Pris dans une espèce de course contre la montre pour essayer de prendre de vitesse l'été qui déjà, en cette fin de mois de mai, semble bien motivé à s'installer... à Geyikbayri, c'est la résilience (et oui, ce mot à la mode) que nous avons appris !
Les journées de grimpe à Datça, aussi géniales niveau grimpistique qu'éprouvantes niveau calorifique, nous ont laissé comprendre que si on voulait espérer grimper encore un peu avant de continuer le voyage et d'abandonner tout notre matériel, il ne fallait pas trop traîner. Autrement dit, il n'était peut-être pas question de faire des tours et détours de bicyclette et de passer des jours et des jours à défier les 7000m de dénivelé et à parcourir les 500 km nous séparant de la région d'Antalya. Aussi après moultes réflexions éthiques, écologiques, humoristiques, thermiques et physiques, la raison du grimpeur l'a emportée sur celle du cycliste.
On pédalera plus tard, la grimpe d'abord !!
En sautant dans un bus de nuit en direction d'Antalya, on gagne ainsi quelques jours de printemps qui, espérons le, nous seront précieux !
Il est 5h du matin lorsqu'on débarque à Antalya où l'ambiance n'est, avouons-le, pas franchement fraîche. On prend aussitôt la route en direction de Geyikbayri, un des plus fameux spot de grimpe turc. Après quelques efforts et pas des moindres, pentes à 13% au menu, on finit par arriver à destination, avec les jambes un peu en compote et avec un sacré coup de chaud sur le casque. A cet instant, on se dit que les montées turques c'est du sérieux et que s'il fait déjà si chaud à 9h du mat', ça risque d'être compliqué !
On peut maintenant le dire : "Geyikbayri, on n'a pas tout compris !"
Geyikbayri, des falaises de toutes les orientations, rocher gris, blanc et oranger, concrétions, grottes, peu d'approche, petite rivière qui coule au milieu, joli camping, ouverture des voies relativement récente... sur le papier, tout semble parfait ! Dans les faits, très chaud, trop chaud. Les grimpeurs semblent d'ailleurs avoir déserté les lieux pourtant il semble en rester quelques-uns qui traînent là au camping... des durs à cuire ?
On enfile nos chaussons et c'est la désillusion : rocher super patiné et cotations pas données, l'un ayant sûrement l'autre pour conséquence. Dans tous les cas, il semblerait que Geyikbayri ait vieilli...
Quand tu allies ces deux ingrédients, rocher lustré et mains toutes moites, le mélange est détonant : Zipettes à tout instant !
On n'a quand même pas fait tous ces kilomètres pour se retrouver à grimper en plein juillet à la Clape ou au Biclope (chacun ses souvenirs d'enfance...) !
Les premières impressions ne sont pas toujours les bonnes, aussi on se donne trois jours pour tenter d'apprécier à sa juste valeur ce spot fameux ou ce fameux spot. Et trois jours à se battre avec son sac à magnésie, sa transpiration, ses pieds gonflés dans les chaussons et à se faire rouster, c'est déjà pas mal long ! "Hot niveau".
Bruno tire pas trop mal son épingle du jeu alors que moi je suis littéralement scotchée au sol, ce qui évidemment m'énerve énormément !
Molle attitude au programme.
On tente les falaises orientées Ouest le matin tôt, les faces Est l'après-midi, les voies équipées dans les années 2000, celles équipées une quinzaine d'années plus tard, rien n'y fait. Quand un local nous dit que pour lui la saison est tout simplement fini, on comprend qu'il est temps de plier bagage et de filer un peu plus loin, un peu plus au nord, un peu plus haut ! Il nous ouvre sa bibliothèque afin que l'on y choisisse notre prochaine destination. Teşekkür ederiz !
La belle session grimpe à Geyikbayri, ce ne sera pas pour cette fois-ci ! Ça ressemble bel et bien à un beau but cette histoire !
On s'offre quand même un regain de vitalité et un sursaut d'énergie avant le départ en trouvant enfin une fraîcheur toute relative à Çitdibi.
Çitdibi, c'est la falaise du futur, 150 mètres de haut, ticket d'entrée 7b+ et puis hop, presque que du 8 dans du caillou relativement neuf. Le genre d'endroit où tu ne peux pas être trop ramolo des biscotos.
Une falaise perchée en haut d'une colline et qui reste à l'ombre la majeure partie de la journée. Pas question de monter jusqu'ici en vélo et on profite d'un trajet motorisé avec d'autres grimpeurs pour découvrir l'endroit.
L'occasion de discuter un peu avec eux et de comprendre qu'à priori eux aussi sont complètement scotchés par la chaleur à Geyikbayri et que grimper relève du défi !
Voilà qui ce explique qu'on ne les voyait que se balader au ralenti entre les sanitaires, le bar et la cuisine commune du camping et faire une traction ou deux, de temps en temps, sur la poutre en bois accrochée devant leur petit chalet. Quant aux autres habitants du camping, il s'agit de nombreux russes venus chercher le calme en Turquie d'où ils peuvent télétravailler en paix depuis leurs cabanes en bois. Tout s'explique ! Il nous fallait bien quatre jours pour élucider le mystère de Geyikbayri !
Avant de se transformer définitivement en guimauve, on reremplit nos sacoches et on prend la direction des sommets !
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