• un jour, une
étape, une photo •
Pour ce 4ème épisode, j'ai laissé la plume à Bruno. Trop enthousiaste à l'idée de vous raconter cette folle journée !
J4 : « La master journée »
Pour ce 4ème épisode, j'ai laissé la plume à Bruno. Trop enthousiaste à l'idée de vous raconter cette folle journée !
J4 : « La master journée »
Passy-Grenoble en
kite !
Alors que le pliage
et l’empilage de tout notre bazar touche à sa fin, mon appendice nasal, bien
orienté, commence à déceler quelque chose. « Chaussons donc les pompes de ski,
c’est l’occaz que tu retrouves des sensations sous voile dis-je ». Sitôt dit,
sitôt fait, je vois Lara partir plein nord à donf ! J’opte pour une allure plus
largue, histoire de ne pas trop coller le relief qui pourrait nous déventer.
C’est bon, un grand bord de largue sur une petite couche de neige !
L'équivalent de Passy-Grenoble... Yihaaaa !
La voile calée bien
haut dans la fenêtre, il n’y a pas grand-chose à faire … Si, observer. Pas mal
d’activités autour de ce village proche de l’estuaire d’Irkoutsk. Toutes sortes
de véhicules circulent au loin : Du traditionnel minibus UAZ, à la basique
LADA inoxydable, en passant par l’hydroglisseur pour touristes en manque de décibels,
au side-car d’un autre temps (l’homme au guidon, à intervalles réguliers, doit
descendre de sa monture pour y refixer je ne sais quoi. Ah si, le side ?!), ou
encore une famille entassée dans une, on ne peut plus classique, berline mais
avec des bouées sur le toit (on ne sait jamais…), et puis là-bas encore plus au
loin, quelque chose qui progresse avec une grande régularité en direction d’une
yourte…
Il faut que j’aille voir. Je m’éloigne un peu plus de Lara en la
doublant sous le vent. Ça trotte et il y en a deux. Mais comme on avance,
grosso modo, dans la même direction, je peine à distinguer. Deux meutes de
chiens tirant des traîneaux, ils gazent bien ! J’espère que les toutous ont
bien mis leurs petites bottines à clous !!
Les flaques de glace sont maintenant
aussi grandes que les flaques de neige…
Mais où est la
petite voile orange de Lara ? Je passe un bon moment à scruter l’horizon avant
de l’apercevoir, à l’arrêt. Voile au zénith, j’attends, ça lui donnera une
direction.
Finalement c’est en
skating et la voile sous le bras qu’elle me rejoint. Vent faible, oreilles de la voile qui se dégonflent sans
cesse et une bonne gamelle sur la glace après la perte d’un ski auront raison
d’elle pour aujourd’hui ! On profite tous les deux de cette expérience :
maintenant, on saura que sur la glace, on doit verrouiller l’avant des fix…
Petit vent et glace
devenant de plus en plus présente, on fait le choix de se remettre en mode «
una vela per tutti ». La grande Montana de 12m avec ses rallonges de lignes fait
le job à merveille jusqu’à ce que le vent forcisse. Grand écart, nous voilà
maintenant à deux sous la petite 4m.
Et c’est parti,
pour ce qui va devenir LE méga run !
La neige s’amenuise encore, laissant
quelques taches ici ou là. La glace dévoilée est d’une beauté incroyable.
Fissurée, lézardée, avec de grosses bulles emprisonnées, waouh… Et quelle
épaisseur !! Cette glace qui offre très peu de résistance, corrélée au fait que
l’on marche maintenant down wind (vent arrière) nous donne une allure plutôt confortable.
Le ressentit du vent météo associé au vent relatif est nul. On avance avec la
masse d’air, pratiquement à la même vitesse.
Tout en roulant, on enlève le
bonnet (sans laisser échapper le casque …), les gros gants sont remplacés par
les petits, la doudoune est maintenant entrouverte et on retrousse les manches.
Il fait bon ! Un petit snicker attrapé au fond d’une poche, on ne va quand même
pas perdre du temps à s’arrêter !!
Des petits « s »
succèdent aux grands « S », en passant par l’infini qui explore toute la
fenêtre de vol. Je m’essaye aux kiteloop (faire tourner la voile) mais ça donne
trop de vitesse, et il faut freiner en chasse-neige ou en chasse-glace pour
être exact…
Bref, c’est une découverte de cette nouvelle allure, assez
inhabituelle, et qu’on a peu l’occasion de pratiquer sur de longues distances.
Les kilomètres défilent et ça c’est bon !
Cette portion du
lac est probablement la plus fréquentée. On double quelques groupes de
patineurs en jouant sur eux avec l’ombre de notre voile. Ils lèvent un à un la
tête sans bien comprendre quel volatile les survole ! Pourquoi pas un petit
rase-motte, histoire de pimenter leur besogneuse procession ? Ah, on fait
les malins !
Il y a cependant
des fois où il convient quand même de sérieusement ralentir : quand il
faut trouver le passage ou lorsque qu’il faut cheminer dans ces fameuses crêtes
de compression. On imagine qu’à la genèse de la saison, de grandes plaques de
glace, de parfois plusieurs kilomètres carrés, sont entrées en collision, aux
grés des courants, pour laisser ces chaos, bien souvent, infranchissables. Il
nous faut observer et longer ces amas de glaçons dressés sur plusieurs
kilomètres avant d’oser s’y aventurer.
Suivant les fois,
c’est plus ou moins délicat, dans tous les cas, on ne regrette pas les skis de
géant. Voile au zénith, petit chasse-neige, trajectoire des pulkas attelées 10m
derrière à anticiper, un petit coup de puissance pour faire franchir tout
l’ensemble, coup d’œil en arrière… Des fois, un cri : Lara a quitté le navire,
c’était trop chaud !
Entendez par là que
j’aurais peut-être du davantage lever le pied ou que mon appréciation des
trajectoires ne fut pas optimale ou encore que les pulkas sont parties dans un
dérapage orbital !!!
Lorsque le vent et
le soleil faiblissent enfin le verdict tombe : 130 km pour
aujourd’hui !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire