lundi 7 juillet 2025

Triple directe (comme à el Cap mais à l'Ossau !)


Et au milieu d'une saison de guide, il faudrait veiller à ne pas trop se ramollir : entre deux journées de boulot, un petit tour à l'Ossau !
Ingrédients d'une journée parfaite :
-1 journée libre,
-2 copines,
-1 bonne dose d'enthousiasme,
-3 jolies voies,
-1 tempête de ciel bleu
Déposez tout ça dans la boîte magique, secouez un p'tit coup et ouvrez : surprise !

Triple directe (comme à el Cap mais à l'Ossau !)
• ED- 6c 450 mètres •

Une astucieuse combinaison avec un départ aventureux et humide puis musclé dans la Tomas, suivi des plus belles longueurs de la Sud-est classique d'où l'on s'échappe bien vite pour parcourir plus de la moitié de la mythique Sud-est Directe !

Merci à Ilona et Marianne pour cette trop chouette journée et cette cordée de rêve !










{A Quim le berbère et ses trois drôles de dames}

Une immense dalles de plus de 600 mètres agrémentée de quelques jolies cannelures, une tempête de ciel bleu et un soleil de plomb, quelques heures d'effort pour de purs moments de bonheur, trois gigantesques sourires et des éclairs multicolores accrochés aux oreilles... What else ?








Faites des mères aventurières


Dimanche 25 mai, faites des mères aventurières •

Retour sur trois jours de fête versant sud des Pyrénées merveilleusement accompagnée par ces deux super mamans !
Merci Valérie & Besma et a la proxima !








Une visite au Pajaro !



Retour en image sur une journée vraiment glaciale sur le dos d'un oiseau plutôt humide... •
(Paroi du Pajaro, la Pedriza)





"En mai, pousse sur les pieds !"


Des dômes de granit, un peu de soleil, pas mal de pluie, des fleurs, des bouquetins ibériques, des retrouvailles avec un vieil ami, un film ou une conférence chaque soir, de l'adhérence extrême et puis des dalles, des dalles et des dalles...
Vive le printemps à la Pedriza !


Quelle étrange expérience et quel difficile exercice que de tenter de léviter sur ces dalles granitiques !
Le temps d'un instant, glissez-vous dans la peau d'un lézard paraplégique qui aurait pataugé dans un pot d'huile d'olive. Tentez alors de vous mouvoir en rampant vers le haut en prenant garde à ne pas débarouler en sens inverse, toutes griffes sorties, séance de manucure gratis à la clé.
Imaginez-vous dans la peau d'un ourson maladroit en équilibre sur une biscotte fragile. Au moindre faux pas, vous voilà le cul par terre sur un tas de miettes.
Pures dalles, pires dalles...
Et puis au fil des jours, enfilez votre costume noir et rouge de tichodrome, élégant oiseau-grimpeur des rochers. Papillonez ça et là, dans cette immensité minérale à la recherche du moindre cristal proéminent, de la moindre aspérité succeptible d'accueillir tout votre poids sur quelques millimètres à peine, cherchant du regard l'inclinaison du mur la moins défavorable. Faites vous léger et gracieux. Ouvrez grands les yeux quand vous pensez qu'il n'y a rien à voir, poussez fort sur vos pattes quand la situation semble désespérée, battez des ailes lorsque votre monde semble s'écrouler. Défiez la gravité, propulsez-vous alors de quelques millimètres vers le ciel... C'est toujours quelques millimètres de gagnés !
Et puis rappelez-vous que vous n'êtes simplement qu'un pauvre humain mal adapté au terrain et gesticulant au bout d'une corde. Appliquez-vous alors à faire en sorte qu'il y ait un maximum de surface de contact entre vos semelles glissantes et ce rocher rugueux, poussez fort sur vos jambes tremblotantes, aggripez-vous de tous vos ongles à la plus minuscule des proéminences, faites corps avec le rocher, ne le modissez pas d'être si lisse mais remerciez le de vous offrir une chance de temps à autre.

Respirez fort... poussez encore... Certes, rien n'est gagné mais rien n'est encore complètement perdu !
Mouvements improbables, actions désespérées, adhérences salvatrices, équilibres précaires.
Et puis... alors qu'en venant basculer votre poids tout entier sur cette si petite bossette à peine visible, vous aurez fermé vos paupières car vous préfériez ne pas voir le carnage qui allait s'ensuivre. Une demie seconde plus tard, lorsque vous réouvrez timidement les yeux : étonné d'être surpris, vous êtes toujours là, posé sur le rocher comme par magie !
C'est si inespéré que vous n'y croyez même pas vous-même !
Minutes qui s'égrainent, compte à rebours à propos des centimètres restants jusqu'au prochain point de protection... Tombera, tombera pas ou tombera avec le mou de la corde à la main ? Qui jouera, verra !

