Il y a des journées qu'on ne voudrait jamais vivre, pourtant quand la vie ou la mort en décide autrement alors c'est à celles- ci qu'on aimerait qu'elles ressemblent.
En juillet 2022, alors que l'on pédalait en Arménie, je recevais un message de Flo. Je n'oublierai jamais ces trois phrases. "Marine a eu un grave accident. Elle y est restée. C'est fini."
En quelques secondes, une partie de mon monde s'écroulait. Finis tes grands yeux bleus et ton air malicieux, finis les fous rire, les blagues et la grimpe entre copines, finis les collants à étoiles et les combats dans les off-width, fini le grand huit à Las Vegas et les m&m's aux relais.
À l'autre bout de l'Europe, j'étais bien loin et si seule avec ma peine mais je fis une promesse. Je promis qu'un jour, je reviendrai (j'ai juste choisi le chemin le plus long, c'est vrai...), je viendrai visiter tes montagnes, je viendrai grimper cette voie, que Flo m'y guiderait et que je viendrai faire la connaissance de ton amoureux.
Fin novembre 2024, ma saison "estivale" touche enfin à sa fin, je prends la direction du Mercantour, non sans un mélange d'émotion, d'appréhension et d'excitation. De grandes retrouvailles avec Flo, un déjeuner en compagnie de Serge, ton papa et de Marc, ton amoureux tapisse mon cœur de douceur : je suis prête.
Dans son agenda hyper chargé, Flo a une seule petite journée de dispo mais nous sommes ultra motivées pour l'optimiser.
Là haut, au sommet de la Cougourde, c'est déjà presque l'hiver. Les cimes sont saupoudrées de neige, vent fort et températures quasi polaires annoncés, - 18 °C température ressentie !
Évidemment, on compte sur l'orientation Sud Est de la face, sur les rayons d'un doux soleil d'automne et sur notre enthousiasme débordant pour réchauffer l'atmosphère.
Nous enfilons une demie douzaine de couches de vêtements et remplissons quelques thermos de thé bien chaud.
En chemin, quelques noms connus de lieux, inconnus pour moi, parsèment la conversation : le "Coucou", le Boréon... Et puis la Cougourde apparaît : beauté !
Au pied de la face, nous nous emmitouflons dans nos plus grosses doudounes violettes, nous donnant des airs de deux prunes en cavale. Capuche enfoncée jusqu'au nez, gros gants, grosses chaussettes, on est loin des températures d'un certain 7 juillet 2022.
Dans les premiers mètres d'escalade, nos gestes sont malhabiles et les premiers pas d'équilibre sont quelque peu hésitants, puis nos corps engourdis par le froid se délient peu à peu.
La suite se déroulecomme une partition presque parfaite. Flo me guide à merveille dans cet itinéraire qu'elle connaît bien, nos mains agrippent le gneiss, nos gestes déroulent, nous avalons les longueurs une à une.
Pas de temps à perdre, nous avons rendez-vous plus-haut. Quelques éclats de rire fusent, quelques larmes coulent, nos yeux brillent, de grands sourires illuminent nos visages et nos coeurs battent fort !
Offrande de quelques m&m's colorés au pied de la vire fatidique, gros câlin, blagues et sanglots. On a aussi promené quelques uns de tes mousquetons, ils ont pris l'air et ont eu l'air d'apprécier !
Tu étais là, pas loin, à nous observer avec ton air espiègle. On le sait !
Dans la tempête de vent, nous avons fait flotter quelques jolies couleurs pour toi, là haut au sommet et t'avons laissé un petit mot bien ancré.
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