jeudi 4 janvier 2024

À la poursuite du diable de Tasmanie..Escal'A2roues#141




*Rencontrer le diable*

Quelle probabilité de chance avions-nous de rencontrer un diable de Tasmanie ?

À peu près aussi peu que de rencontrer quelqu'un qui nous invite dans sa coloc où de rencontrer quelqu'un d'autre qui étudie cette petite bête endémique de l'île. Si on pousse la chance un peu plus loin encore, il se trouve que cette personne là, part en mission d'observation le lendemain dans la péninsule de Freycinet, là où nous avons justement prévu de nous rendre pour grimper les jours suivants.


Voilà comment nous sautons , nous et nos vélos , dans le grand pick-up de l'université de Tasmanie et comment nous embarquons avec Cyril et Alix pour nous retrouver dans le rôle d'assistants naturalistes !



40 pièges de capture, des kilos d'agneau frais et de quoi faire des prélèvements en tout genre...

Il n'y a plus qu'à espérer que le diable soit au rendez-vous !


*Pourquoi capturer des diables ?*


Le diable de Tasmanie est une espèce de marsupial carnivore , charognard ne vivant qu'en Tasmanie. Présent aussi , il y a quelques centaines d'années , sur le continent. Le diable a depuis complètement disparu. C'est un animal nocturne et solitaire. Il a un épais pelage noir avec quelques tâches blanches, un profil trapu, une mâchoire très puissante et pousse des cris stridents. Le diable est une espèce menacée, sa population a fortement chutée depuis les années 1990 durant laquelle est apparu un cancer transmissible par morsure qui a depuis tué des dizaines de milliers d'individus. Cette maladie provoque des tumeurs autour de la gueule et empêche l'animal de se nourrir, il finit par mourir de faim.




L'opération consiste à poser une quarantaine de pièges dans un rayon d'une vingtaine de kilomètres, les visiter un à un chaque matin. Glisser dans chaque tube un morceau d'agneau et l'accrocher à une ficelle qui, par un ingénieux système, maintient la trappe ouverte. Celle-ci se referme une fois le bout de viande touché. Une fois l'animal capturé, il est manipulé à l'intérieur d'un sac et différentes mesures sont prises :

Scan de la puce (ou pose de cette dernière si l'animal est encore inconnu), poids de l'animal, taille de la tête, des dents et de la queue, observation du museau, de la gueule et de la langue, de la poche marsupiale et des mamelles actives pour comptabiliser le nombre de petits, prélèvements d'excréments, de poils et de sang et biopsie pour les individus semblant atteints.


*Une invitée surprise*

Nous voici partis pour cette première" cueillette" de diables. Lors de la première tournée, nous avons constaté que toutes les boîtes étaient restées ouvertes, toutes sauf une ! Lorsque nous entrouvrons la trappe et glissons un œil curieux à l'intérieur, surprise, ce n'est pas un diable que nous avons attrapé mais un "quoll".


Le quoll comme le kangourou, le wallaby, le wombat, le diable... fait partie de la famille des marsupiaux, ce qui veut dire que les petits naissent, font un rapide passage à l' extérieur pour rejoindre la poche où se trouvent les mamelles. Ils resteront dans celle-ci jusqu'à être plus autonomes.




Contrairement au diable qui est plutôt un charognard, le quoll est un chasseur. Voilà probablement pourquoi il a davantage été attiré, ce premier jour, par la viande fraîche. Peut-être un peu trop fraîche au goût d'un diable d'ailleurs (mais pour deux cyclistes c'était parfait ! ...Oui, oui, on n'a pas résisté à l'appel de la côtelette !)


L'occasion d'observer de près ce joli animal.

Quelques observations nous apprennent que cette femelle, d'environ 2 ans et de 2kg et qq, est déjà "pucée" et donc connue des services de l'université de Tasmanie sous le nom d'Alix !


Pour la petite histoire, Alix se fera prendre dans ce même piège plusieurs jours de suite. Nous arrivons donc à deux conclusions : soit ce petit animal n'a aucune mémoire, soit il adore trouver et se régaler de viande à moindre effort !


*Attraper le diable par la queue !*

Le 2ème jour, nous comptons sur la chaleur de l'après-midi précédente pour avoir initié la transformation de nos belles côtelettes en steak parfum charogne. Nous nous levons de bonne heure pour ne pas faire davantage attendre les animaux ayant pu avoir été pris, dans les pièges, durant la nuit.

Ce matin, la plupart des boîtes sont toujours ouvertes et certaines fermées nous donnent quelques faux espoirs. Des possums coquins ou des wallabies curieux auraient-ils joué, par là, durant la nuit ?


Et puis, l'un des pièges fermé semble contenir un petit habitant. On entrouve la trappe avec précaution et l'on jette un œil à l'intérieur : ce coup-ci, c'est sûr, nous allons faire connaissance avec le diable !

Ou plus exactement, nous allons rencontrer une diablesse... Good morning Rosie !


Une jeune femelle ayant déjà été capturée lors d'une mission précédente: 2 ans et toutes ses dents ! Un bon petit diable en pleine forme, sans aucune trace de tumeur apparente.


Afin de réaliser tous les relevés scientifiques, l'animal, incroyablement calme, est placé dans un grand sac, la tête plongée dans l'obscurité, chaque partie de son corps à analyser étant sortie tour à tour du sac : tête, museau, queue, poche marsupiale, pattes, oreilles...



C'est fou comme ce petit animal aussi hargneux soit-il, avec ses congénères, est, au contact de l'homme, si tranquille. Il se laisse manipuler sans aucune résistance. On lui ouvre la gueule, on lui mesure les dents, on lui soulève la langue, on lui prélève même du sang en lui piquant l'oreille... et il se laisse faire comme une grosse peluche.

Le comble est atteint quand, au cours d'un massage de l'oreille (pour que le sang s'écoule correctement dans les tubes ), il pousse un gros soupir tranquille !


Quelques minutes plus tard et une fois toutes les informations notées, il est l'heure de rendre à Rosie sa liberté !

Appareil photo en main, le temps d'appuyer sur le déclencheur et on ne voit déjà plus que la queue du diable !




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire