lundi 16 décembre 2019

Et si on commençait par "S'initier à l'alpinisme" ?

 
Il y a quelques semaines, le magasine "Outdoor Go!" m'a contacté pour me demander de répondre à quelques questions au sujet d'un futur dossier intitulé "Objectif : premier 4000". 

"Objectif : Premier 4000"... J'avoue que c'est typiquement le genre de formule qui m'exaspère un peu... D'autant plus, lorsque celle-ci s'adresse à un public n'ayant aucune réelle connaissance ni de la haute montagne, ni de la pratique de l'alpinisme. 
Pour autant, j'ai trouvé l'exercice intéressant : tenter de formuler quelques idées et d'y exposer mon point de vue, en toute honnêteté en imaginant que ce serait très probablement coupé au montage ! 
 
Que représente la barre symbolique des 4000 pour la plupart des gens ? 
 
J'ai malheureusement l'impression que cela reste plus souvent un défi à atteindre qu'un prétexte pour découvrir une activité, un milieu naturel particulier, une manière de s'y adapter et de s'y déplacer...
Sans compter que lorsqu'on évoque ce fameux "Premier 4000", c'est bien de l'ascension d'un sommet de  plus de 4000 mètres d'altitude dont il est question et non pas de la courbe de niveau des 4000. On privilégie donc ainsi l'atteinte d'un sommet, pourtant aléatoire pour toutes sortes de raisons évidentes plutôt qu'une expérience à vivre et à partager… 



Dans nos massifs européens, se déplacer à 4000 mètres d'altitude, tout comme à 3500 mètres d'ailleurs, requiert tout d'abord quelques compétences d'alpiniste. Modestes, il est vrai, pour fréquenter certaines voies normales menant à des sommets de plus de 4000 mètres de haut ou beaucoup plus exigeantes pour parcourir d'autres itinéraires, parfois même à beaucoup plus basse altitude. Le risque, quant à lui, est aussi inhérent à l'activité. Que les clients en soient conscients afin de l'accepter ou non me paraît essentiel.


Peut-être faudrait-il alors tout simplement commencer par s'initier "tranquillement" à l'alpinisme ? 
 
Cette initiation peut être, à mon sens, un vrai premier objectif en soi. 
Privilégier des sommets secondaires, en sortant des sentiers battus et des voies normales souvent sur-fréquentées, favoriser le temps passé en immersion, peut permettre de faire découvrir à nos clients ce que l'on vient véritablement chercher en se baladant en montagne : le calme et le temps pour la contemplation de paysages incroyables. Je vois l'alpinisme comme une activité permettant de parcourir ces derniers et de prendre du plaisir dans l'effort que cela nécessite . Atteindre un sommet, suivre tel itinéraire ou grimper une voie particulière sont, là aussi, des prétextes pour vivre une expérience déconnectée du monde d'en bas, la partager et passer de bons moments avec ses compagnons de cordée.
 
Voilà quel était mon état d'esprit lorsque j'ai pris le stylo pour essayer de répondre à cette demande d' "Outdoor Go !"... 
 
Merci à eux d'être restés fidèles dans la transcription de mes propos, heureuse de lire les points de vue de mes deux collègues (Sylvain Frendo et Yvan Estienne) finalement pas si éloignés du mien et satisfaite de l'orientation qu'a pris cet article (passant de "Objectif : Premier 4000" à "S'initier à l'alpinisme") . Bravo pour ce beau numéro !
 
 

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