mardi 5 novembre 2024

30 septembre 2024....!...Escal'A2roues#212






S'il y a bien une leçon que l'on aura retenue de ces années passées sur les chemins du monde, c'est bien qu'en voyage tout prend des dimensions exceptionnelles.

Émotions toujours exacerbées, réactions quelquefois exagérées, corps parfois extenués, humeurs malmenées, rencontres souvent intenses et paysages éblouissants. C'est ainsi qu'une personne bienveillante peut ainsi devenir quelqu'un que vous aimeriez vénérer à jamais tandis qu'un arceau de tente brisé peut prendre des allures de fin du monde. On rit, on pleure, on adore, on déteste, on chuchote, on hurle...

En voyage, tout est plus beau, plus fort, plus explosif même ! La relation entre voyageurs n'échappe pas à la règle.

On a beau avoir choisi le meilleur des compagnons de vie, de route, de grimpe et de galères, on a beau l'avoir connu, testé et approuvé dans toutes sortes de situations, on a beau croire qu'on connaît l'animal dans ses moindres détails, il y a pourtant encore tellement à découvrir sur celui qu'on croyait connaître et aimer !

Mouvement permanent, inconfort quotidien, minimalisme matériel, sobriété alimentaire, hygiène sommaire, choix décisionnels importants... il n'y a pas de doute, en voyage, la relation amoureuse est mise à bien rude épreuve.

Durant ce long voyage, j'ai tantôt inventé les preuves d'amour les plus belles et les plus farfelues, tantôt dévoilé les plus mauvais côtés de mon caractère de petit cochon. Ce ne serait pas mentir que d'affirmer que ce fut quelquesfois réciproque.

Dans un tel voyage, on ne forme pas seulement un couple d'amoureux mais aussi une sorte d'équipe de vagabonds. Nous nous étions pourtant jurés, dès notre rencontre, de faire en sorte de ne jamais devenir de simple compagnons de cordée. Non seulement nous le sommes parfois devenus mais nous avons aussi été quelquefois colocataires de tente et équipiers cyclistes.

Dans un tel périple, l'amour est inévitablement malmené. On s'était aussi promis de se dire tout ce qu'on avait sur le cœur et sur les nerfs, on a toujours plus ou moins bien tenu promesse mais voilà que parfois les "maux" sont sortis tout en désordre : sans forme, sans consistance et sans élégance.

Dans un voyage au si long cours, il y a ce manque de repères fixes quand tout semble mouvant : l'épaule de ce bon copain sur laquelle poser sa tête, ce bout de jardin où se réfugier, cette balade qu'on aime bien pour aller s'aérer l'esprit, panser son cœur et vidanger ses yeux. Il y a juste ce visage connu que vous avez quelquefois détesté presque autant, qu'en réalité, vous l'adorez de tout votre être.

Partout autour, il y a cet environnement inconnu, ces gens qui passent, qui parlent une autre langue que la vôtre, qui vous prennent pour des fous ou vous envient d'avoir osé cette drôle de vie.

Chaque jour, il y a cet abri de toile à plier dès que le petit matin pointe son nez et que l'on ne peut réinstaller pour s'y reposer qu'une fois la nuit suivante venue. Il y a le vélo, ce moyen de déplacement qui demande un effort certain et il y a des jours où l'on aimerait simplement se laisser conduire et regarder le paysage défiler à la fenêtre. Et puis, il y a ces journées accrochés au rocher ou dans des pentes de neige dure comme de la glace et puis, il y a cette corde qui nous lie pour le meilleur et pour le pire.

Au sujet de la cordée... J'ai toujours aimé cette relation particulière et véritable qui nous lie à un compagnon et que l'on expérimente dans toutes sortes de situations en montagne. Dans ce lien, il n'y a pas de place pour le mensonge, le superflu, les artifices, la prétention ou la fausse modestie... On est très vite et presque toujours dans le vrai, le concret et l'essentiel. En montagne, on apprend à se connaître soi mais on explore aussi tous les traits de caractère de son compagnon de cordée.

Il y a de grandes similitudes avec un si long voyage... l'intensité physique est moindre (et encore que c'est parfois discutable), l'engagement vital réduit et le milieu moins hostile mais la fatigue nous a largement à l'usure !

