samedi 24 juin 2023

Entrée fracassante en Thaïlande !•Escal'A2roues#73.









Nous faisons un peu peine à voir lorsque nous débarquons dans notre 14ème pays...

L'entrée n'est pas franchement triomphale mais heureusement, la Thaïlande reste fidèle à elle-même et ici nous apprenons à dire "merci" aussi vite que "bonjour" !

C'est tout d'abord avec un pneu à plat que nous nous présentons à la frontière. Non pas que nous ayons roulé sur des cactus, puisque durant les deux jours précédents, nos vélos sont restés sagement allongés sur le toit de notre grande péniche qui remontait les flots et les quelques rapides du Mékong.

La faute plutôt à ces rustines dernière génération... autocollantes, enfin presque ! Petites gomettes carrées et transparentes. Maintenant ne pas réussir a réparer une crevaison est aussi compliqué que de percer son pneu en roulant sur une aiguille dans une botte de foin !

Bien inspirés, ces petits patchs semblent pourtant prendre un malin plaisir à se dandiner entre chambre à air et pneu, un peu comme un pansement entre chaussette et talon blessé.

Je suis sûre que vous imaginez bien le concept du compeed qui à première vue, bien installé, se met subitement à plisser, à se décoller et à rouler sur lui-même pour finir comme un gros pâté gluant, ayant arraché au passage, ce qu'il restait de peau autour de l'ampoule 800 watts.

Bref, le résultat est moins douloureux mais à peu près similaire en terme de conséquences : impossible d'avancer !

Une fois, ce soucis réglé et le niveau d'air refait à neuf, nous enfourchons nos biclous regonflés à bloc, à la recherche d'un pont pour franchir ce grand fleuve, frontière naturelle entre Laos, d'où nous arrivons et Thaïlande notre prochaine destination.

Il paraîtrait même qu'en franchissant ce grand cours d'eau nous faisons illico un saut entre un des pays les plus pauvres de la planète et un des plus riches...

Après quelques tours de pédales, la nuit nous attrape rapidement. La faim aussi mais nous n'avons plus que l'équivalent d' 1,20 euros en monnaie locale. C'est un peu light pour espèrer pouvoir se payer un casse-croûte. C'est à peu près l'avis de ce patron de restau qui nous guette sur le trottoir. Par chance pour nous, il est cycliste à ses heures perdues et propose que l'on passe les trois sous qu'il nous reste pour boire une bière et qu'il s'occupe du reste.

Au final, on mange et on boit assez copieusement et pour finir nos 22 000 kips restent dans nos poches.

Kopchaï !

On est presque triste de déjà quitter le Laos mais le visa touristique en veut ainsi...

Une nuit dans un talus de bord de route et quelques kilomètres avalés plus tard, nous sommes devant le pont de l'amitié Laos-Thaïlande number 4 et le poste frontière Laotien.

On tend nos passeports à l'homme à képi pour un tampon de sortie, c'est alors que le racket à demi-officiel nous tombe, une nouvelle fois, dessus. C'est 18 000 kips par personne pour que la porte de sortie s'ouvre à nous.

Les fonctionnaires un peu véreux se contentent finalement des 20 000 pour nous deux et nous laissent filer.

Nous voici devant le pont. Nous qui nous imaginions franchir le Mékong, le nez au vent et en pédalo, euh... en pédalant, c'est raté !

Le pont long d'un kilomètre à peine est peut-être le kilomètre le plus cher au monde ! La circulation étant interdite aux vélos, nous devons nous et nos montures grimper dans un bus.

Retirer toutes nos sacoches, les ranger en soutes, porter les vélos pour les glisser dans la rangée étroite entre les sièges du bus, se trouver une place, refaire le même manège en sens inverse, deux minutes plus tard, et devoir payer l'équivalent de 8 euros pour cela...

Par chance, pour la suite de la journée (et pour nos estomacs !), il est possible de payer ce transport de luxe avec un billet de 10 euros. Monnaie rendue en bats, nous voici donc avec 60 bats exactement en poche (soit un peu moins de 2 euros).

Imaginions-nous à cet instant qu'il nous faudrait tenir la journée entière et parcourir une centaine de kilomètres avec l'équivalent de 2 euros pour manger toute une journée ?

