[...] Lorsqu'au petit matin, à moitié réveillé, après avoir déniché l'attaque originale (il ne s'agirait pas d'ouvrir d'emblée une variante !), on noue fermement la corde à son baudrier, il est encore temps de se demander ce que l'on fait ici... Plus tard, il sera trop tard !
On démarre alors en gravissant, prudemment, ces premiers mètres de rocher qui habituellement sont loin d'être les meilleurs en terme de qualité. Avantage non négligeable, on est aussitôt immergé dans l'ambiance. On grimpe alors comme sur des œufs ; assurant chaque mouvement, s'attendant à tout instant à ce qu'une prise de pied ne lâche, qu'une prise de main ne cède, à moins que ce ne soit les deux à la fois !
Quelles drôles de sensations, quelle étrange manière de grimper... Nous sommes aux antipodes de la grimpe fluide et relâchée, des mouvements aléatoires, de la danse escalade et de l'éloge à la beauté du geste.
Ici, c'est plutôt instinctif ou plus "animal" comme manière de faire, une sorte d'état de "survie" au sens noble du terme. On s'agrippe en laissant le moins de place possible à l'imprévu, on ouvre grands les yeux à la recherche de tout ce qui pourrait être une opportunité de progresser vers le haut et de la moindre aspérité qui permettrait d'y glisser une protection. On est à l'affût du moindre indice laissé par les ascensionistes précédents et qui pourrait guider notre choix d'itinéraire.
Dès les premiers mètres, on revoit vite à la baisse ses grands principes au sujet de la distance acceptable entre deux points de protection, de leur qualité et de la confiance que l'on doit pouvoir y accorder. De toute façon, y a-t-il réellement le choix ?
Plutôt que d'imaginer le moins pire, on cherche alors à faire de son mieux.
[...]
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire