mercredi 7 août 2024

Cariocas #2 (suite)!Escal'A2roues#191





[Une traversée cycliste et nocturne de Rio et une boîte à souvenirs grande ouverte...]

23 h10, nous nous sommes enfin échappés, avec brio, de la grande fête. Ce ne fut pas simple, les invités ne pensant qu'à nous gaver de quelques délicieux toasts supplémentaires en ayant encore mille et une questions à nous poser. Le bus, quant à lui, n'allait certainement pas attendre que les bougies soient soufflées, le gâteau dévoré et tous les verres vidés pour se décider à se mettre en marche !

Nous voici donc en selle : direction la gare routière !

Au bout de la rue, un tout premier panneau indique la direction opposée à celle que nous devons emprunter pour nous rendre à la gare routière, il y est indiqué "Praia de são conrado". Une plage qui, pour moi, sonne comme l'arrivée du semi-marathon de Rio dans lequel je me retrouvais quelques semaines plus tôt, embarquée par le plus grand des hasards, un dimanche matin, après une courte nuit et 3 heures de sommeil au compteur, sans dossard et équipée de baskets pointure 40 pour mes petits pieds chaussant du 37. On court plus vite avec les bottes de 7 lieues ! 



[Pour la petite anecdote, on parle de "pipoca" quand il s'agit de participer à une course sans y être inscrit. "Pipoca" cela signifie "pop corn" en portugais, mignon non pour une athlète en carton ?!]

Pour Bruno, la plage de São Conrado est, quant-à elle, synonyme de zone d'attero exotique entre palmiers, sable fin, baigneuses en bikinis et marchands de noix de coco. Le hasard des rencontres, le prêt d'une voile de parapente et un envol depuis le classique et mythique sommet de Pedra da Gavea redonnait à ce terrien des désirs célestes ! Une grande voile appartenant à un parapentiste de 90 kg prêtée à un cyclo-grimpeur au poids plume, ça fonctionne à condition de se lester d'un peu de matériel d'escalade et d'avoir un bon chien de traîneau au déco !




Mais revenons à nos moutons... Quelques coups de pédales supplémentaires, nous mènent ensuite jusqu'à Ipanema. Ipanema, c'est comment dire... chez nous ! C'est ici que vivent Lise, Aurélien, Tilly et Eliott et c'est dans leur immense appartement aux grandes baies vitrées, donnant sur la lagoa, que nous avons posé nos sacoches à Rio ! Rencontrés lors d'une projection de notre film au Centro Excursionista Brasileiro, les échanges qui suivirent le film furent si riches et si enthousiastes que nous nous retrouvâmes invités par cette adorable famille française. Logés, nourris, blanchis et même plus encore, nous aurons été complètement chouchoutés et notre séjour à Rio s'en est trouvé considérablement allongé.

C'est bien simple, on a vraiment cru qu'on n'zen repartirait jamais !


Un frigo toujours plein à craquer de délicieuses choses, une chambre et une salle de bain rien que pour nous et par la fenêtre, on aurait presque pu tirer un rappel pour accéder à la paroi faisant vis à vis. Aussi chaque matin, durant le petit déjeuner, le petit jeu consistait à compter le nombre de cordées dans les grandes voies.



La suite de la journée était toujours bien remplie. Quel programme ! Balades, vélo, grandes voies, séances de bloc, parapente, gym, course à pied, musée, marché, ostéo, concert, compétitions d'escalade à la télé, plage, fondue, pizzas, crêpes et tarte tatin ! De quoi largement recharger les batteries à les faire même exploser de tant d'énergie, de bienveillance et d'amour !

Sûr que nos chemins se recroiseront les amis !


Un peu plus loin, nos roues roulent le long de la plage de Copacabana. Une piste cyclable, déjà parcourue à maintes et maintes reprises ces derniers temps, nous permet de remonter cette plage aussi mythique qu'interminable.


On peut dire que nous avons connu et fréquenté Copacabana dans tous ces états : En mode après-midi ensoleillé, le temps d'un week-end où nous étions venus détendre nos orteils en marchant sur le sable humide après une grande voie en dalle dans des chaussons qui martyrisent les pieds. Il fallut alors zigzaguer entre les châteaux de sable et les enfants qui jouent, les grosses personnes échouées sur le sable en plein soleil, les quelques rares baigneurs qui défient les grosses vagues, les marchands ambulants de cocktails, les joueurs de foot qui arrivent à faire des trucs de dingue avec un pied qu'on n'arriverait même pas à faire avec nos deux mains ! Ici la mode semble être au maximum de volume corporel et au minimum de surface de tissu: seins et fesses ultra volumineux et maillots de bain extra minuscules. Copacabana, c'est "the place to be" pour être à la page de tout ce qui se fait de plus tendance en matière de chirurgie esthétique !

On a aussi vu Copacabana sous la pluie et vide un jour de semaine mais c'est aussi ici qu'on a sûrement vécu notre plus grand bain de foule quelques semaines plus tôt. Concert gratuit de Madonna sur la plage de Copacabana, le fameux "Celebration tour"... Imaginez le cirque ! On s'est retrouvé pressés comme des citrons dans la foule, on a attendu des heures parce que madame commença le spectacle avec plus d'une heure de retard, on a entendu des chansons qu'on ne connaissait pas du tout, on a entendu les gens hurler et on en a vu d'autres tellement contents qu'ils pleuraient beaucoup. Nous ça nous a fait ni chaud ni froid, on a rien vu ou presque... mais on y était !! Concert de Madonna à Copacabana, stylé non ?



Un peu plus loin alors que nous roulons aussi vite que possible, un panneau indique que le "Pão de Açúcar" se trouve sur notre droite. Le Pain de sucre !

