lundi 9 juillet 2018

Autant en emporte le vent !


Je ne saurais plus trop dire quel vent d’enthousiasme (ou de folie !), nous a amenés à prendre, en plein mois d’avril, la direction, par la voie des airs, du grand nord alors que toute personne normalement constituée s’envole, à cette époque là, vers le grand sud !

Très probablement, le besoin de prendre un grand bol d’air en passant des vacances au grand air, loin des foules... Autrement dit, sans personne aux alentours pour nous pomper l’air. Il faut dire qu’il n’y a rien de tel que les activités de plein air où l’on joue avec le vent pour prendre l’air !

Aller chercher la neige et le froid, quand tout le monde rêve de soleil et de caillou chaud, c’est étrange ! Il faut sûrement être un peu tête en l’air, voir même être un peu bête, avoir du vent entre les oreilles pour ainsi dire… Les quelques bières englouties, avant l’achat des billets, peuvent peut-être aussi expliquer un tel choix. Nous avions, il faut bien l’avouer, du vent dans les voiles ou un coup dans l’aile quand nous avons choisi la destination de nos prochaines vacances…

Toujours est-il, que l’idée de se laisser porter au gré du vent était d’abord une idée de mon aventurier d’amoureux. Une chose est sûre : ce mec là a du vent plein son sac. Du vent, il en vend ! Mais ce coup-ci, j’aurai dû me méfier, ce n’était pas des paroles en l’air !
Je dois, cependant, bien avouer que, l’air de rien, c’est un peu ma faute aussi, puisque n’ayant pas senti le vent tourner, j’acceptais volontiers la proposition. De toute façon, refuser une telle invitation aurait été, pour lui, synonyme de se prendre un vent. Suite à quoi, il aurait pu s’imaginer, à tort, notre amour éventé et c'eût été dommage puisque jusque là, entre nous, le vent était à l’optimisme ! On peut même dire que jusqu’ici, ensemble, nous vivions à tout vent.
Plus souvent en vacances qu’au boulot, plus fréquemment en train de nous amuser qu’en train de travailler. On nous demandait parfois si nous vivions de l’air du temps ?!
Complices, on devait même avoir un petit air de famille puisque parfois on nous prenait pour… père et fille ! D’autres, parlaient de prof, de stagiaire ou d’éthique… Nous préférions alors marcher droit contre le vent sans répondre. Mettre un vent aux gens, devenait alors notre spécialité !

Pour une fois, nous ne choisissons pas de grimper sur des montagnes pour en redescendre aussitôt mais nous nous baladons, le nez au vent, en jouant avec des cerf-volants sans itinéraire prédéfini… Autant dire que c’est du pareil au même puisque c’est une activité complètement inutile pour la plupart des gens censés qui diraient une fois de plus : Ces deux là, ils brassent de l’air !
On ne pourrait pas leur donner complètement tort, tout comme d’ailleurs, s’ils venaient à nous qualifier d’écolos. A l’heure où dans le milieu des activités de plein air, la mobilité douce a le vent en poupe ; faire du ski en se faisant tracter par des voiles apparaît comme une activité complètement dans l’air du temps ! Phénomène à la mode, en faisant du snowkite, nous sommes donc doublement dans le vent !

Vacances en amoureux. Pourtant, il faut être un peu tête en l’air pour proposer à sa copine d’aller faire du camping au mois de mai, à 69° de latitude nord, en dormant dans un abri de toile ouvert aux quatre vents, l’obligeant à sortir faire pipi les fesses à l’air dans la neige sans paravent aucun, à lui lâcher des vents sous le nez ou dans le duvet partagé (il ne manque pas d’air celui là !), en se nourrissant de caviar en tube quand celle-ci rêvait peut-être de vol-au-vent au saumon et en passant ses journées à jouer, chacun dans son coin, avec de simples cerf-volants !
Pourtant, c’est bizarre, mais je crois bien que, contre vents et marées, je le suivrai !

