mercredi 7 août 2024

Buenos dias Buenos Aires....!Escal'A2roues#187







Des petits chemins Patagons aux grandes avenues de la capitale Argentine.. sans sas de décompression. Un fait insignifiant mais pourtant parlant de ce retour à la civilisation restera probablement lorsque j'ai tout bêtement fondu en larmes au tout premier coup de klaxon. Un "pouet" bien appuyé d'un taxi qui m'avait déjà frôlée à quelques reprises ces dernières secondes et dont le pare-choc devait se trouver désormais à environ 20 centimètres de ma roue arrière. Réaction ridicule de ma part mais qui pourtant en dit long sur notre déconnexion du mois passé... Ce soir là, après avoir sorti nos vélos de leurs cartons et les avoir consciencieusement remontés, nous avions quitté la gare routière. Assez vite, j'eus l'étrange sensation de nager dans un flot d'agitation. Je me sentis comme submergée par ce qui m'entourait, m'agrippant au guidon de mon vélo comme à une bouée pour ne pas couler dans cette grande houle. J'ai eu la sensation d'être dépassée et l'étrange impression d'être agressée de toutes parts : lumières artificielles des réverbères et enseignes publicitaires, phares agressifs en pleine figure, bruits de moteurs et de klaxons, proximité de toutes ces formes métalliques mouvantes autour de moi... Il faisait déjà nuit noire et la circulation à cette heure de pointe était plutôt très dense dans cette grande avenue de Buenos Aires. Tous lesvéhicules allaient au contact les uns des autres comme c'est la norme dans la plupart des grandes villes et dans de nombreux pays. L'usage du klaxon à tout va est également plus que répandu dans le monde entier et l'Argentine est pourtant très loin d'être en tête du classement à ce petit jeu là. Ceux sonnés à notre intention que ce soit pour nous saluer ou nous demander gentiment de dégager se comptent depuis le début de ce voyage par milliards ! Alors qu'y avait-il de si particulier ce soir là pour qu'un simple coup de klaxon me fasse perdre un peu les pédales ?À coup sûr, une transition bien trop rapide et un retour à la civilisation un peu trop brutale.Le trafic sur la Carretera Austral en Patagonie les semaines précédentes était effectivement aux antipodes de ces embouteillages dans les rues de Buenos Aires, ce soir là. Depuis combien de semaines roulions-nous exclusivement sur des petites routes à peine asphaltées ou sur de simples pistes de terre ? Durant des jours et des jours, nous croisions tout au plus, dix voitures par jour et à la fin plus du tout ! Les croiser nous apportait presque un peu de baume au cœur : un geste, un sourire, une option si la nourriture venait à nous manquer ou si un ennui mécanique s'immisçait dans l'aventure... Depuis combien de temps n'avions-nous pas roulé de nuit, éclairés par une lueur autre qu'un simple rayon de lune ? À quand remontait notre dernier passage dans une très grande ville ? Combien de temps sans bruit autre que ceux de la nature, sans qu'un klaxon ne retentisse à nos oreilles ? Tant de temps sans que nous n'ayons besoin d'avoir un œil constamment dans le rétro ? Voilà, de ces quelques sanglots, tout est dit ou presque... Je me sentais comme un "indien" d'un pays lointain débarquant dans une ville.Jusque là, il nous fallait composer avec des nids de poule profonds comme des baignoires, des bourrasques de vent bousculantes, une pluie fraîche qui mouille et refroidit, des flocons de neige qui glacent la peau et des nuages de poussière qui volent. Désormais il nous fallut zigzaguer entre les bus, les tramways, les voitures, les camions, les motos, les piétons et aussi d'autres vélos. Il nous fallut déjouer les coups de klaxon, les feux qui passaient au rouge et appréhender correctement dans le rétro, les distances avec les phares qui nous suivaient de très près quand il s'agissait de traverser perpendiculairement et sans se faire aplatir une avenue de 8 voies !Cette fois, c'est sûr, le passage du grand sauvage à la civilisation dense me chamboulait un peu... Il était temps d'arriver à destination ce soir, demain serait un jour nouveau !Une bonne nuit de sommeil sur les énormes matelas de la salle de bloc du Centro Andino de Buenos Aires, notre petite tente en guise de moustiquaire, de l'eau chaude qui s'écoulait des tuyaux pour se laver abondamment et puis un kilo de "facturas" en guise de petit déjeuner, une nouvelle vie pouvait désormais commencer ! Buenos dias Buenos Aires !


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