C’est en 2013 que je fis
véritablement connaissance avec la célèbre cordée Aragonaise.
Le monde des grimpeurs n’étant
pas extrêmement grand, je connaissais Ernesto Navarro et Alberto Rabada sans ne
les avoir pourtant jamais rencontrés. Combien de fois avais-je entendu leurs
noms déambuler au fil des discussions de grimpeurs aux mains blanchies et aux
doigts usés attablés devant des cervezas et une assiette de patatas
bravas ?
Les gens qui en parlaient avaient les yeux qui brillaient, témoignage du souvenir ému laissé par le parcour d’une de leurs voies. J’entendais parler d’Ordesa et du Cotatuero, du Tozal, du Naranjo et de sa grande face ouest, de Riglos et du Fire ou encore du Puro … J’avais en tête les traits de leurs visages et leurs classiques pulls en laine et bonnets rouges, chaussettes blanches et autres chaussures à semelles de corde…
Pour ainsi dire, je connaissais Rabada et Navarro « de vue », sans pour autant ne les avoir jamais croisés puisqu'ils étaient morts dans la face nord de l’Eiger 24 ans avant même que je naisse.
Les gens qui en parlaient avaient les yeux qui brillaient, témoignage du souvenir ému laissé par le parcour d’une de leurs voies. J’entendais parler d’Ordesa et du Cotatuero, du Tozal, du Naranjo et de sa grande face ouest, de Riglos et du Fire ou encore du Puro … J’avais en tête les traits de leurs visages et leurs classiques pulls en laine et bonnets rouges, chaussettes blanches et autres chaussures à semelles de corde…
Pour ainsi dire, je connaissais Rabada et Navarro « de vue », sans pour autant ne les avoir jamais croisés puisqu'ils étaient morts dans la face nord de l’Eiger 24 ans avant même que je naisse.
Cette rencontre eut lieu en
parcourant l’un de leur chef d’œuvre dans la magnifique face ouest du Naranjo
de Bulnes dans les Picos de Europa en compagnie de Bastien. Nous avions alors
été bluffés par le génie dont ces deux grimpeurs en espadrilles avaient fait
preuve.
Durant l’été 62, ils avaient su dénicher des lignes de faiblesses dans cette paroi si raide et si compacte, et chose plus dure encore, ils étaient parvenus à les faire se connecter entre elles, clé de leur succès sur cette paroi qui allait devenir mythique. Le résultat de cet itinéraire astucieux en fait une magnifique voie de 750 mètres de long sur une paroi en mesurant « à peine » 500 !
Durant l’été 62, ils avaient su dénicher des lignes de faiblesses dans cette paroi si raide et si compacte, et chose plus dure encore, ils étaient parvenus à les faire se connecter entre elles, clé de leur succès sur cette paroi qui allait devenir mythique. Le résultat de cet itinéraire astucieux en fait une magnifique voie de 750 mètres de long sur une paroi en mesurant « à peine » 500 !
De retour sur la terre ferme,
j’avais aussitôt eu envie d’en découvrir davantage et je plongeais sans
attendre dans les pages d’un Desnivel qui consacrait un grand article à ses
deux fabuleux aventuriers. Photos noir et blanc, encordement à la taille,
matériel d’époque, courtes échelles, bivouacs sans eau ni nourriture… Ça y est,
amoureuse… une fois de plus !
J’apprenais plus tard que Simon
Elias avait écrit un bouquin qui leur était consacré, je me le procurai sans
plus attendre et regardais avec admiration chacune des photos et les petits
bouts de vidéos du DVD associé au livre. Pages après pages, je découvrais
quelques-unes de leurs aventures et quels grimpeurs d’exception ils étaient, et
auraient encore été si leur carrière ne s’était pas achevée si prématurément en
1963 dans la face nord de l’Eiger alors qu’ils n’avaient que 30 ans ! Je
me doutais que parcourir une de leurs voies serait à coup sûr un vrai moment
d’histoire. Réaliser, un jour, le trio des trois grandes classiques
(Ordesa/Riglos/Naranjo) était alors devenu un rêve (… un de plus ! ).
Après l’ascension du Naranjo de
Bulnes en 2013, il y eu plus récemment celle du Fire à Riglos l’automne dernier,
avec Bruno. Là encore, nous nous étions bien demandés comment ces deux loustics
avaient-ils pu trouver un cheminement logique dans cette paroi si raide et
étrangement composée de galets mêlés à une sorte de terre séchée. Pour le moins
déroutant, ce conglomérat ne les avait pas effrayés et ils avaient su dénicher des
emplacements pour coins de bois et pitons afin de protéger leur escalade.
Riglos, Naranjo de Bulnes… Pour
que l’hommage soit complet, il me fallait aller visiter la Rabada-Navarro au
Cotatuero à Ordesa. Ayant déjà fait un tour dans « Las Brujas » au
Tozal (signée également par Rabada et Navarro), il y a pas mal d’années, je me
doutais que celle du Galinero ne nous décevrait pas. Grimper à Ordesa est toujours
une vraie aventure. Je clôturais donc ce trio au mois de juillet dernier en
compagnie de mon amoureux d’alpin. Faisant d’une pierre trois coups, je
pourrais grimper une voie que je rêvais de parcourir, le « culturer »
un peu et améliorer les échanges Pyrénées-Alpes en lui faisant découvrir notre « paroi
des parois »!
