vendredi 20 novembre 2020

Mont Blanc, la liberté retrouvée !


En 2000, il y a pile 20 ans, la petite fille que j’étais, s’était laissée trimballer par des plus grands jusqu’au sommet du Mont Blanc. Aujourd’hui, en 2020, la "grande fille" que j’essaie d’être y a guidé à son tour... sa maman !

La promesse datait déjà d'il y a quelques années. Une petite fête dans les Pyrénées, des bougies et des paquets cadeaux pour un passage à une nouvelle décennie : "Maman, pour tes 60 ans, je t'emmène au Mont Blanc !" 
A l'époque, point de diplôme de guide en poche et pas même de proba à l'horizon. J'avais bien, par le passé, atteint déjà une fois ce sommet mythique en suivant la voie dite "normale" puis quelques autres fois, des années plus tard, en sortant de voies diverses et variées qui ne m'avaient d'ailleurs pas parues si "anormales" tant je les avais trouvées élégantes !
Mont Blanc était alors synonyme pour moi de bons souvenirs vécus là haut et partagés en très bonne compagnie. Faire cette ascension avec ma maman pouvait alors être l'occasion de lui faire découvrir un peu ce qu'on vit en haute montagne. Mais cela pouvait être aussi l'occasion de la remercier de m'avoir fait confiance, quand à quelques jours de ma rentrée en classe de 4ème et du haut de mes 12 ans, elle me laissa partir pour un aller-retour express Béziers-Chamonix avec dans mon sac à dos quelques barres de céréales achetées à la hâte, mon pantalon de ski trop grand et mes koflachs toutes aussi grandes !


L'occasion de partager cette aventure ne s'était alors pas présentée immédiatement car je passais mes vacances d'été de maîtresse d'école à grimper aux quatre coins du monde. Les années ont passé et de fil en aiguille, guider des gens, entre autre sur ce même sommet, est devenu un peu mon métier. 
Saisons d'aspi bien remplies, parents en vadrouille estivale, le temps passait et la promesse semblait s'éloigner peu à peu... Pourtant j'y pensais et quelque chose me dit qu'elle aussi !
Mais au delà de la seule problématique de faire concorder nos plannings, n'était-ce pas, maintenant, l'idée même de l'emmener, tout simplement gravir le Mont Blanc qui me gênait ? 


J'avais, au fil des étés, eu l'opportunité de guider là haut toutes sortes de personnes. Parmi celles-ci, certaines n'avaient pas forcément le niveau physique pour une telle ascension, d'autres ignoraient tout simplement les techniques, même basiques, de l'alpinisme. Quelques unes étaient curieuses d'apprendre alors que d'autres ne semblaient s'intéresser à rien, pas même aux consignes de sécurité que je leur donnais. Certaines découvraient les yeux ébahis ce milieu beau et hostile alors que d'autres n'avaient pas l'envie profonde d'appréhender la haute montagne, de s'initier à l'alpinisme et de partager des moments forts encordés...
J'en étais parfois un peu dépitée...
Tous avaient néanmoins un porte monnaie relativement bien rempli et tous s'étaient retrouvés pris, quelques jours durant, dans la cohue de la voie normale, autoroute vers le sommet du Mont Blanc. L'hypothétique atteinte du sommet avait  alors transformé en échec ou en réussite la sortie. 
Échec ou réussite... Ai-je vraiment fait le choix de faire cette activité pour cela ? 

Horaires de train à surveiller, refuges extrêmement chers, pénibles à réserver et souvent bondés, couloir du Goûter à traverser, chutes de pierres à éviter, itinéraire surfréquenté... Était-ce vraiment ce que je souhaitais faire découvrir à ma maman ? Ce Mont Blanc n'était-il pas finalement devenu, à mon sens, comme un "cadeau empoisonné" ?

Ne fallait-il pas tout simplement repenser l'ascension ? Réinventer le parcours ? Adapter l'itinéraire à sa bonne forme physique et à ses modestes capacités techniques ? Fuir les foules, être autonomes, prendre le temps, profiter...
Privilégier la balade qui peut mener à la cîme plutôt que l'atteinte du sommet lui-même, vivre une expérience qui nous ressemble et partager de bons moments.

Voilà dans quel état d'esprit je me trouvais lorsque cet été, je profitais que mes parents soient en virée dans le Vercors pour leur proposer de prolonger leur balade dans le Vercors par un petit crochet dans la vallée de Chamonix.