La paroi la plus fameuse de Rio sur laquelle on trouve la voie d'escalade la plus célèbre du Brésil : "la voie des Italiens" ! Dès le lendemain de notre arrivée, à 6h du matin, nous étions au pied de cet impressionnant "moro", accompagné de Silvio Netto, on ne pouvait pas rêver meilleur guide !

Ami d'ami d'ami, nous avions contacté Silvio quelques jours plus tôt pour finalement se rendre compte, arrivés au point de rendez-vous, que Bruno et Silvio s'étaient déjà rencontrés, il y a des années en Patagonie ! Silvio, c'est la bonne humeur et la bienveillance incarnée. Évidemment, il connaît chaque minuscules prises du Pain de Sucre comme sa poche mais c'est surtout son sourire et ses anecdotes qui nous guident durant ces 300 mètres de grimpe.



Il est à peine 8h et quelque lorsque nous débouchons sur les terrasses sommitales. Simple, rapide, efficace et enthousiaste. Quel autre guide local serait venu avec plaisir parcourir un dimanche matin cette voie déjà escaladée un million de fois ?


Au sommet, à cette heure matinale, la chaleur arrive à peine, les touristes sont déjà là. Après un tour d'horizon, nous sautons dans la télécabine. Voyage descente offert à toutes personnes montées ici par leurs propres moyens !

Mais revenons à nos vélos et à notre trajet vers cette maudite gare routière. L'heure tourne, les kilomètres s'accumulent au compteur.

Ici, une autre pancarte indique une nouvelledirection. "Botafogo", c'est dans ce quartier que se trouve notre toute première maison à Rio. Quelques jours avant notre arrivée dans la capitale Carioca, les mystères des algorithmes des réseaux sociaux ont fait qu'Instagram m'a proposé de découvrir le profil d'Anita. Zéro connaissance commune mais une photo de profil sur laquelle on pouvait voir du rocher de couleur sombre faisant penser au paroi de Rio. Je me décide à lui écrire, elle fait le choix de me répondre. Je lui explique que l'on prévoit de débarquer dans quelques heures à Rio et qu'on nous a déconseillé d'expérimenter le bivouac urbain dans la grande ville brésilienne. Elle confirme et propose spontanément de nous inviter chez elle. Son copain étant absent ces jours-ci, elle est seule avec ses deux chiens. Nous nous serrons donc tous les cinq quelques jours durant dans son minuscule appartement. Pour accéder à ce dernier, il n'y a pas moins de 500 marches à grimper : stage remise en forme assuré !


Botafogo, c'est un quartier bien sympathique un petit marché plein de fruits colorés tous les samedis matins. Ce sont des vendeurs qui rigolent, qui s'interpèlent, qui discutent avec les clients et qui semblent heureux de voir deux touristes ici. Au marché de Botafogo, tout le monde semble être amis !



 



Mais Botafogo c'est aussi un accès sur la baie de Rio et un petit port de plaisance.C'est justement au centre nautique qu'une après-midi, nous retrouvons Wally, rencontré au Centro Excursionista de Rio qui nous invite à faire une virée sur son voilier.



À notre tour, nous invitons Silvio et l'équipage est au complet ! Un capitaine et trois matelots en route pour aller admirer le coucher de soleil sur le Pain de Sucre.

Mission réussie ! Décidément le club Med à Rio, c'est vraiment chouette, merci Wally !



23 h 23... encore une dizaine de kilomètres à parcourir ce soir mais je ne peux m'empêcher de rêvasser encore un peu.

Je pédale le nez en l'air, le ciel est partiellement couvert mais entre les nuages, des milliers d'étoiles scintillent. Parmi elles, tout là haut, un grand gaillard blanc, bras ouverts, debout face au vide et éclairé de dizaine de projecteurs veille sur la ville presque endormie.

Le Christ rédempteur, perché au sommet du Corcovado est sûrement ce qui symbolise par excellence Rio de Janeiro.

Quelques jours plus tôt, nous étions nous aussi au pied de cet immense bonhomme de 38 metres de haut adulé par les foules. Au milieu de ces centaines de touristes venus du monde entier jusqu'à Rio "pour monter là haut " , deux extra-terrestres, sortirent des buissons surplombant la falaise, enjambèrent la balustrade de la terrasse panoramique... un baudrier, plein de quincaille et une corde sur l'épaule.


Il ne fallut pas longtemps au service de sécurité du lieu pour repérer les deux huluberlus débarqués des coulisses et se rendre compte que, Ô mon dieu, St Bruno avait le torse completement dévêtu.

Pas de bras, pas de chocolat !

Pas de polo, pas de Corcovado !

C'est écrit dans la bible, paraît-il...

C'est ainsi que l'on nous demanda gentiment de déguerpir au plus vite de ce lieu sacré ! ... C'est marrant parce que d'habitude, sauf erreur de ma part, dans les églises, c'est toujours le même mec qui a oublié de mettre son t-shirt avant d'aller se faire clouer sur une croix ! Allez, j'arrête...


Ce coup-ci, il commence à bruiner.

Dommage, on risque d'arriver à destination non seulement en retard mais aussi mouillés !

Un panneau à gauche indique Flamengo, c'est ici que vit Anne chez qui je me suis retrouvée à assister moi et ma souplesse légendaire à un cours de fitness (si si !), un peu plus loin Santa Tereza et ses fameux "Escaliers Selarón" tout couverts de carreaux de céramiques glanés dans le monde entier.





Un peu plus loin, voilà Pedra do sol et sa place qui chaque lundi soir s'anime au rythme des joueurs de samba.


C'est ainsi que je parcours les derniers kilomètres de ce trajet avec ces airs musicaux en tête.

Il pleut désormais, il fait aussi nuit noire mais dans ma tête, il fait soleil !!

[Suite et fin, à suivre...]

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