dimanche 7 octobre 2018

Reina de los Picos


Il était une fois…

La Torre Santa de Castilla celle que l'on appelle aussi Peña Santa de Castilla, une grande dame haute de 2596 mètres qui veille paisiblement sur son royaume : un immense désert de pierres.

C'est à mille lieux de la première route et au sommet de grandes murailles de rochers clairs, telle une forteresse imprenable que la reine des Picos contemple comme un de ses sujets. Tels des pions immobiles ; une cour de millions de milliards de cailloux s'étend à ses pieds… Drôle d'échiquier !


Les tours calcaires, de toutes tailles, qui parsèment le paysage semblent, elles aussi, pétrifiées. Quant aux cavaliers, ils sont une multitude d'hommes invisibles à surfer sur cet océan minéral en chevauchant d'agiles montures : les isards.

Retirée dans son lointain palais, ce n'est qu'au terme d'un long parcours semé d'embuches, d'obstacles à surmonter, de précipices à éviter et d'épreuves à réussir qu'un prétendu prétendant peut espérer aller à la rencontre de la belle reine…




Seuls, quelques fous traversant le massif en diagonale, peuvent prétendre avoir approché la fameuse Dame de Pic. Ces fous là, vous parleront probablement de sa face Sud et de ses 600m de calcaire extraordinaire alors que d'autres se souviendront de sa face Nord, de ses cheminées, couloirs et vires. 


C'est un peu comme si la reine avait élu domicile dans l'hémisphère Sud ,à moins qu'elle ne puisse simplement rien faire comme les autres … De manière originale, la face Sud est taillée pour les grimpeurs, la face Nord pour les randonneurs !
Pendant que les grimpeurs rigolent dans les cannelures ensoleillées, les randonneurs les plus téméraires cheminent, à l'ombre, le long de la voie normale jusqu'au sommet.


L'isolement géographique et les nombreuses heures de marche nécessaires pour approcher la base du sommet transformeront, à coup sûr, tout grimpeur en randonneur. Quant à la verticalité et à la technicité de la voie normale, elles transformeront forcément un peu les randonneurs en grimpeurs. 
Cette distinction disparaissant complètement lorsque tout ce joyeux petit monde se trouvera réuni au sommet. Magicienne la reine !


En août dernier, en bons petits lézards, nous nous sommes contentés d'une visite au caillou chaud du versant Sud. Au programme : La "Directa Sur" et ses 680 mètres d'escalade.



Une dizaine d'heures de marche pour trois petites heures d'escalade, de quoi effrayer plus d'un falaisiste et pourtant… le jeu en vaut largement la chandelle !



La reine a sorti sa plus belle tenue, la robe à rayures. Tel un immense voile minéral agrémenté d'incroyables motifs. Le grimpeur gâté évolue alors le long de fabuleux sillons zébrant la paroi et rappelant que, paradoxalement, parfois l'eau coule en quantité dans cet immense désert de pierre. Ces "chemins de l'eau" offrent au voyageur vertical des prises de toute beauté auxquelles s'agripper et des lignes de faiblesses lui servant de route jusqu'au sommet.


Quelle surprise de découvrir ce grand champ de cannelures et quel plaisir d'évoluer sur un caillou aussi sculpté et si adhérent…




Une approche interminable et une descente pas facile, c'est le prix à payer pour grimper à la Peña Santa de Castilla et profiter de cet incroyable caillou loin des foules... 

Un sacré voyage cette visite à la Reina de los Picos ! On reviendra !

1 commentaire:

  1. la conteuse a du talent ! et en plus elle ne fait pas que causer, elle grimpe. bon baroudage d'automne à vous deux. Bises

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