samedi 2 novembre 2019

L'intrus de la tribu ?

C'est drôle comme l'élève (puis la maîtresse d'école) que j'ai étée, aurait toujours juré que les deux mois de vacances estivales passaient dans le film de ma vie en vitesse accélérée.
"Un peu de liberté ? … D'accord, mais on vous donne seulement deux mois : alors faites vite !"

A peine en vacances, le temps de découvrir un peu le monde ; de crapahuter à droite, à gauche ; d'oublier comment se tient un stylo et comment on conjugue le verbe "étudier" au présent de l'indicatif et déjà la cloche de la cour de récrée annonçait la rentrée des classes. Il fallait alors lâcher les coinceurs et reprendre les crayons, troquer sac à pof et sac à dos contre trousse et cartable. Il fallait reprendre la direction de la maison puis de l'école, la motivation bloquée au niveau des marques blanches sans bronzage, laissées par de grandes chaussettes portées tout l'été… 
 

 
Maigres consolations de ces petits plaisirs retrouvés : le confort d'un matelas, d'une douche tiède ; l'achat du beau stylo ou encore la joie d'enfiler une petite robe légère (tampi pour les marques de bronzage agricole...).

Septembre 2000, je me souviens comme si c'était hier, de ma rentrée en classe de 4ème. Trois jours plus tôt, du haut de mes 12 ans, je me trouvais au sommet d'une grande bosse enneigée, bien loin des plages Languedociennes : le Mont Blanc. 
Comme seul témoignage de cette aventure, le jour de la rentrée, un air de chouette heureuse : la trace de bronzage des lunettes et un sourire accroché aux oreilles. Lorsque l'on s'est gentiment moqué de moi en me demandant si j'arrivais du ski, j'ai bien tenté d'expliquer que là haut à 4000 mètres d'altitude, il y a des glaciers, de la neige même l'été, la lumière du soleil qui se réverbère dessus et qu'il y a aussi mon nez et mes joues qui grillent ! Donner quelques détails supplémentaires concernant un improbable réveil à minuit, des heures et des heures de marche ou encore l'utilisation de crampons même sur du rocher s’avérait complètement inutile. 
Sur mon petit nuage, j'obtenais néanmoins le privilège de débuter l'année scolaire bien étiquetée : "Menteuse".
Ne pouvais-je simplement avoir des préoccupations différentes ?
 

 
Sans smartphone, sans publication Instagram et sans hashtag, une "ascension précoce" du toit de l'Europe ne faisait, à l'époque, pas le buzz dans une cour de récrée du sud de la France et finalement c'était tant mieux…

Les années scolaires sont venues s'empiler les unes sur les autres et les étés ont continué de défiler, toujours à la vitesse grand V. Mais qui accélérait donc le temps ??
Ecole, collège, lycée, fac, iufm et puis me revoilà à la case "départ" : l'école. 12 ans plus tard.

Septembre 2012, réunion de rentrée dans une école Française en Andorre. Mes collègues ont un joli teint doré, témoignage des longues heures passées sur des plages de la Costa Dorada. J'ai les jambes bien pâlichonnes et très probablement, une fois de plus, la marque des lunettes au bout du nez.
Décalée ?
Publications et réseaux sociaux, à présent, permettent de s'intéresser un peu à la vie extra-scolaire de ses collègues de travail. On me demande si j'ai pu faire un peu de randonnée cet été… Je réponds positivement en souriant. 

 
Les pieds dans le système scolaire mais la tête restée sur les sommets, je repense alors à ces derniers jours du mois d'août et à cette folle aventure partagée avec 5 amis… Trois jours de chevauchées d'arêtes rocheuses, de rappels effrayants, d'arêtes de neige interminables pour rejoindre, une nouvelle fois, le sommet du Mont Blanc.
 

Une belle expérience agrémentée de sacs très lourds, de bien peu d'heures de sommeil, saupoudrée de quelques flocons de neige et de quelques coups de tonnerre. L'intégrale de Peuterey : Mais oui ! Quelle belle randonnée ! 
  
 

Septembre 2019, amphithéâtre de l'ENSA.
Ce soir, c'est la kermesse de l'école : Remise de diplômes factices et sourires hypocrites au rendez-vous… Fini les cartables et les stylos, ce coup-ci, c'est une corde et un piolet que l'on me tend sur l'estrade !
Tout le monde a un peu la trace des lunettes sur le nez et tous mes collègues ont eux aussi un bronzage assez hétérogène.  Point commun, nous avons tous fait de la "randonnée" tout l'été.
 
 
Grimper, guider, marcher, accompagner… Cette fois, j'ai visiblement à faire des gens de la même tribu que moi.
Pourtant lorsque l'on me pose la question : "Et maintenant, tu va faire quoi ?"
Et que je m'exclame sur-enthousiaste : "De la poterie !" On m'observe, une fois de plus, comme une extraterrestre. Allez comprendre…
 
Mais avant de me jeter sur mes pains de terre et sur mon tour, encore quelques jours de boulot m'attendent.
 
Une magnifique aventure en compagnie de quelques hommes et femmes aux origines et couleurs diverses, aux facultés physiques différentes et aux âges variés, venus de tous horizons pour imaginer "La cordée de la diversité" dans laquelle la différence serait tout simplement une chance, un atout pour le groupe.
 
 

Quel plaisir de partager ces bons moments avec un de mes meilleurs amis et quatre copains, tout comme moi, récemment diplômés.
 
 
Ce tout premier Mont Blanc, en tant que guide cette fois, clôturera à merveille cet été, qui croyez le ou non, m'aura semblé incroyablement long !!!!!
 

1 commentaire:

  1. Salut Lara, comme toi mes parents m'ont permis de découvrir la montagne alors que je ne savais pas encore marcher. Et comme toi, je me suis retrouvé au sommet du Mont Blanc alors que j'étais encore un enfant (11 ans). On a quand même eu de la chance !
    En espérant te voir bientôt à Toulouse ou ailleurs.
    Bises. Laurent.

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