Ce qui devait arriver, arriva : dès le premier courant d’air, tout se gâta…
Qui sème le vent récolte la tempête : notre couple se mit à battre de l’aile !
Chacun reporte toute son affection sur un simple bout de tissu coloré agrémenté de quelques ficelles flottant au vent. Nous mettons les voiles et prenons de la distance jusqu’à finir par nous éloigner totalement. Nous souhaitant même « Bon vent !» avant de nous séparer. Épisodiquement, nous nous croisons en coup de vent entre deux bords tirés, prêtant à peine attention l’un à l’autre et pour finir nous faisons même tout notre possible pour nous éviter. Pour tout dire, se rencontrer serait même synonyme de collision… C’est, en quelques sortes, comme si notre amour se dispersait aux quatre vents…

N’ayant jamais eu vent de la moindre leçon de snowkite, je prends le partie d’improviser ! La voile par ci, la voile par là… mais jamais je n’arrive à tenir le cap convoité. Ma voile flotte au gré du vent sans conviction puis retombe comme un chiffon désordonné.

Agacée, je prends un air ronchon et décide de plier bagage la voile.
Mon compagnon d’aventure prend alors des grands airs de « Monsieur Je sais tout sur le kite » et me regarde l’air dépité. Il emploie des mots qui ne veulent rien dire… « Près du vent », « sous le vent », « bout de fenêtre »…
La seule explication que j’y perçois est que j’ai, tout simplement, le mal de l’air !

Mais tout ceci ne dure qu’un temps et bientôt le vent tourne en ma faveur
Vent favorable en vue !

Vent arrière, vent debout, vent travers, petit et grand largue, bord d’attaque, frein, avant, barre, suspentes, … n’ont bientôt (presque) plus de secret pour moi. Je vole enfin de mes propres ailes et j’ai le sourire jusqu’aux oreilles !

Je ride avec cet air ravi des heures durant…
Du petit vent fripon, au glacial vent d’hiver en passant par le vent à décorner des bœufs rennes à la légère brise, au premier coup de vent, toutes voiles dehors, nous voguons !
Heureuse, je file comme le vent. Mes skis rayent la neige dure et lisse à toute allure. Cette sensation de vitesse incroyable me donne un sentiment de liberté. Aussi, je m’imagine déjà sous mon futur kite violet sur la banquise, zigzagant entre morses et ours polaires en ce cinquante-troisième jour d’expédition, en autonomie complète !

Bref, pour tout dire, je me sens pousser des ailes !
Je suis ravie du bon vent qui m’a menée ici, jusqu’à ce que subitement, il y ait de l’orage dans l’air…
Les premiers sauts en parachute ou les premiers vols en parapente sont souvent des surprises que l’on offre gentiment à ses amis.

Moi, c’est une saute de vent qui m’offre, par surprise, ce premier baptême de l’air. Décollage et atterrissage totalement incontrôlés pour un vol plané qui me paraît durer une éternité. Me voilà à plat dos sur la neige dure, les quatre fers en l’air, un peu sonnée. Seules les traces laissées dans la neige témoignent de l’acrobatie que je viens de réaliser malgré moi…

Serait-ce cela que l’on appellerait « s’envoyer en l’air » ?!?
Étrange… je n’ai pas trouvé ça aussi agréable que ce qu’il se raconte…

Assise au beau milieu de cet immense lac gelé, je suis toute seule, un peu vexée et j’ai un peu mal au dos…

Mais soudain à l’horizon, la vision d’une petite forme colorée qui flotte dans le ciel me sort de mes songes et de ma rancœur. La petite voile bouge tranquillement, elle s’enroule sur elle-même, vacille d’un côté, reviens de l’autre, tangue, chavire, roule. Elle vole ! Elle danse en rythme comme sur un air de musique

C’est tellement beau que je me remets sur pattes, démêle mes nœuds, gonfle ma voile et m’élance à la poursuite de cet artiste pour, moi aussi, participer au concerto…

Un duo, c’est toujours plus beau qu’un solo !

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