vendredi 24 avril 2020

• un jour, une étape, une vidéo • #6


J6 : « Le jour où on a passé le mur du son ! »
50km dont 40 en kite (à fond la caisse !)

Une fois n’est pas coutume, aujourd’hui, l’image est animée !
Un début de journée tranquille nous permet de nous dégourdir les pattes. J’ai sorti mes griffes de chat (petits crampons en chaînes) et Bruno est une nouvelle fois en Crocs. On marche sur un chef-d’œuvre vivant, la glace est canon de chez canon.

Nous sommes à quelques kilomètres du chenal qui sépare l’île d’Olkhon de la terre ferme. Nous les avalons avec enthousiasme. L’appel de la civilisation peut-être ?

Quelques piétons et patineurs, par ci, par là ; quelques véhicules au loin… Par chance, un petit air se lève, on va pouvoir, nous aussi, leur montrer qu’on a un chouette moyen de transport !

Le trafic se densifie de plus en plus et chacun sous notre voile nous devons traverser rocades et autoroutes glacées sans créer de bouchons ni d’accidents. Minibus typiques, camions, voitures… Voir tous ces véhicules rouler sur cette asphalte de glace sombre, au milieu de ces immensités de neige, me donne l’impression de passer une après-midi dans une pub « Toyota ».
Suite aux folles embardées en kite sur la glace des jours précédents, l’état d’une de nos pulkas nécessiterait bien un passage au stand. Aussi nous optons pour longer la côte intérieure de l’île à la recherche d’un village où on pourrait bricoler un peu.
Le vent faiblit, les voiles tombent. Je range ma petite 4m mais nous gardons la 12m prête à décoller au cas où ça se relèverait un peu. Volera, volera pas ?

En attendant la réponse, nous croquons dans un bout de chaussons à je ne sais quoi. Tous les midis, le menu est le même : nourriture surgelée. Un peu dur, un peu froid, pas tellement de goût mais on s’y fait plutôt très bien !
Je manque d’avaler de travers mon glaçon au fromage : « Eh y a du vent là ?!? »

Hop ! On remballe notre pique-nique le plus vite possible et on attrape cette bourrasque avant qu’elle ne parte sans nous et nous laisse sur le carreau.

C’est parti pour le run infernal : me voici accrochée derrière les deux pulkas tirées par Bruno tiré lui-même par une grande voile. Tantôt sur la glace, tantôt sur la neige, parfois avec des voitures en face… ça va à 100 000 à l’heure !!
Je tente de guider ou de retenir les pulkas lorsque les wagons veulent dépasser la locomotive. J’ai la sensation d’être accrochée derrière une Ferrari lancée à balle sur l’autoroute à contresens ! Pouah !!!

Cette rafale durera quelques minutes à peine mais nous aura fait faire un bond de 25km sur la carte. Village en vue !
On continue à pied. Point d’arrivée triomphale dans le port de Khoujïr mais on est quand même accueilli en espagnol par un péruvien, c’est notable !!

L’idée est maintenant de trouver de quoi réparer la semelle de la grande pulka qui se décolle sérieusement.
L’homme à tout faire d’un hôtel et le mien s’occuperont du rafistolage pendant que je surveille les chiens du village qui ne pensent qu’à manger nos crackers !
Passage au stand ok, il faut maintenant penser au ravito des pilotes ! Nous cachons tout notre barda derrière un vieux bateau rouillé prisonnier des glaces et filons à pied vers le village. Ce soir, c’est la fête : on va au restau !

Habituellement noir de chinois, Khoujïr semble désert. Le Coronavirus aurait-il déjà frappé ? 
Au restau, l’accueil est digne du seul goulag que je connaisse : le camp 303… Les deux serveuses sont aussi charmantes que des portes de prison. Quant à la nourriture, eh ben… c’est presque comme en prison ! On parvient à finir notre assiette puis à s’échapper du restau avant qu’elles ne nous enferment pour la nuit à l’intérieur tant elles semblent pressées d’aller au lit. Dommage on aurait bien profité de quelques heures au chaud avant de repartir pour une dizaine de jours de marche supplémentaires.

On finit la soirée, un peu plus loin, avec une bande de mini russes en mangeant plein de crêpes. Heureusement le désir d’échanger, la curiosité et les rires des enfants sont internationaux !

A la frontale, nous récupérons nos affaires et nous nous remettons en marche pour aller bivouaquer au frais, à l’écart du village…

Bonne nuit !

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