Alors, après tous ces instants où cuits par le soleil rageur, glacés par le vent froid, bousculés par les bourasques ou malmenés par des côtes trop raides, nous avons unis nos forces. Après tous ces moments complètement fous où avec tendresse, on a aperçu dans le regard de l'autre des étoiles briller et parfois des larmes d'émotions se former. Après ces tempêtes de mots durs où chacun s'est recroquevillé sur lui-même et a attendu que le calme revienne, après toutes ces nuits où nos corps sales se sont blottis l'un contre l'autre pour s'aimer plus fort encore ou se tenir un peu chaud quand les températures dégringolaient sous zéro...

Je ne sais pas si l’on s'aime plus fort sur la ligne d’arrivée que sur celle du départ, si ces batailles et ces tempêtes traversées en chemin auront cassé quelque chose de profond en nous mais une chose est sûre : on peut dire qu'on s'aime toujours et qu'on se connaît désormais par cœur ou presque !

On sait maintenant que passer chaque seconde de chaque minute de chaque jour durant vingt-huit mois ensemble à l'autre bout du monde, ce n'est pas toujours évident mais on sait aussi à présent, que se retrouver séparé l'un de l'autre et de ne pas pouvoir se voir pendant des semaines est, pour nous, une véritable torture !

Alors que j'enchaîne les journées sur le rocher des sierras ibériques ou que je parcours les cimes pyrénéenes, je pense à mon koala préféré enfermé entre quatre murs dans un bureau à l'autre bout de la France loin de son écosystème.

Je pense aussi à ce 30 septembre 2016 et à ce message un peu osé envoyé à ce prof pas comme les autres. Dire simplement ce que j'avais sur (et déjà dans) le cœur, sans n'attendre véritablement rien en retour.

Aujourd'hui, 8 ans après, jour pour jour, je crois que les histoires d'amour, c'est un peu comme les grands voyages : parfois faut foncer et réfléchir après !





samedi 2 novembre 2024

Et si la terre était vraiment ronde.?..!...Escal'A2roues#211



On pensait partir loin, on croyait s'éloigner sans cesse davantage de nos "chez nous", on roulait dans la direction opposée, tournant le dos à tout ce qu'on connaissait, on a changé 100 fois de monde autour d'une seule et même planète, nos amis pariaient bien peu sur notre potentiel retour et on avait ceci dit, nous-même parfois bien du mal à l'imaginer...


Et puis, figurez-vous qu'un beau matin on s'est retrouvé comme par magie à notre point de départ ! Plus fou encore, rien ou presque n'avait changé ! Les mêmes sourires nous y attendaient même si quelques bons amis manquaient malheureusement désormais à l'appel, d'autres étaient un peu cabossés mais par bonheur toujours là. À deux ou trois cailloux près, les montagnes n'avaient pas bougé, quelques rides nouvelles s'étaient dessinées sur les visages, les enfants avaient poussaient comme des fleurs, les bébés qui étaient nés pendant que nous étions occupés à pédaler savaient déjà marcher et parlaient déjà presque. Et puis de nouvelles lignes avaient, entre temps, germées au Caroux pour mon plus grand bonheur !

Il ne restait plus qu'à reprendre le train en marche, ni vu ni connu !

L'une pris illico le chemin des sommets et pas des moindres : le grand chelem des 4000, c’est assez radical comme reprise après une acclimatation balnéaire sur les plages brésiliennes. Passer des tongs aux grosses chaussures et aux crampons, laisse quelques souvenirs lumineux !


L'autre reconverti en mécanicien tente encore à l'heure qu'il est, de remettre en état un vieux camion n'ayant pas roulé depuis plus de 2 ans. Ce dernier étant destiné à servir à la fois de moyen de locomotion et d'habitation tout en attendant que l'administration française se penche sur son sort de petit fonctionnaire !

Pas de panique si un jour et demi avant sa réintégration dans la fonction publique (!!!), il ne sait toujours pas ce qu'on va lui faire faire ni où son poste se trouvera dans l'hexagone !

Si le voyage nous a appris quelque chose, c'est bien de ne pas se faire de soucis inutilement !