Respirez et poussez encore mais surtout... faites gaffe à ne pas éternuer sans quoi le point de rupture de l'adhérence parfaite pourrait bien vite arriver, vous précipitant alors quelques mètres plus bas... Il n'y aura alors plus qu'à rejouer cette étrange partition et reproduire une fois encore cette bien aléatoire gymnastique verticale !







Reflex-ions #4


[...] Après quelques heures de plus ou moins dur labeur, lorsqu'on lève le nez du guidon, on s'aperçoit, étonné d'être surpris, que le sommet de la paroi semble, à présent, un peu moins inaccessible.
Il reste bien ce gros toit à contourner et ce départ expo du dernier relais à négocier mais après tout... On n'est pas si mal ici, profitons encore un peu !
Et puis, c'est tout pile, quand on commence à trouver le temps un peu long, quand les pieds commencent à se sentir un peu à l'étroit dans des chaussons toujours trop ajustés et quand on commence à avoir davantage mal à la tête qu'aux bras, qu'on gravit avec brio et avec plus ou moins d'élégance le dernier pas de la dernière longueur de la voie. Nous voici à nouveau sur un terrain horizontal. On change de monde illico.
Le casque de travers, les mains parfois un peu écorchées, une tonne d'idées farfelues qui ont traversé votre d'esprit ces dernières heures (mais rien de rien au sujet de la vie "normale") et le sourire jusqu'aux oreilles.
Les derniers rayons de soleil s'apprêtent désormais à venir lécher le haut des parois, embellissant de leurs jolies lumières encore davantage le tableau.
Affalée dans des cailloux qui piquent les fesses et coincée contre un bartas (qui pique tout autant !), il ne reste plus qu'à avaler la corde et faire venir une énième fois son compagnon de cordée jusqu'ici. Une occasion rêvée pour disposer de quelques minutes supplémentaires pour divaguer encore un peu... [...]

Reflex-ions #3


[...] Dans cette immensité minérale, parsemée de zones plus verticales voire déversantes, plus compactes ou ponctuée de sections de roches plus délitées, intuiter l'itinéraire le plus logique peut sembler parfois relever du génie.
Pourtant dès lors que l'on se place dans la peau de l'ouvreur, dès lors que l'on écarte les zones où l'on ne voudrait surtout pas se retrouver, dès lors que l'on fait un peu confiance à son instinct et à un topo plus ou moins détaillé, tout prend du sens. Tout s'éclaire même si certaines zones d'ombre persistent, conservant ainsi un certain mystère.
On déroule alors la partition en tentant d'éviter les fausses notes : le "sol" s'éloigne peu à peu, même "si" le sommet ne se rapproche pas vraiment franchement. [...]

Reflex-ions #2


[...] Lorsqu'au petit matin, à moitié réveillé, après avoir déniché l'attaque originale (il ne s'agirait pas d'ouvrir d'emblée une variante !), on noue fermement la corde à son baudrier, il est encore temps de se demander ce que l'on fait ici... Plus tard, il sera trop tard !
On démarre alors en gravissant, prudemment, ces premiers mètres de rocher qui habituellement sont loin d'être les meilleurs en terme de qualité. Avantage non négligeable, on est aussitôt immergé dans l'ambiance. On grimpe alors comme sur des œufs ; assurant chaque mouvement, s'attendant à tout instant à ce qu'une prise de pied ne lâche, qu'une prise de main ne cède, à moins que ce ne soit les deux à la fois !
Quelles drôles de sensations, quelle étrange manière de grimper... Nous sommes aux antipodes de la grimpe fluide et relâchée, des mouvements aléatoires, de la danse escalade et de l'éloge à la beauté du geste.
Ici, c'est plutôt instinctif ou plus "animal" comme manière de faire, une sorte d'état de "survie" au sens noble du terme. On s'agrippe en laissant le moins de place possible à l'imprévu, on ouvre grands les yeux à la recherche de tout ce qui pourrait être une opportunité de progresser vers le haut et de la moindre aspérité qui permettrait d'y glisser une protection. On est à l'affût du moindre indice laissé par les ascensionistes précédents et qui pourrait guider notre choix d'itinéraire.
Dès les premiers mètres, on revoit vite à la baisse ses grands principes au sujet de la distance acceptable entre deux points de protection, de leur qualité et de la confiance que l'on doit pouvoir y accorder. De toute façon, y a-t-il réellement le choix ?
Plutôt que d'imaginer le moins pire, on cherche alors à faire de son mieux.
[...]

