samedi 25 avril 2020

• un jour, une étape, une photo • #7


 
 

J7 : « La journée vent dans le nez ! »
25km à pied (4 fois plus pour Bruno en kite…)

L’île d’Olkhon est, pour nous, une étape du voyage. Ce petit bout de terre allongé marque la moitié du chemin à parcourir. La partie Sud du lac est maintenant derrière nous et nous devons maintenant nous attaquer au grand Nord. Nous savons cette partie habituellement plus enneigée et cela s’avèrera d’autant plus vrai cette année où la neige est encore plus abondante qu’en temps normal. Nous y verrons d’ailleurs très peu de véhicules.
Bien que le fond de carte dont nous disposons sur nos téléphones soit très sommaire, nous imaginons cette seconde partie du lac beaucoup plus sauvage : quelques cabanes dispersées çà et là et aucun accès au lac depuis la terre. Autant dire qu’un plan B se résumerait à faire demi-tour pour revenir à Olkhon (à condition de ne pas s’en être trop éloigné) ou bien continuer pour sortir par la rive Nord du lac de laquelle nous séparent encore trois cents et quelques kilomètres. Cela fait maintenant une semaine que nous sommes partis et nous avons encore une dizaine de jours de nourriture à dispo. Dix jours pour plus de 300km, c’est ambitieux mais pourquoi pas ?

A vrai dire, nous ne posons, à aucun moment, méthodiquement cartes sur table comme je suis en train de le faire ici. Nous n’avons, de toute façon, pas de tables et puis nous sommes bien trop enthousiastes à l’idée de découvrir la suite. On fonce vers le nord sans se poser trop de questions ! Qui vivra, verra !
Et qui aura vécu une journée avec le vent dans le nez aura vu qu’il est difficile d’avancer ! Cette 7ème journée aura tout d’une journée loose : Beaucoup d’efforts, beaucoup de temps et beaucoup de vent pour pas grand-chose !

Bruno tente pour s’amuser de remonter au vent avec notre plus grande voile. Il parcourt une distance de fou en tirant des bords mais ne gagne que très peu de kilomètres dans la direction convoitée. Pour ma part, j’opte pour le chemin le plus court. Vent dans le nez, j’avance en patinant, tirant les pulkas sur ce chemin de glace sublime qui fait le tour de l’île.
Au bout d'une heure, je lui refile les pulkas et nous continuons chacun avec nos techniques respectives. Comme je vais bien plus vite, j’ai le temps de faire un peu de tourisme et je vais voir de plus près les nombreuses falaises et grottes, bordant l’île, couvertes de glace bleue. Magnifique !

Fatigués par cette journée « vent dans le nez », nous plantons la tente près d’une crête de compression afin d’utiliser, comme chaque jour, les glaçons dressés pour faire de l’eau. Il reste encore quelques heures de soleil et nous prenons l’apéro en terrasse, comme quoi les petites journées ça a aussi du bon !
C’est alors qu’une touriste descend d’une voiture et accourt vers nous affolée. Elle n’a qu’un mot à la bouche : « Why ? »

Interloqués, on se regarde… « Euh, c’est vrai ça, pourquoi ?? »
Pourquoi choisir de venir passer ses vacances en Sibérie ? Pourquoi venir camper en plein hiver sur un lac gelé ? Pourquoi se faire mal aux pieds à marcher alors qu’on pourrait faire le même trajet en voiture ? Pourquoi choisir le sens le plus long pour traverser ce lac ? Pourquoi venir se cailler les fesses alors qu’on pourrait dormir dans un hôtel surchauffé ? Pourquoi se battre contre le vent ? Pourquoi patauger dans la neige ?
 
A vrai dire, on ne sait quoi répondre si ce n’est, éclater de rire et répondre : « Et… why not ??!? »

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