Rouler à vélo vers l'Est, c'est un peu comme jouer à une partie géante de milles bornes. Disons même dix milles bornes pour être plus juste.
Non seulement tu dois pédaler pour avancer mais tu dois aussi éviter les crevaisons et les chiens enragés. Tu dois trouver des endroits chouettes pour bivouaquer chaque soir et tu dois aussi déjouer les problèmes mécaniques et les chauffards bourrés à la vodka. Quand tu pioches la carte "Patatra", tu dois aussi patienter ou être ralenti pour cause de bobos, de mal aux fesses ou aux mollets. Même combat pour la carte "météo" : pluie, reste à l'abri.
Avec la carte "diplomatie", il te faudra aussi jongler avec les visas, les frontières fermées pour raison politique ou celles fermées pour cause de covid, avec les états d'urgence et les couvre-feu en vigueur. Enfin avec la carte "survie", il faudra aussi jouer fin et composer avec les hautes températures estivales, les déserts, la neige et les cols à 4000 mètres d'altitude...
Un bon programme.
A Tbilissi, on tombe sur la case, "pose toi un peu et réfléchis". C'est la première fois depuis le début de la partie. Ça tombe bien, on pioche également le joker "hôtel avec wifi".
L'Azerbaïdjan, toujours fermé pour cause de covid (?), n'ouvrira pas ses portes avant le 1er septembre, la rumeur s'est officialisée. L'entrée par voie aérienne dans le pays semble pour autant fonctionner mais pas par voie terrestre... Vélovole ?
L'accès à la mer Caspienne est donc impossible aux voyageurs souhaitant rejoindre l'Asie centrale et tous les pays en "stan" depuis Baku en bateau.
Une autre option serait de traverser l'Arménie, de rejoindre l'Iran et puis de remonter par le Turkménistan. Là encore, ce dernier a ses frontières fermées pour une durée indéfinie et ce visa semblait de toute façon déjà quasi impossible à avoir obtenir depuis des années.
Une dernière option terrestre serait de traverser le Caucase, d'entrer en Russie pour rejoindre le Kazakhstan. Pas simple à l'heure actuelle.
Pas d'autre alternative que piocher. On tombe sur la carte "voie aérienne" pour faire un bond au dessus de la Caspienne... depuis Tbilissi, depuis Erevan ou depuis Téhéran, c'est au choix !
Nous n'avons pas de visa iranien, l'été est déjà bien trop installé pour espérer y pédaler au mois de juillet et très peu d'avions décollent depuis Téhéran.
La carte "curiosité" nous pousse donc à rouler jusqu'à Erevan d'où nous essaierons de nous envoler pour Aktau, sur la côte de la mer Caspienne au Kazakhstan.
Reste à passer par la case "déchetterie" pour trouver deux grands cartons pour emballer nos vélos puis rejoindre la case "aéroport".
Entre temps les infos défilent sur ce gigantesque groupe whatsapp de cyclistes roulant vers l'Est. Certains y demandent des infos sur des hôtels en Turquie quand d'autres galèrent à Islamabad, quand d'autres encore essaient désespérément de réparer leur réchaud ou leur roue à Bichkek et que d'autres déjà bien plus à l'Est veulent entrer au Myanmar.
Au beau milieu de tous ces échanges, on peut maintenant lire que la route du Pamir serait actuellement fermée, la frontière entre le Tadjikistan et le Kirghizistan également, tout comme la frontière entre le Kazakhstan et l'Ouzbékistan. Ça commence à faire mal en une seule partie... et ça n'arrange pas trop nos affaires.
Mais comme on dit au jeu des dix milles bornes : Qui roulera, verra !
En plus, aujourd'hui, c'est bonus. On a passé les 2000 km, on peut passer deux fois au ravito et avoir double ration de cerises ! Youpi !
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