... et ça tombe bien!

jeudi 17 octobre 2024

De vuelta a casa ! Escal'A2roues#210






Un jour de mai 2022, nous sommes partis sans grandes ambitions vers l'Est et nous avons même gardé ce cap un certain temps.

En chemin, nous nous sommes empifrés de Baklavas et de thé sucré en regardant un défilé de montgolfières, nos mains ont pincé d'extraordinaires colonettes de calcaire puis nous avons goûté sans grand succès à la vodka et aux itinéraires hors sentier à l'approche des montagnes du Caucase.

Nous avons traversé des déserts, découvert une mer sans eau et manger les pastèques qu'on nous offrait sur le bord des routes. Nous avons fait quelques tours et détours pour pédaler à plus de 4000 mètres d'altitude, un petit chien et quelques tadjiks pour seuls compagnons de route, sur l'autre rive, quelques afghans pour seuls voisins.

Nous avons tournicoté par ci, par là, entre yourtes et immeubles gris "façon ex-URSS" puis nous avons dépassé la côte des 5000 mètres à la frontière indo-tibétaine. Nous avons régalé nos yeux de grands paysages sauvages et arides avant de remplir nos oreilles et nos narines de la tumultueuse et véritable Inde.

Nous avons alors tiré un azimut plein sud et nous avons aperçu des volcans fumants et menaçants avec pour fond sonore un muesin qui s'égosillait. Nous avons changé de direction pour un hiver en été et des fruits multicolores sur les plages Thaï suivi d'une hivernale au Mont Fuji sur fond de cerisiers en fleurs. Nous nous sommes offert un tour de voilier sur la mer du Japon et quelques belles escalades aux portes d'une capitale.

Il fut ensuite venu le temps de poursuivre têtes en bas, pieds en l'air et de vivre quand tous nos amis dorment. L'été s'est transformé en quelques heures en hiver et les kangourous sont devenus nos meilleurs amis. Un crochet par le pays des kiwis puis sur l'île des diables et de ces fameuses tours rocheuses posées les pieds dans l'eau.

Nous furent ensuite ébahis devant ces incroyables déserts de sel. Entre lamas, sable profond et soleil cuisant, kilomètre après kilomètre l'Argentine est apparue accompagnée de son fameux festival d'asado. C'est qu'il y avait bons nombres d'amis à visiter ! Pointe de hauteur détectée à 6893 mètres puis retour dans des contrées plus vivables, quoique...

Nous avions ensuite rendez-vous avec le terrible vent patagon et il fut largement à la hauteur de sa réputation.

Et puis un jour, nous fûmes rendus au presque bout du monde, il ne restait plus qu'à remonter tout un continent jusqu'à l'équateur. Pédaler sur des airs de samba et de foro brésilien, quoi de plus exotique ?!

L'Amazonie nous ouvrit ses portes : végétation extravagante, bêbettes et fleuves immenses.





Le calendrier affichait désormais août 2024 et le compteur environ 20 000 km. Une histoire deux fous de deux ans et quelques à tournicoté autour de la terre !

Et puis un jour, un simple click sur un site d'une compagnie aérienne marqua le début du reste de nos existances.

J'ai pas souvent peur des trucs de la vie mais là, j'avoue que d'un seul coup, j'ai eu un peu la trouille ! Juste le temps de quelques larmes vite essuyées et j'avais déjà trouvé une idée : Et si on faisait un voyage en France ?

Voilà qui laissait les portes sur le monde grandes ouvertes tout en permettant de réalimenter un peu nos porte-monnaies et de visiter famille et amis.

C'est peut être un peu utopique pour une vie de gens normaux mais c'est plutôt rassurant pour le moment !

Alors ça vous dit si on se voit bientôt !?! 



lundi 14 octobre 2024

Au marché de Cayenne Escal'A2roues#209



Le marché de Cayenne, c'est le marché du soleil !

Le genre d'endroit où il fait bon se balader même quand on a rien à y acheter, le genre de lieux où ça vit intensément, le genre d'ambiance qui vous donne la pêche (peut-être le seul fruit qui était d'ailleurs absent des étals !).

