vendredi 3 avril 2020

Les journées de repos, on s'amuse aussi !


En ces mois de janvier et février, les journées se suivent et se ressemblent…
L'activité du moment : Courir après les glaçons et grimper dessus plus vite qu'ils ne fondent !
Cette course poursuite m'aura successivement conduite en Maurienne, dans la vallée de Chamonix et dans les Hautes Alpes toujours accompagnée de tout plein de chouettes personnes à qui j'ai tenté de faire découvrir cette surprenante activité.

On aura appris à ancrer les piolets bien solidement pour ensuite bien galérer à les sortir pour enfin pouvoir les replanter encore plus haut, à faire mordre les pointes avant des crampons dans la glace plutôt que dans le bas du pantalon, à baisser les talons afin d'éviter de se faire fondre la glace en ayant le feu aux mollets, à monter un bras puis les deux pieds, puis un bras puis les deux pieds, puis un bras… jusqu'à entendre son copain hurler "bout de coooooorde !!"... "Mince, faire un relais ... Laraaaaa !!! Comment on fait déjà ?!?!?" 


On aura essayé de visser des broches à glace en tournant dans le bon sens et sans qu'elles ne finissent toutes 100 mètres plus bas, bricoler des relais "germajesaispastropquoi", à faire un noeud de "bouline" qui ne coulisse pas, à essayer de faire se rejoindre ces deux trous pour réussir cette foutue lunule, à mettre en place un rappel puis à s'installer à peu près correctement dessus !
On aura tenté d'esquiver toutes sortes de projectiles tombant du ciel. Classé du moins au plus douloureux : gants, barres de céréales, téléphone, crampons, piolets  et glaçons de toutes tailles ! Il est clair que celui ou celle qui se retrouve avec une étoile sur le nez sera le perdant de la partie…


On aura essayé d'imaginer, en regardant un thermomètre, tout plein d'indices et une boule de cristal, si une cascade est pourrie, un peu, beaucoup, à la folie ou pas du tout ! Bref… Toutes sortes de choses très intéressantes mais complètement inutiles dans la vie de tous les jours ! Pour autant, tout le monde avait l'air plutôt content !


Entre deux journées de travail, j'ai quand même eu la chance de pouvoir grimper un tout petit peu pour moi. Deux petites journées, ce n'est pas beaucoup mais à force qu'un certain glaciairiste me sermonne de privilégier la qualité à la quantité, j'ai peut être fini par comprendre !
Deux super journées où j'ai eu le privilège de, chaque fois, grimper sur des cascades très rarement formées ou bien formées cette année pour la toute première fois.
Avoir la chance d'être là au bon moment et en bonne compagnie, avec un planning aussi serré et un hiver si capricieux, ça tenait presque du miracle ! Un peu comme la création des petits glaçons ci dessous ↷


Début janvier, la remise en bras est assez brutale. Le bruit court dans la maison que Côte 2000, près de Megève, est formée ! Dès le lendemain matin, le voisin nous embarque et on fonce !
Lorsque le jour se lève, cela fait déjà un moment que nous marchons, raquettes aux pieds. Au dessus de nos têtes, la grande paroi est effectivement zébrée de multiples coulées de glace. Pentes de neige raides, caillou tout sombre et tout pourri, neige toute grise tant la roche friable a déteint dessus, glaçons suspendus et cascades très verticales... Plutôt austère le coin !




Sur la partie gauche, deux lignes se dessinent. L'une d'elle porte bien son nom : "Patience". Pour une cascade qui ne s'est pas reformée depuis presque deux dizaines d'années, c'est plutôt approprié ! Manu et Nico partent grimper celle-ci alors que nous faisons justement preuve d'encore un peu de patience en commençant par grimper sa voisine de droite, toute aussi belle et toute aussi raide si ce n'est plus !
"Ice snob" pour "I'm snob", on n'est quand même pas bien loin de Megève, ne l'oublions pas ! Et après tout, ne sommes nous pas un peu "bling-bling" avec toute cette ferraille et tout ces tubes dorés accrochés aux fesses ?





Après une première grande longueur délicate par manque de glace ; la suite, c'est la super classe et la super glace ! C'est raide et c'est beau : on se régale !
Quelques heures plus tard, nous troquons nos cascades avec l'autre cordée et la "Patience" paye. Encore une belle cascade bien raide. Cette fois, c'est sûr, les bras sont prêts à attaquer cette nouvelle saison !
Une bien chouette journée avec ces belles lignes pour nous tout seuls. Les jours suivants ce sera le défilé... On l'a échappé belle ! Merci Manu pour l'idée et la découverte de Côte 2000 !





Dix-sept ans que mon glaciairiste préféré n'était pas revenu balader ses piolets par ici, depuis l'ouverture d'une ligne voisine de celles-ci... Moi, il y a 17 ans, j'avais 15 ans et je grimpais timidement mes toutes premières cascades. Ce n'est pas tant qu'il soit vieux mais plutôt qu'il soit patient (et pas chiant de surcroît !) ! C'est une chance !
Rendez-vous donc en 2037 ! Ufff, ce coup-ci, il sera peut-être vieux pour de vrai, par contre... pas facile l'approche en déambulateur mais pour grimper, qui sait ?!? ... ça devrait encore marcher !!


La seconde de ces deux précieuses journées de grimpe eut lieu au fin fond du Queyras en février. Le seul endroit que je connaisse où l'on mentionne et où l'on nomme dans un topo les cascades qu'il reste à ouvrir ! C'est ce qui s'appelle être prévoyant et croire aux générations futures !
Celle-ci s'appelle donc "La draperie du Moulin" et en toute logique, c'est le Moulin du coin qui en a fait la première ascension en compagnie de Pascal quelques jours plus tôt.
Itinéraire original puisqu'il s'agit d'une petite traversée ascendante, à droite suivie d'une grande traversée quasi à l'horizontale, à gauche sur un grand rideau suspendu au dessus du vide. Faire davantage de mètres d'escalade en traversant qu'en s'élevant, c'est assez peu commun et finalement c'est assez déroutant !


Escalade en diagonale dans de la glace assez raide, avec du gaz sous les pieds et sans ne jamais pourtant dépasser les 60 mètres de haut !
Croisés, décroisés et changements de mains au programme... Vaut-il mieux grimper en tête ou en second dans ce genre de chose ? J'ai ma petite idée et c'est pour ça que je pars en premier !!






Une grande traversée horizontale avec tantôt un agréable petit pas d'escalade suivi d'un petit pas de désescalade un peu moins agréable me mène jusqu'au "sommet" de la cascade.



Un grand rappel et un peu de ménage nous attendent !! Yihaaaa ! (voir vidéo)


Pour une saison si particulière, si caniculaire, si brève et si bien remplie, grimper sur ces cascades si peu souvent en conditions, avoir été là au bon moment et en bonne compagnie, cela aura été comme un joli cadeau !


Mi-février le thermomètre monte encore d'un cran et le grand départ pour le grand Est approche, je range les piolets et je sors les skis de géant aux carres bien affûtées ! Place à la glace horizontale cette fois !
La suite au prochain épisode !

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