination et de motivation, nous arrivons à partager avec Mister Park, une dernière voie sur Insubong et profiter du soleil revenu. Quand il n'y a plus que dalle à grimper, il reste toujours les dalles !


Le soir même, alors que notre départ pour l'hémisphère sud est imminent, nous avons rendez-vous au CAC pour une soirée un peu spéciale.

Comme un beau bouquet final à ce fantastique feu d'artifice asiatique, la veille de quitter le continent, une chouette soirée est organisée. Durant celle-ci nous aurons pu partager avec tous nos invités quelques images de notre longue balade vers l'Est...


Une belle affiche, une organisation au top, un grand écran, des grimpeurs, des cyclistes, des voyageurs, une traductrice, un photographe officiel, plein de questions auxquelles répondre et une cagnotte pour nous aider à continuer ! What else ?

Des yeux qui brillent, des sourires, des tonnes de bonheur à partager et surtout des souvenirs que nous ne sommes pas prêts d'oublier ! Quels incroyables moments de partage !


Merci la Corée pour ce fabuleux accueil !

사단법인 한국산악회 Corean Alpine Club !