C'est avec nourriture, réchaud et matos de bivouac dans nos sacs à dos que nous quittons le Val Veni en famille, par une belle journée ensoleillée du mois de juillet. Une maman déguisée en alpiniste, un amoureux en mode grand reporter et moi, en mode guidette, qui ne sait d'ailleurs même pas où débute le sentier pour rejoindre le glacier ! Il y a même un papa randonneur (et taxi) qui nous accompagne pour cette première heure de marche. Nous sommes quatre funambules sur cette moraine on ne peut plus effilée. 
Baptême du feu ! "La suite ne sera pas plus aérienne, c'est promis !" 


Remonter le long glacier plat du Miage aux allures bien minérales occupera toute notre matinée. On cherche le cheminement le plus aisé dans ce chaos de blocs de toutes tailles.  Ambiance sauvage au rendez-vous, je ne regrette déjà pas la variante choisie. Pas un bruit et presque personne à l'horizon, si ce n'est ces deux cristalliers qui cherchent fortune à coups de marteau dans ce soubassement poussiéreux et instable.
Peu à peu les cailloux deviennent moins gros puis moins nombreux, les flaques de neige s'agrandissent, on ne pouvait espérer mieux pour marcher plus confortablement...
Il y a bien quelques zébrures qui rayent le blanc ça et là : "Ah oui, c'est une crevasse ! Allez hop saute Maman !" 
Bientôt, le petit refuge de Gonella est en vue ! " Tu le vois ?! Oui, tout là haut !"
Accroché à flanc de montagne, posé sur un petit replat, cette jolie cabane surplombe le glacier du Dôme. La voie normale italienne, que nous avons choisie de parcourir, remonte cette longue langue de glace jusqu'au col des Aiguilles Grises qui donne accès ensuite aux Pitons des Italiens puis au col du Dôme. Mais tout ça est une autre histoire ! On verra demain !

Un casse croûte, une petite sieste sur un caillou et c'est reparti de plus belle ! Un névé plus raide donne accès à des systèmes de vires. Parfois aériennes, elles permettent de prendre rapidement de la hauteur. 


L'étroit sentier se transforme bientôt en via ferata : 
"Allez d'accord ! On sort la corde !"
Il est l'heure de Gonella lorsque nous débarquons sur la terrasse du Goûter... Ah non mince, c'est l'inverse !
Bruno qui a pris (avec quand même beaucoup de peine) un peu d'avance sur nous dans ce dernier ressaut raide, nous attend devant la porte afin d'immortaliser notre arrivée au refuge. Clic-clac, c'est dans la boîte ! 


En arrivant au refuge, Bruno avait aussi sûrement un peu hâte de jouer le diplomate... Je vous explique !
Réservation par téléphone quelques heures plus tôt  : "Trois personnes dont deux guides en nuitées seules... Non juste la nuitée, pas de demi-pension, merci. Comment ça ce n'est pas possible ?!? Comment ça ici ce n'est pas comme ça que ça marche ?!?!"
La conversation n'avait duré que trois minutes et pourtant...
Le gardien avait grincé des dents si fort que je pensais l'avoir entendu depuis le fin fond du Val Veni. Bruno était devenu tout rouge (ce qui n'arrive quand même quasiment jamais !). Quant à moi, je pestais durant une partie de la montée contre ces refuges de montagne qui n'en ont finalement plus que le nom pendant que ma maman, elle, s'inquiétait de savoir si le gardien allait nous laisser dormir dehors !!!! 
"Mais non maman, t'inquiète, on verra bien !"
Et on a bien vu... nos deux têtes étonnées lorsqu'on découvre à notre arrivée que Bruno et le gardien sont tout compte fait de bons amis !
"Ah Brounooo c'est toi ! Buongiorno ! Comment ça va depuis tout ce temps ?"
"... Ah c'est toi qui garde ici maintenant, c'est moi qui ait téléphoné ce matin !"
"Ah si ! Une birra ?"
Allez comprendre... Comme quoi, on ne regrette déjà pas d'avoir embauché cet agent de liaison là !


Bonne petite soirée tranquille, à peine une dizaine de personnes au refuge, c'est calme. 
On mange nos lyophs au chaud et on dort dans nos duvets et dans des lits dans un dortoir silencieux ! Grand luxe !

Tout le monde est déjà parti depuis quelques heures quand le réveil sonne pour nous. Lorsque l'on quitte le refuge par une grande traversée à flanc pour rejoindre le glacier, il fait encore nuit noire. Ce n'est pas si mal pour ceux (ou celles !) qui auraient une petite appréhension du vide. 
"Vas-y m'man, ça passe bien !"
Il fait encore tout noir aussi lorsqu'il faut enjamber puis sauter des crevasses de plus en plus larges. 
"Mais si, bien sûr que tu as les jambes assez longues ! Allez hop !"
... C'est vrai que mesurer 1m48, c'est plutôt pas très grand... et cette crevasse là, elle est plutôt pas petite ! ... Pourtant ça fonctionne ! "Bravo bravo M'man !"



Au lever du jour c'est tea time ! Le réchaud ronronne, la gamelle fume déjà lorsque nous rejoingnons Bruno qui une fois encore a pris un peu d'avance sur la caravane infernale ! Cuisto, ce coup ci ! Quelle chance !


Le lever du jour approche, le vent se lève et ces quelques gorgées brûlantes nous réchauffent et nous redonnent un peu d’énergie avant de rejoindre le 
Col des Aiguilles Grises. On prend bientôt pied (et main) sur une partie rocheuse pour gravir le Piton des Italiens : 
"Allez, il va falloir commencer à poser les mains ! ... non pas nues, avec les gants !"



Les crampons crissent, une petite voie couine un peu, mais petit à petit, nous prenons de l'altitude... 3900, 4000m...  
Bientôt sur notre gauche, l'arête de Bionnassay se dévoile au dessus d'une superbissime mer de nuages. Sur son fil, quatre équilibristes, deux cordées s'y promènent avec précautions. Le spectacle est juste magique ! 
Cette fois c'est sûr, la chance est avec nous !


Mais alors pourquoi ce vent froid souffle-t-il si fort ? "C'est une stratégie pour dissuader les foules d'aller au Mont Blanc ! Regarde, on voit l'Arête des bosses et le sommet tout là bas ! Personne : le rêve !"


Grosse doudoune, capuche, moufles... On sort tout l'attirail digne d'une hivernale sur le toit de l'Europe. Ce dernier est d'ailleurs également coiffé d'un gros nuage qui témoigne que la ventilation tourne à plein régime là haut aussi. Nous sommes à nouveau trois sur la corde. Cette dernière est bien tendue et pour cause : A chaque bourrasque le vent s’engouffre entre nous, la corde se soulève, se tend et dessine un arc de cercle. Ambiance garantie !



Nous continuons notre chemin le long d'une jolie arête neigeuse sous des rafales toujours plus puissantes en direction du Dôme du Goûter puis du Col du Dôme... Je me retourne de temps en temps pour apercevoir une minuscule petite maman qui tente de garder les pieds au sol, en s’agrippant à ses deux bâtons. 
...hum... pas forcément gagné me dis-je à cet instant...
A quoi pense-t-elle ? Y croit-elle encore ? A-t-elle froid ? peur ?


Je lui fais un signe du pouce pour l'encourager et peut-être pour la rassurer aussi un peu... Le langage des signes est de mise car nos paroles s'envolent instantanément dans ce grand tumulte. Le bon côté des choses, c'est qu'il est assez facile pour moi de faire mine de ne pas comprendre ce qu'elle essaie de m'expliquer. "Demi tour", "fatiguée", "descente", "trop de vent", "peur"... Je fais la sourde oreille et lui refais un signe du pouce vers le haut... vers le sommet ! Bruno semble approuver et nous filons à grandes enjambées vers l'abri Vallot.


Cet abri de tôle nous offre un réconfort qui n'a pas de prix, un moment de répit dans la tempête. Il est tôt, il fait grand beau, nous sommes motivés comme jamais et ma seconde de cordée contrairement à ce qu'elle essaie de nous faire croire ne semble pas vraiment fatiguée. Le jet boil chauffe à plein régime et les sacs s'allègent considérablement.
Duvets, tapis de sol, nourriture, réchaud, gaz... tout peut être laissé là.
"Allez, bois et mange un peu ! On va laisser ton sac ici ! "
Une autre cordée fait également une halte interrogative. Une cordée qui, elle, redescend du sommet nous assure que le long de l'arête on trouve quelques zones abritées du vent. 
"Ah ! Incroyable ! Allons voir !"


Il est aux alentours de 10h lorsque nous remettons le nez dehors. Le vent est toujours assez fort et le froid encore bien présent mais la pause et le thé chaud nous ont bien requinqués. En mode léger, c'est déjà à moitié gagné ! Nous n'avons même plus de sac sur notre dos. Après reporteur photo, cuisinier et agent de liaison, Bruno passe dans le rôle de porteur. 

