samedi 1 juin 2024

Un automne en Patagonie.......!Escal'A2roues#178



De la pampa à perte de vue, vastes étendues planes quasi désertiques, herbe rase, jaune, sèche, vent qui souffle, poussière qui vole...


Soleil rasant, belle lumière, été indien...


Et puis un jour, tout est devenu plus luxuriant, des forêts primaires ont fait leur apparition sur les flancs des collines puis ces collines se sont transformées en montagnes, les rivières étaient puissantes et de l'eau s'est mise à tomber du ciel: une pluie fine mais soutenue. Doucement mais sûrement, nos vêtements s'humidifiaient...



Le vent s'est mis à souffler comme un fou, déséquilibrant les funambules à deux roues que nous sommes. Les immenses lacs se couvrirent alors de crêtes blanches, vagues qui laissaient penser que nous avions rejoint la côte et l'océan.


Dans ces conditions, les distances s'allongèrent considérablement. Les mètres de dénivelé s'accumulaient, les endroits peuplés par l'homme se sont peu à peu radicalement espacés.

Les arbres torturés par le vent se sont tous mis à pencher dans la même direction et ont pris, tous ou presque, des airs de bonzaïs géants. Les prairies se sont transformées en étendues marécageuses et les arcs en ciel ont ponctué notre route rendant le ciel gris moins triste.



Quelques rayons de soleil réussirent même parfois à se faufiler au travers de l'épaisse couche de nuages, ajoutant une lumière nouvelle au tableau.

La Patagonie excelle en la matière quand il s'agit de jouer un rôle dramatique.


Un jour, on entendit le son d'un pic qui martelait de son bec un tronc, on aperçut ensuite son plumage rouge et noir et sa silhouette élégante de "carpintero".



Les feuilles des arbres rétrécirent, les épines des buissons devinrent agressives et quelques baies de "calafate" retardataires ajoutaient quelques touches de violet. Du lychen pendait des branches tel de longues moustaches et une espèce de mousse rendait le sol aussi spongieux que moelleux.



Et puis l'asphalte se laissa envahir ça et là par du lychen. Cette dernière laissa ensuite place au "ripio" agrémenté de quelques beaux nids de poule ou de tôle légèrement ondulée. Le vent leva de la poussière et nous accompagna en nous soufflant dans le dos.

Entre averses et coups de vent, kilomètre après kilomètre, coup de pédale après coup de pédale, la Patagonie s'offrait à nous.



Et puis, au fil des jours, la pluie est devenue plus froide, les nuits nous sont apparues de plus en plus fraîches, la rosée du matin se transforma en gelée nocturne et l'eau dans nos gourdes devint un bloc de glace.

On ajouta encore des couches à nos tenues vestimentaires que l'on garda nuit et jour.



Les sommets alentours blanchirent à vue d'œil, quelques flocons de neige arrivèrent même, quelquesfois jusqu'à nous. Les jours devinrent plus courts, la nuit tomba plus vite, on se mit à dormir davantage. Les fleurs de lupins colorées étaient sur le point de faner, les fruits de cynorhodon étaient à leur apogée.



En un battement de cil et en quelques kilomètres à peine, les arbres virèrent du vert au jaune, de l'orangé au rouge vif.

L'automne patagon était là.

Toutes les conditions furent alors réunies pour que le paysage, l'ambiance et l'aventure s'embellissent encore davantage.




La route s'arrêta, stoppée net sur les rives d'un immense lac, les vélos furent amarrés sur le pont d'un bateau, de longues heures bercés par les flots. Sur l'autre rive, un chemin se transformant ensuite en sentier facilita notre ruée vers le sud.



Et puis un jour, au loin, bouquet final de ce vagabondage patagon, dans un ciel sans nuage, des montagnes rocheuses apparurent. Sommets du bout du monde, tours de roches coiffées de gîvre, aiguilles de granit semblant flotter au dessus d'une forêt en feu.



Nos sourires radieux et nos yeux brillants en disaient long...

Nous étions arrivés à destination.




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