mercredi 22 mars 2017

Primavera en Montrebei !

 
"- Eh Raphaël, tu dirais quoi d'aller faire un tour à Montrebei ce week-end ?! 
- Ah ouais... Je connais seulement la paroi d'Aragon. Et toi ?
- Tout l'inverse, je ne connais que la paroi de Catalogne !"

Bingo ! C'est parti !
 
Voilà comment nous sommes allés fêter le printemps sur les plus belles parois nord espagnoles !

Imaginez deux immenses parois qui se rencontrent dans un défilé étroit qui verrouille un immense lac, un sentier taillé dans la roche ; ajoutez-y du caillou parfois gris et souvent orangé, des fois bon, d'autres fois beaucoup moins, des plateaux d'herbes rases fleuris de jonquilles miniatures ; parsemez de pas mal de pitons et de peu de spits, des centaines de grandes voies souvent longues et plutôt engagées, saupoudrez enfin de quelques vautours et de quelques rayons de soleil... Vous y êtes ! C'est Montrebei !
 
 
 
Deux jours, deux voies, deux parois... Tout un programme !

Programme bien rempli et sûrement un peu ambitieux vu que cela fait déjà quelques mois que je n'ai pas accroché de friends à mon baudrier, mes pieds n'ont qu'un vague souvenir de ce que les chaussons leur font habituellement subir, quant à la peau de mes  petits doigts, elle semble bien tendre ! Ca promet !

Pour cette remise en bras, nous optons pour des voies plutôt classiques afin de faire une petite visite touristique et de parfaire notre bronzage : Samedi au soleil, le matin, en paroi d'Aragon ; dimanche au soleil, l'après-midi, en paroi de Catalogne !

 
Samedi matin, nous attaquons par un peu de randonnée pour rejoindre le pied de la Paroi d'Aragon. Une heure plus tard, nous sommes au départ de "la Cade", 550 mètres d'escalade nous attendent !!

 
 

On se fait un peu secouer dès les premières longueurs : un relais plutôt mauvais et le départ de la longueur suivante assez expo... Ces deux éléments associés ne me plaisent pas trop...
Les pitons, ont semble-t-il, disparus et il ne reste plus que de pauvres trous dans lesquels il nous est impossible de caler le moindre friend... On bricole un moment à la recherche de la moindre fissure... Un peu désespérée, je l'avoue, j'entreprends d'agrandir une petite fente à coup de caillou et de décoinceur !
On se rassure comme on peut et on continue !

 
 
 
 
 
La suite déroule et fait beaucoup moins peur ! On se régale !
Des longueurs qui grimpent un peu et d'autres moins, un cheminement astucieux pour remonter ce grand pilier qui surplombe le lac.
Quand l'ombre nous rattrape, je me dis que l'heure a déjà pas mal tourné, mais à quoi bon regarder la montre : la sortie est vers le haut !

 
 
 
Relais dans la grotte !
Finalement après 18 longueurs et un passage dans une jolie petite grotte, on débouche sur le plateau en toute fin d'après midi... euh non, en début de soirée !
 
Le retour est encore long et la pénombre pas très loin ! De la marche, une petite barre à contourner, une petite arête facile, de la marche qui monte, à plat et enfin qui descend !
Merci les frontales et merci Iphigénie !
Deux heures plus tard, nous voici de retour à la voiture ! Dix minutes plus tard, nous sommes au bar de Puente de montañana devant un "lomo con queso" et une bonne "caña" pour célébrer ma première voie en paroi d'Aragon ! Youpi !
Je suis ravie d'avoir enfin grimpé sur cette paroi si souvent observée depuis la rive opposée...
 
Dimanche matin, c'est reparti ! A peine réveillés, j'ai déjà le nez dans les topos et je brasse le matos jeté à toute hâte dans le coffre de la voiture la veille au soir.
Nous sautons la rivière et hop ! Nous voici en Catalogne !
Il n'est déjà pas très tôt quand nous arrivons au Prado, on traînaille encore un peu jusqu'à ce que l'on se rende compte que tous les grimpeurs qui squattent ici sont en mode repos et que l'un d'eux nous adresse un : "Vous partez où à cette heure ci ?! Ah, vous allez grimper ?!?"

 
En une seconde, je comprends qu'il serait peut être temps de s'agiter un peu. Aussi je remets un petit coup de pression à ce pauvre Raphaël qui avait enfin quelques minutes de répit alors que je le speede depuis hier matin ! 
Allez vite ! Audoubert et le dièdre du même nom nous attendent !


Fin de la marche d'approche à quatre pattes...
La marche d'approche n'est pas longue et la voie un peu plus courte qu'hier... Et pourtant !! Il y a, sans problème, de quoi nous occuper pour le restant de la journée !Cheminées, fissures larges, petits murs déversants... ça grimpe sacrément cette histoire !
Le soleil nous assomme, les pieds gonflent et les bras explosent !

 
 
Je passe un moment assez désagréable, en me mettant complètement à l'envers dans la fissure large en 6b. Après un passage en mode limace qui glisse vers le bas à l'intérieur de la cheminée, je manque de me prendre le plomb du siècle en voulant essayer de grimper à l'extérieur ! Grrrr...
Plus de peur que de mal (mais pas mal de peur quand même !), je suis requinquée pour attaquer le dernier 6c !
Quelques minutes plus tard, nous sortons sur le plateau !

J'ai, bien sûr, une pensée pour Nadia qui avait fait cette même voie, il y a quelques années, avec deux chaussons  du pied droit ! ... Ou deux chaussons "pieds gauches"... A moins que ce ne soit le chausson gauche au pied droit et vice versa... Bref ! Ma colloc est une machine !


Première voie en Paroi de Catalogne et initiation au rituel du cairn !
C'est juste magnifique ! On marche tranquillement entre les jonquilles, les couleurs du soleil couchant embellissent encore davantage ce paysage déjà hallucinant. Les parois se teintent de nuances orangées qui se reflètent dans le lac, et l'horizon rosit à vue d'œil !
La fatigue commence elle aussi à se faire sentir, ce qui ne gâche rien à l'histoire...
Instants magiques qui, à eux seuls, justifient le déplacement !

 
 
Un excellent week-end plein de premières ! Les premières grandes voies de la saison, la première voie de Raph en paroi de Catalogne, ma première voie en paroi d'Aragon et surtout nos premières voies encordés ensemble ! Merci Raph !


Dommage qu'il faille déjà reprendre la route du retour... Mais après 900 mètres d'escalade en deux jours et une  petite trentaine de longueurs, les pieds sont un peu douloureux, les doigts assez usés, les bras plutôt lourds et les épaules un peu rouges ; aussi je suis (presque) contente d'avoir une journée d'école demain pour me reposer un peu !

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