mercredi 7 août 2024

Cariocas #1!Escal'A2roues#190




23h... il fait nuit noire, nous filons dans les rues de Rio de Janeiro.

Ce soir, nous pédalons à toute vitesse pour tenter d'aller attraper un bus de nuit. Jeter nos montures et nos bagages dans son ventre puis nous y blottir à notre tour. Regarder les lumières de la ville défiler et se sentir aussi chanceux que soulagés de ne pas avoir à pédaler sur cet infernal réseaux de rocades et d'autoroutes : quitter une grande ville, ce n'est pas toujours facile.

Ce coup-ci, cette affirmation est d'autant plus vraie et ce n'est pas simplement une question de voies rapides et de véhicules lancés à toute vitesse dans l'obscurité. En effet, cela fait presque un mois que nous avons débarqué, ici, à Rio, pour la première fois et ce soir, on s'y sent étrangement, un peu comme chez nous.

Aurait-on imaginé séjourner aussi longtemps dans une si grande agglomération ?

Alors que nous appuyons comme des fous sur les pédales et que les minutes s'égrènent à toute vitesse, des panneaux signalétiques parsèment notre parcours et affichent le nom de différents lieux : "Leblon", "Ipanema", "Pão de Açúcar", "Botafogo", "Corcovado", "Flamengo"...

Chacun d'eux résonne en nous.

Chaque nom revêt désormais un sens tout particulier pour nous, ce soir là, alors que nous nous apprêtons à quitter la ville : un lieu où nous sommes allés, une activité particulière, une rencontre marquante, un bon moment partagé...








La gare routière se situe exactement à l'opposé de notre point de départ : 25 km, ce n'est pas rien pour traverser juste un petit bout d'une seule et même ville. Cela donne la mesure de l'immensité de cette mégalopole.

Le timing est serré et une fois de plus, on aurait vraiment dû se mettre en selle plus tôt. Mais ce coup-ci, nous avons une excuse en or massif pour ne pas avoir largué les amarres avant.

Il y a encore quelques minutes à peine, nous nous trouvions dans un appartement cossu du riche quartier de Leblon, une coupe de champagne dans une main, une énième petite assiette remplie d'un met délicieux dans l'autre.

Sur la table, un énorme gâteau coloré trônait. Il incarnait à lui seul la tentation parfaite de laisser filer cette idée de gare routière et de bus de nuit pour prolonger encore un peu notre séjour à Rio, d'une soirée supplémentaire, tout du moins.

Doit-on ajouter que cela faisait déjà pas loin d'un mois que nous essayions de quitter la grande ville brésilienne ? Le hasard des rencontres en a décidé autrement...

Autour de nous quelques visages désormais très familiers et la plupart des autres parfaitement inconnus. En bruit de fond, une mélodie elle aussi particulièrement familière à nos oreilles et pour cause... Telle une contre soirée, certains convives de cette fête d'anniversaire étaient assis devant une énorme télé, dans un coin du salon, et visionnaient le film retraçant nos deux années de voyage, qu'ils avaient trouvé sur YouTube. Pendant ce temps, nous nous empiffrions de tout ce qui tombait régulièrement dans nos assiettes et avalions ce qui venait remplir, à intervalles réguliers, nos verres. La situation était surréaliste.

Lorsque le moment fatidique du grand départ pour la gare routière finit tant bien que mal par enfin arriver, l'absurdité de la situation monta encore d'un cran : La moitié des invités déserta alors l'appartement en fête, la table du copieux buffet et les coupes de champagne pour nous rejoindre dans l'ascenseur et poursuivre encore un peu la soirée dans le parking sous-terrain de l'immeuble autour de deux vélos plein à craquer et deux cyclistes aussi pressés par le temps que gênés d'avoir ainsi planté la soirée de cette fête d'anniversaire de Marcio !(Marcio deviendra plus tard notre parrain Carioca, notre bienfaiteur brésilien, notre mécène de Rio mais à ce moment là, nous ne le savions pas encore vraiment !)


Quelques photos furent même capturées dans ce décor urbain et underground puis des accolades et des bises furent échangées, enfin, de grands au-revoirs et signes de la main nous suivirent jusque dans la rue ! On aurait dit le top départ du Vendée Globe dans les rues de Rio de Janeiro !

Un des avantages du vélo est que l'on a beau mouliner de toutes ses forces avec ses jambes, cela laisse du temps à l'esprit de divaguer.

Dans cette étape cycliste et nocturne du contre la montre reliant cet appartement festif à la gare routière de Rio, l'intégralité de notre séjour dans cette grande ville brésilienne défilait sous nos yeux et s'imageait dans nos esprits.

Le mouvement des pédales agissant comme une formidable machine à remonter le temps et comme un agitateur d'émotions.

[Rendez-vous au prochain épisode pour une visite guidée de Rio de Janeiro by night au rythme des tours de pédales et des vagues de souvenirs qui déferlent.]



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