Un vrai spectacle humaniste !





Les couleurs y sont vives, les fruits y sont exotiques, les sourires illuminent les visages, des voies s'interpellent et des rires fusent. Les visages rappellent ceux rencontrés dans le monde entier, quel voyage peut on vivre dans un seul et même lieu !








Des pitayas (fruits du dragon) à la chair juteuse et subtile aux piments de Cayenne à la saveur radicale, des soupes Hmongs aux poissons à la fraîcheur douteuse, il y en a pour tous les goûts !

Le marché de Cayenne, c'est comme faire le tour du monde sans bouger de son trottoir !

S'il y a bien un endroit où l'on se sent citoyen du monde, c'est ici. Entre les étals, ça parle toutes les langues, les traits des visages et les couleurs de peaux rappellent ceux d'hommes et de femmes rencontrés aux quatre coins du monde.


On y mange les mêmes fruits colorés qu'en Thaïlande ou au Laos et on y achète les mêmes légumes qu'en Europe. On y croise de grands sourires aux dents blanches contrastant sur des visages noirs ébène. On y aperçoit des tissus bariolés africains, on y déguste des nems et des soupes Hmongs comme au Vietnam et un restaurant propose de la nourriture typiquement maghrébine.

On y entend des bribes de créole et de portugais, parfois même du néerlandais.

Et puis... depuis combien de temps n'avions-nous pas entendu parler français ?

Mais quelle incroyable diversité culturelle ! Quelle hallucinante mixité en un seul et même lieu... C'est bien simple, ici, on pourrait se croire sur n'importe lequel des cinq continents !




Pouvait-on imaginer meilleur bouquet final à ce si grand voyage ?

La sensation d'être au bout du monde tout en étant de retour en France. Sur ce marché, tout renvoie à de petites choses déjà aperçues, rencontrées, dégustées ici ou là, durant ces deux années de vagabondages autour du globe.

Ce matin là, au marché, nous avions comme l'impression de picorer dans un album plein à craquer de nos souvenirs.





À l'heure de tourner la page, le marché de Cayenne clôture à merveille cet important chapitre de notre vie.

Cet hymne à l'humanité signifie aussi que bien qu'un chapitre se termine, le livre n'est pas fini. Nous avons tant à découvrir encore, tant d'humains à rencontrer et toute l'Afrique à visiter !

Merci Cayenne pour ce retour à la maison si dépaysant !




samedi 12 octobre 2024

Il y a des rêves... Escal'A2roues#208

Dans la vie, il y a des rêves et nous devrions attacher une attention toute particulière à les cultiver.

Tel le Petit Prince et sa rose, il faut les arroser, les alimenter chaque jour, les aider à grandir encore et toujours. Les mettre sous cloche pour les protéger des intempéries de la vie et à un moment, leur permettre d'éclore au grand jour.

Cette journée là, devient alors l'une des plus belles de votre vie, de celles qui vous remplissent de joie et vous incitent à vous inventer des rêves nouveaux et à les poursuivre toujours.

Certains n'oublieront jamais le jour de leur mariage ou de la naissance de leurs enfants, pour ma part, je me souviendrai toujours de cette montagne incadescente et de cette lave rougeoyante qui illuminait la pénombre de ce ciel d'hiver sicilien.

Pouvoir observer un jour, ces boules de poils, véritables virtuoses de la grimpe arboricole était aussi un de mes rêves.

Avoir la chance d'apercevoir un paresseux, supposait de se retrouver par les hasards du voyage dans son habitat, d'être sous le bon arbre au bon moment et d'avoir l'œil affûté pour défier le mimétisme parfois parfait.

Si la chance choisissait de nous sourire encore davantage, cet étrange spécimen de la forêt amazonienne se mettrait alors en action. Ce fut le cas : mouvements lents mais amples et pattes avant qui s'étirent comme un jour sans fin vers la branche suivante.

Quel spectacle ! Quelle chance !





jeudi 3 octobre 2024

Une journée sur la rivière Malmanoury Escal'A2roues#207


Ici on ne parle pas de rivière mais de "crique" et derrière l'expression "aller en forêt" se cache une véritable petite expédition.

