mercredi 12 juin 2013

Un petit tour dans la vallée de Santa Cruz....

Après les quelques jours passés du côté de l'Alpamayo, nous sommes un peu fatigués mais il nous reste encore de quoi manger quelques jours et nous sommes encore à quelques jours de marche du bas de la vallée, nous décidons d'en profiter encore un peu...




Nous quittons donc le glacier et le camp 1 de l'Alpamayo pour retrouver moraine puis prairies du camp de base... La météo n'est pas terrible, il fait une averse toutes les 4h environ! Nous sommes contents de ne pas être en montagne en ce moment, d'autant plus qu'il a pas mal neigé ces derniers jours...
Nous redescendons encore et retrouvons la grande étendue de sable au fond de la vallée que nous avons traversée à l'aller...  





En février 2012, la moraine qui formait le verrou d'un lac glacière a cédé suite à de fortes pluies ou simplement à la rupture d'une poche d'eau du glacier, le lac s'est donc déversé dans la vallée de Santa Cruz entrainant une gigantesque coulée de boue et de sable... Depuis le fond de la vallée, on apperçoit une énorme tranchée orange dans la moraine qui descend de la montagne, les arbres sont enore couvert de boue jusqu'à mi hauteur et un grand lac  a entièrement était comblé par les alluvions, d'où la grande étendue de sable... C'est vraiment impressionant...
Heureusement, cela s'est produit durant la saison des pluies et personne ne se trouvait dans la vallée à ce moment là, il n'y a donc eu aucune victime mise à part tous les animaux (ânes, vaches et chevaux) qui sont tous morts comme en témoignent les nombreux squelettes qui parsèment la vallée...




Nous choisissons de justement remonter cette vallée nommée Arteson au bout de laquelle se trouve la moraine qui a cédé. Cette énorme tranchée nous intrigue et au fond de cette vallée se trouve un sommet qui nous donne bien envie: l'Artesonraju.
Cette belle pyramide se gravit généralement par la Quebrada Paron, vallée que nous avons déjà visitée quand nous sommes allés à l'Esfinge. Nous choisissons de gravir son arrête nord, c'est un itinéraire glacière qui semble serpenter en seracs et crevasses jusqu'à rejoindre l'arrête qui se redresse et mène au sommet. 


Cette voie n'a probablement pas encore été gravie cette saison... La météo est encore bien incertaine ces jours ci, mais nous remontons quand même la vallée pour voir le sommet de plus près... Nous longeons donc la partie effondrée de la moraine durant plusieurs heures, nous sommes encore une fois chargés comme des mules! Nous remontons ensuite des pentes d'herbes avec quelques énormes touffes, il y a environ 1000m de dénivellé du bas de la vallée jusqu'au camp proche du glacier et nous ne rencontrons aucune trace de sentier, seuls quelques cairns vers la fin... Derrière la moraine, nous découvrons un lac bleu turquoise, magnifique! Celui là même qui a du se déverser dans la vallée quelques mois auparavant...


Nous trouvons un petit emplacement sur une dalle plate pour poser la tente, il y a de l'eau pas loin et nous sommes seulement à 30 minutes du glacier... Dans l'après midi, nous montons donc voir à quoi cela ressemble au dessus, nous prenons pied sur le glacier et commençons à tracer un peu pour le lendemain, enfin pour la nuit suivante!
La neige est molle et il fait assez chaud, on croise quelques jolies petites crevasses, on monte un peu mais nous n'allons pas traîner trop longtemps ici... Au niveau des premiers séracs, nous repérons un passage pour la suite et nous faisons demi tour et rentrons à notre petit camp! Le temps d'un joli coucher de soleil, d'un lyophilisé et nous sommes dans les duvets vers 18h...





Réveil minuit (ça devient une habitude!!), le ciel est étoilé, une des première nuit où il ne pleut pas! ...mais il y a du vent, ça semble plutôt rare ici... Nous remontons les dalles jusqu'au glacier, heureusement cairné avec soins la veille... Nous retrouvons notre trace et la suivons jusqu'à l'endroit où nous avions fait demi tour la veille, s'en suit un passage assez raide entre deux séracs, il fait nuit noire... et là surprise... derrière une énorme crevasse nous barre le passage... pourtant du bas on aurait bien dit que ça passait!









On hésite un peu mais il faut bien se résoudre à faire demi tour, on désescalade le passage du sérac, on perd un peu de temps et on se remet en route en tirant plus à gauche... Après un nouveau passage raide et une longue pente de neige et à nouveau nous butons sur une crevasse super large, un vrai gouffre! Le jour se lève et on disserne un pont de neige permettant de continuer... Nous tirons cette fois bien à droite espérant récupérer l'arrête au plus vite car nous pensons que l'itinéraire sera plus facile pour rejoindre le sommet car là où nous nous trouvons il y a pas mal de crevasses et surtout elles sont énormes, sans parler des séracs qui nous surplombent à plusieurs reprises...











Peut être une mauvaise stratégie car progresser sur l'arrête n'est pas beaucoup plus roulant, on se retrouve assez rapidement face à un mur de glace vertical, déversant sur le haut... Le franchir, nous prend encore un peu de temps... Au lever du jour le froid s'intensifie un peu mais surtout le vent se renforce vraiment... En quelques minutes, nous sommes complètement dans les nuages et balayés par les rafales...


Nous poursuivons encore sans trop de visibilité, nous sommes maintenant sur le fil de l'arête mais celle ci est bien cornichée, après une longueur où deux de plus nous butons encore une fois sur un genre de gros champignon de neige déversant... Pour continuer, il nous faudrait le franchir, c'est très raide, nous ne pouvons pas protéger avec des broches à glace car c'est de la neige, nous sommes très prêt du fil de l'arête, on perçoit une corniche toute proche, chuter dans ce passage et ce serait le grand saut dans la face en dessous... On décide de faire demi tour pour trouver un autre passage...
C'est reparti pour une session de désescalade, le vent ne faibli pas et nous sommes balayés par les nuages qui défilent à toute vitesse, la visibilité est nulle... Nous apercevons le sommet, il n'est pas si loin, environ 200m de dénivelé mais le temps tourne, la météo ne semble pas s'améliorer et surtout l'itinéraire semble encore compliqué, il faut encore se balader entre de grandes crevasses...






On décide de redescendre, tampis! Le sommet ce sera pour une autre fois!


Dans l'après midi, nous sommes de retour à la tente, et vu la méga grosse sieste que l'on se tape on se rend compte que l'on est surement un peu fatigués!!








Le lendemain c'est retour à la civilisation après 12 jours de montagne... Lorsque nous nous retrouvons à nouveau sur le circuit du trek de Santa Cruz, nous espérons faire de "l'autostop mules" pour nous aider à descendre nos sacs mais rien à l'horizon! Finalement vers 14h c'est un troupeau entier qui déboule, 36 mules et 7 arieros!! Moyennant finances on descend quasiment jusqu'à Cashapampa en une longue journée!







Direction Huaraz pour se refaire une petite santé! Un lit, une douche et surtout... manger !!!!


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