"Objectif première bosse ! ... Et maintenant la deuxième bosse !... Allez encore ce petit mur raide et on aura fait un bon morceau ! ça va maman ?!? ... Super, on continue !"


Pas après pas... mètre après mètre... les trois petites fourmis que nous sommes progressent tranquillement le long de cette longue arête. 
Comme une récompense, lorsque l'on bascule versant italien du fil de l'arête, le vent cesse miraculeusement. Il fait bon et le sommet est maintenant tout proche. Que demander de plus ?? Pas de fatigue démesurée en vue : Cette fois, c'est sûr, on peut y arriver ! 
"Allez, allez m'man, on y est presque ! Regarde bien où tu mets tes pieds !"
L'arête finale devient plus effilée et le cours de cramponnage accéléré dispensé par Bruno quelques jours plus tôt semble porter ces fruits tout comme la session acclimatation d'ailleurs !


Plus que quelques minutes d'efforts...
Dans ma tête, je tente de prendre un peu d'avance pour essayer de réaliser ce que nous sommes en train de vivre. Etre là, tous les trois, c'est quand même super étonnant ! 
Finalement je ne sais pas ce qui me surprend le plus : Voir ma maman de 65 ans gambader  à 4800m ou avoir réussi à motiver Bruno pour ce Mont Blanc et un peu d'alpinisme avec nous... Toujours est-il que je suis super ravie d'être ici en leur compagnie !
Le terrain s'aplanit, s'élargit... puis tout autour les pentes s'inclinent... vers le bas cette fois ! ça ressemblerait presque à un sommet ça !
"Yihaaaaa !! Bravo maman !!!


Pas un chat aux alentours, à peine un léger souffle d'air lorsqu'on bascule côté Mont Blanc de Courmayeur, un grand soleil au dessus de nos têtes et des étoiles plein les yeux. Le Mont Blanc juste pour nous, quel privilège ! Nous prenons le temps d'apprécier ce moment un peu fou et loin de tout... un moment suspendu ! 


Pourtant, comme toujours, il faut déjà songer à redescendre... Oui mais par où ? 
Pas de plans pré-établis, pas de réservation... du matos de bivouac, à manger, un réchaud... toutes les options s'offrent à nous... Encore faut-il choisir la bonne !!

Il serait un peu dommage de s'arrêter dormir à Vallot. En effet, il est encore tôt et même si tout le monde semble bien tolérer l'altitude aujourd'hui, les 4362m pourraient avoir raison de notre sommeil et d'une bonne nuit réparatrice... 
Descendre jusqu'au refuge du Goûter cette après-midi, pour un bivouac en mode clochard sur la terrasse de l'ancien refuge, ce soir, serait sûrement l'option la plus raisonnable. Pourtant celle-ci ne nous tente qu'à moitié... Retrouver la foule de la voie normale après ces deux jours à l'ambiance sauvage et devoir traverser le couloir du Goûter et ses chutes de pierres ne nous enchantent guère... Redescendre par le même chemin ? Cela aurait également pu être une bonne option mais allez savoir pourquoi nous n'avons malheureusement pas choisi celle-là !


Une trace GPS glanée lors de la soirée à Gonella, associée à quelques infos rassurantes sur l'état des séracs qui ont circulé ces temps-ci et voilà que nous basculons sans réfléchir davantage versant Grands Mulets. Dans un premier temps, nous perdons assez vite de l'altitude grâce à de grandes pentes de neige, ce qui est carrément appréciable. La suite le sera pourtant beaucoup moins. Chaleur, ponts de neige, crevasses et séracs menaçants... Comment avons-nous pu tomber dans le panneau ?!
A la queue-leu-leu, à 15 mètres les uns des autres, la corde on ne peut plus tendue entre nous trois, la suite sera une succession de : "Allez là, on ne traîne pas !", "Faites gaffe derrière, tendez bien la corde, je passe un pont !", "On va essayer par là !", "Vous voyez un reste de trace, vous ?!", "Maman, j'ai peur ! " "Quoi ?!?!" "Non, non, rien... Tout va bien !"




Une après midi quelque peu stressante et globalement assez longue ! S'il fallait voir le bon côté des choses, je dirais qu'une fois encore nous sommes seuls (mais pas vraiment tranquilles !) dans cet univers glaciaire. 
Pauvre maman ! Heureusement qu'elle n'est pas vraiment fatiguée et qu'elle tient encore très bien sur ses jambes malgré le réveil matinal et tous ces mètres de dénivelé avalés ! De fil en aiguille et de sérac en crevasse, enfin le refuge des Grands Mulets apparaît ! Quelle bonne nouvelle !
Un passage en rocher équipé de câbles et un dernier effort nous permet de rejoindre sa terrasse où subitement l'ambiance se détend !