Reflex-ions #1


[...] Et puis, quelques fois, quand au détour d'une de ces longueurs laborieuses où l'incertitude finit par devenir pesante, alors que l'on pourrait croire sa cause désespérée, voilà que par bonheur, on tombe sur un piton masqué par trois brins d'herbe, une cordelette effilochée placée dans une lunule salvatrice, un vieux bouril (même sans chapas) planqué derrière un replat : on est alors pour quelques secondes, le plus heureux du monde !
Un peu d'humanité dans ce monde minéral : c'est fou comme un si petit objet peut rendre un cœur ayant été malmené si joyeux.
Celui qui a planté ce clou là devient alors dans votre imaginaire le plus formidable des héros, vous auriez envie de vénérer celui qui a choisi de laisser son bout de ficellou ici, quant à celui qui a pété la plaquette de ce point là... Vous avez alors une pensée émue pour celui ou celle qui a du se prendre un sacré ratata !
C'est étrange tout ce que l'on peut se raconter dans sa tête en grimpant... [...]

• Comme un 10 mai •



10 mai 2022, nous enfourchions nos vélos pour la toute première fois et donnions nos tous premiers tours de pédales.
Un pied puis l'autre, un pied puis l'autre... La machine était lancée !
Ce mouvement cyclique, aussi répétitif qu'hypnotisant allait devenir notre principale occupation durant les 854 èmes jours suivants.

Désormais, il faudrait freiner pour stopper cette course éperdue vers l'Est, à moins que l'inclinaison de la pente ne s'accentue trop fortement et que le poids de nos bagages agisse tel l'ancre d'un bateau, ce qui ne tarda évidemment pas à arriver.
Une vague direction, deux ou trois bricoles dans ses bagages, beaucoup d'entrain et aucune attente particulière, ainsi commencent petits ou grands voyages.

Je me souviens de ces "au-revoirs" et d'avoir quelques fois répéter à ces visages familiers faisant de drôles de mines, qu'on partait juste faire un tour alors qu'évidemment, on allait se revoir un jour !

Je me souviens de ces premiers kilomètres dans le Péloponnèse et de cet accueil le premier soir. Tous les gars du bar (déjà ici, il n'y avait pas une seule nana au comptoir) voulaient offrir leurs tournées, leurs brochettes et leurs salades grecques ! Tout le bar, célébrait notre arrivée, comme si nous venions de boucler un véritable tour du monde : nous venions de faire nos trentes premiers kilomètres, nous étions affamés et nos jambes étaient fatiguées. Héros pour eux, cyclistes en carton pour nous !

Je me souviens de ces premiers jours et du temps qui s'étire à l'infini, des fesses douloureuses et de ces énormes coups de fringale. Et puis au fil des jours, au fil des mois (au fil des années devrais-je même dire !), le temps s'est peu à peu accéléré, nos appétits sont devenus ceux de deux ogres et nos fesses se portaient désormais comme des charmes !

Les vacances se sont transformées en simple vie ordinaire ou plutôt en vie simple et ordinaire. Une vie toujours en mouvement, une vie dans toutes les langues et de toutes les couleurs, une vie souvent bien pauvre en confort mais une vie riche de rencontres, découvertes et rebondissements.
Jour après jour, kilomètre après kilomètre, pays après pays et continent après continent, nous étions nous-mêmes les premiers surpris de ce bout de chemin parcouru et de cette tranche de vie si bien remplie...

Alors évidemment, en regardant dans le rétro, c'est beau... mais un truc tout aussi chouette, c'est bien de se dire que c'est un 10 mai que la vraie liberté est née et que des 10 mai comme celui-ci, on voudrait qu'il y en ait et on aimerait vous en souhaiter tellement plein plein plein de fois dans une seule vie !

Et puis un jour...



Et puis un jour, les températures grimpent à nouveau, sur les sommets les tâches blanches rétrécissent à vue d'œil laissant apparaître éboulis et prairies. Les ruisseaux grossissent, les cascades rugissent et les lacs se remplissent. Ours et marmottes ouvrent un oeil pendant que les oiseaux entament leurs grands voyages retour. Les nuits et les matins sont encore frais mais en milieu de journée, le soleil brille plus haut et plus fort. Les heures du soir et les jolies lumières s'étirent chaque jour davantage. L'herbe jaune couchée par la lourde neige de l'hiver peine à relever la tête mais déjà de delicates fleurs éclosent ici et là.

Et puis un jour, les fourmilières s'activent à nouveau à l'air libre, les arbres bourgeonnent et les grimpeurs en petites chaussures reprennent les sentiers d'altitude évitant les quelques névés réfractaires.
Ils marchent en direction des parois perchées là haut... Le rocher sèche peu à peu pourtant quelques coulures récalcitrantes obligent ces derniers à quelques numéros d'acrobates.

Et puis un jour, du bout des doigts, ils retrouvent les cristaux d'un granit rugueux...
Bonheur des retrouvailles.