Juillet 2017, entre festivals de
musique et camp spéléo dans les Picos de Europa, nous sommes de passage dans
les Pyrénées… Nous sautons la frontière pour retrouver le canyon d’Ordesa, ses
parois incroyables, son rocher étrange et son ambiance de ouf ! Bref, on
est ultra motivé !
Le réveil est bien trop matinal
pour nos rythmes de festivaliers mais en sortant du bus à moitié endormie, je
me rappelle immédiatement l’ambiance particulière qui règne à la Pradera aux
premières heures du jour. L’humidité est palpable, les gens sont trop pressés
et rien n’incite à traîner ici. Aussi nous pressons le pas pour nous élever le
plus rapidement possible… Comme prévu, tout s’arrange, dès que nous sortons du
sous-bois, la lumière apparaît et les parois se dévoilent enfin. Le pilier du
Cotatuero nous domine et semble vouloir nous écraser de tout son poids… euh
non, de tous ses toits… Et il y en a ! En fait, cette paroi ressemble bien
à un escalier… mais à l’envers ! C’est bien simple, plus nous nous
rapprochons de la paroi, plus nous avons l’impression de rétrécir et quand
nous attaquons la première longueur nous avons la taille de deux coccinelles.
L’itinéraire est une nouvelle
fois très astucieux et assez tortueux mais nous le repérons facilement du bas
avec le topo sous les yeux. Aurions-nous imaginé un passage sous ce grand toit
ou encore dans ce dièdre suspendu ? …
Comme souvent, c’est dans des
blocs énormes qui semblent posés en équilibre sur de minuscules vires que nous
évoluons durant les premiers mètres, une ambiance pas franchement rassurante
pour se réveiller.
Arrivée au relais, je tombe sur un lapin un poil désœuvré, qui me demande quel plaisir les pyrénéens peuvent-ils prendre à évoluer sur des frigos en suspension ? Je le rassure en lui assurant que tout cela devrait s’arranger d’ici quelques longueurs à moins qu’il ne s’y habitue d’ici là !
Nous grimpons déjà bien concentrés dans le 5 sup avant de devoir m’appliquer encore davantage pour une bonne section en 6a complètement expo… Cette fois, nous sommes chauds, les difficultés peuvent vraiment commencer ! Les longueurs s’enchaînent mais nous ne les enchaînerons pas toutes ! De toute évidence, la longueur du toit sera dure à libérer si on n’est pas prêt à faire du 7b sur pitons pourris.
Arrivés au jardin, nous choisissons de continuer tout droit et prenons la variante directe. Plutôt raide, dure, visiblement peu parcourue, le caillou n’y étant vraiment pas très bon, cette variante me laissera quelques souvenirs ! Après une belle longueur et le retour dans du bon rocher bleu au-dessus de la vire, nous retrouvons bientôt les logiques cheminées de sortie. Souvent trop larges pour s’y protéger correctement mais trop étroites pour y grimper avec un sac. Finalement, après une séance de ramping vertical, nous débouchons au sommet de la paroi du Galinero.
Arrivée au relais, je tombe sur un lapin un poil désœuvré, qui me demande quel plaisir les pyrénéens peuvent-ils prendre à évoluer sur des frigos en suspension ? Je le rassure en lui assurant que tout cela devrait s’arranger d’ici quelques longueurs à moins qu’il ne s’y habitue d’ici là !
Nous grimpons déjà bien concentrés dans le 5 sup avant de devoir m’appliquer encore davantage pour une bonne section en 6a complètement expo… Cette fois, nous sommes chauds, les difficultés peuvent vraiment commencer ! Les longueurs s’enchaînent mais nous ne les enchaînerons pas toutes ! De toute évidence, la longueur du toit sera dure à libérer si on n’est pas prêt à faire du 7b sur pitons pourris.
Arrivés au jardin, nous choisissons de continuer tout droit et prenons la variante directe. Plutôt raide, dure, visiblement peu parcourue, le caillou n’y étant vraiment pas très bon, cette variante me laissera quelques souvenirs ! Après une belle longueur et le retour dans du bon rocher bleu au-dessus de la vire, nous retrouvons bientôt les logiques cheminées de sortie. Souvent trop larges pour s’y protéger correctement mais trop étroites pour y grimper avec un sac. Finalement, après une séance de ramping vertical, nous débouchons au sommet de la paroi du Galinero.
Les Edelweiss sont au rendez-vous, tout comme
les iris nains et les isards. C’est officiel : c’est toujours aussi « canon »
ici…
Une fois de plus, je me dis que cet endroit est un de ceux que j’aime le
plus au monde. A ceci s’ajoute la sensation de fatigue et de satisfaction de
s’être quand même donné un peu de mal pour venir à bout de ces parois
déversantes. Et si en plus je suis avec mon amoureux alors là je n’aime pas… J’adore !
Super sympa et très intéressante cette page
RépondreSupprimerJe suis tombé dessus en cherchant des infos sur Navarro.
L'éperon est de Gallinero pourrait bien être un prochain objectif.
Olivier un grimpeur de Nantes en virée dans la sierra de Montsec.
Great poost thanks
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