Notre téléphone ayant rendu l'âme il y a plus d'une semaine déjà, nous voici sans GPS, sans carte, sans appli de navigation, sans montre, sans réveil, sans internet, sans traducteur, sans calculatrice... Nous n'avons donc pas d'autres choix que de suivre les panneaux routiers et d'emprunter les gros axes et de faire confiance à notre instinct.

À la sortie du pont, ce dernier nous souffle de prendre à gauche, dommage puisque les distributeurs d'argents et les banques étaient à priori à droite. (Comme toujours, en fait... On aurait pu s'en douter !)

Heureux d'avoir franchi cette nouvelle frontière sans encombre, nous roulons à toute allure sur une route encore calme en ces heures matinales...

Et tellement calme, qu'il nous faut quelques minutes pour nous rendre compte que nous roulons à contre sens.

Ici la conduite c'est à gauche et une nouvelle fois, nous changeons notre rétro de côté du guidon.

S'en suit un double marathon à deux roues, le genre d'étape où tu roules beaucoup et où tu manges peu. Aucun des distributeurs automatiques rencontrés en chemin n'accepte de nous donner de l'argent.

Aussi les kilomètres s'empilent au compteur (qui ne marche plus depuis des mois non plus.. ) en même temps que la faim torture nos ventres !

30, 50, 70 km et nous n'avons toujours rien avalé depuis hier soir... En milieu d'après-midi, nous croisons un petit marché et nous sommes comme deux enfants avec une pièce d'un euro chacun au creux de la main qui font le tour de tous les stands en demandant les prix et qui étudient ce qui pourra le mieux contenter leurs estomacs à moindre frais.

Finalement le repas sera composé de cinq petits raviolis vapeurs chacun et d’une demie gaufre. La pause de quelques minutes fera aussi son effet et nous reprenons la route en presque pleine forme !

On croise ensuite encore quelque machines à cash capricieuses et les banques sont toutes fermées en ce samedi après-midi mais finalement tout finit par s'arranger en début de soirée. Après avoir parcouru une distance de près d'une centaine de kilomètres, nous arrivons enfin à retirer l'équivalence de 15 euros tout en perdant l'équivalent de 7 euros en frais bancaire !

Bien joué ! Essaie encore...

On glisse la carte une nouvelle fois dans la fente et ce coup-ci, c'est un peu plus gagnant, 200 euros pour toujours la même commission.

La vie de vacanciers s'offre à nouveau à nous ! Un gentil thaï nous offre une boisson en guise d'apéro alors que nous sommes assis devant un supermarché et nous mangeons enfin notre premier vrai repas de la journée. Il est 21h.

Bien crevés de cette première journée bien fournie en terme de kilomètres avalés et assez pauvre côté diététique et calories ingurgitées, nous jetons le bivouac dans une rizière asséchée.

Dès le lendemain matin, les petits bonheurs du voyage à deux roues reprennent le dessus. À peine réveillés, on nous invite à venir utiliser les toilettes de la maison voisine. Thé et quelques biscuits en guise de petit déjeuner pour bien commencer cette nouvelle journée.

Ce qui est étonnant c'est que dans le jardin de cette maison là, il y a une église.

Un thaï et une chinoise aux manettes de cette mini paroisse nous demande si on connaît Jésus. On répond qu'on a déjà vaguement entendu parler de ce gars là puis ils nous invitent à se joindre à eux pour la messe qui a lieu dans le bâtiment voisin. On décline évidemment l'invitation. Ils semblent un peu déçus mais charité chrétienne oblige, nous invitent quand même pour le déjeuner de midi !

La route peut continuer, le ton est donné...

Le soir même alors que nous squattons au milieu de quelques maisons, un homme accompagné de plusieurs enfants qui ont pour l'occasion tous enfourché des vélos viendront nous saluer. Sur les ordres de l'adulte, chaque enfant part aussitôt à la recherche d'un bout de bois à jeter dans le feu qui illuminera la soirée. Pour le p'tit déj' c'est une vingtaine de bananes dont on nous régale.

C'est la chance du voyageur itinérant qui nous sourit pour fêter l'arrivée dans un nouveau pays !

Sabadica Thailandia ! Bonjour Thailandia ! Kapunka Thailandia ! Merci Thailandia !



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