Dans la végétation se cache des lieux impénétrables ou presque et une faune audible mais quasi invisible.

La visite n'est alors possible que par voie aquatique mais pas toujours très navigable. Quelques obstacles nous auront parfois barré la route mais par un astucieux jeu de slalom dans la mangrove, quelques exercices de contorsionnisme, allongés sur nos bateaux pour se faufiler sous des troncs couchés en travers et quelques portages en mode équilibristes, nous auront permis de rejoindre l'embouchure et l'océan !

Ajoutez quelques fourmies et termites voraces, quelques moustiques énervés pour pimenter l'histoire. Pour agrémenter nos fantasmes, on aura imaginé quelques autres animaux, aux petites et grandes dents, qui pourraient bien se cacher sous ces eaux troubles et d'autres à fourrure pouvant vivre dans cette forêt immense et mystérieuse.


dimanche 29 septembre 2024

Ma France ! Escal'A2roues#206


Ma France,
Ma France, des visages colorés et des yeux bridés,
Du climat équatorial,
Des plages aux eaux sombres,
De la très grande forêt,
Des fleuves gigantesques,
Des fruits exotiques colorés,
Des petites bêbettes à poils et à pattes,
Ma France, des bagnards et des astronautes,
Des esclaves et des colons,
Ma France, des amérindiens,
Des Brésiliens, Haïtiens, Surinamiens, Guyanais,
Des Hmongs d'Asie,
Des Africains, Créoles et Européens,
Ma France du métissage des peuples et de la diversité,
De la variété des traits et des histoires de vie variées,
Ma France du cassoulet, de la choucroute, des rillettes, des marrons d'Ardèche, du manioc, des pitayas et du lait de coco,
Du bout du monde au delà de l'océan.
Ma France d'outre-mer.
Ma France...




On entend souvent dire qu'on connaît parfois moins bien son propre pays que des régions à l'autre bout de la terre. On se demande aussi pourquoi partir si loin quand il y a tout à découvrir en France...
C'est vrai.


L'Outre-mer était pour moi, une terre complètement inconnue et pourtant...
Quelle étrange impression que de se sentir en voyage lointain dans son propre pays, quelle agréable sensation que de découvrir cette immense diversité éthnographique !

Sas de décompression, aire de réaclimatation, fin de vacances exotiques, appelez ça comme vous voulez. Il n'en fallait pas moins entre Brésil et France métropolitaine pour optimiser une transition délicate !




samedi 21 septembre 2024

Et au milieu coulait une (très grande) rivière... Escal'A2roues#205


Rendez-vous en terre inconnue...Et puis, un jour tout devint plus luxuriant, les feuilles des arbres devinrent grandes comme des parasols, les oiseaux se couvrirent de plumes multicolores, le bateau devint l'unique moyen de déplacement et les fleuves devinrent marrons et larges comme des océans.Nous étions rendus aux grandes portes de cette immensissime région qui répond à ce nom aussi exotique que mystérieux : Amazonie.

Un monde nouveau s'offrait à nous.


Belém, une ville en Amazonie... Nous pénétrons dans ce territoire mythique par une de ces villes du bout du monde nommée Belém.Belém est une ville bruyante, animée, authentique, chaude, sale et attachante. Les visages parlent d'eux même, on y bosse à la fois dur et on y vit en musique et à son rythme.

On y croise des gens du "continent" et puis ceux de la forêt venus, jusque ici, après de longues heures de bateau. Centre névralgique, c'est ici qu'on vient faire ses réserves de nourriture pour plusieurs semaines lorsque l'on vit loin de toute agglomération, que l'on vient faire ses achats lorsque l'on vit dans un endroit isolé sur le fleuve.



C'est ici que l'on vient vendre le poisson fraîchement pêché en rivière ou dans l'océan, qu'on débarque l'une des principales richesses des palmiers amazoniens, l'Açai.




Belém, ce sont des rues étroites et des façades qui arboraient un style coloré et élégant par le passé et qui aujourd'hui présentent un style défraichi quasiment délabrées mais néanmoins charmantes. Quelques herbes folles sortant des fenêtres apportent encore un supplément au tableau.Belém, ce sont des places animées, des halles sombres et de grands marchés bruyants. Ici ça vit !






