lundi 27 juillet 2020

Aravis... Love story !

Prenez un gros ours et une petite souris, saupoudrez d’une bonne grosse dose d’amour et de quelques cuillères de bonne humeur, assaisonnez de quelques pincées de motivation. Agrémentez le tout de grands rochers calcaires, de quelques flaques de neige, couvrez de quelques nuages, humidifiez avec dix gouttes de pluie puis laissez quelques rayons de soleil réchauffer l’ensemble. 
Enfin, ajoutez à la préparation, la petite guide que je suis et un chandelier ! C’est parti pour deux journées totalement love à travers les Aravis.
C’est le printemps, la saison des amours diront certains… J’y suis en plein !!


Guider au milieu des petits cœurs qui volent, grimper en entendant les bisous qui claquent au relais sous mes pieds, et lancer un « faites gaffe dessous » au milieu des « je t’aime… moi zaussi ! », en voilà une sacrée expérience !
Vous me direz que c’est toujours plus agréable que des clients qui se battraient accrochés en bout de longe, au relais ou ceux qui bouderaient chacun à un bout de la longueur ! 

Pour autant guider des amoureux n’est pas toujours chose aussi aisée qu’on pourrait le croire !
Comment chercher (et trouver !) son chemin au milieu de tant d’amour ?? Comment tenir un horaire avec toutes ces pauses bisous ??? Comment se sortir de la tête « les amoureux » de Brassens qui s’bécotent au relais ou encore les « mon cœur, mon amour… mon amour, mon cœur » d’Anaïs qui tournent en boucle dans mes oreilles ?? 
Comment pouvoir passer quelques consignes aux apparences inutiles au milieu d’un flot ininterrompu de mots doux essentiels ? Comment expliquer aux amoureux que, non, on ne peut pas faire un rappel accrochés ensemble ! Qu’il faut se séparer le temps d’un instant seulement… Ou encore que grimper en flèche ne veut pas forcément dire grimper côte à côte ! Et les sentiers de rando, pourquoi sont-ils si étroits ?? On ne peut même pas marcher en se tenant par la main !! 



Allons bon…
J’ai la chance de savoir ce que c’est que l’amour fou alors je serai indulgente avec mes deux tourtereaux ! Un bisou par ci, un câlin par là, nous voilà partis !

Pour la première journée, on opte pour une petite mise en jambe sur la Pointe Dzérat en grimpant « les demoiselles du Grand Bo » suivi d’une légère mise en bras avec « Villards ladies ». Quatorze longueurs d’escalade, prolongées par un bout d’arête et un joli rappel en fil d’araignée. Pour une première expérience en grande voie ce n’est pas mal pour la petite chérie ! On finit même sous la pluie en désescaladant des dalles inclinées trempées… Même pas peur et même pas mal,  une fois la journée terminée : Ouff, ils s’aiment toujours ! On va pouvoir continuer !


Le lendemain, nous sommes donc prêts à nous attaquer à la reine des Aravis : la Pointe Percée et son arête du doigt. Et mon petit doigt me dit que la love story va continuer de plus belle !
Pourtant je mise sur un réveil matinal, une approche un peu longue, des sacs un peu lourds, une séance de cramponnage avant d’attaquer la grimpe et un peu de grimpe en grosses pour calmer les ardeurs amoureuses… 
Erreur ! « Mon p’tit cœur, mon p’tit chat et mon amour »… C’est reparti pour aujourd’hui !



Aucune ombre au tableau. Escalade, desescalade, rappel, arête effilée, petite longueur raide et même quelques pas d’artif n’y changeront rien !! Malgré la fatigue accumulée, la faim, la soif, le mal aux pieds et sûrement un peu aux bras, au sommet ça va toujours ! Reste la descente par la voie normale encore bien enneigée et le long retour à la voiture… et là, ça va encore ! Quelle belle journée ! 
On programme même de nouvelles aventures…


Finalement, dans tout ça, c’est pour moi que c’était le plus fatiguant ! J’ai la tête comme une pastèque et surtout j’ai trouvé ça crevant de grimper avec une seule main… Puisqu'avec l’autre, je devais tenir la chandelle !


Spéciale dédicace à JP et à Faye pour ces deux belles journées !