mardi 28 avril 2020

• un jour, une étape, une photo • #11

 

J11 : «Le jour où j’ai enfin le temps d’écrire mais où il n’y a pas grand-chose à raconter !!»
22km à pied

Déjà notre 11ème jour sur le lac. Aujourd’hui, on a passé le cap des 500km ! « Plus que » 122km jusqu’à Severobaïkal. On tient le bon bout !!

Ce matin, les prévis reçues sur l’Inreach ne prévoyaient pas franchement de vent pour les deux jours à venir… On verra ce que nous réserve demain, mais aujourd’hui, les prévisions se sont avérées plutôt très très justes : Rien de rien !

Nous voilà donc partis pour une belle session de marche à pied ou plutôt une bonne session de ski de rando. Plus on avance vers le Nord et plus il y a de la neige, et maintenant, elle tombe même du ciel ! Les belles flaques de glace sont maintenant un lointain souvenir. Elles nous manquent déjà. Patauger dans la neige, c’est bien moins rapide, bien plus fatiguant et bien moins rigolo que « gambader » sur la glace.

Cette partie du lac est, sans aucun doute, la plus sauvage. Pas de route bien marquée sur le lac, pas de traces de piétons, peu de véhicules circulent et ceux que l’on aperçoit, rarement au loin, semblent avancer au ralentit tant ils galèrent à rouler dans toute cette neige. On se sent bien isolé et cette sensation nous plaît assez !

On n’est pourtant pas complètement seul. Une fois la nuit tombée, quelques points lumineux apparaissent çà et là. Cabanes de gardes-chasse ou minuscule hameau de deux ou trois isbas à peine ? Dans tous les cas, avec aucun accès routier par la terre et avec autant de neige sur le lac, ils ne doivent pas avoir de la visite tous les jours !
La journée se termine dans le « jour blanc » et sous la neige ; on est à quelques kilomètres à peine de la côte mais ce n’est pas toujours facile de s’orienter.
Aujourd’hui, ce sont des vacances : on pose le camp à 16h30 !

Voilà, qui me laisse enfin le temps de pouvoir écrire tranquillement sur mon petit carnet. Dommage, aujourd’hui, journée sans vent : il n’y a pas grand-chose à dire !

Pour autant, j’ai choisi ,aujourd’hui, une photo de bivouac prise quelques jours plus tôt sur le lac, pour vous raconter tous ces petits rituels répétés chaque jour, et aussi pour largement dédramatiser les dodos au frais, sur la neige ou sur la glace. Ce n’est pas si inconfortable et quand on a bien marché, on dort trop bien !!

L’emplacement de camping idéal sur le lac est sans nul doute près d’une crête de compression (amas de blocs de glace). Dormir proche de ces zones fissurées a deux avantages majeurs : premièrement, cela permet de disposer de glaçons faciles à casser, à mettre dans un sac de course puis à les stocker dans l’abside de la tente, pour ensuite faire de l’eau en quantité, sur le réchaud à essence . Deuxièmement, cela permet d’avoir une petite musique de fond dans ce monde si silencieux. La glace qui se fracture, craque violemment, puis les détonations se propagent… Bon d’accord, il faut aimer la musique « boum boum » !
Ambiance techno garantie ! Parfois cela dure même la nuit entière sans ne jamais s’arrêter : Rave party sur le Baïkal.

Il faut ensuite installer la tente en choisissant un endroit bien plat… C’est une blague bien sûr ! Ici tout est plat !
Il faut ensuite bien la fixer au sol glacé, une idée ? Ici ce n’est pas le paradis des sardines mais plutôt celui des broches à glace ! Deux ou trois broches suffisent largement.

Il ne reste alors plus qu’à jeter matelas, duvets, livres, frontales, appareils photos, brosses à dent, nourriture, réchaud, thermo et chaussons des chaussures dans la tente puis à s’y jeter, à notre tour, s’il reste un peu de place !
Je ne remettrai plus que le nez (ou plutôt les fesses) dehors pour un dernier petit pipi avant d’aller au lit parce que je n’ai pas, comme d’autres, la chance de pouvoir faire pipi dans une bouteille !

Dans notre petit nid douillet, le réchaud tourne à plein régime toute la soirée ; Bruno est aux commandes. Dans la casserole, la glace fond et bientôt on pourra réhydrater d’eau bouillante, soupes et nourriture lyophilisées. Un seul lyoph’ pour deux, agrémenté d’un peu de purée ou de semoule, nous permet de ne pas nous encombrer de trop de nourriture. Un bout de gingembre confit et un carreau de chocolat comme récompense de la journée !
Entre la soupe, le remplissage du thermo, le lyoph’ qui gonfle, l’envoie de quelques messages et la réception de la météo via l’Inreach, et avant qu’il ne fasse trop sombre, je griffonne quelques lignes dans le journal de bord… La date, le nombre de kilomètres parcourus, le menu du jour, une rencontre, les voiles utilisées, l’état de nos jambes ou encore une anecdote… il y en a une pour chaque jour !

Il fait maintenant si chaud dans la tente qu’on est même obligé d’ôter une doudoune ou deux ! Un comble ! Toute l’humidité accumulée au fil des jours, sous forme de fines pellicules de glace, sur les parois de la tente ou sur les duvets, fond à vue d’œil et il faut éponger les gouttières, à droite à gauche, avec l’indispensable éponge du campeur polaire ! Lorsque l’on éteint le réchaud, la température redescend à vue d’œil mais on a fait le plein de chaleur pour la nuit. La gourde Nalgène remplie d’eau bouillante nous servira de bouillotte. Dans le duvet, on se la refile comme deux manchots empereurs se refileraient leur œuf.

On se couche comme les poules (des neiges) dès que la nuit tombe. 10-12h de sommeil, c’est parfait et parfois, il n’en faudrait pas moins pour avoir juste le temps de se requinquer un peu ! A 20h, nous voici, bien au chaud, dans nos deux duvets jumelés. Le temps de compter jusqu’à 10 et on dort déjà comme des marmottes (des neiges !).

A demain pour de nouvelles aventures !

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