Dans leur jardin...
Dans leur jardin, il y a un ruisseau qui se fraye un chemin dans des gorges encaissées,
Il y a un sentier qui chemine à flanc de montagne entre chênes, châtaigniers, bruyères arborescentes et dalles rocheuses inclinées,
Il y a des parois, des arêtes et des piliers vertigineux, il y a du gneiss et des cristaux qui scintillent,
Il y a des vestiges d'antan, des terrasses et des murs de pierres sèches, des anciennes charbonnières et des pitons qui ont vu passer d'illustres grimpeurs.
Dans leur jardin, il y a des paillettes de bonne humeur qui volent partout. Ici, on part à l'aventure autant qu'on plaisante : la grimpe, ce n'est pas sérieux, c'est juste un jeu !
On saisit le rocher à pleines mains, on embrasse le caillou à bras ouverts et on use ses doigts sur chaque aspérité.
On joue aux équilibristes sur le fil d'une arête aérienne, on enjambe le vide comme on sauterait à la marelle et par un itinéraire astucieux, on finit toujours par rejoindre le sommet,
On ne manque alors pas d'embrasser ses compagnes et compagnons du jour, et de les remercier.
Et puis il y a un ravin à redescendre et une maison à rejoindre...
Dans leur jardin, il y a des centaines de tas de bois, quelques anciennes ruines reconstruites par leurs soins et de la fumée qui s'échappe de quelques braises encore tièdes.
Et puis il y a un petit cabanon devant lequel, un vieil homme attend.
Bernard et ses yeux rieurs qui pétillent, Bernard et son sourire jusqu'aux oreilles, Bernard et sa main en miette qui l'oblige à rester là sinon, pour sûr, aujourd'hui, il aurait été de la partie !
Sur la terrasse, il y a Jacotte, son charmant sourire et ses jambes en compote. Suivant l'horaire tenu (ou non) elle ne manque pas de vous féliciter ou de vous demander d'un air espiègle ce qui a bien pu se passer pour avoir tant traîné !
Chaque paroi, chaque voie, chaque passage, chaque piton, chaque relais: ils n'ont rien oublié ! Ici on a dessiné tout un tas de voies sur le gneiss Carousien, on a grimpé entre jeunes frangins avec une corde en chanvre de 20 mètres à la taille et deux pitons en poche et on a fait des relais sur... Des bouquets de marguerites.
Voilà ce qui arrive quand on grimpe en couple et qu'on est romantique !
Désormais, on grimpe, ils observent, ils imaginent, ils attendent, ils accueillent...
Au petit matin, Bernard et Jacotte guettent les grimpeurs qui viennent se garer dans leur champ, qui partent à pied et s'enfoncent au loin dans le bosquet, qui grimpent ce fantastique pilier et en fin d'après-midi, ils attendent impatients leur retour.
Une délicieuse odeur de châtaignes grillées au feu de bois plane alors dans l'air, le café est chaud, les bières sont fraîches et les petits biscuits sont prêts pour le goûter.
On raconte alors l'escalade du jour et celles des temps anciens, on sort les vieux topos, on écoute avec délice mille et une histoires toutes plus farfelues les unes que les autres, on voyage du Piz Badile au Campanile Basso et puis on revient toujours au Pilier du Bosc !
On rit, on vit !
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