dimanche 21 avril 2024

Ojos del Salado, l'Aconcagua pour les pauvres !!..Escal'A2roues#167




L'Ojos del Salado est le second sommet le plus haut des Amériques. Quelques dizaines de mètres à peine de moins que l'Aconcagua et quelques centaines de mètres de plus que ses voisins continentaux: le Huascaran au Pérou et le Mc Kinley en Alaska.

L'Ojos del Salado est le point culminant du Chili et c'est aussi le volcan le plus haut du monde.

Un sommet de 6893 mètres d'altitude, ce n'est pas tous les jours qu'un tel morceau se présente devant nos roues !


Alors que la saison d'été bat son plein et qu'à quelques centaines de kilomètres de là à peine, l'Aconcagua s'est transformé en véritable parc d'attractions, nous sommes heureux d'avoir opté pour un sommet "zéro budget et zéro visiteur"... ou presque !

Naïvement, nous avions un temps imaginé fêter les presque 70 ans de ma maman, à presque 7000 mètres, au sommet du toit des Amériques. Inspirée par le film retraçant l'ascension de l'Aconcagua par des Cholitas Boliviennes, c'est elle-même qui en avait émis l'idée.

Il ne nous a, ensuite, pas fallu longtemps pour découvrir, avec déception, l'arnaque. Et puis... à 70 ans, on ne fête plus son anniversaire à Disneyland ! Sans compter que lorsqu'on voyage à vélo, en dépensant le moins possible, on n'a tout simplement pas le budget pour se rendre sur de tels sommets !

En effet, l'Aconcagua aujourd'hui, c'est un permis d'ascension de plus de 900 dollars par personne, ce sont des agences qui privatisent le camp de base en imposant leurs services, ce sont les services de muletiers hors de prix, des porteurs et un médecin qui décide si tu peux tenter ou non l'ascension. C'est aussi une surfréquentation de la montagne et des façons pas très éthiques de la parcourir : déposes en hélico et utilisation d'oxygène.

Le challenge "Seven Summits" n'y est certainement pas pour rien et il ne reste plus qu'à inventer la version "Seven Summits zéro budget" !



C'est ce que nous avons fait en choisissant de nous rendre à L'Ojos del Salado : Pas de permis d'ascension, longue marche d'approche, pas de mules, portages, grande autonomie en nourriture, pas de moyen de communication, peu d'informations...

La majorité des ascensions annuelles que compte l'Ojos des Salado s'effectue par le versant chilien : une piste 4x4 menant jusqu'au camp de base et un petit refuge servant d'abri facilitant la logistique. Nous choisissons l'accès par le côté Argentin de la montagne, plus long et moins fréquenté.

À l'approche jusqu'au camp de base en 4x4, nous préférons un long trek. Deux avantages majeurs à ce choix : une économie d'argent non négligeable pour les voyageurs fauchés (accompagné d'un déploiement d'énergie bien conséquent !) et une acclimatation tout en douceur.


De multiples aller-retour en mode porteurs nous permettent de prendre la mesure de la distance, d'apprécier l'isolement de l'endroit et le côté sauvage des lieux.

Des paysages magnifiques s'offrent à nous au fil des jours : longues vallées, jolis ruisseaux, vastes étendues de pierres, herbe rase et jaune, grands troupeaux de vicuñas... Peu à peu, les sommets finissent par se rapprocher et enfin, les tout premiers pénitents de glace apparaissent: quel spectacle !



Et puis un jour, vient enfin le moment de poser nos valises et de stopper notre itinérance.

Alors que le terrain se raidit et que la côte des 5500 mètres d'altitude est atteinte, nous décidons qu'il est temps,à présent, d'élire domicile ici pour quelques jours. S'il y a bien quelqu'un avec qui nous avons un timing parfaitement synchronisé pour cette arrivée au camp de base, c'est bien la neige !




En effet, en quelques heures, les sommets complètement secs lors de notre arrivée blanchissent à vue d'œil, les températures baissent et le paysage prend une toute autre apparence : Changement d'ambiance et de saison.



Les jours suivants seront un savant jonglage entre patience et repos afin de parfaire notre acclimatation, observation du ciel pour tenter d'y deviner un potentiel créneau météo et tentative d'imagination d'une stratégie dans l'idée de s'attaquer au sommet.




Lors de la première tentative, nous bivouaquons quelques centaines de mètres plus haut afin de démarrer l'ascension pas trop tôt et de profiter, assez vite, des premiers rayons du soleil . Des vacances à la montagne en quelque sorte !

Cela aurait pu fonctionner si l'orage n'avait pas décidé de s'inviter lui aussi à la fête dès la fin de matinée.

Un demi tour à plus de 6100 mètres pour la ptite maman et un but électrique très proche du sommet pour nous : Quelles expériences !




Deux jours plus tard, nous sommes de retour aux affaires. Ce coup-ci, nous optons pour un départ de plus bas et plus tôt. Un réveil nocturne et un départ au pas de course sous l'éclairage d'une belle pleine lune. Ainsi débute cette chouette journée. Le rythme diminuera ensuite progressivement au fil des mètres de dénivelé avalés.






Ce jour là, au lever du jour, le froid est vraiment mordant et avec nos équipements vestimentaires de" petits cyclistes", il nous faut gérer à la fois nos orteils, nos doigts et notre nez !

Malgré tout on ne perd aucun de ces attributs dans la bataille et nous atteignons le sommet ,en fin de matinée, sous un grand ciel bleu ensoleillé sans l'ombre d'un nuage ce coup-ci. Comme quoi, cela valait le coup de récidiver !







Nous voilà à 6893 mètres, seuls et contents !

La vue est imprenable et des dizaines de sommets presque aussi hauts, nous entourent de toutes parts... autant de potentiels Aconcagua pour les pauvres.

Avis aux amateurs !




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