S'il y a bien un endroit où le temps s'est subitement accéléré, c'est durant notre passage au Viet Nam...
Un Visa imposé de 30 jours et voilà que deux lettres jouent à saute-buffle : le "i" prend un "thé" avec le "e" et nous, nous voyageons comme deux éclairs (au café) au "Vite Nam" !
Nous ressentons ces contraintes temporelles et administratives comme de plus en plus oppressantes, cela le devient d'autant plus maintenant, que nous sommes à nouveaux cyclo-grimpistes.
Grimper, rouler, grimper, rouler... dans un pays de 1800 km de long, ce sont des mois de 85 jours et des visas pour voyageurs escargots qu'il nous faudrait ! Grimper ou rouler, faudrait-il choisir ?
Un compromis, trouvé ce mois-ci, est de pédaler sur les petits trajets de moins de 300 kilomètres, d'utiliser les vélos pour se déplacer sur les spots de grimpe, de rentabiliser, autant que nos muscles et notre peau des doigts nous le permettent, les journées de grimpe et d'optimiser les grandes distances en comptant qu'un bus ou qu'un train compréhensif nous embarque avec tout notre bardas.
Un pied posé à Hanoï et le compte à rebours est lancé.
Passeports tamponnés : Paf ! Vous avez jusqu'au 31 décembre, profitez en ! Pour le réveillon 2022-2023, ce sera donc à califourchon sur une frontière on ne sait où !
Le sablier retourné, le temps s'égraine à toute vitesse dans un voyage où l'on a juste envie de prendre le temps. D'autant plus que vu notre petite forme physique des dernières semaines, nous aurions juste besoin de nous arrêter un peu et de ne plus bouger pendant quelques jours ! Le covid ramené dans mes sacoches de Java finit de m'achever dans cette course effrénée.
Après sept mois de voyage, on touche un peu du doigt la réalité et les limites de cette vie de nomades : on ne se pose pas souvent et on ne se repose jamais vraiment. Mais comment ne pas avoir envie de courir partout quand on a le monde à découvrir ? Cet équilibre à trouver ne résumerait-il pas la sagesse du voyageur au long cours...
En un mois, nous aurons, au final, vu bien peu de pays mais finalement peu importe... Nous avons pu profiter de chacun des endroits où nous avons posé nos sacoches, planté notre tente ou déroulé notre corde.
En chemin, nous avons vu le soleil briller fort et se coucher sur l'horizon dès la fin d'après-midi. Nous avons vu les arbres fruitiers de toutes sortes défiler dans le rétro, les rizières assèchées ou déjà inondées, les chapeaux pointus de paille émerger des champs et les scooters chargés comme des semi-remorques. Nous avons vu les bufles luisants dans leur costume de boue, les plantations d'eucalyptus bien rangées et des machines à déshabiller leurs troncs. Taille-crayons géants et grandes feuilles de bois souples prêtes à être "contre-plaquées" mises à sécher.
Nous avons sursauté à chacune des poules remuant dans un buisson à quelques centimètres de nos pneus. Réactions ancrées d'un lointain souvenir de contrées où le chien était la bête noire du cycliste. Mémoire d'un temps où les chiens n'étaient pas sur les étals du boucher.
Ici au Vietnam, le chien, c'est mort ou vif !
Nous avons vu ces collines aux formes extraordinaires. Des dos de chameaux de pierres couvertes de végétation émergeant des plaines. Nous avons vu des forêts si vertes et si denses qu'on n'oserait tenter d'y pénétrer. On a croisé des scooters et des vélos comme principaux et presque uniques moyens de déplacement à la campagne comme à la ville. Nous nous sommes noyés, mélangés, confondus, empêtrés dans ce flux continue de deux roues.
A la sortie des écoles, sur les autoroutes, dans les chemins de campagnes, sur les ponts, dans les grands carrefours, dans les ruelles étroites, entre les étals des marchés, dans des rues en travaux et au passage à niveau, à la seconde, où tout le monde redémarre en trombe !
Nos petits vélos apparaissent finalement peu chargés et assez bien éclairés dans ce chao organisé, nous y roulons de jour comme de nuit. Et puis aussi le jour et la nuit de Noël ! Une autre histoire encore !!
Dans ce flot, il y a de rare autos, quelques camions, deux ou trois bus et des centaines de milliers de scooters chargés de mille et une choses, des centaines de vélos croulant sous les paniers de fleurs ou de fruits, transportant d'énormes poteries, des ballets hirsutes ou des gadgets de toutes sortes. Des piétons qui zigzaguent à toute hâte et d'autres l'épaule lourdement chargée de palanche. Équilibre précaire mais impeccable de cette barre de bambou et de ces deux paniers plats qui y sont accrochés. Rouler au milieu de toute cette vie agitée fut une expérience certaine !
Hanoï... Qu'elle devait être chouette cette ville avant l'arrivée des scooters ! Des vélos et des piétons aux chapeaux pointus partout !
A la tombée de la nuit, nous avons bivouaqué à l'écart des regards ou sur le stade de foot avec la visite de l'équipe locale ou du village tout entier ! Dans la nuit noire, nous avons reçu en cadeau des fruits, des œufs et des biscuits.
Aux premières lueurs du jour, la vie reprenait, les coqs chantaient sans ne s'être jamais arrêtés et les scooters repartaient aux champs.Dans ces campagnes, le long des routes, dans les villages, nous appris qu'ici, un sourire, un salut n'est pas offert sur un plateau, qu'il faut aller le chercher...
Pas de "Xin chào" qui vole au vent, pas de sourire qui dévoile les dents. Parfois quelques "hello, what's your name ?" bien appuyés des enfants en nous voyant et puis des rires moqueurs de tous âges sur notre passage.
Le Vietnam marque pour nous l'arrivée en Indochine. C'est par la jolie porte d'Hanoï que nous entrons dans ce grand royaume qu'est l' Asie du Sud-Est. Le Vietnam marque pour nous le retour sur la selle après un mois de pause à Java.
C'est aussi le grand retour de la conduite à droite. La dernière fois, autant qu'on s'en souvienne, c'était l'été au Kirghizistan. Le Vietnam, c'est notre retour sur le rocher après sept mois d'arrêt. On avait quitté les chaussons au printemps à l'autre bout de l'Asie, en Turquie.
Ici comme à chaque nouveau changement de pays et de culture, nos références doivent être réinitialisées une fois encore... Modifier nos attentes, ne pas faire de suppositions, changer notre lexique de base...Un passé traumatique, une histoire déchirante, une population qui a trop souffert. Quelle place pour nous voyageurs venant de loin ? Pouvons-nous prétendre être les bienvenus en tant que craignos de français ?
Il restera néamoins de cette époque cette étrange mode de se trimballer en treillis militaires et coiffé d'un casque de l'armée en toutes circonstances ! Tour à tour, casque de scooter, couvre-chef pour se protéger du soleil ou de la pluie, casque de chantier, chapeau chic etmême le bob parfait pour aller travailler aux champs !
Le Vietnam c'est aussi pour nous, le retour de la nourriture qui a du goût sans être trop épicée. C'est l'arrivée des temples aux écritures chinoises et des lampions rouges. C'est le retour des cochons et des églises (aucun lien entre les deux, quoique...).
C'est le retour des sandwichs et du pain. Le retour du vrai café d'adultes, d'adultes sérieux même !!
C'est le retour de la fraîcheur et des doudounes et puis c'est le retour d'un temps sec sans parapluie !
Qui nems nous suivent ?
La suite des aventures des cyclogrimpistes au ViteNam au prochain épisode ! Restez à l'écoute !
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