Le lieu est désert. Non gardé en cette période de l'année, la salle à manger et un dortoir sont restés ouverts à la fin de la saison printanière et laissés à disposition des promeneurs bien inspirés et de passage. 
Dépenses physiques ou nerveuses, chacun récupère. Grosse sieste au programme de cette fin d'après-midi !

Réveillés par des bruits de pas et de matériel métallique... Des visiteurs ? Ici ? A cette heure-ci ?
Une cordée... puis une deuxième... Incroyable !
L'un d'eux n'est autre que le fameux gardien du temple. Amateur de séracs et de crevasses, en quête de coins restés sauvages (et on comprend pourquoi !), loin des foules, des autorisations et autres inutilités en tout genre, prodige d'une époque passée, champion d'illustres solos, amoureux des Grands Mulets et de la montagne libre tout simplement : Christophe Profit.


Une chouette soirée où on parle de la pluie, du beau temps et de ces séracs gros comme des immeubles qui, ma foi, ne tombent pas plus d'une fois ou deux dans l'été... "Ah bon alors ça va !"
Nous sommes aux petits oignons, cuisine ouverte, eau minérale, eau bouillante, pain... Et il y en a même qui y prenne vite goût ! Voilà ma maman qui réclame à Mister Profit un sachet de thé et du beurre pour le petit déjeuner ! C'est vrai que nos réserves de nourriture sont presque épuisées...
Peu importe... Aujourd'hui, on rentre ! Quelque chose me dit qu'il y en a un qui doit commencer à trépigner dans la vallée ! Tourner en rond dans un camion, ce ne doit pas être simple ! "On arrive papa !!"



Après les dernières pentes de neige, quelques tours et détours dans le labyrinthe glaciaire de la Jonction donnent un peu de piment à cette dernière journée. Crevasses à contourner ou à sauter, arêtes de glace noire effilées, moraines, pierriers instables... Le retour est long comme le serait un retour d'expé ! Bientôt le soleil nous réchauffe et les premiers brins d'herbe apparaissent.
Le contournement du glacier des Pèlerins et la remontée au Plan de l'Aiguille nous demandent un ultime effort ! 


En une poignée d'heures nous passons d'un glacier tourmenté, sauvage et austère à une gare de téléphérique et à une buvette touristique au milieu de la verdure accueillante, des myrtilles et des marmottes. Chamonix me surprendra toujours !
Quelques minutes plus tard, nos pieds sont sur du béton à 900 mètres d'altitude, il fait 28 degrés. En sortant de la benne, nous nous échappons en poussant une barrière pour ne pas être contraints et forcés de traverser la boutique souvenir de la gare de l'aiguille du Midi... Après ces trois jours si "wild", c'est trop pour nous ! 
Comme un peu sonnés, largement trop couverts, nous marchons maintenant sur du goudron au milieu des vacanciers...

"Eh mais regardez ! Ce touriste là, on le connait ! Papaaaaaaa !"


Je me souviendrai longtemps de mon dixième Mont Blanc accompagnée d’une courageuse petite maman et d’un premier assistant de première catégorie ! 
Un Mont Blanc en mode sauvage, un Mont Blanc à notre manière, un Mont Blanc pour les pauvres ! 
Refuge non gardé, matos de bivouac et réchaud sur le dos, départ de la vallée à pied... Pas de demi-pension en refuge à plus de 100 euros, pas de réservation sur internet six mois à l'avance, pas de surfréquentation... La liberté retrouvée ! Comme quoi avec un peu d'imagination, tout est encore possible !
Une expérience qui ne te coûte rien mais qui t’apporte tellement ! 
Merci la vie !

3 commentaires:

  1. Superbe récit. Ta maman peut être fière de toi. Et je crois aussi que tu peux être fière d'elle. En tout cas, c'est une belle histoire qui illustre bien la relation magique mère-fille. La passion et l'amour vous ont porté au sommet des montagnes. Bravo à toi et à ta maman.

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  2. Marie-Pierre MARTY22 novembre 2020 à 00:03

    J'avais oublié de signer mon petit commentaire ci-dessus.

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  3. Un grand bol d'air et une belle passion pour toutes et tous dans cette belle nature à découvrir.
    les" 2 grenoblois du caroux"

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