samedi 10 septembre 2022

Au jeu des 10 000 bornes, la partie continue •Escal'A2roues#36•


Aujourd'hui, on plonge dans le carnet de voyage pour illustrer ces lignes... Bienvenue !

Le 10 000 bornes, Le jeu qui fait mal aux mollets… et parfois aussi aux méninges.

En rejoignant Bichkek, on accroche à notre tableau de cyclotouriste, notre sixième entrée dans une capitale sans se faire écrabouiller. 

Après quelques tours de chauffe à Athènes, Tbilissi, Yerevan, Tachkent et Douchanbé, on commence à négocier à merveille le trafic citadin aux heures de pointe : minibus, camions de livraison, bus sur cable, taxis, quelques vélos, motos et voitures de gens pressés.

Toujours est-il qu'ici, on reste aussi parfois bien sagement sur le trottoir... S'offre alors à nous, une belle partie de slalom entre les piétons qui marchent de travers en regardant leur portable et ceux qui ont des écouteurs dans les oreilles n'entendant pas les sonnettes. Il y a aussi les poussettes, les enfants qui jouent, les personnes âgées qui tentent d'avancer, les bébés qui apprennent à marcher, les handicapés en fauteuil, les marchands de fruits et légumes installés sur les trottoirs, les arbres, les bouches d'égout sans plaque, les caniveaux profonds, les poteaux et les grilles avec des fentes bien ajustées, pile à la largeur de nos pneus... 

Autant dire que l'on n'a pas le loisir de flâner le nez en l'air. 

Bref, retour sur la case "grande ville"... Une capitale, le jour de la fête nationale en plus... 

Bon, pour être honnête, en ce 31 août, à part quelques drapeaux qui flottent et un peu de musique le soir, il ne se passe pas vraiment grand chose.

Je crois bien que Lénine ne se retournerait pas dans sa tombe s'il voyait cette fête de l'indépendance ! 

La véritable fiesta, c'est plutôt tous les jours au grand marché de Bichkek.

Faire un tour de vélo aux alentours du Osh Bazar c'est comprendre véritablement le vrai sens du mot "bazar"

Y a-t-il quelque chose qui porte aussi bien son nom ?

Au bazar, il faut se faufiler entre les piétons chargés de commissions, éviter les pastèques qui traversent, se méfier des livreurs en chariottes, des bagnoles qui nous reculent dessus, des étals qui envahissent la route... ça grouille de partout et on vient nous-même, avec nos deux roues et nos trajectoires quelque peu aléatoires, apporter notre part d'eau à ce drôle de moulin ! 


Mais ce n'est pas dans ce grand marché que notre voyage prend un nouveau virage mais devant l'ambassade de Russie. 

Pénétrer dans l'enceinte de l'ambassade sans rendez-vous semble au moins aussi compliqué que vouloir sortir d'un goulag. 

Une fois à l'intérieur, tout semble étonnamment simple comme bonjour, enfin disons plutôt, simple comme "priviet".

Mais arracher un sourire ou un "priviet" à un russe n'est pas toujours aisé. Les choses se compliquent... 

Infos contradictoires et voucher (lettre d'invitation) hors de prix... 

Bref, c'est la retraite de Russie ! 

Bilan des opérations : Impossible de faire une demande de visa hors de son pays de résidence. 

On patine quelques jours sur la case "réflexion". 


Vous vous demandez comment font donc les voyageurs qui sont loin de chez eux depuis des mois ?

Ligth is rigth, ils allègent sacrément porte-monnaie ! On est toujours mieux à voyager léger. 

Une agence qui gère toute la paperasse pour eux, des passeports qui font un aller-retour en France grâce à un transporteur privé.

Agence+envoie du passeport+voucher+prix du visa = environ 400€ !

Le visa Russe, c'est  nieto ! On laisse passer notre tour. 


C'est comme ça que nos rêves de rejoindre le bout du continent asiatique par voie terrestre (en passant par le Kazakhstan, la Russie, la Mongolie et re par la Russie) s'envolent... C'est le cas de le dire ! 

Alors que nous sommes un peu perdus, le jeu prend une nouvelle direction inattendue. 

Nous avons la possibilité de jouer deux fois d'affilées. Je pioche la carte "voyage dans les airs".

Bruno reçoit, lui, la carte "destination". Sur celle-ci, nous lisons d'une même voix : "Rendez-vous chez les indiens !" 

Ah chouette, l'Amérique du Nord, on va ressortir les chaussons d'escalade et les gants de fissure !

Non, non...pas les indiens avec des plumes et des tipis ! Les indiens d'Inde. 

L'Inde... 

Peut-être un des seuls pays où je ne m'étais jamais imaginée aller pédaler.

L'Inde... 

Ça grouille de monde, c'est bruyant, il fait chaud et humide, les odeurs fortes, la saleté, les castes, la nourriture épicée, le trafic, les singes... 

L'Inde, c'est dur, c'est rude. 

L'Inde ce n'est pas les vacances. 

L'Inde à vélo, c'est chaud... 

L'Inde... s'en faire sa propre idée.

Quelques appréhensions déjà mêlées à la curiosité de découvrir tout ça, de mes propres yeux, par mes propres narines, papilles et oreilles... 

À la fois un peu peur et à la fois hâte de découvrir ce "nouveau monde" et ces indiens. 

Aussitôt un nouveau défi s'offre à nous, se mettre en quête du graal du cycliste téléporté : le carton à vélo.

Ce précieux trésor de papier est l'objet de toutes les convoitises et fait circuler bons nombres de rumeurs chez les cyclos.

"J'ai lu dans le journal que deux bike box auraient été aperçues vers tel hôtel." 

"Mais on me dit dans l'oreillette, qu'une aurait déjà disparu."

"J'ai entendu dire qu'il y en aurait dans ce bikeshop. 

"Non, impossible. Le magasin est minuscule, pas de place pour des cartons."

"Allez voir du côté de ce bar, il y en avait la semaine dernière."

"Des cartons auraient été abandonnés suite à une course cycliste."

... les mecs viennent faire une course au Kirghizistan et repartent sans leurs vélos ?!? 

Billets d'avion en poche, la chasse aux cartons est ouverte ! 

Bingo, ils sont toujours là, dans l'enceinte du jardin de ce bar. Sauf que ce dernier est fermé. Quelques pas de varappe,  une traversée au dessus d'un chien plutôt vénère, un p'tit saut et Bruno en déniche deux d'un coup. 

Bien joué ! Droit de rejouer !

Doublé gagnant, nous nous retrouvons avec deux visas indiens en poche.


Reste plus qu'à s'envoler le 11 septembre... (Une bonne date pour embarquer dans un avion, vous ne trouvez pas ?!) 

India nous voilà, Delhi nous voici !

Que la partie continue ! 


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