dimanche 26 avril 2020

• un jour, une étape, une photo • #8


J8 : « Tout vient à point à qui sait attendre… »
90km dont 75 en kite !

La nuit a été fraîche. Au réveil il fait à peine -13 dans la tente. Les 15 kilomètres qui nous séparent de la pointe Nord du bout de l’île d’Olkhon sont parcourus à pied, ce qui a l’avantage de nous réchauffer un peu !

La grande question du jour est : « Cette belle route verglacée va-t-elle prendre enfin un virage vers le Nord ou fait-elle simplement le tour de l’île ? »
On commence à avoir de sérieux doutes et on choisit de demander l’avis de quelques locaux. Pour les chauffeurs de la voiture et des deux minibus que nous arrêtons, la réponse est vague : « Maybe ».
Peut-être oui, peut-être non… C’est justement ça le problème !
Ces « maybe » et le « why ? » d’hier soir ne nous avancent guère…

Le repas portant conseil et l’appétit venant en mangeant, on décide de casser la croûte… Pas facile car fromage et croûte sont complètement congelés !
Une fois encore la technique de la pause repas fonctionne, à peine installés, voilà un petit air qui se lève : « On mangera plus tard ! »

Alors que l’on s’équipe à toute vitesse, deux cyclistes russes équipés de sacoches déboulent. Impossible de filer sans prendre un moment pour discuter avec l’un des deux. On croise les doigts en espérant que le vent se maintienne encore un peu !
Quelques infos, contacts et encouragements échangés, on reprend chacun nos chemins. Le nôtre prend la direction de l’Ouest, puis du Nord.

Le vent nous pousse bien. On traverse un grand champ de neige de quelques dizaines de kilomètres parsemé de bosses. La visibilité est faible et plus on se rapproche de la côte Ouest du lac, plus le vent forcit et plus la neige tombe du ciel !
Au sol, la neige laisse place à de la glace vive. Largement surtoilés, c’est à toute vitesse et sans visibilité que l’on zigzague entre les blocs de glace, sur cette grande patinoire… Chaud !!!

On parvient tant bien que mal à affaler la voile et à la ranger, puis on continue, vent dans le dos, avec nos épaules en guise de voile. Ça marche tellement bien qu’on manque de s’envoler à la plus forte des bourrasques ! On est pourtant accrochés ensemble pour tirer les pulkas mais, durant quelques secondes, on ne se voit même plus !!

Alors que nous nous rapprochons de la berge, on aperçoit quelques cabanes. On songe à un certain Tesson (de bouteille) venu copieusement picoler, il y a quelques années, à quelques kilomètres à peine d’ici. Aller s’abriter de cette tempête et dormir sur un sol sec dans la forêt est assez tentant. Quelques cabanes mais pas de fumée, tout semble désert…

Alors qu’on se déplace comme deux canards fatigués sur un lac gelé écossais, j’aperçois une silhouette sur la rive, à l’orée de la forêt.
C’est Nikolaï qui nous attend devant sa cabane. Lorsque l’on s’approche, il nous explique avec de grands gestes qu’il y a de quoi dormir au chaud à 2km de là. Mais qui a dit qu’on cherchait un endroit pour dormir au chaud ??

Nous, ce qu’on veut, c’est découvrir la vie d’un garde-chasse de 60 ans qui passe deux mois d’hiver seul sur les rives du Baïkal ! Et pour ça, on a frappé à la bonne porte !

Thé chaud, séchage des chaussons des chaussures de ski, des Sorel et des duvets au milieu de mille palabres incompréhensibles ! Le mieux c’est quand Nik prend son cahier pour écrire ce qu’il essaie en vain de nous expliquer, en cyrillique : on comprend encore moins !!!
La tente est installée à l’abri du vent derrière la cabane et ce soir, c’est repas à la mode « Picard ». Pain, sel, poivre, oignons crus, chou râpé, poisson en tranche et œufs de poissons orangés. A part le pain et les oignons tout est complètement congelé !

Le cognac, quant à lui, n’a pas le temps de geler tellement il y a de mouvement dans la bouteille… On est évidemment complètement bourrés en quelques minutes ce qui n’aide pas davantage à comprendre le Russe. Mais peu importe, on est mort de rire tous les trois !
Pendant qu’on se régale, autour de l’énorme poêle de masse, avec les bons croûtons préparés par Lucienne, la femme de Nikolaï, des semaines plus tôt en prévision de son départ, dehors, les souris attaquent nos crackers.

Quel bon vent nous a poussés jusqu’ici ! Une chouette soirée pour Nik, Bruno, Google Trad, moi… et Lucienne dans nos cœurs !

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