Au marché Ver o peso (littéralement "regarder le poids"), on y trouve des montagnes de fruits colorés, des noix de toutes formes, des crevettes fraîchement pêchées et des poissons desséchés. On y mange des pastels et on y boit du jus de cane à sucre dans un vacarme fou.




Belém, c'est un port rustique où de vieux bateaux en bois se retrouvent échoués tout de travers à marée basse. Ça sent le poisson pourri qui gît au sol et qu'un nombre incalculable de grands vautours noirs se disputent pendant que des pêcheurs se reposent, quelques heures, à l'ombre de bâches dans leurs hamacs sur le pont de leusr embarcations.




Un peu plus loin, sur les quais, on décharge de grands paniers en osier remplis de ces baies violettes typiques. Des milliers de tonnes d'açai arrivant tout droit de la forêt amazonienne qui vont régaler Brésiliens et Brésiliennes dans le pays tout entier.

À proximité, les quartiers populaires sont composés de maisons en bois sur pilotis, faites de bric et de broc, semblant flotter sur une décharge liquide.


Non loin, des adultes qui travaillent encore, les enfants profitent des derniers rayons de soleil et d'un moment de calme pour faire voler un nombre fou de cerf-volants. Un simple losange de film plastique amarré à une bobine de fil suffit à des heures d'amusement. Le coup de main est sûr et précis.

Enfin la nuit tombe et les températures baissent un peu. Demain un long voyage en terre inconnue nous attend...

Croisière sur l'Amazone À l'extrême nord du Brésil, la région de l'Amapa ne possède pas d'accès terrestre.La seule façon de rejoindre Macapa depuis Belém, c'est d'embarquer sur un bateau et de naviguer durant environ 24 h.


Le voyage dure quelques dizaines d'heures supplémentaires si l'on souhaite rejoindre la mythique Manau située en plein cœur de la forêt amazonienne.Chaque passager embarque alors avec son lot de bagages, de cartons de provisions alimentaires et d'achats faits lors de ce passage exceptionnel à la grande ville. Mais chacun a aussi dans ses bagages, un objet essentiel : son hamac.





En effet, ici tout le monde voyage sur le pont ! Quoi de plus simple ? Des centaines de crochets parsèment les poutres métalliques et de jour comme de nuit des dizaines de hamacs multicolores y sont amarrés.

Températures agréables et dodo bercés par les vagues. Pouvait-on rêver croisière plus exotique ?La vie en bord de fleuve... Aurait-on imaginé qu'il y ait autant de vie sur les berges d'un si grand fleuve dans un environnement si sauvage ?Aucun accès routier et de la forêt quasi impénétrable de tous côtés. Ici l'unique moyen de déplacement est le bateau.


Du ferry journalier à la simple barque, on apprend à naviguer sans doute très tôt.Depuis le pont, nous observons, des maisons de bois colorées sur pilotis réparties tout le long de cet immense cours d'eau. Les gens se déplacent de chez l'un à l'autre en petit bateau à moteur. Les enfants, même très jeunes, prennent seuls une petite barque pour aller voir leurs petits voisins.Il y a les bateaux taxis et le ferry qui débarque, à intervalles réguliers et sans même arrêter sa navigation, de temps à autre, un colis

.Achats par correspondance, livraisons à domicile ou presque... Aurait-on percé le mystère "Amazon" ?



Terminus au port de Macapa !Et puis soudain, après des heures de navigation sur l'Amazone, avec de l'eau et de la forêt à perte de vue, une ville apparaît : Macapa. Comme si de rien n'était... la vie normale reprend : des maisons, du béton, des gens qui circulent sur des trottoirs, des routes goudronnées, des véhicules à roues, des supermarchés, des fils électriques, des réverbères qui s'allument...Quoi de plus normal ?

Macapa est une zone civilisée enclavée dans la grande forêt amazonienne sauvage.Alors il ne reste plus qu'à se remettre en selle et à pédaler à nouveau, comme si de rien n'était ou presque... accompagnés néanmoins d'une étrange sensation : nous venons d'acoster sur une île posée au cœur d'un continent !