samedi 24 août 2024

"inselbergs" et de "taffonis" géants....!Escal'A2roues#198




"Inselberg" : nom masculin. Butte isolée au milieu d'une plaine d'érosion. Synonyme : pédiment

"Taffoni" : nom masculin. Cavité arrondie creusée par corrosion dans les roches grenues (granites, grès) en milieu sec.

Le décor géologique est posé, bienvenue dans l'état de Bahia !

Imaginez une plaine d'herbes sèches et jaunes, des cactus immenses décorés de quelques fruits roses bonbon, quelques buissons verts pétard par ci, par là. Un soleil qui cogne fort et quelques nuages gris qui, à intervalles réguliers, déversent une poignée de gouttes sur le paysage.

Et puis, il y a ces collines rocheuses incroyables, ces montagnes-îles semblant émerger de nulle part dans ce paysage tout plat.

Et puis, il y a ces parois orangées, jaunes, grises et parfois presque noires, parsemées ça et là de végétation exotique et piquante.

Et puis, il y a ces cavités improbables perchées tout là haut en pleine falaise.

Qui n'a pas rêvé d'aller se pendre par les bras dans l'un de ces immenses porches, de remonter en grimpant l'une de ces grandes arches sur son fil ou simplement de suspendre son hamac pour une nuit insolite au creux des ces grottes suspendues ?


Parmi ces étonnantes formations rocheuses, il y a la star du coin : le Morro da Toca et ses deux incroyables arches.Il y a quelques mois, nous découvrions surpris cette montagne sur l'une des photos d'un post de nos amis cyclo-grimpeurs basques Kattalin et Iñigo. Nnous étions à ce moment là à l'autre bout de la planète, au Japon ou peut-être en Australie, autant dire assez loin du Brésil. Nos yeux eurent du mal à y croire et il n'en fallut pas plus pour y allumer une étincelle de curiosité. Je ne sais plus exactement lequel de nous deux s'exclama alors :

"Prends ta bicyclette, accroche tes sacoches, on y va !"

Des mois, voir peut-être même une année plus tard... nous y voilà ! Cette étrange colline de roche et ces deux grottes existaient donc vraiment et nous nous trouvions à son pied. Une esthétique ligne permet même de remonter l'intégralité du bord gauche de la grande arche en escalade : "Arco da Toca", 7a, 180m

Entre rocher orangé sculpté et petites plantes grasses parfois piquantes, "Arco da Toca" est une excellente manière de rejoindre ce sommet atypique. Sans aucun doute, une candidate de plus à la nouvelle édition du grand livre "Parois de légende" !













Dans la famille des "inselbergs", je demande le "Morro do Enxadao" ! Voyez-vous deux lignes plus claires au centre de cette paroi ?


Celle de droite est bien plus visible : c'est "Jardineiro". Une belle voie sur un rocher sculpté mais qui aurait pu ne jamais avoir été découverte car envahie de milliards de petites plantes.À la manière de la Fiesta de los biceps à Riglos qui est visible de très loin sur la gauche de la Visera par les traces de magnésie sur le rocher orangé. Ici on doit cette traînée claire à un sacré boulot fait par les ouvreurs qui ont défriché une tranchée de bas en haut de la paroi, mètre après mètre, découvrant ainsi, prise après prise, une ligne superbe. "Jardineiro" porte ainsi bien son nom !




Sur le Morro do Enxadao, nous avons opté pour la ligne de gauche répondant au petit nom de "Virgulino".

"Virgulino", c'est une des voies les plus longues du secteur avec ses 290 mètres de haut et des cotations qui oscillent entre le 6c et le 7b brésilien, mais "Virgulino", c'est aussi l'histoire d'un célèbre bandit...Pour nous, ce sera hold-up entre les gouttes !


Ici à Itatim, il ne faut pas avoir peur d'apercevoir un grand ciel noir et menaçant au dessus de sa tête, il ne faut pas avoir peur de sentir ce vent fameux qui précède de quelques secondes à peine l'averse alors qu'on est perché à 200 mètres du sol et il ne faut pas avoir peur d'attendre, résignés, que cesse la pluie, accrochés à un relais en prenant, l'air de rien, plein d'eau sur le coin de la figure. Puis enfin, il ne faut pas avoir peur d'attendre patiemment que le caillou sèche avant la saucée suivante...

Ici, une journée est une alternance de grand ciel bleu et de gros nuages noirs... et ça va très très vite !


Alors quand les premières gouttes se pointent en pleine longueur, c'est une vraie course contre la montre qui s'engage pour rejoindre le relais suivant avant le déluge. C'est à peu près ce qui s'est produit alors que je grimpais le tout dernier 7b de cette belle voie. Pas de doute, ces conditions aident à mettre le turbo !

De toutes façons, avec de si longues longueurs et une si courte corde, la sortie, c'est par le haut ! Là- haut même, où après ces quelques efforts et ce petit jeu de cache-cache avec cette coquine de pluie, un sacré comité d'accueil vous attend ailes ouvertes et dard en avant : un milliard de moustiques.

Partout dans le monde, les moustiques ça rend "dingue"... mais ici, c'est à la fois vrai au sens propre comme au figuré !(Il ne s'agirait pas de devoir rester cloués au lit des jours et des jours avec une grosse fièvre sur nos matelas tout dégonflés !)

En ces circonstances, je crois bien que même "Virgulino", le grand bandit brésilien aurait fuis comme une poule mouillée !




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