samedi 10 septembre 2022

Naitre Afghan aujourd'hui ? •Escal'A2roues#31•

Sur quelques centaines de kilomètres,  la rivière Panj a délimité sa frontière. Nullement arbitraire, l'impétuosité des flots avait cette évidence naturelle pour nous séparer de l'Afghanistan. 

Même si l'existence d'une frontière peut interroger, la rive gauche était parsemée de hameaux reliés par une étroite piste. Fort peu de trafic en comparaison avec la nôtre déjà bien réduite,  des piétons majoritairement accompagnés parfois d'un âne,  de rares motos et de plus rares autos encore. 

Mais si le photographe avait inversé la photo,  je défie quiconque de nommer les états. Architecture basique en terre ou pierres, l'existence d'un lieu de vie tient ici du génie de l'irrigation. 
Soudain, alors que le minéral règne en roi, des générations ont eu l'intelligence par la création de réseaux d’amener l'eau sur des distances parfois considérables et de faire naître tout simplement et justement la vie. Chacun s'affaire indifféremment,  et avec le même savoir, à la faire naître, prospérer et s'épanouir. 

Et il en faut de l'inventivité et du labeur pour "boucler confortablement l'année" !
Les cultures sont identiques, et pour notre plus grande chance, cette saison, les abricotiers croulent sous le poids des fruits. Une harmonie, un équilibre existent dans ce recoin du monde qui est ni plus ni moins l'œuvre de l'homme. 

Si l'on se prend au jeu du photographe : y a-t-il une rive mieux qu'une autre ? 
Les mains se lèvent pour nous saluer, il y a fort à parier que la rive gauche envie celle où nous sommes de ne pouvoir aussi offrir le thé de bienvenue… 
Mais alors,  je reformule la question : existe-t-il une rive « mieux » qu'une autre pour pointer son nez dans ce monde ?  

Là où nous roulons, le choix pris a été de faire patrouiller, à intervalles réguliers, des très jeunes soldats armés. 
Rien de bien exaltant dans leur journée, ils marchent par trois à cinquante mètres de distance les uns des autres, sans lunettes de soleil ni même d'iPod ! Bon, ils font de l'exercice au moins…
Aucune présence de cet ordre en face ! Ça vaque aux occupations quotidiennes des champs et de l'élevage. 

Sur le site Web dédié aux voyageurs comme nous, par exemple, la région est rouge… 
Parfois, un gamin au biclou déglingué qui nous accompagne quelques centaines de mètres lâche au cours de la conversation minimaliste le mot "taliban" avec de gros yeux tout en matant la rive opposée. 

Mais dans les faits rien, nada… ah si, il y a quelques temps,  au beau milieu de cette interminable vallée se tenait sur une espèce d'île un bazar où le troc devait régner en maître. Mais ça, c'était avant… 

Alors, il me plait d'imaginer,  d'espérer qu’ici, au Pamir,  le milieu et sa rigueur impose plus qu'ailleurs sa condition et que ses habitants vivent dans une sorte d'harmonie dictée par les saisons et les récoltes, et non pas par l'interprétation et l'imposition de croyances dont personne n'a besoin en définitive !

J'aimerais tellement que l'humanité grandisse autour du respect mutuel, du libre arbitre et de la bienveillance.
L'accueil prodigué tout au long de cette Pamir highway avait en tout cas ces fondements !  
Merci merci …

Bruno



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